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Maria Russo-Dixon : les billets

  • ADIEU MARIA

    Tom ton mari, vient de m'apprendre que tu as quitté ce monde le 31 août dernier. Tu es partie discrètement. 

    Tous ces derniers mois, je m'inquiétais de ne plus lire tes commentaires que tu ne manquais jamais de laisser sous mes publications, ni recevoir de tes nouvelles, je n'osais pas te déranger.

    Tu étais devenue pour moi, une amie très chère. 

    Tu étais une contributrice à ce blog que je dédie au grand Charlton Heston, et tes billets étaient une source d'informations pour nous. Ton érudition était grande, j'appréciais ton intelligence et ta générosité.

    Ta place restera toujours parmi nous. 

    Aujourd'hui, tu as rejoint le Grand Homme. Vous aurez beaucoup à vous dire dans votre paradis.

    Je présente à Tom et toute sa famille, nos sincères condoléances de la part des amis et moi-même qui avons apprécié les publications de Maria. 

    Maria tu resteras toujours dans mon coeur et mes pensées. Repose en paix.

     

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  • A PROPOS DE CINEMONDE N° 1775/1969 : CHARLTON HESTON S'ADONNE A L'EROTISME ! (commentaire de Maria)

    esso, sesso, sesso. Il'69 è proprio vicino al '68 e il '68, come si diceva nelle piazze di Parigi , non è "q'un debut". Il resto, bene o male, verrà dopo e non ci penso nemmeno a dare un giudizio, anche perché, entrando nel personale, anche io nel '68 ho fatto certe ... scoperte. Bene quindi che Chuck si ricordi che la vita è fatta di molte esperienze, di tanti momenti felici o terribili. Cat Catlan ha 40 anni. Charlton Heston ne ha 46 e dopo il rinunciatario Will Penny porta sullo schermo il passionale quarterback, che vuole vivere la sua vita sino all'ultimo respiro "A bout de souffle" , come invitava Goddard poco tempo prima. Certo che Chuck si trova ad un punto cruciale della sua vita. Forse non solo . Si può credere nella sacralità del matrimonio, ma gli anni passano, la passione si affievolisce per diventare amicizia, complicità, affetto. Anche l'agitato quarterback cerca in una donna qualcosa di più di una compagna. Già dalle foto da backstage di "Major Dundee" si può sospettare un'amicizia insolita tra Chuck e una splendida attrice come Senta Berger. Di lei in "The actor's life" non dice stranamente né bene né male, ma in alcune foto, non quelle ufficiali dei due attori, l'incrociarsi degli sguardi, la familiarità degli atteggiamenti forse suggeriscono qualcosa. Questa è stata sempre la mia opinione.
    Non è dunque inspiegabile che a un certo punto della lavorazione arrivino Lydia e Fray. Anche perchè ricorda Holly nella biografia di Eliot il sentimento della gelosia si affacciava nella mente della Moglie (in maiuscolo) e sempre Holly afferma che anche oggi lei non metterebbe la mano sul fuoco giurando che questi momenti di gelosia fossero ingiustificati.
    Insomma in "War Lord" le amabili membra di Rosemary Forsythe si intravedono tra le medievali lenzuola in contatti più o meno carnali con quelle toniche e attraenti del cavaliere normanno Chrysagon, stanco di passare le notti con una gelida sposa "come la sua spada".
    Ora ricordiamo il tipo di contratto che Chuck firmava e che gli dava diritto di decidere su varie cose, non ultima la sua eventuale compagna di lavoro... Immagino cosa possono essere state certe audizioni... Sarà andata così anche per Number One? Nel diario si parla di una certa scena che dovette essere girata di nuovo perché al primo tentativo si vedevano gli intumenti intimi della coppia appassionatamente allacciata sul letto.. Chissà come sarà stata la ripetizione della scena...Diciamo che nel montaggio l'amplesso che vediamo nel film è una specie di compromesso tra la prima e la seconda versione. D'altra parte vi rimando a quanto Chuck stesso dice circa il nudo e il sesso nel cinema nella lunga intervista mai pubblicata (se non da NOI!) del 1972.
    Maria Russo Dixon

     

     

     

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    Sexe, sexe, sexe. L'année 69 est très proche de 68 et 68, comme on disait sur les places de Paris, n'est pas "qu'un début". Le reste, pour le meilleur ou pour le pire, viendra plus tard et aussi, je ne pense même pas à émettre un jugement parce que, entrant dans le domaine de l'intime, en 68 j'ai aussi fait certaines ... découvertes. Il est donc bon que Chuck se souvienne que la vie est faite de nombreuses expériences, de nombreux moments heureux ou terribles.

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    *Cat Catlan a 40 ans. Charlton Heston a 46 ans, et après le renoncement de Will Penny, il porte à l'écran le quarterback passionné qui veut vivre sa vie jusqu'à son dernier souffle, "A bout de souffle", comme Goddard l'y invite peu après. comme Goddard l'a invité à le faire un peu plus tôt. Bien sûr, Chuck est à un moment crucial de sa vie. Peut-être pas seulement. On peut croire au caractère sacré du mariage, mais les années passent, la passion s'estompe pour devenir amitié, complicité, affection. Même le quart-arrière inquiet cherche quelque chose de plus qu'une compagne dans une femme. Déjà sur les photos des coulisses du "Major Dundee", on peut soupçonner une amitié inhabituelle entre Chuck et une belle actrice comme Senta Berger. Dans "La vie de l'acteur", il ne dit étrangement ni bien ni mal d'elle, mais sur certaines photos, non officielles, des deux acteurs, le croisement des regards, la familiarité des attitudes suggèrent peut-être quelque chose. Cela a toujours été mon opinion.

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    Il n'est donc pas impossible que Lydia et Chuck arrivent à un certain moment du processus. Aussi parce que dans la biographie d'Eliot, Holly rappelle que le sentiment de jalousie est apparu dans l'esprit de l'épouse (en lettres majuscules) et Holly affirme qu'aujourd'hui encore, elle ne mettrait pas sa main au feu et ne jurerait pas que ces moments de jalousie étaient injustifiés.


    Ainsi, dans "War Lord", on peut apercevoir les jolis membres de Rosemary Forsythe entre les draps médiévaux en contact plus ou moins charnel avec les membres toniques et séduisants du chevalier normand Chrysagon, fatigué de passer ses nuits avec une épouse glacée "comme son épée".

