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1 - BIBLIOGRAPHIE - Page 17

  • LA NRA ET CHARLTON HESTON par Christiane

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    La NRA et Charlton Heston !!!!

    Un long malentendu pour beaucoup qui ont cru y voir la justification d'un Chuck violent républicain pro armes.... Malgré des explications, des mises au point, il reste encore des injustices flagrantes concernant Charlton et qui vont jusqu'à l'acharnement... que personnellement, je ne comprends pas.

    Porter une arme ou la détenir chez soi ne fait pas automatiquement de soi un criminel. Le respect de l'amendement no2 de la Constitution américaine est réel chez lui et c'est fort honorable.

    L'histoire profonde des USA est différente de la nôtre mais aussi valable. Les gènes des uns et des autres sont précis et se respectent. Chaque nation a une naissance différente et propre à elle-même.

    Je comprends Chuck et je partage son point de vue, en regrettant amèrement le prix de l'injustice dont il a souffert.

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    Chère Christiane, je partage entièrement votre point de vue.

    Je me permets juste d'ajouter ces quelques lignes pour exprimer mon ressentiment quant à la diffusion constante sur le Net d'une photo représentant Charlton Heston à la fin de son mandat à la NRA, debout à la tribune,  brandissant un fusil au-dessus de sa tête, prononçant une phrase que je me refuse à reproduire ici et qui malheureusement, est devenue sa "marque de fabrique" malgré que sa vie ait été autre chose que ce sceau infâme que nous devons oublier.  

    Charlton était malade et probablement pas toujours en possession de tous ses moyens intellectuels, lui, l'homme cultivé, intelligent, ayant fait preuve au cours de sa longue carrière d'un véritable humanisme, non pas pour se faire de la publicité, mais par convictions personnelles. 

    Je me joins à vous Christiane, pour rendre justice à ce grand acteur que nous chérissons. 

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  • HOLLYWOOD : QUI EST-CE QUI A MARCHE AVEC KING EN "63" par Carl M. Cannon

    Un article datant de 2013 sur le 50ème anniversaire de la Marche pour les Droits Civiques, porté ce jour à notre connaissance par Hector Meana.

    Et voici une petite traduction "Google translate et Reverso" que je pense assez fidèle à ce que voulait exprimer le journaliste Carl M. Cannon.

    Je fais cette publication qui n'apporte rien de nouveau en soi, mais qui met en évidence la participation active de Charlton Heston dans l'organisation de la Marche. 

    Pour ceux qui ont oublié Charlton Heston et qui se sont acharnés à effacer non seulement le souvenir de sa personnalité mais avec lui toutes ses actions humanitaires et désintéressées, il est bon parfois de remettre les pendules à l'heure, c'est ce qui ressort dans cet article.  

     

    Hollywood Who's Who Marched With King in '63

    By Carl M. Cannon - August 29, 2013

    https://www.realclearpolitics.com/articles/2013/08/29/hollywood_whos_who_marched_with_king_in_63__119762.html?fbclid=IwAR0iRvmOZDk_0B14A4B3AQepYVJco5qxSPB4utsCCJ2jLnNusZbdMqeSxTw

      

    Les discours de mercredi commémorant le 50e anniversaire de la Marche sur Washington s'effacent déjà des mémoires, les barrières de sécurité du National Mall ont été supprimées, Oprah Winfrey et les autres personnalités qui ont pris la parole ont repris leur travail du jour.

    Sans vouloir manquer de respect à Oprah, à Jamie Foxx, à Forest Whitaker ou à quiconque ayant pris part à cette semaine, le contingent d'étoiles qui est arrivé à D.C. en 1963 devait être vu pour être cru.
     

    À notre époque, les personnalités hollywoodiennes, les acteurs de la télé-réalité et les célébrités sont des présences incontournables dans la vie politique américaine. Parfois, ils sont cohérents et, de temps en temps, courageux. Habituellement, ils suivent le troupeau. Ce n'était pas le cas en 1963, lorsqu'une coterie d'étoiles de la liste A monta à bord d'un «avion de célébrités» à Los Angeles et vint à Washington défendre les droits civiques.

    Harry Belafonte, agissant de concert avec Martin Luther King, a contribué à son organisation et la participation multiraciale de musiciens, acteurs, réalisateurs de films et autres interprètes qui ont répondu à l'appel a constitué un Temple de la renommée des arts américains.

    La chanteuse folk Joan Baez a lancé le programme avec une interprétation inspirée de «We Shall Overcome», l'hymne non officiel du mouvement des droits civiques. Peter, Paul et Mary ont demandé : «Combien de fois un homme doit-il lever les yeux avant de pouvoir voir le ciel ? » Et Odetta Holmes, une star de la musique maintenant presque oubliée, a ému les spectateurs aux larmes avec son hymne flamboyant : «O Freedom».

    «S'ils vous demandent qui vous êtes, leur dit-elle, dites-leur que vous êtes un enfant de Dieu

    Joséphine Baker, qui venait de sa France d'adoption, s'est également produite au Lincoln Memorial. Dans son article du lendemain, publié à cette date il y a 50 ans, le New York Times l'a citée avant de citer Martin Luther King.

    «Vous êtes à la veille d'une victoire complète. Vous ne pouvez pas vous tromper. Le monde est derrière vous! »A déclaré Baker à la foule de 200 000 personnes. Elle a ajouté qu'elle sentait qu'elle voyait un rêve se réaliser sous ses yeux. "Ceci", at-elle ajouté, "est le jour le plus heureux de ma vie."

    Après que Joan Baez ait chanté, Bob Dylan a fait de même. Il était profondément engagé dans le mouvement et avait récemment écrit une ballade intitulée «La mort d'Emmett Till». Ossie Davis s'est également produit au Lincoln Memorial en 1963, aux côtés de la chanteuse de gospel Mahalia Jackson. James Garner, qui avait rencontré son épouse Adlai Stevenson lors d'un rassemblement sept ans plus tôt, a également défilé - tenant la main ce jour-là en solidarité à Diahann Carroll.

    Il suffit de citer tous les noms des célébrités qui sont venues à Washington pour la marche des droits civiques de 1963. L’écrivain James Baldwin est venu avec le pionnier du baseball Jackie Robinson, le producteur hollywoodien Frank Mankiewicz, le chanteur et danseur Sammy Davis Jr. et l’actrice Ruby Dee.

    De nombreux membres afro-américains de la bande de Harry Belafonte, y compris le grand chanteur de calypso, ont été politiquement actifs dans le domaine des droits civiques pendant des années. Parmi cette équipe se trouvaient Lena Horne, Marian Anderson, le célèbre bluesman Josh White et Sidney Poitier, qui fut cette année-là première star de cinéma afro-américaine à remporter un Oscar du meilleur acteur.

    Poitier n'était pas le seul acteur  (ou lauréat d'un Oscar) dans l'avion loué par Belafonte. Marlon Brando, Burt Lancaster, Paul Newman et Joanne Woodward sont tous venus, tout comme Charlton Heston, qui a brillé un peu plus  que le reste de la foule hollywoodienne. Il était plus grand que les autres, bien sûr, et il avait joué Moïse au cinéma - mais ce n'était pas vraiment cela.

