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1 - BIBLIOGRAPHIE - Page 14

  • 15 - LA PLANETE DES SINGES Histoire d’un retour au sommet ( 2ème partie)

    «  Je viens d’apprendre que la FOX a décidé de donner le job de chef opérateur à Leon SHAMROY pour “APES” , pendant que de son côté UNIVERSAL a retiré à Ralph NELSON le montage de «COUNTERPOINT », les deux choix me semblent être de grossières erreurs, j’ai appelé Herman ( CITRON) à ce sujet et il m’a entendu ! »

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    En date du 6 mars 1967 dans ses «  Journals » cette petite «  entry » de l’artiste, qui arrive toujours à policer par écrit ses moments de colère noire, indique clairement à quel point il est à l’époque engagé dans tous les aspects du «  processus créatif » autour d’un film, et même dans le cas présent, de plusieurs à la fois ! Comme nous l’avons déjà souligné, l’acteur est dans une période difficile ou peu de ses projets, en gros depuis 63 , ont rencontré la faveur du public, et c’est pourquoi il attache de l’importance à tous les aspects de la production ! la mise à l’écart de son ami NELSON le scandalise d’autant plus qu’il n’est pas vraiment persuadé de la valeur du film, et l’arrivée de SHAMROY aux commandes de la photo de APES l’inquiète au plus haut point parce que cet ancien d’HOLLYWOOD a selon lui en partie ruiné le travail sur «  THE AGONY AND THE ECSTASY » en prenant un temps considérable à éclairer le plateau, enlevant du coup aux comédiens beaucoup de temps de travail …

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    On en est en effet arrivé au moment tant attendu par JACOBS et HESTON de la concrétisation d’un rêve, et la distribution des rôles à tous les niveaux de la production est donc capitale ! sur ce point, à part le triste abandon du « space ship » par Eddie ROBINSON pour raisons de santé, tous les signaux sont au vert ; HESTON , toujours ravi d’être entouré de comédiens de talent, se réjouit de la présence de Roddy Mac DOWALL, ex-enfant prodige d’HOLLYWOOD, au palmarès impressionnant vu qu’il a commencé sous la férule de John FORD, de celle de Kim HUNTER, grande spécialiste de Tennessee WILLIAMS, et aussi de celle de Maurice EVANS, qui l’avait impressionné en prêtre déluré dans «  THE WAR LORD » … Le point commun entre ces acteurs brillants étant qu’ils jouent tous des singes, et seront donc grimés au moyen de maquillages époustouflants de John CHAMBERS, à tel point qu’un cadre de la FOX déclarera non sans ironie : «  à quoi bon payer une fortune pour des acteurs dont on ne va jamais voir le visage ! »

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    (Photo extraite du livre : " La Planète des singes " toute l'histoire d'une saga culte de Joe Fordham et Jeff Bond)

    https://www.ebay.fr/sch/i.html?_from=R40&_trksid=m570.l1313&_nkw=toute+l%27histoire+d%27une+saga+culte+la+plan%C3%A8te+des+singes+de+Joe+Fordham+et+Jeff+bond&_sacat=267

    Celui dont par contre on va voir constamment l’auguste faciès sait parfaitement, et ce depuis qu’il a pris la mesures du scénario cette fois bien défini avant tournage de STERLING et WILSON, à quel point ce « APES » peut être un véritable «  turning point » pour son image et sa carrière ; il a accepté le projet parce que ce n’est pas un simple « space opera » de plus, mais bel et bien un conte philosophique sur le devenir de l’humanité, une « satire à commentaire social » selon ses propres termes, qu’il comparera pertinemment aux « VOYAGES DE GULLIVER » de Jonathan SWIFT, et il entend bien que cet aspect de l’histoire reste présent dans le résultat final ! de même qu’il se retrouve à endosser le costume d’un personnage totalement différent de ceux qu’il a pu interpréter auparavant, et c’est ce qui le captive au plus haut point ; ce Georges TAYLOR, astronaute et scientifique américain qui se retrouve sur une planète inconnue après avoir quitté la Terre en 1972, a certes quelques points communs avec d’autres « characters » joués par lui avant, et il a effectivement souvent joué des individus complexes, cyniques, parfois antipathiques ( DIAMOND HEAD, DUNDEE, COUNTERPOINT récemment) mais aucun d’entre eux ne se rapproche de ce savant désabusé et disons-le, totalement misanthrope qu’il va incarner…

     

