Je remercie notre ami James Byrne, qui, aujourd'hui a donné le lien de la traduction du livre de Michael Munn par mon petit-fils, à Michael Munn himself ! L'initiative de James Byrne, m'a permise d'entrer en contact avec Michael Munn, ce que je n'aurais jamais imaginé !
Je remercie également Michael Munn qui a eu la gentillesse de me donner l'autorisation de traduire et publier son livre sur le blog ! FABULEUX ...
UN BEAU CADEAU POUR LE 10 ème ANNIVERSAIRE DU DECES DE CHARLTON HESTON.
VOICI L'AUTORISATION
Yes, I did write the biography of Charlton Heston. Please go ahead and publish the book on your blog. It is very old and out of date and out of print so it will be absolutely fine with me.
I won't be writing any more. Heston wrote an excellent autobiography which is the best book about him. I believe there is a recent biography but I haven't read it.
Oui, j'ai écrit la biographie de Charlton Heston. S'il vous plaît allez-y et publiez le livre sur votre blog. Il est très vieux et périmé et épuisé, donc cela me convient très bien.
Je n'écrirai plus. Heston a écrit une excellente autobiographie qui est le meilleur livre sur lui.
Je crois qu'il y a une biographie récente mais je ne l'ai pas lue.
( Publication avec l'aimable autorisation de Michael MUNN )
PRESENTATION
Charlton Heston est apparu à l'écran dans quelques uns des plus grands rôles de cinéma en incarnant Ben-Hur, Moïse, Le Cid ou encore Michel-Ange. Il a apporté son sens de l'héroïsme aux personnages qu'il a joués dans des films aussi variés que Touch of Evil ou Planet of the Apes. Maintenant vénérable figure politique respectée dans le domaine des arts, Heston, ayant fait six mandats en tant que président de la Screen Actors Guild, apparaît chaque semaine à la télévision dans le rôle d'un patriarche exubérant dans The Colbys.
Pourtant, peu se seraient doutés que l'épique héros hollywoodien était un enfant solitaire dans un coin reculé du Michigan. N'ayant pas d'enfants de son âge avec qui jouer, il joua de nombreux rôles différents dans des histoires issues de sa propre imagination. C'est ainsi qu'il découvrit sa passion pour le travail d'acteur.
Ses mémoires, The Actor's Life, font un peu la lumière sur l'homme derrière le masque, et nous éclairent surtout sur son approche du travail. Dans Charlton Heston, l'auteur Michael Munn nous emmène voir derrière les nombreux rôles qu'a joués l'acteur et propose un point de vue exceptionnel sur l'homme. Ses légions d'admirateurs tout comme les étudiants de cinéma trouveront ici un livre inestimable.
EDITIONS St MARTINS https://us.macmillan.com
Charlton Heston
Michael Munn
(Ce livre est pour mes chers parents.)
Introduction
C'est à la fin de l'année 1976 que j'ai rencontré Charlton Heston pour la première fois. Il était en tournée de promotion à Londres pour Midway, et il portait la barbe qu'il avait faite pousser pour Gray Lady Down. Il y était juste assez longtemps pour rencontrer les journalistes qui s'intéressaient à lui. J'imagine que cela veut dire tous les journalistes de Fleet Street, et tous les reporters de radio, de télévision et de magazine.
Son emploi du temps serré ne lui permettait d'en voir que quelques-uns d'entre eux, et j'ai eu la chance d'être retenu en tant que chroniqueur du Film Review.
Je dois désormais être honnête et reconnaître que j'avais longtemps attendu cela. Depuis que j'avais vu Ben-Hur dans mon enfance, Heston avait été mon idole. De mon point de vue, c'était donc là le rendez-vous le plus important que l'on m'avait jamais donné. J'avais un million de questions, et seulement trente minutes pour toutes les poser. Je n'avais cependant pas considéré le fait que j'étais le dernier d'une longue série d'intervieweurs, et la dame passée avant moi avait largement débordé, grignotant peu à peu le temps qui m'était alloué. Je n'ai finalement eu que 20 minutes, alors que j'avais toutes mes questions !