    Heston avait fait campagne en 1956 pour Stevenson et en 1960 pour Kennedy. C'était rassurant. Mais pour ceux qui gagnaient leur vie dans l’industrie cinématographique, les auditions anticommunistes du Congrès à Washington et l’épuration des membres présumés du parti à Hollywood avaient un effet dissuasif sur les activités politiques des cinéastes et des acteurs. Pourtant, au même moment, un grand mouvement se construisait à la fin des années 50 et au début des années 60 - et bon nombre des plus grandes stars du cinéma du pays voulaient donner leur renommée et leurs visages à la cause.

    Charlton Heston était l'un des premiers.

    En mai 1961, Heston avait fait le piquet devant un restaurant ségrégé d'Oklahoma City lors d'une manifestation aujourd'hui oubliée, l'une des centaines d'actions de ce type se préparant jusqu'à la marche de Washington. Un jour de mars 1963, la US Information Agency a filmé une table ronde avec Heston, Belafonte, Poitier, Brando et Baldwin. Cela vaut la peine d'être vu, malgré la durée du discours de Belafonte (et peut être vu ici (1) , grâce à C-SPAN).

    ¹ en raison de la date de l'article, la video n'est plus sur ce site, mais elle est visible sur YT et sur le blog.

    Quand on lui demande pourquoi il marche, Heston vole la scène.

    L’image contient peut-être : 1 personne, sourit, chaussures et plein air

    «Il y a deux ans, j'ai fait le piquet devant certains restaurants de l'Oklahoma, mais à cette exception près - comme tout à fait récemment - comme la plupart des Américains, j'ai exprimé mon soutien aux droits civils principalement en en parlant lors de cocktails», dit-il. «Mais, comme beaucoup d’Américains cet été, je ne pouvais plus me contenter de parler de vive-voix d'une cause aussi urgente plus que jamais et à une époque aussi pressante à l’heure actuelle

    Dans les années qui suivirent, «Chuck» Heston, comme l'appelaient ses proches, rompait avec le parti démocrate pour ce qu'il considérait comme ses excès libéraux. Il ferait campagne pour son ami Ronald Reagan et deviendrait un partisan de premier plan des droits du 2e amendement. En cours de route, il serait boudé et méprisé par les «libéraux», dont certains n'étaient pas encore nés lorsque Heston marchait pour la liberté.

    Heston lui-même aimait dire qu'il avait soutenu les droits des minorités raciales avant que ce ne soit à la mode à Hollywood - et à sa mort en 2008, Earl Ofari Hutchinson, érudit afro-américain, déclara : «Il l'a fait, au mouvement des droits civiques. "

    La cérémonie des funérailles a eu lieu dans l'église épiscopale de Pacific Palisades, à laquelle ont assisté environ 300 personnes, dont beaucoup était des sommités californiennes. Une petite veillée a également été organisée dans le centre-sud de Los Angeles, au coin de Crenshaw et Martin Luther King Boulevards. 

    Carl M. Cannon est le chef du bureau de Washington pour RealClearPolitics. Contactez-le sur Twitter @CarlCannon .

     

     
  • 27 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    Amis, Romains, Compatriotes !

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    Le noël de 1967 fut passé comme beaucoup d'autres dans la cabane à St Helen. Durant un nuit froide, Charlton fut réveillé par un télégramme de Peter Snell, un jeune producteur presque inconnu lui proposant de travailler ensemble sur une pièce de Shakespeare pour la télévision. Ils commencèrent à communiquer par lettre. Charlton voulait faire Jules César, et voyant que c'était de son nom qu'avait besoin Snell pour mettre en place le moindre contrat, il fut très clair sur sa volonté d'avoir un contrôle total du script, de devoir approuver tous les choix d'acteurs et de vouloir incarner Marc-Antoine lui-même.

    Quand Snell montra son idée à Commonwealth United, ils décidèrent qu'une telle propriété et  une star telle que Charlton Heston méritaient mieux que la télévision, donc ils commencèrent de sérieuses préparations pour en faire une adaptation au cinéma. Ils sentirent que ce ne serait pas du Shakespeare classique habituel, mais un spectacle à gros budget avec " M. épopée en personne", Charlton Heston. Au départ, Heston avait accepté de faire le film à la télé contre un cachet de 100 000 dollars et 15 pour cent des bénéfices. Il était tellement motivé à faire la pièce et à jouer Antoine qu'il accepta aussitôt de faire le film aux mêmes conditions.

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    Avec le nom d'Heston comme sorte de garantie, Snell se retrouva entouré d'une troupe d'acteurs notables : Robert Vaughn en Casca, Sir John Gielgud en César, Richard Johnson en Cassius, Richard Chamberlain en Octavius, Jill Bennett en Calpurnia, Diana Rigg en Portia et Orson Welles en Brutus. Chaque nom devait être approuvé par Charlton, mais il n'était pas du tout satisfait par le choix du réalisateur, Stuart Burge. Snell dut convaincre Heston, lui rappelant le film Othello de Burge et Olivier. Charlton n'était pas impressionné. Othello n'était rien d'autre que du théâtre filmé, mais il était déjà si attentionné avec Snell qu'il capitula, maintenant son contrôle sur toute la production.

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    Welles disparut alors mystérieusement, donc Snell offrit le rôle de Brutus à Jason Robards Jr. qui faisait alors Tora ! Tora ! Tora ! Il accepta et se retrouva à jouer un rôle pour lequel il n'était pas du tout taillé.

    Pendant les répétitions, Gielgud, probablement l'un des plus grands acteurs d'Angleterre, avait du mal à se rappeler de laisser de côté les répliques coupées. Il connaissait toute la pièce par cœur et continuait de naviguer le long du texte complexe. Heston dit gentiment à Burge : « je crois que John devrait récupérer toutes ses répliques ! » Ce fut le cas.

    Charlton se retrouva de nouveau à Madrid où les lieux et surtout les batailles pour Jules César allaient être filmés. Pendant les premières heures du premier jour du tournage, on n'avait pas besoin de Charlton, et il alla rapidement dormir sur un rocher pendant que Robards jouait la scène du suicide. Ainsi, au moment où ce fut son tour de commencer le tournage, il était éveillé et prêt. C'était tôt dans la soirée, mais Heston était frais et la tête pleine d'idées d'améliorations. Il appela Burge et Robert Furnival, qui avaient adapté la pièce en script, et suggéra de donner la dernière réplique de Lucilius (« comment meurt-il, Strato ? ») à Marc-Antoine. Il les convainquit que cette réplique mariée au dernier discours de Marc-Antoine amènerait un nouveau ressenti de la fin de la pièce. Les trois hommes approuvèrent la modification et firent ainsi.

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    Au programme des quelques jours suivants étaient les scènes de bataille impliquant 600 figurants, mais les prévisions météorologiques les obligèrent à revoir leur planning. Le soleil brilla un jour après et Heston, à cheval, suivi par des centaines de figurants à pied, prit sa position sur une montagne pétrifiée sous la direction du réalisateur de l'équipe secondaire, Joe Canutt. Les scènes furent tournées muettes, et tandis que les troupes embusquées d'Antoine chargeaient, la voix de Canutt lança le signal aux figurants en attente, « Acción, caballería, Acción ! » à chaque fois que la cavalerie chargeait, les figurants en attente qui devaient représenter les soldats pris dans une embuscade quittaient les rangs et fuyaient. Ils avaient été recrutés dans les villages alentours et malgré que le script leur disait de rester sur place, ils n'avaient pas l'intention de se faire décimer par la charge de la cavalerie romaine.

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    C'est pendant qu'ils étaient là que l'idée vint à Chuck de faire quelque chose qu'il avait toujours rêvé de faire.