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    La première scène, un monologue de TAYLOR sur le point de quitter la Terre, va donner le ton du film et situer le personnage, puisqu’il évoque avec noirceur l’état de la planète qu’il laisse sans regret, une planète ou l’homme laisse mourir de faim les enfants de son prochain tout en continuant à faire la guerre, propos que l’acteur nuance avec maestria, se demandant pour finir s’il n’y a pas, quelque part dans l’univers, une forme de vie meilleure… mais cette introduction, qui aurait pu se limiter à n’être qu’un «  pitch » racoleur, va être développée avec rigueur tout au long du film, sans perdre de vue que TAYLOR reste un « outcast » un paria qui a renoncé à l’humanité parce qu’il ne croit plus en elle…Le héros de BEN-HUR, de EL CID ou le prophète éclairé de TEN COMMANDMENTS, porteur de valeurs humaines ou religieuses rassurantes, est devenu ce philosopheur barbu, moqueur et sans pitié pour l’establishment qui l’a pourtant façonné : il est celui qui se gausse de son collègue LANDON et de la statue qu’on a bien pu construire pour lui « back home » en son honneur, celui qui rit à gorge déployée devant le spectacle dérisoire d’un petit drapeau américain en papier planté par ce même astronaute, il est celui qui ne supporte pas ses « frères » humains, et donc pour HESTON un vrai challenge, incarner ce qu’il n’est pas !

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    Il va donc s’y employer le mieux possible, effectuant des variations sur son timbre de voix basse habituel pour exprimer au mieux l’ironie et la méchanceté du personnage lors de la ( capitale) première demi-heure du film, ce passage clé de l’ouvrage, essentiel pour SCHAFFNER ! Contrarié par l’attitude de ZANUCK qui à ce moment précis envisage de réduire le budget, le «  metteur » défend bec et ongles son point de vue, selon lequel il faut absolument soigner ce long préambule.

    «  si ça ne fonctionne pas, le film est mort » dira t’il pour justifier le temps consacré à ces séquences merveilleuses de découverte d’une planète «  inconnue » par les trois astronautes, que l’on revoit toujours avec la même fascination cinquante ans plus tard, à coup sûr le travail d’un « grand » que HESTON avait bien fait d’imposer …

    Cela étant, il s’agira bien du seul véritable «  accrochage » pendant ce tournage de deux mois ( mai-août 1967) où HESTON se verra par ailleurs soumis à un déluge de « violences » physiques tout à fait supérieur à tout ce qu’il aura pu expérimenter jusqu’ici ; fait prisonnier par les singes, maitres de la planète, le voilà considéré comme un animal au même titre que les « humains » qui sont devenus les esclaves et les souffre-douleurs d’une nouvelle race dominante, et là c’est l’image classique du HESTON héros américain idéal, qui va en prendre un coup ; battu, lapidé, mis en laisse, dénudé devant la cour de justice et d’une façon générale, toujours mis en infériorité, il redevient peu à peu, le seul garant du savoir et de la culture humaine qu’il avait pourtant reniés au départ, subtile nuance qui aura, également, plus qu’échappé aux décideurs …

                                                                                           

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    «  Il me semble qu’il y a rarement eu une scène dans ce foutu film où je ne me suis pas retrouvé traîné par les pieds, lapidé, étouffé, fouetté, piétiné, pourchassé, matraqué, arrosé, mis dans un filet, bref généralement maltraité ! comme me le soulignait Joe CANUTT tout en réglant une scène de combat : » tu sais Chuck , je me souviens qu’à une époque, ou avait l’habitude d’en sortir vainqueurs ! »( JOURNALS, 19 juillet 67)

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    Un autre aspect intéressant du tournage sera l’importance donnée, contre l’avis de SCHAFFNER, au personnage de NOVA, la jeune « subhumaine » rencontrée par TAYLOR et qui le suivra pendant toute l’aventure, sans prononcer une seule parole, ce qui n’est pas plus mal car la jeune Linda HARRISON, à la plastique irréprochable, est davantage mannequin que comédienne et doit sa participation au film à deux facteurs de taille : elle est la petite amie de Dick ZANUCK ( ça peut aider) et Raquel WELCH et Ursula ANDRESS ont refusé le rôle, ce qui est aussi bien, vu le froncement de sourcils qu’une telle perspective aurait pu provoquer chez Lydia HESTON …

    « J’aime toutes les idées de Frank , on peut dire que tout cela est «  vraiment intéressant » ;Je pense que Roddy, Kim et Maurice sont formidables ;James WHITMORE en particulier est un orang-outan remarquable ( je ne sais pas à quel point il apprécierait ce compliment) ; Linda H a ses problèmes, mais Frank s’arrange pour qu’elle reste presque immobile dans ses scènes, ce qui semble fonctionner »  (JOURNALS, 16 et 20 juin 67)

    Et on va donc en arriver tranquillement au «  climax » du film, qui a toujours été la motivation première de JACOBS et d’HESTON, à savoir la découverte par TAYLOR de ce qui a été sous-entendu tout au long du film, et ne saurait être un « spoiler »pour celles et ceux qui vont nous lire et connaissent bien le sujet ; en effet, cette planète ou le singe semble descendre de l’homme et non l’inverse, c’est bien sûr notre bonne vieille Terre finalement ravagée par un conflit atomique de trop, et qui aura permis par sa destruction d’en arriver à ce cauchemar anthropologique …deux mille ans plus tard, le misanthrope TAYLOR , aux pieds de la statue de la Liberté à demi-enfouie sur une plage ne peut que clamer son dégoût et sa colère devant ce que l’homme a bien pu faire pour en arriver là, ce qui nous renvoie en toute logique à son monologue du début évoquant la bassesse et la profonde bêtise de ses contemporains…