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    Nous nous souvenons maintenant du type de contrat que Chuck a signé et qui lui donnait le droit de décider de diverses choses, notamment de son éventuelle partenaire de tournage... Je ne peux pas imaginer ce que ces auditions ont dû être... Serait-ce le cas avec NUMBER ONE ? Dans le journal, ils parlent d'une certaine scène qui a dû être tournée de nouveau parce que la première fois qu'elle a été tournée, on voyait sur le lit,  les sous-vêtements du couple passionnément enlacé ... Qui sait ce qu'a dû être la répétition de la scène... Disons qu'au montage, le rapport sexuel que nous voyons dans le film est une sorte de compromis entre la première et la deuxième version. D'autre part, je te renvoie à ce que Chuck lui-même dit de la nudité et du sexe au cinéma dans la longue interview jamais publiée (sauf par NOUS !) en 1972.

     

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  • "SESSO, SESSO" WOW! - courrier de Maria du 29 octobre 2017

    Ce matin, j'ai contrôlé mes brouillons d'articles que je n'ai pas encore publiés, dans l'intention de  les corriger et de les mettre en ligne prochainement. Ce billet de Maria Russo Dixon date du 30 octobre 2017. Je viens de le relire et j'ai fait quelques corrections, les traducteurs en ligne ayant été améliorés depuis cette date. 

    Les propos de Maria me paraissent audacieux, mais elle me demande de ne pas censurer, après tout nous sommes des adultes et il n'y a aucune raison d'édulcorer le texte. C'est donc tel que l'a voulu Maria, que je vous livre la traduction de son texte. 

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    Prima cosa. Per favore non censuriamo le parole di Chuck su sesso e erotismo. Onestamente mi hanno sorpreso, ma me lo hanno fatto sentire più umano.

    Allora ti racconto tutto quello che sull’argomento ho appreso qua e là, tra autobiografia, biografie e internet.

    Il Nostro non è affatto un “prude”. Da lui stesso il racconto della scoperta del sesso intorno agli 8 anni: le prime eiaculazioni infantili avvennero grazie alle illustrazioni dei cataloghi di vendita per posta, con foto e disegni di biancheria intima per signore. Forse c’erano anche lunghe permanenze alla toilette come avviene per tutti i maschietti a quella età. Lo racconta in “In the Arena”. Ci dobbiamo credere.

    L’argomento non viene ripreso nell’adolescenza, ma con le sofferenze patite nel periodo della Grande Depressione e lo sradicamento da St. Helen forse la grande timidezza non va oltre per il momento. Però se gli inizi risalgono a 8 anni la crescita deve essere stata rapida e impetuosa (ho anche io un figlio maschio e ne so qualcosa)

    E per crescita intendo riferirmi soprattutto alla parte anatomica. Qui un’altra testimonianza di un attore inglese trovata su internet per caso. Raccontando dei colleghi di teatro questo testimone afferma che Chuck era dotato di un “really big cock” (= pene). Hai presente la famosa foto in costume da bagno ed evidente erezione?

    D’altra parte è credibile se per mantenersi i primi anni a New York posava per nudi maschili, anche se approssimatamente  coperto. E qui, sempre raccontato dal Nostro, una volta senza pensieri erotici per la mente gli è capitata una erezione di notevole intensità e piuttosto imbarazzante. Chissà se gli aspiranti artisti e artiste di quella classe se ne sono accorti.

    Dalla biografia di Munn veniamo a sapere che sino all’arrivo dei bambini dormiva totalmente nudo.

    Sempre da Munn sappiamo che prima di partire per il fronte passava più di un week end con i futuri suoceri, distraendosi con lunghe e forse non platoniche passeggiate per i boschi del Wisconsin. Lydia afferma che ha ritardato il matrimonio per non farsi buttare fuori dal dormitorio femminile dell’Università. Le istituzioni evidentemente insistevano su una condizione di verginità delle studentesse. Altri tempi. Ora tra le passeggiate nei boschi e le affermazioni del Nostro che confessa di aver tentato più volte di sorpassare gli indumenti intimi, io sulla verginità di Lydia non ci giurerei.

    Quando nei primi anni 60 la rivoluzione sessuale ha cambiato le abitudini dei giovani ( e anche non giovani), Chuck ne ha approfittato con film in cui scene di sesso esplicito erano presenti, anche se poi eliminate per rientrare nei limiti dell’età raccomandata per i bambini. Sicuramente in “Number one “ il montaggio a lasciato sul pavimento interessanti fotogrammi, non solo della scena infuocata con l’amante, ma anche una scena di sesso piuttosto violento con la moglie e una ripresa più “totale” di una doccia dopo partita.. Altri fotogrammmi sono stati eliminati  da “The War Lord”,  a detta di Chuck e lo ripete se ricordo bene anche nella intervista particolarmente significativi del rapporto tra il guerriero e la bella sposina, mentre sono rimaste intatte le scene d’azione.

    Particolari le foto con cache sex generalmente definite appartenenti a “Anthony e Cleopatra”. No, sono del Julius Caesar. Antonio espone il suo corpo tra i giovani romani alle terme, ma in un momento, quando è immerso in una piscina, davanti ad una bella fanciulla il cache sex scompare. Più nota la scena di nudo rapidissima in “Planet of the Apes”

    C’è poi da entrare in un argomento più intimi. Nel 1960 Lydia ha subito l’asportazione dell’utero, quindi l’adozione di Holly. In quei tempi i chirurghi non avevano una grande sensibilità e spesso le donne perdevano sezioni anatomiche preziose per giungere ad un orgasmo completo. Triste storia per un marito superdotato ed evidentemente abituato ad un buon livello di sensualità.

    Il problema dell’una diventerà il problema dell’altro che sarà sottoposto ad una rimozione della prostata,  (la vicenda del sistema idraulico da rivedere). Come conseguenza spesso l’impotenza, soprattutto dopo una certa età. Inutile la sua promessa a Lidia, lo racconta lui stesso, di ripristinare le forme dei diciotto anni. Non c’è rimedio.

    Però riflettendoci si può sospettare che nei boschi agli indumenti intimi ci arrivarono prima del 1944, data del sospirato matrimonio.  Insomma ecco per quanto ho potuto, senza cattiveria, mettere insieme della vita del Nostro. E tu gli vuoi togliere anche un momento di abbandono erotico al fine di una lunga giornata di lavoro?