    Il dit :

    «Je me souviens d'un jour en Espagne où je chevauchais vers le lieu de tournage avec Richard Johnson et Richard Chamberlain et où nous discutions de Shakespeare. Je leur dis que je trouvais qu'Antoine et Cléopâtre était idéal pour un film, et que Shakespeare avait même écrit sa pièce en cinquante scènes tout comme un film.

    J'ai commencé à décrire certaines de ces scènes en termes filmiques, des scènes que je jouais dans ma tête depuis vingt ans, depuis la première fois que j'avais joué la pièce à Broadway dans ma jeunesse. Eh bien, je ne sais pas si j'ai réussi à les convaincre, mais je m'étais clairement convaincu moi-même.

    Cette après-midi-là, nous en avons discuté avec Snell et avons décidé d'essayer

    En attendant, ceci dit, ils devaient toujours terminer Jules César dans les studios d'Elstree où le forum romain avait été recréé pour la fameuse scène des oraisons funèbres. Heston avait méticuleusement travaillé sur la façon dont devait être formulé le discours d'Antoine. Il le lut à Burge et Furnival qui lui servirent de foule.

    « Amis ! » cria-t-il. Un rire émergea de la foule. « Romains ! » La foule n'était plus intéressée. Il se jeta en avant, attrapant un des figurants. « Compatriotes, prêtez-moi une oreille attentive. » C'est comme ça qu'Heston voulait le jouer, et c'est comme ça qu'il l'a joué. Non pas qu'il voulait passer outre le réalisateur, mais il n'était pas parfaitement content de Burge. Quand ils étaient en train de filmer la dernière partie de son discours, Heston arriva à sa dernière réplique, « Quand reverrons-nous un autre comme lui ? ». La foule hurla.

    « Coupez ! » cria Burge assis à côté de sa caméra surélevée. Il regarda Heston, muet et incertain de ce qu'il voulait tout en sachant que cette scène n'allait pas. « Est-ce que j'ai fait quelque chose de faux ? » demanda plaintivement Chuck. Burge resta immobile, ne faisant que regarder Heston. Le silence commençait à devenir gênant. « est-ce que j'ai trop vite descendu les escaliers ? » demanda Chuck, suppliant pour avoir une réponse. « eh bien, ça ne ferait pas de mal que tu descendes un peu plus lentement, » répondit Burge.

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    Ils firent une autre prise, et Heston retourna à sa chaise, certain que ça s'était bien passé. Il fut soudain rappelé sur le plateau. Ils la refirent encore une fois, mais Burge cria « coupez ! » avant d'en être arrivé à la moitié.

    « Chuck, décale-toi un peu », cria-t-il. « Maintenant, tout le monde se presse contre lui. Remonte d'une marche. Maintenant, quand Chuck parle de la volonté, je veux que vous deveniez tous une foule très dangereuse et menaçante. » Burge avait trouvé ce qui le gênait. C'était la foule, pas Heston, mais Charlton était content de sa propre performance, et ça l'agaça que son réalisateur n'ait pas été capable de dire ce qui ne lui plaisait pas.

    C'est pendant qu'il faisait Jules César qu'un journaliste lui demanda : « est-ce que vous aimeriez un jour être réalisateur ou producteur de film ? » Il répondit : « Non, absolument pas. Je vis très bien sans devoir diriger les choix d'acteurs, de script, de dessin et compagnie. » Il était aussi capable de faire plus sur le plan artistique que son travail d'acteur. Il avait de l'autorité et plus de pouvoir que le producteur ou le réalisateur. Quand il entendit qu'ils songeaient à renommer le film L'Assassinat de Jules César, il rétorqua : « j'ai accepté de faire le Jules César de Shakespeare, et il restera ainsi. »

    Tandis que la production touchait à sa fin, Heston et Snell commencèrent à travailler sur les préparatifs pour Antoine et Cléopâtre presque comme une suite à Jules César avec Chamberlain reprenant son rôle d'Octave, mais le gros du travail était encore le montage de César. Quand il rentra à la maison, Charlton envoya une lettre détaillée à Burge explicitant plan par plan la façon dont il voulait que sa scène d'oraison soit montée, incluant des détails de doublage de la foule.

    Quand Heston vit le résultat final, il n'était pas satisfait. Il avait espéré que la pièce se suffisait à elle-même, mais d'après lui, l'interprétation de Robards et la réalisation étaient deux énormes défauts, et il fut déterminé à laisser la réalisation de sa propre production d'Antoine et Cléopâtre au meilleur réalisateur Shakespearien disponible, ce qui limitait le choix à seulement deux hommes : Orson Welles et Laurence Olivier.

     

    Maintenant Plus qu'Un Acteur

     

    L'île hawaïenne de Kauai aurait pu être le paradis parfait dans lequel Charlton aurait pu passer son temps à faire un script pour Antoine et Cléopâtre. Et c'est effectivement là-dessus qu'il passa le plus clair de son temps libre tout en admirant la mousse couleur lavande sur le sable et le soleil miroitant sur l'océan. Dans une certaine mesure, il avait cependant de la rancune de voir son temps pris pour le tournage de Le Maître des îles, un film qu'il n'avait pas envie de faire mais dont il espérait gagner de l'argent plus que nécessaire pour financer son propre rêve.

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    C'était ironique qu'il soit là à jouer ce film qui devait être la suite de Hawaï. Après tout, il avait rejeté le rôle que joua Richard Harris dans le premier film, et maintenant il était là, à jouer le fils d'Harris devenu maître des îles. Tom Gries était de nouveau le réalisateur, mais le flair dont il avait fait preuve dans Will Penny, le solitaire avait décliné.

    Ce fut un soulagement de finir ce film et retourner au travail bien plus gratifiant, quoique bien plus frustrant d'adapter Antoine et Cléopâtre à l'écran. Il commença à songer à de nombreuses actrices pour le rôle de Cléopâtre parmi lesquelles Anne Bancroft, Glenda Jackson et Irene Papas, mais il était incapable de se décider. Beaucoup de partenaires financiers, parmi lesquels de gros studios, avaient exprimé leur intérêt pour cette entreprise quoiqu'en 1969, il commença à penser que c'était comme si personne n'allait lui fournir l'argent dont il avait besoin. Sa frustration augmentait tout comme la fréquence des terribles migraines dont souffrait maintenant Lydia.

    Il alla voir Olivier et Welles pour leur proposer d'être son réalisateur, mais aucun des deux hommes ne pouvait – ou voulait – être le premier à réaliser une adaptation filmique d'Antoine et Cléopâtre. C'était un nouveau coup dur pour Charlton. Quand il avoua à Welles qu'il n'avait encore trouvé personne pour incarner Cléopâtre, Welles lui dit : « si tu ne trouves pas une grande Cléopâtre, tu ne peux pas faire cette pièce, mon garçon. » C'était le meilleur conseil qu'on aurait pu lui donner.

    Il en vint également à la conclusion que s'il faisait le film selon ses propres règles sur tous les plans, autant qu'il le réalise lui-même. Peter Snell me dit :

    «Chuck réalisa Antoine et Cléopâtre parce qu'il ne trouvait pas de réalisateur disponible. Il dit : « Mon dieu, je connais tellement bien la pièce que je vais essayer de la réaliser avec l'aide d'un bon cameraman. »

    Il fit un travail de réalisation dont il peut être fier pour ce film. Contrairement à la plupart des gars qui ont tenté de se diriger eux-mêmes et n'ont pas vraiment réussi, Heston n'a jamais voulu être réalisateur. Il se retrouva cependant dans une situation où le seul moyen pour lui de voir ce film fait était de le réaliser lui-même.