J'ai été surpris de constater que la suite de Charlton Heston dans le Dorchester Hotel n'était pas la suite luxueuse de millionnaire exotique, pourvue d'une baignoire encastrée et de chandeliers pendants, que l'on attendrait pour une star de film hollywoodienne. En comparaison, elle était modeste, et la grande présence d'Heston semblait remplir le petit salon.
Je reconnais que j'étais enthousiaste. J'avoue que j'étais nerveux. Mais ce qui a vraiment gâché l'interview était simplement qu'il était totalement épuisé ; épuisé de parler à des inconnus toute la journée, et répondre à mille questions (souvent toujours les mêmes vieilles questions). Il faut aussi dire qu'étant le professionnel reconnu qu'il est, Charlton Heston est toujours courtois avec ceux en sa présence et fait de son mieux pour satisfaire la presse. Je me souviens lui avoir téléphoné six mois plus tôt alors qu'il était en Angleterre pour faire The Prince and The Pauper. J'avais directement été mis en contact avec lui et j'avais été surpris de me retrouver à parler avec Charlton en personne plutôt qu'avec un agent ou un secrétaire stratégiquement employé pour intercepter les appels. Je lui ai dit qui j'étais et j'ai demandé une interview. Il me répondit de sa manière courtoise habituel : « Je suis vraiment désolé, mais nous en avons fini ici pour le film, et je rentre demain en avion à la première heure. J'aurais accepté avec plaisir de vous rencontrer, sinon. La prochaine fois que j'aurais à faire dans les parages, nous essaierons d'organiser cela. »
Maintenant il est là, mais fatigué, et je n'ai que vingt minutes pour obtenir une interview exhaustive. À première vue, rien ne s'annonçait sous un jour favorable. Il a un peu parlé de Midway sans enthousiasme personnel pour le film.
Puis j'ai parlé d'un film cher à son cœur datant de quelques années, Antony and Cleopatra qui avait été un échec critique et commercial. Pourtant, j'ai beaucoup admiré ce film, et je le lui ai dit. Il s'est alors animé, et j'ai décidé de jouer mon atout. Chaque intervieweur devrait garder un atout dans sa manche.
This is for France Darnell. London premiere of Antony and Cleopatra, Astoria Cinema, 1972.
J'ai dit, « Bien sûr, Antony and Cleopatra n'était pas la première fois que vous étiez derrière la caméra, n'est-ce pas ? »
Il semblait perplexe. « J'avais auparavant dirigé au théâtre, dit-il, qu'aviez-vous en tête ? »
« The greatest Story Ever Told », répondis-je. Rien que de mentionner ce film à n'importe lequel des centaines d'acteurs qui y sont apparus était dangereux, puisque très peu de membres du casting avaient quelque chose de positif à dire à son sujet. Je ne savais donc pas si j'avais touché un nerf sensible, et j'ai donc prié en espérant avoir correctement préparé mon interview.
Il a soudainement basculé la tête en arrière, il a ri bruyamment et s'est tapé le genou.
« Mon dieu ! » tonna-t-il. « vous êtes malin, vous avez absolument raison. J'avais oublié que j'avais dirigé une scène de ce film, celle où le Baptiste [Heston jouait ce rôle] est arrêté. »
Il m'a ensuite raconté une superbe anecdote, et tout semblait aller bien.
Le temps était cependant presque écoulé. J'ai mentionné le nom de Tom Gries qui avait dirigé trois des films de Charlton Heston (même si seul le premier, Will Penny, fut marquant).
Il me répondit : « saviez-vous que Tom Gries était mort il y a trois jours ? »
C'était la fin de l'interview, et j'en sortis avec bien peu de texte à citer. J'ai réussi à en faire un article, même si c'était in extremis.
Mais c'était décevant. Heston a toujours été considéré « interview-proof », signifiant qu'il ne serait pas possible d'échouer à obtenir une bonne interview de lui, et pourtant la mienne n'était pas bonne. Je l'avais vu plusieurs fois interviewé à la télévision, j'avais même été à une interview d'une heure qu'il avait donné à Michael Parkinson plusieurs années plus tôt, et il avait toujours été structuré, précis, concis et facile à citer.