    Solo un’aggiunta. Come non giuro sulla Bibbia per la verginità matrimoniale di Lydia, così ritornasse il Nostro vivo davanti a me non giurerei nemmeno sull’eterna fedeltà di Chuck. Con i precedenti che ti ho raccontato, tu ci credi?

    Non fare cattivi pensieri e sappi che un famoso esponente della filosofia estetica tuo conterraneo Andrè Bazin diceva che due sono le cose che il cinema non può mostrare in soggettiva, la morte e l’accoppiamento.

    MARIA RUSSO DIXON

     

     

     Première chose S'il te plaît, ne censure pas les mots de Chuck sur le sexe et l'érotisme. Honnêtement, ils m'ont surprise, mais me l'ont fait sentir plus humain.

    Donc, je vais te dire tout sur le sujet que j'ai appris ici et là, y compris l'autobiographie, les biographies et Internet.

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    Notre Homme n'est pas un "prude" du tout. Il fait lui-même le récit  et sa découverte du sexe vers l'âge de 8 ans : la première éjaculation enfantine est survenue grâce aux illustrations des catalogues de vente par correspondance, avec des photos et des dessins de sous-vêtements pour dames. Peut-être y avait-il aussi de longs séjours dans les toilettes comme c'est le cas pour tous les garçons de cet âge. Il le dit dans " In the arena ". Nous devons le croire.

    Le sujet n'est pas repris à l'adolescence, mais avec les souffrances subies pendant la Grande Dépression et son déracinement de Sainte-Hélène, peut-être sa grande timidité ne va-t-elle pas au-delà pour l'instant. Mais si les débuts remontent à 8 ans, la croissance doit avoir été rapide et impétueuse (j'ai aussi un garçon et j'en sais quelque chose).

    Et pour la croissance, je me réfère principalement à la partie anatomique. Voici un autre témoignage d'un acteur anglais trouvé sur internet par hasard. Parlant des collègues de théâtre, ce témoin déclare que Chuck avait une "really big cock" (= pénis). Connais-tu la célèbre photo en maillot de bain et l'érection évidente ?

    D'autre part, il est crédible quand il révèle que pour rester les premières années à New York, il posait nu pour les étudiants, bien que grossièrement couvert. Et aussi, toujours raconté par lui-même, une fois sans avoir de pensées érotiques à l'esprit, il a connu une érection d'une intensité considérable et plutôt embarrassante. Qui sait si les artistes en herbe et les artistes de cette classe l'ont remarqué.

    D'après la biographie de Munn, nous savons que jusqu'à l'arrivée des enfants, il dormait totalement nu.

    Toujours de Munn, nous savons que, avant de partir pour le front, il a passé plus d'un week-end chez son futur beau-père, se distrayant avec de longues marches et peut-être non platoniques, par les bois du Wisconsin.

    Lydia dit qu'ils ont retardé le mariage pour qu'elle ne se fasse pas jeter du dortoir féminin de l'université. Les institutions avaient évidemment insisté sur la condition de virginité pour les étudiantes. Autres temps ! Maintenant, entre les promenades dans les bois et les affirmations de notre Chuck, elle avoue avoir été tentée plusieurs fois de retirer ses sous-vêtements, je ne jurerais pas pour la virginité de Lydia.

    Quand au début des années 1960 la révolution sexuelle a changé les habitudes des jeunes (et même des moins jeunes), Chuck a profité de films dans lesquels  des scènes de sexe explicites étaient présentes, même si elles ont été éliminées pour rester dans les limites d'âge recommandées pour les enfants. Certes,  dans "Number One" le montage laissait "tomber"  des cadrages intéressants non seulement de la scène enflammée avec l'amant, mais aussi d'une scène de sexe assez violente avec sa femme et un cliché " nu total" d'une douche après un match. Selon Chuck, d'autres scènes ont été retirées de "The War Lord", et je le répète,  si je me souviens bien de l'interview particulièrement significative sur la relation entre le guerrier et la belle mariée, alors que les scènes d'action sont restées intactes.

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    Particulièrement,  des photos avec le sexe caché,  généralement attribuées à "Anthony and Cleopatra". Non, elles sont du film "Julius Caesar". Antony expose son corps parmi  les jeunes Romains aux thermes, mais à un moment, quand il est plongé dans une piscine, devant une belle fille le cache-sexe disparaît. Plus connue est  la scène de nu rapide dans "Planet of the Apes".

    Ensuite, nous entrons dans un sujet plus intime. En 1960, Lydia a subi l'ablation de l'utérus, d'où l'adoption de Holly. À cette époque, les chirurgiens n'avaient pas une grande sensibilité et souvent les femmes perdaient des parties anatomiques précieuses pour atteindre un orgasme complet. Histoire triste pour un mari surdoué et évidemment habitué à un bon niveau de sensualité.

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    Le problème de l'une deviendra le problème de l'autre quand il sera soumis à l'exérèse de la prostate, (l'épisode de la tuyauterie à revoir). Comme conséquence,  c'est souvent l'impuissance, surtout après un certain âge. Sa promesse à Lydia devient inutile, comme il le raconte lui-même,  de rétablir la forme de ses dix-huit ans. Il y n'a pas remède.

    Mais en y réfléchissant, on peut soupçonner que l'épisode des sous-vêtements intimes dans les bois est arrivé avant 1944, date du mariage espéré. Enfin voilà bien ce que j'ai pu rassembler, sans méchanceté, de la vie de Chuck.

    Et est-ce que tu veux lui enlever aussi un moment d'abandon érotique à la fin d'une longue journée de travail ?

    Seulement un ajout. Comme je ne jure pas sur la Bible pour la virginité matrimoniale de Lydia, sans revenir sur ce que j'ai dit à propos de notre Homme,  je ne jurerais pas sur la fidélité éternelle de Chuck non plus. Avec les précédents que je t'ai racontés, est-ce que tu y crois ?

    N'aie pas de mauvaises pensées et sache qu'un célèbre interprète de la philosophie esthétique, ton compatriote André Bazin, a dit qu'il y a deux choses que le cinéma ne peut pas montrer en personne, la mort et l'accouplement.