    Chuck trouva enfin le temps d'auditionner des actrices. Les deux qui l’impressionnèrent le plus qui étaient disponibles furent Hildegard Neil et Barbara Jefford. Il alla exprès à Londres pour filmer des séquences tests avec elles.

    Hildegard se souvient de son audition pour Cléopâtre :

    «Chuck m'a dit qu'il cherchait depuis longtemps une Cléopâtre. Il était dans les préparatifs depuis un an environ et avait visiblement songé à beaucoup de monde, mais quand on s'est rencontré (en hiver 1970) il en était encore à la phase de recherche. Je jouais alors Hélène de Troie au Aldwych Theater, et je crois que Chuck avait vu une de mes performances et avait griffonné mon nom dans un coin.

    Quelques mois plus tard, mon agent me téléphona et dit : « nous allons rencontrer Charlton Heston au Dorchester dimanche. » Il ajouta que c'était à propos de Cléo. J'ai décidé de regarder tout cela comme une idée tirée par les cheveux, mais je me suis activée parce que je me suis dit que ce serait très intéressant de le rencontrer.

    Il vint à ma rencontre à l'entrée, un grand homme large et massif. On s'est très bien entendu et avons discuté pendant plus de deux heures. Je pensais ne rester que dix minutes.

    Il a ensuite vu une de mes pièces à la télévision, "A Casual Affair", et il s'arrangea pour revenir dans le mois pour faire un test pendant deux jours. Je considérais cela comme une fin en soi d'avoir le privilège de jouer ce rôle charmant, ou tout du moins un extrait, avec Charlton Heston dans le rôle d'Antoine.»

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    Le jour après son essai avec Barbara Jefford, Chuck amena Hildegard à dîner au Dorchester. Elle fit quelques remarques sur la façon dont sa bouche se tordait dans les gros plans, et il la ragarda et lui dit : « tu ne dois pas parler de la sorte de ma Cléopâtre. »

    Avec ses séquences d'essai prêtes à être montrées aux studios, Charlton devait retourner au travail plus routinier d'acteur.

    C'était une façon étrange de commencer un film ; tôt un dimanche matin dans les rues désertées de Los Angeles avec Heston marchant seul en ayant l'impression d'être le dernier homme sur terre, ce qui était exactement le sentiment qu'il devait ressentir.

    Il faisait Le Survivant1 dans lequel il joue littéralement le dernier humain normal sur la surface de la terre, tout le monde ayant été transformé en des créatures de la nuit (quelque chose comme des zombies ou des goules). Basé sur le livre Je suis une légende, c'est un thriller d'horreur-science-fiction que Charlton avait depuis longtemps envie de faire, et même quand toute son attention était consacrée à la préparation d'Antoine et Cléopâtre, il était également très actif sur la production de Le Survivant.

    Il dit :

    «Orson Welles m'en avait prêté une copie et j'ai été fasciné, mais nous faisions un autre film à ce moment-là, et nous fûmes ensuite impliqués dans d'autres projets. Par la suite, plusieurs années plus tard, quand je faisais un film avec Walter Seltzer, nous devions rassembler de nouvelles idées. Je me suis souvenu du livre que Welles m'avait donné. Je savais qu'il était quelque part chez moi, mais impossible de remettre la main dessus.

    J'ai dit à Walter que j'étais certain que le titre était "Mon nom est légion"2. Walter était alors à Londres et dit qu'il irait l'acheter chez Foyle's bookshop et qu'on pourrait en parler plus tard. Quand je suis arrivé à Londres quelques jours plus tard, je lui ai demandé s'il l'avait lu.

    Il me dévisagea d'un air suspicieux et me demanda : « tu es sûr que c'est le bon livre ? »

    "Mon Nom est Légion" s'avéra être un gros volume épais de statistique sur la population !»

    Le bon livre, "Je suis une légende", fut finalement trouvé, Charlton et Seltzer le présentèrent à Warner qui accepta de le financer. Il était réalisé par Boris Sagal, un personnage plutôt lunatique, et quand il y avait un problème entre lui et le cadreur Russell Metty, c'était à Heston de calmer les choses.

    Pour lui, il n'y avait plus rien qui ressemblât à la « routine de l'acteur ».

    C'était l'idée d'être le dernier homme sur terre qui plaisait le plus à Heston.

     

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    Imaginez pouvoir aller faire vos courses dans un magasin rempli à ras bord et juste prendre ce que vous voulez, ne plus avoir à faire la lessive parce que quand une chemise est sale, il suffit d'en prendre une nouvelle.

    Ne pas seulement avoir tous les whiskys de quarante ans d'âge à ranger dans son bar, mais aussi les trésors des musées d'art à accrocher à ses murs.

    Pour pouvoir filmer les scènes de rues désertes que nous avons filmées un dimanche matin dans le quartier financier de Los Angeles, qui est déjà assez désert quand c'est tôt le matin, il a bien sûr fallu demander à la police de bloquer les rues environnantes.

    Une partie de la séquence se passe sur une autoroute déserte. Nous avons utilisé pour cela une nouvelle autoroute qui n'avait pas encore ouvert. Mettez quelques voitures vides avec les portières ouvertes et ça donne un effet très inquiétant.

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    Il pense qu'il y a une morale dans ce film, similaire à celle de La Planète des singes. « Je suppose que c'est l'homme qui est un animal dangereux, peut-être le plus dangereux de tous, » dit-il.

    Le film fut un succès, et talonnant de près La Planète des singes et Le Secret de la planète des singes, il était soudainement considéré comme une figure culte parmi les fans de science-fiction, mais ce ne fut pas longtemps avant qu'il ne soit de nouveau en costume – et ravi de l'être.

    1The Omega Man, Omega signifiant la fin en grecque (NDA)

    2My Name is Legion

  • 26 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

     

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    Un Succès singé

    Souvent, rien ne soulage plus la perte d'un être cher que le dur labeur, et Charlton avait la chance d'avoir un film à faire pour se ressaisir. C'était La Symphonie des héros1, un drame de guerre dans lequel il incarne un chef d'orchestre en tournée avec son orchestre dans une Europe déchirée par la guerre. Quand l'orchestre est capturé par les Allemands, Heston se retrouve à mener une bataille d'esprit avec leur ravisseur brillamment joué par Maximilian Schell.

    Charlton a été formé à diriger un orchestre par Léo Damiani pendant deux mois, et Heston dit que ce qui l'intéressait dans ce film était précisément le défi de devoir apprendre à être chef d'orchestre :

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    (Leo Damiani)

    https://www.google.com/search?q=leo+damiani&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwjt47_FvLDgAhVRJlAKHWKWBLYQ_AUIDigB&biw=1366&bih=626#imgrc=h9POXhmYr3b-YM:

    «Mon goût a toujours penché pour la musique, mais comme on l'apprend rapidement, diriger un enregistrement de Beethoven à une heure du matin chez soi, n'est pas pareil… ce n'est pas comme ça qu'ils font.

    Le fait que je sois musicalement illettré rendit la tâche compliquée. Un chef d'orchestre doit connaître la partition par cœur, et on ne peut pas apprendre une partition symphonique sans être vraiment capable de lire les notes. Heureusement, il restait du temps avant le début du tournage et nous avons réussi à trouver une solution à chacun de ces problèmes.