    «  Mort ABRAHAMS ( producteur exécutif pour JACOBS) m’a entrainé dans une discussion peu constructive sur ce que je devrais dire ou pas dans mon dernier discours devant la statue de la Liberté.Je préfère dire le discours que j’ai écrit moi-même, et c’est ma seule chance de mettre du poids derrière ce choix,en plus, c’est la meilleure version possible sur les trois proposées ; je ne peux pas croire que le Code interdise de nos jours d’utiliser la phrase «  Dieu vous maudisse », alors qu’elle est plus qu’acceptable dans le contexte du discours, vu que TAYLOR en appelle littéralement à Dieu pour punir ceux qui ont détruit la civilisation ! » ( JOURLNALS, 3 aout 67)

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    Et oui, vous l’avez bien lu, c’est donc HESTON himself qui a construit ce fameux texte final, qui ne serait certes pas aussi déterminant si la mise en scène de SCHAFFNER sur la plage de ZUMA n’atteignait pas là son sommet d’inventivité, mais il n’en résume pas moins l’état d’esprit du comédien au moment de conclure ce passage important dans sa carrière ; toujours conscient du fait que l’Homme est finalement son unique ennemi sur cette terre, mais toujours animé d’une authentique foi religieuse, le citoyen HESTON pose là un point de vue fort et sans concessions, et ce à une époque de doutes et de violence qui menacent gravement l’équilibre fragile de la planète…

    On comprend d’autant mieux la passion qu’il a mis dans ce projet, où tout ce qui a été mis en œuvre allait dans le sens de ce « finale » époustouflant, et qui depuis est entré fort justement au Panthéon des mythes du 7ème art !

    Reste à découvrir , après deux ans de travail autour de cet OVNI filmique, comment justement il va être accueilli, et quelle sera son influence dans l’évolution du cinéma américain et dans la carrière de Chuck HESTON …

    «  je pense que c’est du bon travail, que ce film sera forcément, différent, et si le commentaire social a autant d’impact que le côté «  aventure exotique », il se peut que nous arrivions à retenir l’attention d’un vaste public » ( JOURNALS, 10 aout 1967)

    A Cécile ...

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    A SUIVRE...

     

     

  • MICHAEL MUNN : UNE BELLE CONCLUSION.....

    Michael Munn m'a envoyé ce billet que je considère comme la conclusion au livre "Charlton Heston : A BIOGRAPHY" qu'il avait écrit il y a 33 ans et dont Adrien mon petit-fils en a fait une traduction en français que vous avez pu lire.
    Cher Michael, je vous remercie de cela.

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    I'm very glad you liked the book. I can't remember much of what I wrote as it was 33 years ago.
    It is now just about twenty years since Jane and I went backstage to see Chuck and Lydia in their dressing room after a performance of Love Letters in July 1999. It seems like just a few years ago. What was so special about that meeting was that it was to talk as one actor/director to another in regard to Antony and Cleopatra. Of course, he was the Master and I the Student.
    That was the last time I saw him and I'll never forget it. I kept in touch with him and also with his secretary Carol who kept me updated on his failing health up to the end. It was a privilege to know him just a bit, but of course he was such a private man that I didn't really know him well.
    I met him on seven occasions. The first time was in 1976 to interview him (I had spoken to him on the phone prior to that). I was a little overwhelmed and very nervous at first but by our third meeting, which was on the set of The Awakening, he knew who I was, and I was more relaxed and joked that in Antony and Cleopatra he was not only on deck as Antony but also below deck rowing the ship as Ben-Hur because he had used footage of the sea battle from Ben-Hur. He laughed and said that as he had played Michelangelo he sculptured the Moses that inspired DeMille to cast him in Ten Commandments, to which I added that in The Agony and the Ecstasy he painted the backdrop to the Ben-Hur credit titles. It was nice to have those moments which were less about the interview and more about a couple of private jokes.
    A few years later in London I gave him a signed copy of my first book The Great Screen Epics which he had helped me with by checking on some details. I told him it was only fair that I signed it to him since had signed a copy of his published journals to me, and he seemed very pleased, although Fraser got his hands on the book first and was quite enthralled with it, so I never knew what Chuck thought of it. Those are some of my memories of Charlton Heston. He was my first screen hero, and always my favourite actor, and Ben-Hur remains my favourite film, so I think I was very lucky.
    I'm glad you were able to read my book about him at last. I wasn't a great writer back then, but I did write the book with the enthusiasm of a fan, which is perhaps why it has been enjoyed so much by other Heston fans.
    Vu par Michael Munn à 15:13 Michael MUNN - 3 Août 2019.
     