     

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  • 34 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    …SUITE & FIN

     

    Durant toute sa vie d'acteur, Charlton a résisté à la tentation des chaînes de télévision pour qu'il apparaisse dans des téléfilms ou des séries. C'était souvent à la limite de la séduction. Dès 1957, MCA lui agitait sous le nez une carotte d'un million de dollars pour que le jeune Heston joue dans la série western Cimarron City1, mais il résista. Il évita les téléfilms comme la peste, affichant une attitude quelque peu snob à leur égard, croyant qu'en raison de la vitesse avec laquelle  les séries et les téléfilms sont faits, il ne pourrait jamais produire  le genre de performance qui le satisferait, sans parler de n'importe quoi d'autre. Bien sûr, il était content de faire de la télévision quand la diffusion était en direct et offrait à peu près les mêmes défis que la scène, mais depuis Elizabeth and Essex, il n'a plus du tout fait de télévision, hormis en tant qu'invité dans des émissions d'interview ou même de divertissement. En gros, il se disait : " si vous pouvez faire un film pour le cinéma,  ne faites pas de télé ".

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    Charlton Heston et Judith Anderson dans ELISABETH ET ESSEX

     

    Sous Ronald Reagan, Charlton s'est d'abord engagé dans la politique de l'industrie du film quand il fut invité à rejoindre la SAG. Cela le mena de fil en aiguille à être élu six mandats de suite président de la SAG, marchant sur les traces de Reagan. Heston n'avait cependant pas du tout l'intention de suivre le chemin que Reagan a pris jusqu'à la Maison Blanche en 1981. A cause de son engagement dans la politique du cinéma, la question de savoir s'il tenterait de se présenter pour devenir sénateur ou même président des Etats-Unis lui a souvent été posée, et comme nous l'avons déjà vu, sa réponse préconçue était : « j'ai déjà été président des Etats-Unis deux fois. »

    Il n'y a même pas si longtemps, en 1984, des rumeurs circulaient selon lesquelles il envisageait de devenir sénateur du parti républicain en Californie, mais il démentit de nouveau ces informations avec son habituel « je préfère jouer un sénateur plutôt que d'en devenir un. »

    Il est tout à fait vrai qu'il a toujours un grand intérêt pour la politique, et il est ravi de voir son proche ami Ronald Reagan diriger l'Amérique. Peu de temps après sa prise de fonction, le président Reagan nomma Heston Président des Arts pour le Groupe de Travail Présidentiel des Arts et des Humanités.

    Son engagement auprès du président ne s'est pas arrêté à cela cette année-là. Presque immédiatement après l'assassinat du président Sadat, il reçut deux offres en une matinée pour jouer Sadat dans des films qui ne virent jamais le jour. L'autorité que porte l'image d'Heston est telle que lorsqu'un cinéaste veut trouver quelqu'un pour représenter un président, il se tourne invariablement vers lui.

    À la fin de 1981, il était de retour sur les plateaux de tournage, mais cette fois, il était de nouveau à la fois acteur et réalisateur. C'était La Fièvre de l'or2, et c'est grâce à Fraser que Charlton en arriva à faire son meilleur film depuis La Planète des singes.

    Fray m'a dit :

    "J'ai passé beaucoup de temps en Colombie britannique et le Yukon en Alaska, et je me suis rendu compte que les contes de Jack London étaient tout aussi modernes pour nous aujourd'hui qu'ils l'étaient à son époque. Je me suis dit, pourquoi ne pas faire une aventure moderne avec des avions à la place des chiens de traîneau, et faire une aventure pleine de suspense de nos jours à la recherche d'un gros filon d'or ?"

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    ( http://www.agamemnon.com/_pagesAbout/fraser.php)

    Les excursions de Fray dans les terres sauvages rocheuses dataient du tournage de La Fureur sauvage. Accompagné d'un ancien mineur, on lui ouvrit l'accès à des mines d'or et d'argent, et il découvrit les querelles, les suspicions et les excentricités des vieux chercheurs d'or endurcis. Il y avait des histoires de mineurs qui avaient caché leurs découvertes et avaient même tué leurs partenaires. Certains mineurs en devinrent fous.

    Mother Lode

    Le scénario de Fray parlait de deux jeunes aventuriers qui partent en quête d'un filon principal, mais qui ne trouvent qu'un vieux chercheur d'or écossais et son frère jumeau fou à lier. On y trouvait de véritables éléments d'horreur et de suspense, et il décida de le produire lui-même. Il montra bien sûr son script à son père qui adora l'idée de jouer des frères jumeaux, et ils engagèrent Peter Snell pour être producteur exécutif et soutenir Fray pour la mise en place de la production. Leur prochaine tâche était de trouver un réalisateur. Fray dit :

    "J'ai proposé à mon père de diriger parce que j'avais l'impression qu'il pourrait mieux le faire que n'importe qui d'autre, et j'avais raison. Il connaissait le script presque aussi bien que moi, il connaît les lieux et ce genre d'homme.

    Il n'a pas pris cette tâche à la légère ou à mauvais escient. Il y a réfléchi pendant longtemps. Je n'ai rien fait pour le persuader. Je lui ai expliqué pourquoi il était le meilleur pour ce travail."

    Heston senior m'a dit :

    «Quand j'ai dirigé Antoine et Cléopâtre, ça a retiré tout le plaisir créatif du jeu et de la réalisation. J'ai trouvé que la pression pour diriger l'une des plus grandes tragédies de Shakespeare tout en jouant l'un de ses meilleurs rôles était accablant. J'ai alors décidé que je ne dirigerais plus jamais un film où je joue un rôle majeur avec autant de responsabilité qu'en avait Antoine.

    J'ai reçu depuis, une ou deux propositions de réalisation et j'ai répondu plus ou moins en ces termes. Par exemple, si il n'y a aucun rôle pour moi dedans, je ne suis pas intéressé, et si c'est un rôle important, ce serait trop de travail trop dur pour moi, bien que d'autres acteurs comme Clint Eastwood le fassent.

    Après avoir accepté les rôles pour La Fièvre de l'or, c'est Fraser qui a d'abord proposé à ses associés puis à moi de diriger le film.