    Je dirai sincèrement qu'apprendre à faire semblant d'être chef d'orchestre fut la préparation la plus difficile que j'aie jamais faite pour un film.»

     

    Il sortait de chaque session d'entraînement couvert de sueur, mais il apprit ainsi à diriger la cinquième symphonie de Beethoven (ou du moins une partie), Le Lac des cygnes et un peu de Brahms.

    Début 1967, après avoir fini La Symphonie des héros, il fut convoqué à Washington où le président L. B Johnson le nomma personnellement au National Council of the Arts. C'était une responsabilité supplémentaire qu'il promit d'endosser du mieux qu'il pouvait bien qu'il portait déjà le poids de la présidence de la Screen Actors Guild et était lourdement impliqué à ce moment-là pour bloquer le plan proposé d'amener des touristes sur les plateaux en plein tournage.

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    Avec tant de choses se passant en même temps, il est surprenant qu'il ait trouvé le temps de jouer, mais il avait les yeux rivés sur un petit western pas comme les autres, Will Penny, le solitaire2. Il explique :

    «Le script me fut apporté par Walter Seltzer, je le lus et j'eus envie de le faire aussitôt. J'ai supposé que l'homme qui l'avait écrit, Tom Gries, était un historien ou une figure éminente de l'histoire de l'Ouest, mais il s'avéra être un auteur amateur qui n'avait jamais écrit de western. J'ai dit à Walter que le projet pourrait intéresser Wyler ou Georges Stevens, mais il me dit qu'il y avait un os. L'auteur voulait réaliser le film lui-même.

    Je lui ai demandé ce qu'il avait réalisé auparavant : rien du tout, dit Walter. Le script était cependant tellement bon et j'avais tellement envie de le faire que nous avons fini par céder

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    Lydia face à Chuck dans "WILL PENNY LE SOLITAIRE"

    C'est le nom d'Heston qui convainquit Paramount de soutenir le film, et le tournage commença à Bishop, en Californie. Lydia offrit ses services juste pour une journée dans un petit rôle tandis que le rôle féminin principal revint à Joan Hackett dont le talent et le professionnalisme ravirent Heston. Malheureusement, Joan Hackett est maintenant partie, sans avoir exploité tout son potentiel d'actrice de marque.

    Donald Pleasence jouait le méchant au cœur noir du film et sembla remarquer que beaucoup de ses scènes furent coupées par déférence pour Charlton Heston, mais il a une histoire amusante à raconter :

    «Je jouais un homme sauvage, un fou qui tirait sur tout le monde, avait une maîtresse et torturait Charlton Heston. À la fin, Heston m'abat avec un fusil à canon scié, me faisant valdinguer plusieurs mètres en l'air. Après que nous avons fait cette scène, Heston me dit : « ça t'apprendra à t'en prendre au personnage principal. »

    Ce qui attira vraiment Heston dans ce film, hormis la qualité du script, était son authenticité. Il dit :  

    «Will Penny, le solitaire est le contraire de L'Homme des vallées perdues3 en terme de protagoniste, mais son environnement avait le même réalisme. Penny n'est pas un mythique héros de western avec une peau de daim dorée, un chapeau couleur fauve, plusieurs pistolets et un cheval alezan bien pouponné.

    Je porte un chapeau trentenaire déchiré, une moustache en guidon de vélo et des jambières en cuir que j'avais volées d'un précédent film et que j'avais gardées au fond du placard. Je ne chevauche pas un cheval bien bichonné mais un qu'on laissa volontairement dans un enclos en extérieur pour qu'il ait un pelage d'hiver.

    Sur place, où tout est nécessairement plus éloigné comme l'assistante du réalisateur, la perche du micro  et le cameraman, on est dans un environnement complètement immersif, et il est plus simple de remplir une des missions de l'acteur qui est de se persuader que les circonstances de l'histoire donnée sont réelles. Je pouvais bien mieux le faire en chevauchant dans la poussière provoquée par un millier de têtes de bétail dans l'Orange River Valley où nous tournèrent Will Penny le solitaire, que je ne l'aurais pu sur les plateaux totalement « réalistes » que l'on construisait dans les studios d'enregistrement.»  

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    Donald Pleasence, Anthony Zerbe, Bruce Dern. 

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    (Lee Majors) 

    Will Penny, le solitaire, l'histoire d'un cow-boy vieillissant qui pense être trop vieux pour changer même par amour, reste un des chouchous d'Heston. Il me dit également que c'était l'un des deux seuls films dont il se souvienne (Khartoum étant le deuxième) pour lequel le script fut à peine modifié.

    C'est en faisant Will Penny, le solitaire que Charlton, se laissant convaincre par son camarade à l'affiche Bruce Dern, se mit à la course pour rester en forme. Il détesta ce coureur-professionnel-devenu-acteur depuis lors, dit-il en plaisantant, mais depuis, courir est devenu une habitude quotidienne.

    Comme cela arriva si souvent aux projets qui lui tenaient à cœur, le film fut un échec malgré les critiques positives. Heston blâme les distributeurs qui ont soudain projeté le film à l'inauguration d'un théâtre à Londres, sur un écran installé à la hâte. Personne ne savait que c'était là, et Paramount décida finalement de l'intégrer dans une double séance avec un film de Tarzan pour enfants qui n'étaient pas le public ciblé par ce film.

    Heston n'avait plus eu de succès inconditionnel depuis Le Cid, et il désespérait d'en trouver un. Il travailla en réalité en silence en arrière-plan d'un film qui sera en fin de compte exactement ce qu'il cherchait.

    « Je veux trouver quelque chose comme King-Kong, » dit le producteur Arthur P. Jacobs. En fait, il demandait à tous les agents littéraires du coin s'ils avaient quelque chose pour lui. Un agent français l'appela alors et lui dit : « j'ai quelque chose pour toi qui est tellement bizarre que je ne pense pas que tu puisses le faire. » Il continua en racontant le récit du roman La Planète des singes de Pierre Boulle, une histoire où les singes sont les maîtres et les hommes sont les bêtes.

    Jacobs était extasié devant l'idée. « je l'achèterai, il me le faut, » cria-t-il.

    « je pense que tu es fou, mais d'accord, » lui dit l'agent.

    Jacobs passa les trois années et demi suivantes à tenter de convaincre un studio de le faire en montrant des croquis des singes qu'il avait commandés, mais chaque studio disait « pas possible ». « j'ai ensuite demandé à Rod Sterling de rédiger le script, » explique Jacobs, « et je suis retourné voir tout le monde : refus catégoriques. Je me suis alors dit que peut-être que si j'avais un acteur… je suis allé vers Heston qui accepta dans l'heure. »

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    Jacobs avait trouvé de l'or, car comme l'expliqua Heston, « j'étais fasciné par l'idée vu son évident potentiel commercial. J'ai donc dit à Arthur ce que je dis rarement pour un projet qui n'est pas encore bien financé, que j'étais prêt à le faire. »

    Charlton suggéra que Frank Schaffner serait le réalisateur idéal et Jacobs réussit à le convaincre lui aussi. Il retourna alors auprès des studios. Chez Fox, l'attention de Richard Zanuck fut attirée, mais il dit : « c'est très bien tout ça, mais qu'est-ce qu'on fait si les gens rient à cause des costumes ? Jacobs convainquit Zanuck de les laisser filmer une tentative avec Heston et Edward G. Robinson dans le rôle du singe Zaius. Le test montra que Jacobs avait raison et que les singes n'étaient pas risibles, et Fox leur donna le feu vert bien que le tournage ne commença qu'un an après le test, à Page, en Arizona.