J'avais aussi remarqué qu'il créait une relation spontanée et généreuse avec le public, surtout durant l'enregistrement avec Parkinson.
J'avais rencontré un tout autre homme ce jour-là.
Bien sûr, je comprends que n'importe qui ayant donné je ne sais combien d'interviews en une journée serait exténué à la fin, mais j'ai découvert à travers mon expérience personnelle qu'Heston ne donne pas simplement des interviews : il joue, parfois parfaitement, parfois mal.
Pour lui, faire une quelconque interview fait partie de son travail d'acteur, il le fait avec le sens du devoir. Si c'est à propos d'un film sur lequel il est en train de travailler et que vous avez la chance de le voir dans le studio durant la production comme ça a été plus tard le cas pour moi, il est plein de l'enthousiasme qu'il a pour son rôle, et ça se ressent. Comme la grande majorité de ses rôles sont de nature autoritaire, cette autorité déborde au-delà du plateau de tournage. Une interview en tête-à-tête avec lui devient alors pour lui un exercice au service du sujet dont traite le film ou le rôle. C'est comme s'il prenait le commandement de l'interview, et l'on pouvait être certain qu'il allait exactement vous dire ce qu'il voulait que vous sachiez.
Ce qui m'a pourtant frappé plus que tout le reste était que s'il avait un public (même si c'était un troupeau de journalistes comme dans une conférence de presse), son jeu était complètement différent de celui d'une interview privée. Il joue littéralement pour le public, et il s'amuse énormément quand il en a un, tout comme quand il a un public grâce à la télévision.
Il met avant tout l'emphase sur la performance, et il répond aux questions en s'adaptant au nombre de spectateurs, à l'atmosphère et à son intérêt pour le sujet discuté.
J'ai donc appris au fil des années passées, depuis que je l'ai rencontré la première fois, que l'homme que j'ai interviewé à de nombreuses reprises n'était pas seulement différent à chaque fois, mais également que ce n'était pas le même homme que celui que connaissaient sa famille et ses amis proches.
Concrètement, dans une interview, le voile de mystère autour de lui peut se lever, mais pas les barrières invisibles qu'il érige ; il fait de son mieux pour montrer à l'intervieweur ou au public ce pour quoi ils ont payé pour voir : la personne publique, mais jamais la personne et toute sa réelle profondeur, et ce du fait de la nature même de cet homme. Il est acteur, mais aussi incroyablement réservé.
De son propre aveu, quand il a commencé à faire des films, il détestait les interviews . Il a dû apprendre comment les faire, et il peut maintenant en produire de très bons, mais dans un style qui lui est propre.
La plupart des acteurs ne peuvent pas s'empêcher de révéler leur propre personnalité pendant les interviews et peuvent assez facilement se faire remarquer sans avoir un seul article à leur sujet (comme Kirk Douglas, Roger Moore, Tony Curtis et Michael Caine).
Charlton Heston a sa propre technique qui consiste à avoir presque littéralement son propre script. Il connaît déjà ses réponses avant même d'entendre les questions. C'est comme s'il avait un système d'archivage mental avec toutes les réponses nécessaires commodément mises dans un coin, prêtes à être utilisées à la première occasion. C'est un art qu'il a perfectionné au fil des années, et il peut dire ce qu'il veut, peu importe ce que demande son interlocuteur. Il est sournoisement bon à cela, ce qui fait que si vous lisiez ou entendiez autant d'interviews avec Charlton Heston que moi (ou si vous avez vous-mêmes donné), vous commenceriez à réaliser que vous entendez des réponses que vous avez déjà entendues, presque mot à mot.
Comme il le dit à propos des journalistes : « ils ne peuvent pas m'atteindre. »
Cependant, si vous êtes vraiment chanceux, vous pourriez parfois voir le masque de l'auteur glisser, comme moi, lors d'une interview, toujours au Dorchester, quand nous avons été interrompus par un membre de l'équipe de tournage qui avait été convoqué parce que l'un des costumes d'Heston avait disparu. Sa patience contrôlée et son autorité apaisante habituelles étaient parties. Il était furieux et s'emporta, clairement agacé par un tel manque de sérieux (le sien ou celui de quelqu'un d'autre). Heston aime que les choses soient bien faites. Il semblait soudain bien plus vulnérable, mais quand l'incident fut clos et qu'il est retourné dans sa chaise pour continuer l'interview, il avait repris son personnage coutumier.