    Il dit : « tu sais, c'est vraiment ce dont tu as toujours parlé. Tu n'en es qu'à la moitié du script. »

    Je n'avais pas vraiment compté les pages, et alors j'ai pensé, « c'est vrai. »

    De plus, puisque je jouais deux frères écossais, (et je ne peux pas faire les accents sur demande comme Peter Ustinov), j'ai dû travailler pas mal de temps sur l'accent, et cela m'a coûté plusieurs mois de préparation des rôles en tant qu'acteur. Un grosse partie de ma préparation habituelle était derrière moi, et je me suis dit, « si je ne dois en faire qu'un, ce sera celui-là. »

     

    Réunissant des acteurs comme Nick Mancuso, John Marley, Dale Wilson et Kim Basinger avant qu'elle ne devienne une grande vedette, Heston amena son équipe au Canada pour tourner dans les forêts humides de Vancouver. Une lourde pluie incessante n'empêcha pas le tournage fait presque en même temps par deux équipes, la première sous la direction de Charlton Heston et la deuxième sous celle de Joe Canutt. Heston savait depuis Le Cid, La Fureur sauvage et d'autres films l'importance de donner le plein contrôle de l'équipe secondaire au second réalisateur. Il me dit :

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    Joe Canutt (Photo Google)

    « Joe Canutt est une arme secrète. Le meilleur du travail sur La Fièvre de l'or vient sans conteste de ce qu'a tourné Joe Canutt. C'est le meilleur réalisateur de scènes d'action au monde. C'est dommage pour Steven Spielberg qu'il ne s'en rende pas compte. Spielberg est un réalisateur extraordinaire, mais diriger les scènes d'action n'est pas son point fort. Les réalisateurs spécialisés le font mieux

    Pour tout vous dire, je ne devrais pas vous révèler cela parce que c'est un secret que j'aimerais garder, mais John Ford, Willy Wyler, Georges Stevens et Cecil B. De Mille utilisaient toujours des réalisateurs secondaires.

    J'aimerais cependant que cela se sache plus parce que je voudrais voir Joe prospérer, mais il y a quand même une partie de moi qui veut que cela reste un secret que je serais le seul à connaître. Et ce secret est que pour qu'un réalisateur ait de bonnes scènes d'action comme dans La Fièvre de l'or, il a besoin d'avoir quelqu'un qui sache comment les faire. Je suis donc ravi que vous m'ayez posé la question, parce que je ne comprends pas comment la nouvelle génération de réalisateurs talentueux peuvent ne pas l'apprendre de la génération précédente.»

    À propos de la réalisation, il dit :

    « Diriger un film, c'est, comme l'a dit Orson Welles, le meilleur chemin de fer électrique avec lequel un petit garçon puisse jouer, mais c'est un travail très difficile. Un moyen facile de le faire est de ne jamais s'asseoir sur le plateau. Même si on peut s'asseoir, on ne devrait pas parce que ça fait retomber la tension.

    L'analogie que je donne souvent qui est parfaitement exacte, surtout quand on tourne en extérieur, c'est comme une opération militaire. La dépendance totale à la météo, les moyens de communication, de transport, la nourriture, le moral, les solutions alternatives… Le commandement est identique dans les deux situations.

    Nous avons eu des problèmes avec la météo. La Colombie britannique est connue pour sa météo peu fiable. Nous travaillions dans des montagnes et des forêts humides. Quand nous tournions dans un lac de montagne (que nous avions atteint après avoir parcouru 37 kilomètres sur des routes sinueuses nettoyées tous les jours par la pluie) et que nous avions cinq jours de tournage là-bas, tous les jours, quand je faisais la route en voiture, je me sentais exactement comme un commandant de peloton d'infanterie. Je me disais souvent, « qu'est-ce qui se passerait si j'étais séparé et que le bataillon suivait la route descendante ? »

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    Jamais Charlton et son Fils n'avaient travaillé en si étroite collaboration. En tant que réalisateur, Chuck consultait constamment Fray en tant qu'auteur et producteur. Il y avait eu des querelles entre les réalisateurs et les producteurs ou les studios dans des films antécédents comme La Soif du mal et Major Dundee. Avec Heston senior à la fois tête d'affiche et réalisateur, et Heston junior comme auteur et producteur, il semblait qu'un conflit pouvait éclater n'importe quand, que ce soit entre le producteur et le réalisateur, ou le réalisateur et l'auteur, mais comme Fray aime à le signaler, ce ne fut pas le cas.

    « D'après mon expérience, le conflit était entre le producteur et l'auteur, ce qui était intéressant pour moi parce que je devais régler tout cela par moi-même. C'est presque plus difficile que d'en résoudre un entre le producteur et le réalisateur, et dans mon cas, c'était mon père avec qui il est facile de s'entendre. J'ai beaucoup appris de lui en faisant ce film, et je pense que nous en avons appris beaucoup l'un sur l'autre. Nous avions rarement des disputes de nature violente. Bien sûr, nous avons eu des désaccords. À cet égard, on s'est plus amusé parce que nous devions les résoudre pour le bien du film et non de notre propre ego. Il faut prendre son ego et le jeter à la poubelle, et par chance, je crois pouvoir prendre exemple sur mon père qui est très bon pour mettre ses propres intérêts de côté et se concentrer sur ce qui est important dans une scène ou même dans une simple séquence. Il sait pourquoi chaque séquence est là. Si ça n'a aucune raison d'apparaître dans le film, il ne le montrera pas.»

    Ils finirent le tournage au printemps 1982, quand toute la famille Heston alla à Londres où La Fièvre de l'or allait être monté. Une conférence de presse avait été programmée à leur arrivée où je pus tous les rencontrer et me rendre compte combien Heston agit différemment devant un seul journaliste que devant une foule d'entre eux. Il semblait vraiment bien s'amuser, allant d'un groupe d'intervieweurs à un autre. Tandis que le temps s'écoulait lentement, Fray alla vers lui tandis qu'il énonçait les qualités et les défauts de Vanessa Redgrave.

    « Allez papa, il faut qu'on parte, » lui dit Fray.

    « Pas maintenant, » lança Heston, « je suis en train de raconter une de mes meilleures anecdotes sur Vanessa Redgrave. »

    Mais Fray voyait bien que son père était fatigué, tout comme je l'avais moi aussi remarqué. Il avait l'air vraiment plus vieux que cinquante-huit ans et semblait avoir perdu sa démarche princière. Je pense cependant qu'il était plus fatigué que vieux.

    « Ok papa, mais pas trop longtemps, » dit Fray.

    Heston continua donc son petit spectacle, la voix plus haute, plus enjouée et bien plus désinvolte que dans les interviews privées que j'avais faites avec lui. Le groupe de journalistes, y compris moi, répondit chaleureusement à son histoire, ce qui l'encouragea à continuer. Il joua magnifiquement rien que pour nous.