    Twentieth Century-Fox est l'un des studios préférés d'Heston bien qu'il n'y ait travaillé qu'en de rares occasions. Jugeant comment le studio géra les Singes, il dit, « j'aime la façon qu'ils ont de travailler chez Fox. » il continue :

    «Je pense que Richard Zanuck mérite une grande part de crédit pour le fait que Fox a financé le film car il examina attentivement le projet et les coûts énormes qu'il impliquait. Zanuck avait une grande confiance en Franklin Schaffner, tout comme moi, non seulement comme réalisateur plein de créativité, mais également comme un bon capitaine.

    Frank et moi avons travaillé plusieurs fois ensemble et avons de bonnes relations. Je pense que nous envisagions de la même manière le projet et tout sembla se mettre en place très efficacement. Les problèmes majeurs dans la création du film s'avérèrent surtout d'ordre technique. Les problèmes créatifs allaient sûrement se régler d'eux-mêmes.

    Il y a peu d'histoires de science-fiction qui laissent la moindre place pour l'évolution du personnage. Les tentatives désespérées de Taylor pour communiquer quand il est momentanément incapable de parler est un merveilleux défi pour un acteur. Je dois dire que ce fut l'un des rôles les plus physiquement douloureux que j'ai fait puisque j'étais battu à coup de bâton ou de pierres presque dans chaque scène, ou alors traîné avec une laisse autour du cou ou aspergé à la lance à eau quand je ne tombais pas d'une falaise.»  

    Ce film inaugura également sa toute première scène nu. La nudité ne laisse pas indifférent Heston. Il dit :

    «si on le fait seulement pour montrer un corps nu, je crois qu'on rate l'objectif. La nudité doit être utilisé avec grande sélectivité autant que de sensibilité, mais il y a parfois une remarque pertinente à faire à travers la nudité. Le genre d'idée que nous développons dans les Singes durant la scène dans la salle du trône où Taylor est dénudé pour montrer que ça n'a aucune importance pour les singes, pas plus que de retirer le collier d'un chien. Je défie quiconque de trouver un meilleur moyen de montrer ce que les singes ressentent envers les humains que de le voir dénudé et se tenir debout entièrement nu.

    Il y a eu une étrange erreur de parcours dans le tournage de cette scène où les trois juges font le tableau « ne voient pas le mal, n'entendent pas le mal, ne disent rien de mal. » On peut justifier tous les autres clichés employés par les singes car leur culture est une imitation d'une autre, leur faisant logiquement employer les clichés langagiers, mais il n'y a aucun moyen de justifier ça : c'est faux.

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    Quand nous tournions la scène, Frank dit : « ce serait terriblement drôle d'avoir une prise où ils le font. » On en a ri, et il ajouta « non, ça ferait tâche, je ne devrais pas faire ça. » Je dis : « pourquoi ne pas en faire une pour la forme, » et il répondit « très bien. » On l'a fait, on a ri, et tout le monde trouva cela merveilleux, mais il ne voulait pas le garder au montage.

    Mais alors, sans savoir pourquoi, la prise finit dans le premier montage et tous les échelons du studio le virent et dirent, « non, ne change rien ! » ils eurent un premier pré-visionnage, et ce fut un énorme succès. Alors voilà.»

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    Le film fut un succès immédiat, et Fox, certain qu'il n'y avait pas de meilleur affaire qu'une affaire de singes, se prépara pour une suite, ce qui terrifia Heston. Résistant à tout prix à tous les efforts pour qu'il y joue, il se concentra sur une pièce à la télévision, Elizabeth and Essex, à la fin de l'année 1967. Bien sûr, il incarnait Essex, aux côtés de Dame Judith Anderson en Elizabeth. Ce fut un prestigieux spectacle, réalisé par George Schaefer qui remporta un Emmy Award.

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    Judith Anderson et Chuck dans ELIZABETH AND ESSEX

    Pendant ce temps, Fox était inflexible en voulant répéter son succès et un script fut pondu pour Le Secret de la planète des singes.

    Ce fut le premier film dans lequel Heston fut impliqué qu'il ne voulait vraiment pas faire.

    Il explique :  

    «Je me sentais en quelque sorte redevable envers Richard Zanuck. Le premier avait été un tel succès à la fois critique et commercial, et j'étais si reconnaissant du rôle et de la récompense matériel qu'il m'avait apportée. Ils vinrent me parler d'une suite aussitôt que l'écrasant succès devint indéniable. Je répondis : « vous savez, il n'y a pas de suite. Il n'y a qu'une seule histoire. Il peut y avoir d'autres péripéties parmi les singes, ça peut être un film divertissant, mais sur le plan créatif, on n'a rien qui ressemble là à un film. »

    Maintenant, comme je l'ai dit à Zanuck, ce commentaire n'était nullement destiné à les critiquer. Un film qui engrange vingt-deux millions de dollars, qui a le potentiel de faire l'objet d'une ou plusieurs suites donne évidemment une responsabilité vis-à-vis des actionnaires et tous les autres membres de l'industrie du cinéma comme vous, qui gagnent de l'argent grâce aux profits du film.

    C'est sûr que sur le plan de l'histoire, le premier est le seul à en avoir une. Néanmoins, je me sentais redevable envers Zanuck et lui dit que je serais heureux de le faire comme un service à un ami 

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    LE SECRET DE LA PLANETE DES SINGES avec James FRANCISCUS et Charlton HESTON

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    En acceptant de faire le film, il leur fit promettre de le tuer à la fin du film pour qu'il ne puisse absolument pas réapparaître dans une quelconque suite à venir. Ils acceptèrent et il leur donna même l'idée de faire exploser toute la planète, croyant probablement que cela mettrait fin à la série une bonne fois pour toute.

    Fox était rusé, cependant. Ils réussirent quand même à faire encore trois suites et une série télévisée.  

    Charlton Heston ne s'était plus autant amusé d'un gros titre sensationnaliste depuis qu'un torchon italien criait fort « Les Poux de Michel-Ange. » Cette fois, c'était un magazine people américain qui titrait avec une intensité choquante « Charlton Heston : la scène d'amour NUE qui est allée  trop loin ! » Non : pas l'homme qui a peint la chapelle Sixtine, suppliait ingénument le magazine. Pas le président de la Screen Actors Guild. Pas Charlton Heston !

    Ils ont suggéré que ce devait être Kirk Douglas. Non, ils démentirent eux-mêmes leur propre révélation choquante. C'était vraiment Chuck Heston. Wow, quel scandale !

    La scène était pour un film sur un footballeur vieillissant, Number One, dans lequel Heston partageait le lit avec l'actrice Jessica Walter. C'était en tout bien tout honneur : elle jouait sa femme. Évidemment, quelqu'un parmi le département communication, certain que personne ne trouverait un film sur le football américain aussi sensationnel qu'un film dans lequel Heston a une scène au lit, couvrit les bureaux de la presse à scandale des photos les plus langoureuses d'Heston et madame Walter, puis les invita à rencontrer les deux vedettes dans les studios.