    Je suis très content que vous ayez aimé le livre. Je ne me souviens pas beaucoup de ce que j'ai écrit tel qu'il était il y a 33 ans.
    Cela fait maintenant à peu près vingt ans que Jane et moi sommes allés dans les coulisses pour voir Chuck et Lydia dans leur loge après une représentation de "Love Letters" en juillet 1999. Cela semble s'être passé il y a quelques années à peine. Ce qui était si spécial dans cette réunion, c’était de parler d’un acteur / réalisateur à un autre en ce qui concerne "Antony et Cléopâtre". Bien sûr, il était le maître et moi l'étudiant.
    C'était la dernière fois que je le voyais et je ne l'oublierai jamais. Je suis resté en contact avec lui et avec sa secrétaire, Carol, qui m'a tenu au courant de son état de santé défaillant jusqu'à la fin. Ce fut un privilège de le connaître un peu, mais il était bien sûr un homme si privé que je ne le connaissais pas vraiment bien.
    Je l'ai rencontré à sept reprises. La première fois, c'était en 1976 pour l'interviewer (je lui avais parlé au téléphone auparavant). J'étais un peu débordé et très nerveux au début, mais lors de notre troisième réunion, qui avait lieu sur le plateau de "The Awakening", il savait qui j'étais et j'étais plus détendu. J'ai plaisanté en disant que dans " Antony et Cléopâtre", il n'était pas seulement Antony sur le pont mais aussi sous le pont ramant sur le navire sous le nom de Ben-Hur parce qu'il avait utilisé des images de la bataille navale de Ben-Hur. Il a ri et a dit que, jouant Michel-Ange, il avait sculpté Moïse qui avait inspiré ainsi DeMille pour le rôle dans Les Dix Commandements, auquel j’ai ajouté que dans "Agony and the Extasy", il avait peint les lettres du titre  Ben-Hur. C’était bien d’avoir eu ces moments qui étaient moins liés à l’interview et plus à quelques blagues privées.
    Quelques années plus tard, à Londres, je lui ai remis une copie signée de mon premier livre, "The Great Screen Epics", sur laquelle il m'a aidé en vérifiant certains détails. Je lui ai dit que ce n'était juste que je le lui avais signé, car il m'avait signé une copie de ses journaux publiés. Il a semblé très heureux, bien que Fraser ait mis la main sur le livre en premier et qu'il en ait été assez fasciné. je n'ai pas su ce que Chuck en pensait. Ce sont quelques-uns de mes souvenirs de Charlton Heston. Il a été mon premier héros de cinéma et toujours mon acteur préféré, et Ben-Hur reste mon film préféré, alors je pense avoir été très chanceux.
    Je suis heureux que vous ayez enfin pu lire mon livre sur lui. À l'époque, je n'étais pas un grand écrivain, mais j'ai écrit le livre avec l'enthousiasme d'un fan, ce qui explique peut-être pourquoi les autres fans de Heston l'ont tellement aimé.
     
  • 34 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    …SUITE & FIN

     

    Durant toute sa vie d'acteur, Charlton a résisté à la tentation des chaînes de télévision pour qu'il apparaisse dans des téléfilms ou des séries. C'était souvent à la limite de la séduction. Dès 1957, MCA lui agitait sous le nez une carotte d'un million de dollars pour que le jeune Heston joue dans la série western Cimarron City1, mais il résista. Il évita les téléfilms comme la peste, affichant une attitude quelque peu snob à leur égard, croyant qu'en raison de la vitesse avec laquelle  les séries et les téléfilms sont faits, il ne pourrait jamais produire  le genre de performance qui le satisferait, sans parler de n'importe quoi d'autre. Bien sûr, il était content de faire de la télévision quand la diffusion était en direct et offrait à peu près les mêmes défis que la scène, mais depuis Elizabeth and Essex, il n'a plus du tout fait de télévision, hormis en tant qu'invité dans des émissions d'interview ou même de divertissement. En gros, il se disait : " si vous pouvez faire un film pour le cinéma,  ne faites pas de télé ".

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    Charlton Heston et Judith Anderson dans ELISABETH ET ESSEX

     

    Sous Ronald Reagan, Charlton s'est d'abord engagé dans la politique de l'industrie du film quand il fut invité à rejoindre la SAG. Cela le mena de fil en aiguille à être élu six mandats de suite président de la SAG, marchant sur les traces de Reagan. Heston n'avait cependant pas du tout l'intention de suivre le chemin que Reagan a pris jusqu'à la Maison Blanche en 1981. A cause de son engagement dans la politique du cinéma, la question de savoir s'il tenterait de se présenter pour devenir sénateur ou même président des Etats-Unis lui a souvent été posée, et comme nous l'avons déjà vu, sa réponse préconçue était : « j'ai déjà été président des Etats-Unis deux fois. »

    Il n'y a même pas si longtemps, en 1984, des rumeurs circulaient selon lesquelles il envisageait de devenir sénateur du parti républicain en Californie, mais il démentit de nouveau ces informations avec son habituel « je préfère jouer un sénateur plutôt que d'en devenir un. »

    Il est tout à fait vrai qu'il a toujours un grand intérêt pour la politique, et il est ravi de voir son proche ami Ronald Reagan diriger l'Amérique. Peu de temps après sa prise de fonction, le président Reagan nomma Heston Président des Arts pour le Groupe de Travail Présidentiel des Arts et des Humanités.