    La réalité est que sa famille, exceptée Holly, était là plus pour le travail que pour prendre des vacances en famille. Hormis le fait que le père et le fils faisaient leur film ensemble, Lydia venait en tant que photographe et la femme de Fray, Marilyn, qu'il avait épousée il y avait deux ans de cela, était assistante de producteur ainsi que chargée de communication.

    Elle avait ce commentaire à propos de son beau-père : « en tant que réalisateur, il est créatif, d'humeur tempérée, prévenant, quelque peu impatient face aux retards inutiles et connaît parfaitement chaque mot du script. Il a rarement levé la voix. » C'est plus ou moins ce qu'elle pense également de lui en dehors du plateau de tournage.

    Quand on lui demande de parler de sa famille, Charlton dit :

    «Vous savez, les gens me demandent souvent si je m'inquiète de ne pas suffisamment voir mes enfants, mais je réponds : « bien au contraire, je les vois plutôt plus que la plupart des pères. » C'est sûrement vrai maintenant que je peux contrôler ce que je fais et quand est-ce que je le fais. Nous étions tous ensemble dans les montagnes rocheuses canadiennes pour La Fièvre de l'or. Donc non, je ne m'inquiète jamais de ne pas suffisamment voir mes enfants.»

    Problèmes politiques

    Si il a quelque chose à dire, Heston le dit, généralement avec beaucoup d'éloquence et de tact, mais il se montre très clair. Il ne s'attend pas à ce que tout le monde soit d'accord avec lui, surtout quand on parle de politique. Il est pourtant difficile d'envisager qu'il puisse se faire des ennemis par ce biais. C'est vrai que ses propres exigences sur un plateau de tournage n'avaient pas toujours l'approbation de tout le monde ; ceux qui ne sont pas d'accord sont souvent ceux qui mettent la barre bien moins haut. Richard Harris, par exemple, a fait le serment de ne plus jamais travailler avec Heston.

    Quand il est sur un plateau de tournage, il est indubitable qu'il montre clairement qu'il s'attend à ce que tout le monde soit à l'heure et connaisse ses répliques. Il exerce l'autorité qu'il a gagné sur les plateaux de tournage, et la plupart des gens la respectent, mais la simple idée qu'Heston puisse se faire des ennemis en dehors du plateau semble en contradiction avec son image d'homme gentil. Ces dernières années, cependant, du fait de ses convictions politiques, il s'est attiré l'inimitié d'un ou deux noms célèbres.

    Le premier est Paul Newman. Tout commença quand ils apparurent tous les deux dans une émission de télé américaine pour débattre sur les armes nucléaires. Heston dit clairement qu'il avait le sentiment qu'il ne fallait pas de gel du développement des armes. Newman n'était pas d'accord, inflexible sur le fait qu'il en fallait un. Durant le débat, Heston donna des arguments plus solides et mieux articulés et s'en sortit mieux dans les échanges houleux. En ce qui le concernait, c'était fini et il en avait marre, mais Newman était virulent, et leur dispute publique fut embarrassante, mais pour le moment, l'affaire est abandonnée et plus ou moins oubliée de tout le monde.

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    Pendant ce temps, Charlton était mis sous pression pour accepter de jouer le rôle principal d'une mini-série télévisée, Once upon a murder. Il n'était pas sûr de pouvoir le faire, ni même de le vouloir. « j'avais visité le tournage d'une mini-série il y a quelques années, » dit-il, « et j'ai découvert qu'ils voulaient tourner quinze pages de script par jour. À ce rythme, qui peut donner le meilleur de lui-même ? Du cameraman au maquilleur, c'est un contre-la-montre pour tout le monde et ça donne rarement un travail parfait. »

    C'est alors qu'il entendit de Gregory Peck et Richard Chamberlain que l'on se dépêchait moins de nos jours pour produire ces séries télévisées à succès. Heston vérifia, et quand on lui dit qu'ils ne tourneraient que cinq pages par jour, il accepta. Cela se situait dans le Sud profond, il jouait un banquier et Père fondateur d'une ville américaine fictive. L'histoire se déroulait entre les années 1920 et 1960, ce qui était tentant pour le caractère d'Heston .

    « J'adorais l'étape de la création du maquillage, » dit-il. « Je vieillis de quarante ans et finis avec une perruque blanche sur un visage plein de rides. »

    Durant cette même année, en 1983, il abandonna généreusement tous ses souvenirs de tournage pour les donner à la Theater Arts library de l'UCLA. La vaste collection comprenait des scripts, des scrapbooks, des lettres et des discours. Il y en avait tellement qu'il fallut les mettre dans une pièce séparée qui fut appelée la salle Charlton Heston.

    Il fut également choisi comme président honoraire des premiers jeux des Highlands de New-York. Comme les parents de sa mère étaient membres du clan Fraser, il était fier et honoré d'être invité, et porta même le kilt des Fraser. Il participa également volontairement à une démonstration de force de lancer de tronc d'arbre, mais le projectile lui retomba presque sur le pied. « Comparé à ça, séparer la mer Rouge en deux était incroyablement simple !  » s'exclama-t-il.

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    Mais la vie n'était pas faite que d'amusement et de jeux. Les vieilles blessures infligées à Paul Newman n'avaient pas guéri, et il n'a jamais pardonné à Heston. Toute cette malheureuse affaire ressortit quand Charlton fut invité à participer à un événement de charité pour réunir des fonds pour aider les toxicomanes. C'était la fondation Scott Newman, nommée de la sorte en l'honneur du fils de Paul toxicomane, mort tragiquement. Bien sûr, cela ne faisait aucune différence pour Heston, qui était heureux de pouvoir aider à soutenir une cause honorable. Or, quand Newman apprit qu'Heston était invité, il protesta fortement et demanda l'annulation de l'invitation. Ce fut dûment fait et Donald Sutherland fut invité à la dernière minute à la place d'Heston. Charlton était furieux, et le fossé entre les deux acteurs se creusa encore.

    L'année suivante, les convictions politiques d'Heston, qu'il avait formulées clairement, lui attirèrent encore plus d'inimitié, cette fois d'Ed Asner, mieux connu comme la vedette télévisée de la série Lou Grant, et cette fois la situation devint potentiellement dangereuse. Asner était président de la SAG et essayait de la fusionner avec la Screen Extra Guild, une décision à laquelle Charlton s'opposa activement, à tel point qu'il cofonda l'AWAG : l'Actors Working for Actors Guild.