Une autre fois, alors qu'il était ici pour promouvoir son recueil de journaux publiés, il s'assura que ses réponses à propos de ses remarques plutôt brûlantes au sujet de femmes caractérielles comme Sophie Loren et Ava Gardner restaient inoffensives mais franches. Il m'a fallu le pousser pour qu'il soit un peu plus dur avec elles.
Pourtant lorsque notre interview fut momentanément interrompu par un appel téléphonique d'un de ses amis intimes, je l'ai entendu dire avec un petit rire désinvolte : « la pauvre Ava va mourir de rire en lisant ce livre. »
Il n'y avait jamais autant de désinvolture dans ce qu'il me disait, ce qui est tout à son honneur, car son professionnalisme faisait que s'il n'était pas capable de s'occuper de quoi que ce soit d'une manière digne de ses propres rigoureuses exigences, alors il ne le faisait pas du tout.
Ma collaboration avec Heston a toujours été celle d'un journaliste avec un acteur, de telle sorte qu'à aucun moment j'ai pu imaginer pouvoir prétendre le connaître. Quand il est interviewé, il révèle son intelligence, ses opinions, son autorité naturelle, et même ce que certains voient comme du pédantisme, mais il ne révèle pas l'homme privé. De cela découle cette question ardue : qui est-ce qui se cache derrière le masque que l'acteur porte en permanence ? J'espère que c'est là tout le sujet de ce livre, qui parle également de son travail que je n'ai même pas encore abordé jusque là.
Il a fait plus de cinquante films, a gagné un Oscar du meilleur acteur, est apparu dans un certain nombre des plus grands succès de tous les temps, est entièrement dévoué à son travail, et reste l'un d'une poignée des vedettes d'Hollywood restantes sur lesquelles les producteurs de film sont prêts à miser leur argent, et après un carrière de 40 ans, ce n'est pas un piètre exploit. Il est également bien plus souple que ce que les portraits les plus populaires de lui, acerbes et réputés, ne le disent.
Il a produit une longue série de grandes performances à l'écran, bien qu'elles n'aient pas toutes eu de succès commercial, comme Will Penny, le général Gordon, Marc Antoine, et hormis une pièce qu'il a produite à Londres en 1985, seul le public des théâtres américains le connaît comme un des acteurs de théâtre les plus doués et les plus puissants de tous les temps. Comme c'est Laurence Olivier lui-même qui le dit, je ne crois pas prendre de risque en l'affirmant moi aussi.
Pourtant, ce qui me motive le plus à écrire cette biographie, c'est d'essayer de découvrir comment un péquenaud du Michigan et un marginal de Chicago a pu devenir probablement l'un des acteurs les plus influents à être apparu dans la cinéma américain de la fin des années 50 et 60.
Comme déjà dit précédemment, il est aussi une des stars de cinéma, ou « acteur public », comme il préfère s'appeler lui-même, les plus courtoises. Il y a quelques années, lorsque je rédigeais mon premier livre, The Great Film Epics, il m'avait beaucoup aidé et avait été très coopératif. Je me suis cependant demandé comment il se sentirait à l'idée que quelqu'un écrive sur l'histoire de sa vie.
Je lui ai appris que j'écrivais sa biographie durant le début plein de succès sur la scène londonienne de The Caine Mutiny Court-Martial à l'été 1985. C'est bien sûr avec une joie professionnelle et personnelle sans limite que j'ai reçu une lettre de lui ..dans laquelle il écrivait pour résumer : « Je veux vous remercier pour votre amabilité et l'intérêt que vous montrez pour ma vie... veuillez recevoir mes meilleurs vœux de bonne chance. »
J'espère que je lui ferai honneur.
M. M.
A SUIVRE...