    Son engagement auprès du président ne s'est pas arrêté à cela cette année-là. Presque immédiatement après l'assassinat du président Sadat, il reçut deux offres en une matinée pour jouer Sadat dans des films qui ne virent jamais le jour. L'autorité que porte l'image d'Heston est telle que lorsqu'un cinéaste veut trouver quelqu'un pour représenter un président, il se tourne invariablement vers lui.

    À la fin de 1981, il était de retour sur les plateaux de tournage, mais cette fois, il était de nouveau à la fois acteur et réalisateur. C'était La Fièvre de l'or2, et c'est grâce à Fraser que Charlton en arriva à faire son meilleur film depuis La Planète des singes.

    Fray m'a dit :

    "J'ai passé beaucoup de temps en Colombie britannique et le Yukon en Alaska, et je me suis rendu compte que les contes de Jack London étaient tout aussi modernes pour nous aujourd'hui qu'ils l'étaient à son époque. Je me suis dit, pourquoi ne pas faire une aventure moderne avec des avions à la place des chiens de traîneau, et faire une aventure pleine de suspense de nos jours à la recherche d'un gros filon d'or ?"

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    ( http://www.agamemnon.com/_pagesAbout/fraser.php)

    Les excursions de Fray dans les terres sauvages rocheuses dataient du tournage de La Fureur sauvage. Accompagné d'un ancien mineur, on lui ouvrit l'accès à des mines d'or et d'argent, et il découvrit les querelles, les suspicions et les excentricités des vieux chercheurs d'or endurcis. Il y avait des histoires de mineurs qui avaient caché leurs découvertes et avaient même tué leurs partenaires. Certains mineurs en devinrent fous.

    Mother Lode

    Le scénario de Fray parlait de deux jeunes aventuriers qui partent en quête d'un filon principal, mais qui ne trouvent qu'un vieux chercheur d'or écossais et son frère jumeau fou à lier. On y trouvait de véritables éléments d'horreur et de suspense, et il décida de le produire lui-même. Il montra bien sûr son script à son père qui adora l'idée de jouer des frères jumeaux, et ils engagèrent Peter Snell pour être producteur exécutif et soutenir Fray pour la mise en place de la production. Leur prochaine tâche était de trouver un réalisateur. Fray dit :

    "J'ai proposé à mon père de diriger parce que j'avais l'impression qu'il pourrait mieux le faire que n'importe qui d'autre, et j'avais raison. Il connaissait le script presque aussi bien que moi, il connaît les lieux et ce genre d'homme.

    Il n'a pas pris cette tâche à la légère ou à mauvais escient. Il y a réfléchi pendant longtemps. Je n'ai rien fait pour le persuader. Je lui ai expliqué pourquoi il était le meilleur pour ce travail."

    Heston senior m'a dit :

    «Quand j'ai dirigé Antoine et Cléopâtre, ça a retiré tout le plaisir créatif du jeu et de la réalisation. J'ai trouvé que la pression pour diriger l'une des plus grandes tragédies de Shakespeare tout en jouant l'un de ses meilleurs rôles était accablant. J'ai alors décidé que je ne dirigerais plus jamais un film où je joue un rôle majeur avec autant de responsabilité qu'en avait Antoine.

    J'ai reçu depuis, une ou deux propositions de réalisation et j'ai répondu plus ou moins en ces termes. Par exemple, si il n'y a aucun rôle pour moi dedans, je ne suis pas intéressé, et si c'est un rôle important, ce serait trop de travail trop dur pour moi, bien que d'autres acteurs comme Clint Eastwood le fassent.

    Après avoir accepté les rôles pour La Fièvre de l'or, c'est Fraser qui a d'abord proposé à ses associés puis à moi de diriger le film.

    Il dit : « tu sais, c'est vraiment ce dont tu as toujours parlé. Tu n'en es qu'à la moitié du script. »

    Je n'avais pas vraiment compté les pages, et alors j'ai pensé, « c'est vrai. »

    De plus, puisque je jouais deux frères écossais, (et je ne peux pas faire les accents sur demande comme Peter Ustinov), j'ai dû travailler pas mal de temps sur l'accent, et cela m'a coûté plusieurs mois de préparation des rôles en tant qu'acteur. Un grosse partie de ma préparation habituelle était derrière moi, et je me suis dit, « si je ne dois en faire qu'un, ce sera celui-là. »

     

    Réunissant des acteurs comme Nick Mancuso, John Marley, Dale Wilson et Kim Basinger avant qu'elle ne devienne une grande vedette, Heston amena son équipe au Canada pour tourner dans les forêts humides de Vancouver. Une lourde pluie incessante n'empêcha pas le tournage fait presque en même temps par deux équipes, la première sous la direction de Charlton Heston et la deuxième sous celle de Joe Canutt. Heston savait depuis Le Cid, La Fureur sauvage et d'autres films l'importance de donner le plein contrôle de l'équipe secondaire au second réalisateur. Il me dit :