    Durant un meeting présidé par Asner, celui-ci accusa Heston et ses sympathisants d'encourager « une mentalité de race supérieure parmi les acteurs. » Heston était fou de rage, ripostant que le terme de « race supérieure » les marquait lui et le reste de l'AWAG comme des nazis. Asner refusa de s'excuser. Peu de temps après, Heston commença à recevoir des menaces de mort anonymes le poussant à écrire publiquement : « l'allégeance radicale de M. Asner et les enthousiasmes des rebelles Salvadoriens provoquent des poussées d'adrénaline chez ses sympathisants. » La police de Los Angeles, prenant au sérieux les menaces de mort, montèrent une garde plus scrupuleuse que d'habitude autour de la maison d'Heston à Coldwater.

    Ne se laissant pas décourager par ces problèmes politiques, Charlton et Fray préparèrent une nouvelle épopée spectaculaire, The Overlord, se passant pendant la guerre de Troie. Fray en avait écrit le script et voulait le diriger. L'écriture fait encore partie des étapes de préparation, et il faut espérer qu'il ne connaîtra pas le même sort qu'une autre épopée historique que voulait faire Charlton il y avait de cela quelques années, 1066. C'était un sujet qu'il voulait depuis longtemps aborder mais pour lequel il n'avait jamais trouvé de script satisfaisant pour parler de l'époque capitale où l'Angleterre était conquise par les Normands.

    En 1980, Peter Snell me révéla qu'il avait trouvé un script et qu'Heston voulait y jouer Guillaume le Conquérant.. Snell avait alors aussi parlé à George C. Scott pour jouer le roi Harold. « Le seul problème, » m'a dit Snell, « est de trouver l'argent. L'industrie du cinéma n'aime pas les costumes dans les épopées. Le public les aime, mais pas l'industrie. » Heston me confirma son intérêt pour ce film, mais dit : « J'adorerais le faire, si seulement il trouvait les fonds nécessaires. » Snell ne trouva jamais les financements pour produire 1066. Heston espère que The Overlord ne sera pas un autre beau projet qui tombe à l'eau, et il avait déjà pris Joe Canutt pour s'occuper de l'équipe secondaire.

    Pourtant, ce genre de problèmes est devenu complètement insignifiant vers la fin de 1984, lorsque l’attention du monde entier a été attirée par l’horrible sort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui mouraient littéralement de faim en Éthiopie. Heston, dans un effort désespéré pour encourager les gens à les aider, se rendit en personne dans ce pays dévasté par la sécheresse avec la Croix Rouge américaine pour voir de ses propres yeux l'atroce souffrance de tout un peuple. Il visita l'un des camps où les gens mouraient par centaine, et il remarqua combien les ressources médicales étaient pitoyablement inadaptées.

    « Il y avait deux médecins, » raconte-t-il, « six infirmières et trente-quatre fossoyeurs. »

    C'est une expérience qui lui a fait prendre conscience combien il avait été (et est encore) privilégié. Il essaya de ne jamais prendre pour acquis le luxe dont il profitait et qui n'est rien de plus qu'un rêve pour ceux ayant moins de ressources dans les pays civilisés.

    Mais il a essayé d'utiliser la renommée internationale qu'il a acquise au nom de causes qu'il trouvait justes, même si ça paraît insignifiant comparé à ce qu'il se passe dans le monde. La célébrité a son influence, parfois simplement par l'usage de la publicité qui, bien utilisée, peut donner des résultats. Heston n'est pas un homme qui a peur de dire ce qu'il pense ou de faire ce qui lui semble juste. Il est bien loin, l'adolescent mort de peur à Chicago et le solitaire dont la vie dans de simples sous-bois lui offrait un sentiment de sécurité dans la solitude.

    Mais malgré tout ce qu'il avait maintenant, il n'avait pas encore fait ça. Il était cependant sur le point de le faire.

    Il Le Fait Enfin !

    C'est en février 1985 que Charlton Heston alla au Queen's Theatre en plein cœur de Londres pour rencontrer la presse et leur parler de sa nouvelle pièce, The Caine Mutiny Court Martial. Il dit :

    « Le West End de Londres a plus d'allure pour un acteur Américain que Broadway n'en a pour un acteur anglais. Je ne peux pas imaginer des acteurs anglais avoir le même sentiment de... revenir à la maison, retourner aux racines, quand ils viennent jouer à Broadway. C'est pourtant le sentiment qu'a ressenti l'équipe américaine que j'ai ramenée pour The Caine Mutiny et que nous avons marché sur la scène du Queen's Theatre

    Il faisait la mise en scène en plus de jouer le capitaine Queeg.

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    « J'ai dirigé à la fois pour la scène et pour le cinéma plusieurs fois, et Caine Mutiny semblait être un choix idéal pour être à la fois acteur et metteur en scène. Le rôle de Queeg est partagé entre deux très longues scènes d'environ vingt minutes chacune, mais il n'est pas sur scène le reste du temps, donc quand il est sur scène, il est celui qui parle le plus. Le reste du temps, je pouvais me concentrer sur la direction

     

    À cause de règles qui interdisent qu'une équipe d'acteurs ne soit constituée que d'acteurs américains pour une pièce ou un spectacle, il y a eu des problèmes par le passé où des personnages américains devaient être joués par des Anglais. La réciproque est également vraie aux Etats-Unis, mais un accord spécial avait été passé pour cette fois. Charlton explique : « Robert Fryer et Duncan Weldon négocièrent un accord d'échange entre la British Equity et l'American Equity pour autoriser Alan Bates à amener une compagnie entièrement britannique à Ahmanson l'année dernière, et nous amenons maintenant Caine Mutiny avec presque uniquement des acteurs américains à Londres. »

    Heston est lui-même critique envers les règles strictes de l'union. Il déclare que «les syndicats ont imposé des restrictions à l'importation d'artistes étrangers. Mais je n'ai jamais parlé à un acteur qui travaille dans l'un ou l'autre pays qui n'ait dit : "Oh, nous ne voulons pas garder cette règle ; travaillons dans l'un ou l'autre pays.»