    Heston obtempéra scrupuleusement, acceptant de parler de sa scène de nu. À la grande déception des journalistes, il dit : « ce ne sont pas vraiment des scènes nues. Nous étions habillés. Là, je vais vous montrer. » Il montra une photo de lui et Jessica allongé dans un étreinte passionnée. « vous voyez, rien qui ressemble à une poitrine dénudée. Ce sont des scènes extrêmement sensuelles, mais c'est le visage de Jessica, pas la nudité, qui donne cet effet. »

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    NUMBER ONE (photo Cinémonde 1969)

    L'affaire une fois éclaircie, la presse people essaya encore de trouver quelque chose à se mettre sous la dent avec la rumeur qui courait selon laquelle Charlton Heston était vraiment nu. Ils ne semblaient clairement pas intéressés par le fait de faire savoir à leur lectorat ce qui avait vraiment décidé Heston à faire Number One.

    Cela arriva en 1963 tandis qu'Heston lisait un article sur la vie d'un quarterback. Un film commença à prendre forme dans sa tête. Avec le soutien et l'intérêt de Walter Selzter, il contacta Richard Zanuck qui accepta de payer pour qu'un synopsis soit rédigé. Charlton et Walter étaient contents depuis qu'ils avaient commencé avec Le Seigneur de la guerre à utiliser leur propre argent dans la rédaction de scripts. Mais quand le père de Dick, Darryl F. Zanuck, toujours actif chez Fox, a vu le synopsis, il le rejeta aussitôt. United Artists reprit finalement le projet en promettant à Heston une part des revenus mais pas d'avance financière, donc si le film était un échec, il était possible qu'il n'en tire aucun profit. Ce n'est que vers fin 1968 que le tournage commença enfin sous la direction de Tom Gries.

    Pour se préparer pour son rôle de quaterback, Heston passa des semaines à s'entraîner avec les entraîneurs de l'USC Craig Fertic et Marx Goux. Il se blessa le dos, eut de terribles crampes aux jambes, se froissa un muscle de l'abdomen et, durant le vrai tournage, s'est fêlé une côte quand un footballeur de 100 kilos le chargea. Tandis qu'il était allongé à se tordre de douleur, le footballeur se pencha sur lui et lui dit, « bienvenue dans la ligue national de football américain ! » drogué de médicaments et les côtes bandées de près, Heston retourna sur le plateau de tournage le lendemain pour tourner un match de football.

    Personne parmi les journalistes ne s'intéressait cependant à cela, pas plus que le public allant au cinéma. Le film fut un échec en Amérique, et fut à peine regardé ailleurs dans le monde. Et la scène d'amour ? Coupée au montage !

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    1Counterpoint

    2Will Penny

    3Shane

  • 25 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    L'Homme Extraordinaire

     

    APRES TANT DE MOIS AU COURS DE LA DERNIERE ANNEE  à travailler dans des endroits aussi éloignés que le Mexique et Rome, ce fut une joie profonde d'enfin tourner un film uniquement en Californie. Le simple fait de faire Le Seigneur de la guerre était suffisant pour le rendre heureux car il s'était passé plus de deux ans depuis qu'il avait mis en branle la préparation de l'adaptation au cinéma de la belle pièce The Lovers de Leslie Stevens.

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    La majorité de ce temps fut consacrée à la conception d'un script, ce que fit John Collier lentement et méticuleusement, mais le plus dur était de trouver un studio pour le soutenir. Universal lui donna enfin le feu vert, mais ils étaient plus intéressés par le fait d'en faire un film aussi spectaculaire que leur permettait leur maigre budget, et ils voulaient une fin bien plus heureuse que celle du script original dans laquelle le personnage d'Heston, un chevalier normand du XIème Siècle, est tué. Ils chargèrent Millard Kaufman de la fin et le vieux copain de télévision en direct d'Heston, Franklin Schaffner, porta la casquette de réalisateur. Charlton travailla étroitement avec Walter Seltzer pour la mise en place de toute la production, mais il préféra ne pas voir son nom apparaître comme coproducteur.

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    La clé pour assurer le succès du film était dans le choix de l'actrice pour incarner la jeune jouvencelle que le Seigneur de la Guerre enlève avant sa nuit de noces, initialement par passion,  menant à un amour étrange et profond entre eux. La jeune Rosemary Forsyth  âgée de vingt ans, un seul film à son actif,  fut choisie. Les seconds rôles furent distribués à Richard Boone, Maurice Evans, Guy Stockwell et Henry Wilcoxon.                                                                                       

     Richard Boone                                                                                                                 Guy Stockwell

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                           Maurice Evans                                                                                                                                         Henry Wilcoxon

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    Rosemary Forsyth

    On tourna le film dans les marais de Marysville pour représenter la Belgique, puis ils retournèrent ensuite à Universal Studios où une tour normande plus vraie que vraie avait été érigée pour les spectaculaires scènes de bataille. C'était alors l'hiver et l'habituel soleil californien avait disparu, le rendant beaucoup plus froid que d'habitude, aidant à donner aux scènes nocturnes un effet remarquablement froid.

    Joe Canutt dirigeait l'équipe secondaire comme il le ferait dans presque tous les films d'Heston, et juste avec une poignée de figurants, il fit des scènes de bataille extrêmement efficaces, quoique loin d'être aussi somptueuses que celles de Le Cid. C'était cependant bien la simplicité que recherchait Heston, même s'il luttait avec la détermination compréhensible d'Universal d'en faire un projet susceptible d'avoir un succès commercial.

    Le tournage se passa relativement sans difficulté, et ce n'est qu'une fois le film dans la boîte que les ennuis commencèrent. Comme cela arriva si souvent avec les films d'Heston, le studio décida de faire sortir le réalisateur du projet et de laisser le montage être supervisé par quelqu'un d'autre. Schaffner avait déjà monté le film comme il le voulait et Heston en était très satisfait, mais Universal fut intraitable et légalement en droit de faire ce qu'ils voulaient du produit fini.

    Le Seigneur de la guerre reste un film exceptionnel, mais un dont Heston fut déçu car son rêve, qui était le même que celui de Seltzer et Schaffner, avait été fracassé.

    « Je trouvais que le montage de Frank était juste comme il fallait, » dit-il, « juste ce dont j'avais besoin, mais alors, juste après que nous sommes rentrés chez nous, le studio refit le montage. Leur montage gâcha un film qui était presque exactement comme l'idée que s'en faisaient ses créateurs. »

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    Le fait qu'un acteur soit toujours sujet aux caprices de tant d'autres est une réalité de la vie qu'accepte Charlton, mais il savait que sur scène, dans le véritable « pays de l'acteur », il pouvait déterminer le succès ou l'échec d'une pièce. Suite à Le Seigneur de la guerre, lui et Lydia firent A Man For All Seasons à Chicago qui s'avéra être un carton pour Charlton. Pour la toute première fois, il sentit la magie qui venait après un spectacle où la salle entière se lève et l'acclame.

    Immédiatement après A Man For All Seasons, il était de nouveau outremer, au Caire et à Londres pour Khartoum. Il a d'abord été réticent avant d'accepter le rôle du général Gordon parce que ça allait encore être un long film à spectacle, mais le scénario écrit par Robert Ardrey était peut-être le meilleur qu'il ait jamais lu, surpassant même L'Extase et l'Agonie.

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    L'EXTASE ET L'AGONIE

    Faisant suite à sa propre suggestion, le rôle de Mahdi fut offert à Laurence Olivier qui accepta, mais Charlton n'était pas content du choix de réalisateur, Basil Dearden.