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    Joe Canutt (Photo Google)

    « Joe Canutt est une arme secrète. Le meilleur du travail sur La Fièvre de l'or vient sans conteste de ce qu'a tourné Joe Canutt. C'est le meilleur réalisateur de scènes d'action au monde. C'est dommage pour Steven Spielberg qu'il ne s'en rende pas compte. Spielberg est un réalisateur extraordinaire, mais diriger les scènes d'action n'est pas son point fort. Les réalisateurs spécialisés le font mieux

    Pour tout vous dire, je ne devrais pas vous révèler cela parce que c'est un secret que j'aimerais garder, mais John Ford, Willy Wyler, Georges Stevens et Cecil B. De Mille utilisaient toujours des réalisateurs secondaires.

    J'aimerais cependant que cela se sache plus parce que je voudrais voir Joe prospérer, mais il y a quand même une partie de moi qui veut que cela reste un secret que je serais le seul à connaître. Et ce secret est que pour qu'un réalisateur ait de bonnes scènes d'action comme dans La Fièvre de l'or, il a besoin d'avoir quelqu'un qui sache comment les faire. Je suis donc ravi que vous m'ayez posé la question, parce que je ne comprends pas comment la nouvelle génération de réalisateurs talentueux peuvent ne pas l'apprendre de la génération précédente.»

    À propos de la réalisation, il dit :

    « Diriger un film, c'est, comme l'a dit Orson Welles, le meilleur chemin de fer électrique avec lequel un petit garçon puisse jouer, mais c'est un travail très difficile. Un moyen facile de le faire est de ne jamais s'asseoir sur le plateau. Même si on peut s'asseoir, on ne devrait pas parce que ça fait retomber la tension.

    L'analogie que je donne souvent qui est parfaitement exacte, surtout quand on tourne en extérieur, c'est comme une opération militaire. La dépendance totale à la météo, les moyens de communication, de transport, la nourriture, le moral, les solutions alternatives… Le commandement est identique dans les deux situations.

    Nous avons eu des problèmes avec la météo. La Colombie britannique est connue pour sa météo peu fiable. Nous travaillions dans des montagnes et des forêts humides. Quand nous tournions dans un lac de montagne (que nous avions atteint après avoir parcouru 37 kilomètres sur des routes sinueuses nettoyées tous les jours par la pluie) et que nous avions cinq jours de tournage là-bas, tous les jours, quand je faisais la route en voiture, je me sentais exactement comme un commandant de peloton d'infanterie. Je me disais souvent, « qu'est-ce qui se passerait si j'étais séparé et que le bataillon suivait la route descendante ? »

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    Jamais Charlton et son Fils n'avaient travaillé en si étroite collaboration. En tant que réalisateur, Chuck consultait constamment Fray en tant qu'auteur et producteur. Il y avait eu des querelles entre les réalisateurs et les producteurs ou les studios dans des films antécédents comme La Soif du mal et Major Dundee. Avec Heston senior à la fois tête d'affiche et réalisateur, et Heston junior comme auteur et producteur, il semblait qu'un conflit pouvait éclater n'importe quand, que ce soit entre le producteur et le réalisateur, ou le réalisateur et l'auteur, mais comme Fray aime à le signaler, ce ne fut pas le cas.

    « D'après mon expérience, le conflit était entre le producteur et l'auteur, ce qui était intéressant pour moi parce que je devais régler tout cela par moi-même. C'est presque plus difficile que d'en résoudre un entre le producteur et le réalisateur, et dans mon cas, c'était mon père avec qui il est facile de s'entendre. J'ai beaucoup appris de lui en faisant ce film, et je pense que nous en avons appris beaucoup l'un sur l'autre. Nous avions rarement des disputes de nature violente. Bien sûr, nous avons eu des désaccords. À cet égard, on s'est plus amusé parce que nous devions les résoudre pour le bien du film et non de notre propre ego. Il faut prendre son ego et le jeter à la poubelle, et par chance, je crois pouvoir prendre exemple sur mon père qui est très bon pour mettre ses propres intérêts de côté et se concentrer sur ce qui est important dans une scène ou même dans une simple séquence. Il sait pourquoi chaque séquence est là. Si ça n'a aucune raison d'apparaître dans le film, il ne le montrera pas.»

    Ils finirent le tournage au printemps 1982, quand toute la famille Heston alla à Londres où La Fièvre de l'or allait être monté. Une conférence de presse avait été programmée à leur arrivée où je pus tous les rencontrer et me rendre compte combien Heston agit différemment devant un seul journaliste que devant une foule d'entre eux. Il semblait vraiment bien s'amuser, allant d'un groupe d'intervieweurs à un autre. Tandis que le temps s'écoulait lentement, Fray alla vers lui tandis qu'il énonçait les qualités et les défauts de Vanessa Redgrave.

    « Allez papa, il faut qu'on parte, » lui dit Fray.