    Curieusement, Heston ne choisit pas une pièce shekaspearienne pour faire ses débuts sur la scène britannique, mais il justifie son choix pour The Caine Mutiny Court-Martial :

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    « Je voulais faire une pièce américaine. Je voulais aussi, pour des raisons personnelles, jouer une pièce que je n'avais jamais faite, et The Caine Mutiny Court-Martial, comme la suite le montrera, est une pièce extraordinairement impérissable. L'indéniable charme d'une pièce mettant en scène un procès est difficile à expliquer parce que, par définition, les personnages parlent d'événements qui se sont déjà passés avant le début de la pièce, et qui se sont passés ailleurs, et qu'on ne verra jamais nous-même. Cependant, quand ces pièces fonctionnent, elles sont irrésistibles, et l'accueil du public à Caine Mutiny est très gratifiante

     

    Il restait cependant un peu de temps avant que le public londonien ne réagisse à The Caine Mutiny Court-Martial. L'ouverture n'était pas prévu avant avril au Queen's Theatre, et ils allaient jouer en province avant cela.

    Malheureusement, ils arrivèrent pendant le pire hiver de ces dernières années, et l'équipe américaine en a ressenti les effets à glacer le sang. Même Charlton, qui avait bravé les contrées gelées de Norvège pour L'Appel de la forêt et tremblé dans la neige de St-Helen avait bien du mal à se tenir au chaud, surtout quand ils jouèrent à Brighton. Se glissant hors de l'hôtel glacé où ils séjournaient, Charlton trouva un pharmacien sur le bord de mer. Les femmes de l'autre côté du comptoir eurent du mal à en croire leurs yeux quand elles virent Charlton Heston sous un épais anorak entrer pour demander une bouteille d'eau chaude. La bouteille ne fut cependant pas très utile. Quand la troupe arriva à Birmingham pour battre tous les records d'audience de la pièce, Charlton souffrait d'un terrible rhume contre lequel il lutta à chaque représentation.

    Ils arrivèrent enfin à Londres, où le printemps est humide et frais. C'était un instant plein d'émotion pour Chuck Heston quand il posa le pied sur la scène du Queen's Thetre pour jouer. Il l'avait enfin fait.

    Les critiques se levèrent même pour l'occasion, offrant à la pièce et à Heston des critiques dithyrambiques. Le Daily express dit d'Heston : « … une performance centrale imposante d'une immense stature héroïque, » et le Sunday Mirror décrivit la pièce comme étant « puissamment divertissante et donnant à réfléchir. »

    Pendant trois mois Heston, Ben Cross et le reste de la troupe se rendirent sur cette scène et rencontrèrent un raz-de-marée nocturne d'adulation. C'était le point culminant de la carrière d'Heston qui durait alors depuis presque quarante ans.

    Enivré par le succès et l'accueil qu'il reçut de la part du public britannique, il accepta volontiers une invitation à poser ses mains sur le ciment du Leicester Square où un « pavé de star » était créé pour imiter les fameuses traces de pieds et de mains du Chinese Theater d'Hollywood où les pieds d'Heston avaient été imprimés il y a quelques années de cela. Ses mains à Londres furent rejointes par celles de Sir John Mills, Dame Anna Neagle, Omar Sharif et Alan Bates.

    Mai 1985 Leicester square Chuck imprime ses mains dans le ciment à Londres.JPGImage associée

    ( https://www.alamyimages.fr/photos-images/charlton-heston-actor.html )

    Juin arriva et passa bien trop vite. The Caine Mutiny Court-Martial profita d'une tournée pleine et longue, et maintenant c'était terminé. À la dernière nuit, Heston, comme toujours, se tenait dans les allées pour respirer dans les derniers moments d'une tournée pleine de succès, essayant de profiter de chaque précieux moment. C'était le pays de l'acteur, et comme à chaque dernier tombé de rideau d'une pièce gagnante, il sentit l'exaltation et une pointe de regret que ce soit fini. Il rentra chez lui.

    Il y avait encore beaucoup à faire. Il y avait un tournoi de tennis à jouer, un nouveau long-métrage à essayer de mettre en chantier, d'autres rôles à chercher, d'autres limites à repousser, essayer d'être l'acteur qu'il rêvait encore de devenir.

    Il s'était même enfin laissé séduire pour jouer dans une série télévisée. Aaron Spelling êtait prêt à payer Heston 80 000 dollars par épisode pour jouer dans la série dérivée de Dynastie : Les Colby. Le but de Spelling avec ce nouveau feuilleton était d'écraser tous les autres, et signer avec Heston était son premier tour de force. En soutien, il signa également avec Barbara Stanwyck pour la matriarche de la famille, Constance Colby, dont les machinations avec l'oncle Jason Colby, joué par Heston, mènent à la séparation des Carrington et des Colby. Par conséquent, Heston, Stanwyck et leur famille, comprenant Emma Samms en tant que nouvelle Fallon, se rendirent en Californie, pour annoncer la nouvelle série. Et contrairement aux Carrington qui semblent ne jamais aller nulle part, la vie de jet-set des Colby les mènent dans des lieux exotiques comme Monte Carlo et Rome, assurant que le budget pour Les Colby dépasse même celui de l'onéreuse Dynastie.

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    Accepter de jouer pour la télévision était sans précédent pour Heston, mais ça ne peut que renforcer son statut de superstar en l'exposant à une toute nouvelle génération de fans qui ne l'ont probablement jamais vu dans Ben-Hur ou Les Dix Commandements sur un vrai grand écran argenté. Ça ne peut également que le rendre plus riche que jamais, mais ce qui compte le plus à ses yeux en acceptant ce contrat est de jouer des rôles qui repoussent ses limites et qui le laissent fermement ancré dans les yeux du public. Après tant d'années, il a admis que la télévision était le médium qui pouvait le mieux remplir toutes ces fonctions, mais il n'est probablement toujours pas satisfait.

    Il reste son critique le plus acerbe. Il m'a dit :

    «Je ne suis vraiment satisfait de mon travail dans aucun des films et aucune des pièces que j'ai faits. Je pense que c'est sain. J'ai certainement fait des films et des pièces que j'ai aimés et en règle général, je suis content de l'ensemble, mais je n'ai jamais vu une seule de mes performances dont je sois satisfait, et j'imagine que c'est sain.

    Je pense que si j'étais pleinement satisfait, il serait temps de raccrocher et m'entraîner à être un vieil homme méchant, assis près du feu et frapper avec un bâton des gens à genoux !»

     

    FIN

     

    1Le texte original dit simplement Cimarron, mais cela peut renvoyer à différentes séries et films aux titres semblables. Aux vues de la date, la plus probable est Cimarron City, sortie en 1958 avec George Montgomery.

    2Mother Lode