    Il me dit :  

    « Je pense devoir dire que Khartoum est le seul film que j'ai fait que je considère vraiment bon sans trouver qu'il a été bien réalisé. Il avait vraiment un magnifique script et un producteur très talentueux, Julian Blaustein en plus d'avoir de très bons acteurs, mais peut-être que la clé était la qualité du script. »  

    C'était un rôle exigeant pour Charlton qui devait apprendre à parler avec cette sorte d'accent britannique victorien que devait avoir le général. Il y parvint très bien et fut facilement crédible pour le public anglais. En fait, Gordon de Khartoum reste l'une des meilleures performances d'Heston. C'est un rôle qui le stimula grandement et n'était pas très différent de Moïse ou du Cid ou beaucoup d'autres rôles qu'il avait incarnés en cela que c'était tous des hommes extraordinaires qui touchèrent des millions d'individus par leurs actes. Heston dit :

    « Je crois beaucoup au pouvoir de l'homme extraordinaire pour faire bouger le monde. Gordon était clairement l'un d'entre eux, un homme remarquable avec le genre de fanatisme curieusement simple, presque religieux qui semble faire surface dans l'histoire de l'Angleterre quand elle en a besoin. »

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    KHARTOUM

    Je crois que ce que dit Gordon à propos de l'homme extraordinaire est vrai. Il dit : « J'ai appris à ne jamais avoir peur de la mort mais de toujours avoir peur de l'échec. »

    Khartoum rencontra un grand succès au Royaume-Uni, mais le public américain était bien plus réticent à l'aimer. Cette crainte de l'échec entra dans la vie d'Heston. Le Seigneur de la guerre fut un échec commercial et L'Extase et l'Agonie n'attirait pas grand-monde, mais peut-être que ce qui inquiétait le plus Chuck était la façon dont les films furent reçus par les critiques qui n'étaient pas vraiment chaleureux avec le moindre de ses films alors qu'Heston avait rarement mieux travaillé que dans ces trois films.

    Laissant de côté toute cette expérience dont il fallait tirer des leçons, Charlton se mit à sa nouvelle fonction qui était celle de président de la Screen Actors Guild, une nomination qui démontrait le respect et l'admiration qu'avaient ses pairs pour lui.  

    Des Seabees1 blessés ou mourants et des marines étaient allongés dans leurs lits de camp dans l'hôpital au front tandis que d'autres étaient précipitamment portés sur des civières depuis les hélicoptères directement vers les tentes de chirurgie. Cela aurait presque pu être une scène tirée de MASH, sauf que c'était 1966, avant que le film ou la série soient conçus, et que ce n'était pas la Corée, mais le Vietnam. Charlton se tenait là, les regardait et les écoutait, notant des numéros de téléphone et des adresses, promettant de prévenir des petites amies, des épouses, des pères et des mères quand il serait de retour.

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    Il n'était pas venu avec des danseuses, des chansons à chanter ou des blagues à raconter. Il n'était venu qu'avec sa fierté et l'espoir que sa présence ici, arrangée par l'United Service Organization2, aiderait à leur remonter le moral. De plus, contrairement à des gens comme Bob Hope qui amenèrent de grandes équipes de divertissement, il fut capable de visiter les postes les plus reculés qui ne voyaient normalement rien d'autre que la mort des deux côtés. Quand il revint aux États-Unis, il tint sa promesse faite aux garçons qu'il avait rencontrés et téléphona à plusieurs centaines d'amis et de proches des soldats. Cela prit des jours à Heston de passer les appels, mais il le fit avec joie même si normalement, il détestait parler à des inconnus.

    Redevenant un acteur au travail, il refit A Man For All Seasons, cette fois dans le Valley Music Theater de Los Angeles où il fit de nouveau un carton. Cela l'encouragea à courir après le rôle pour le film que Fred Zinnemann préparait.

    Heston dit :  

    «J'avais joué Thomas More deux fois et j'étais très bon dans ce rôle. C'était l'un de mes meilleurs rôles. J'ai fait quelque chose que je n'avais presque jamais fait ni avant ni après, qui fut d'écrire à Freddie Zinnemann et lui demander d'interpréter le rôle dans le film. Il répondit : « Paul Scofield a crée le rôle sur scène et je pense qu'il le mérite, » et je ne pouvais pas le contredire. Paul a été brillant dans ce rôle. »  

    Ironiquement, un an plus tard, c'est Chuck qui sortit le nom de Paul Scofield de l'enveloppe à la cérémonie des Oscars pour le déclarer Meilleur Acteur pour son interprétation de Thomas More. Charlton et Lydia rejouèrent tout de même la pièce à Miami juste un mois après Los Angeles et il fut plus que satisfait du travail qu'il y a accompli.

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    Paul Scofield dans "A MAN FOR ALL SEASONS" (1966)

     

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    Charlton Heston dans "A MAN FOR ALL SEASONS" (1988)

    À l'exception d'un petit rôle dans un film, ce fut la dernière performance professionnelle d'actrice de Lydia. Sa carrière était devenue très irrégulière, mais elle était désormais définitivement finie. « J'ai été si occupée que ma carrière n'a jamais eu le temps de me manquer, » dit-elle. « j'ai adoré faire A Man For All Seasons avec Chuck. C'était merveilleux, mais il n'y avait pas beaucoup d'autres rôles que je voulais jouer. »Sans surprise, son temps était presque entièrement pris à être une mère occupée à élever ses deux enfants, mais elle trouva un passe-temps gratifiant dans la photographie dont elle a réussi à faire une petite carrière.

    Ayant joué le rôle de Thomas More comme il l'avait souhaité, Charlton travailla pendant un temps pour le gouvernement quand le Département d'État l'envoya en Australie, à Rangoun et à Bangkok. Il visita de nombreuses universités, lisant la littérature américaine et australienne, et promouvant généralement les bonnes relations entre l'Amérique et le pays qui l'accueillait.

    Son poste de président de la Screen Actors Guild lui prenant le plus gros de son temps, il trouva quand même un jour pour aller à Washington, lisant Jefferson à Watergate pour soutenir le programme fédéral de soutien aux pauvres et à l'éducation.

    Sur le chemin du retour, il fit un crochet par Detroit pour rendre visite à Russ qui avait eu une série de malaises. Russ eut une nouvelle crise quand il était là, mais Charlton restait optimiste, persuadé que son père serait à Coldwater pour noël. Chuck dit au revoir à son père le lendemain et s'en alla à l'aéroport pour s'envoler vers la Californie. Russ décéda pendant son vol. Ils l'enterrèrent là où il voulait reposer en paix, dans la St Helen adorée de Chuck, au milieu des forêts de pins. La pluie tombait tandis que l'on mettait son père en terre, avant que Charlton n'emmène Fray loin dans la forêt, là où lui et Russ s'étaient un jour promenés.

     

    Il y a longtemps, dans ses années adolescentes, Charlton avait perdu son père, et puis, juste avant de partir en guerre par-delà les mers, il l'avait retrouvé. Même maintenant, même dans la mort, Russ restait son père, et tant qu'il y aurait des bois et un lac à St Helen, Charlton savait qu'il ne perdrait plus jamais son père.

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    1Unité de génie militaire de l'US Navy fondée lors de la Seconde Guerre Mondiale

    2USO, une association à but non lucratif prodiguant des services de soutien moral et de loisir aux soldats américains