    « Pas maintenant, » lança Heston, « je suis en train de raconter une de mes meilleures anecdotes sur Vanessa Redgrave. »

    Mais Fray voyait bien que son père était fatigué, tout comme je l'avais moi aussi remarqué. Il avait l'air vraiment plus vieux que cinquante-huit ans et semblait avoir perdu sa démarche princière. Je pense cependant qu'il était plus fatigué que vieux.

    « Ok papa, mais pas trop longtemps, » dit Fray.

    Heston continua donc son petit spectacle, la voix plus haute, plus enjouée et bien plus désinvolte que dans les interviews privées que j'avais faites avec lui. Le groupe de journalistes, y compris moi, répondit chaleureusement à son histoire, ce qui l'encouragea à continuer. Il joua magnifiquement rien que pour nous.

    La réalité est que sa famille, exceptée Holly, était là plus pour le travail que pour prendre des vacances en famille. Hormis le fait que le père et le fils faisaient leur film ensemble, Lydia venait en tant que photographe et la femme de Fray, Marilyn, qu'il avait épousée il y avait deux ans de cela, était assistante de producteur ainsi que chargée de communication.

    Elle avait ce commentaire à propos de son beau-père : « en tant que réalisateur, il est créatif, d'humeur tempérée, prévenant, quelque peu impatient face aux retards inutiles et connaît parfaitement chaque mot du script. Il a rarement levé la voix. » C'est plus ou moins ce qu'elle pense également de lui en dehors du plateau de tournage.

    Quand on lui demande de parler de sa famille, Charlton dit :

    «Vous savez, les gens me demandent souvent si je m'inquiète de ne pas suffisamment voir mes enfants, mais je réponds : « bien au contraire, je les vois plutôt plus que la plupart des pères. » C'est sûrement vrai maintenant que je peux contrôler ce que je fais et quand est-ce que je le fais. Nous étions tous ensemble dans les montagnes rocheuses canadiennes pour La Fièvre de l'or. Donc non, je ne m'inquiète jamais de ne pas suffisamment voir mes enfants.»

    Problèmes politiques

    Si il a quelque chose à dire, Heston le dit, généralement avec beaucoup d'éloquence et de tact, mais il se montre très clair. Il ne s'attend pas à ce que tout le monde soit d'accord avec lui, surtout quand on parle de politique. Il est pourtant difficile d'envisager qu'il puisse se faire des ennemis par ce biais. C'est vrai que ses propres exigences sur un plateau de tournage n'avaient pas toujours l'approbation de tout le monde ; ceux qui ne sont pas d'accord sont souvent ceux qui mettent la barre bien moins haut. Richard Harris, par exemple, a fait le serment de ne plus jamais travailler avec Heston.

    Quand il est sur un plateau de tournage, il est indubitable qu'il montre clairement qu'il s'attend à ce que tout le monde soit à l'heure et connaisse ses répliques. Il exerce l'autorité qu'il a gagné sur les plateaux de tournage, et la plupart des gens la respectent, mais la simple idée qu'Heston puisse se faire des ennemis en dehors du plateau semble en contradiction avec son image d'homme gentil. Ces dernières années, cependant, du fait de ses convictions politiques, il s'est attiré l'inimitié d'un ou deux noms célèbres.

    Le premier est Paul Newman. Tout commença quand ils apparurent tous les deux dans une émission de télé américaine pour débattre sur les armes nucléaires. Heston dit clairement qu'il avait le sentiment qu'il ne fallait pas de gel du développement des armes. Newman n'était pas d'accord, inflexible sur le fait qu'il en fallait un. Durant le débat, Heston donna des arguments plus solides et mieux articulés et s'en sortit mieux dans les échanges houleux. En ce qui le concernait, c'était fini et il en avait marre, mais Newman était virulent, et leur dispute publique fut embarrassante, mais pour le moment, l'affaire est abandonnée et plus ou moins oubliée de tout le monde.

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    Pendant ce temps, Charlton était mis sous pression pour accepter de jouer le rôle principal d'une mini-série télévisée, Once upon a murder. Il n'était pas sûr de pouvoir le faire, ni même de le vouloir. « j'avais visité le tournage d'une mini-série il y a quelques années, » dit-il, « et j'ai découvert qu'ils voulaient tourner quinze pages de script par jour. À ce rythme, qui peut donner le meilleur de lui-même ? Du cameraman au maquilleur, c'est un contre-la-montre pour tout le monde et ça donne rarement un travail parfait. »

    C'est alors qu'il entendit de Gregory Peck et Richard Chamberlain que l'on se dépêchait moins de nos jours pour produire ces séries télévisées à succès. Heston vérifia, et quand on lui dit qu'ils ne tourneraient que cinq pages par jour, il accepta. Cela se situait dans le Sud profond, il jouait un banquier et Père fondateur d'une ville américaine fictive. L'histoire se déroulait entre les années 1920 et 1960, ce qui était tentant pour le caractère d'Heston .

    « J'adorais l'étape de la création du maquillage, » dit-il. « Je vieillis de quarante ans et finis avec une perruque blanche sur un visage plein de rides. »

    Durant cette même année, en 1983, il abandonna généreusement tous ses souvenirs de tournage pour les donner à la Theater Arts library de l'UCLA. La vaste collection comprenait des scripts, des scrapbooks, des lettres et des discours. Il y en avait tellement qu'il fallut les mettre dans une pièce séparée qui fut appelée la salle Charlton Heston.

    Il fut également choisi comme président honoraire des premiers jeux des Highlands de New-York. Comme les parents de sa mère étaient membres du clan Fraser, il était fier et honoré d'être invité, et porta même le kilt des Fraser. Il participa également volontairement à une démonstration de force de lancer de tronc d'arbre, mais le projectile lui retomba presque sur le pied. « Comparé à ça, séparer la mer Rouge en deux était incroyablement simple !  » s'exclama-t-il.

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    Mais la vie n'était pas faite que d'amusement et de jeux. Les vieilles blessures infligées à Paul Newman n'avaient pas guéri, et il n'a jamais pardonné à Heston. Toute cette malheureuse affaire ressortit quand Charlton fut invité à participer à un événement de charité pour réunir des fonds pour aider les toxicomanes. C'était la fondation Scott Newman, nommée de la sorte en l'honneur du fils de Paul toxicomane, mort tragiquement. Bien sûr, cela ne faisait aucune différence pour Heston, qui était heureux de pouvoir aider à soutenir une cause honorable. Or, quand Newman apprit qu'Heston était invité, il protesta fortement et demanda l'annulation de l'invitation. Ce fut dûment fait et Donald Sutherland fut invité à la dernière minute à la place d'Heston. Charlton était furieux, et le fossé entre les deux acteurs se creusa encore.

    L'année suivante, les convictions politiques d'Heston, qu'il avait formulées clairement, lui attirèrent encore plus d'inimitié, cette fois d'Ed Asner, mieux connu comme la vedette télévisée de la série Lou Grant, et cette fois la situation devint potentiellement dangereuse. Asner était président de la SAG et essayait de la fusionner avec la Screen Extra Guild, une décision à laquelle Charlton s'opposa activement, à tel point qu'il cofonda l'AWAG : l'Actors Working for Actors Guild.

    Durant un meeting présidé par Asner, celui-ci accusa Heston et ses sympathisants d'encourager « une mentalité de race supérieure parmi les acteurs. » Heston était fou de rage, ripostant que le terme de « race supérieure » les marquait lui et le reste de l'AWAG comme des nazis. Asner refusa de s'excuser. Peu de temps après, Heston commença à recevoir des menaces de mort anonymes le poussant à écrire publiquement : « l'allégeance radicale de M. Asner et les enthousiasmes des rebelles Salvadoriens provoquent des poussées d'adrénaline chez ses sympathisants. » La police de Los Angeles, prenant au sérieux les menaces de mort, montèrent une garde plus scrupuleuse que d'habitude autour de la maison d'Heston à Coldwater.

    Ne se laissant pas décourager par ces problèmes politiques, Charlton et Fray préparèrent une nouvelle épopée spectaculaire, The Overlord, se passant pendant la guerre de Troie. Fray en avait écrit le script et voulait le diriger. L'écriture fait encore partie des étapes de préparation, et il faut espérer qu'il ne connaîtra pas le même sort qu'une autre épopée historique que voulait faire Charlton il y avait de cela quelques années, 1066. C'était un sujet qu'il voulait depuis longtemps aborder mais pour lequel il n'avait jamais trouvé de script satisfaisant pour parler de l'époque capitale où l'Angleterre était conquise par les Normands.

    En 1980, Peter Snell me révéla qu'il avait trouvé un script et qu'Heston voulait y jouer Guillaume le Conquérant.. Snell avait alors aussi parlé à George C. Scott pour jouer le roi Harold. « Le seul problème, » m'a dit Snell, « est de trouver l'argent. L'industrie du cinéma n'aime pas les costumes dans les épopées. Le public les aime, mais pas l'industrie. » Heston me confirma son intérêt pour ce film, mais dit : « J'adorerais le faire, si seulement il trouvait les fonds nécessaires. » Snell ne trouva jamais les financements pour produire 1066. Heston espère que The Overlord ne sera pas un autre beau projet qui tombe à l'eau, et il avait déjà pris Joe Canutt pour s'occuper de l'équipe secondaire.

    Pourtant, ce genre de problèmes est devenu complètement insignifiant vers la fin de 1984, lorsque l’attention du monde entier a été attirée par l’horrible sort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui mouraient littéralement de faim en Éthiopie. Heston, dans un effort désespéré pour encourager les gens à les aider, se rendit en personne dans ce pays dévasté par la sécheresse avec la Croix Rouge américaine pour voir de ses propres yeux l'atroce souffrance de tout un peuple. Il visita l'un des camps où les gens mouraient par centaine, et il remarqua combien les ressources médicales étaient pitoyablement inadaptées.

    « Il y avait deux médecins, » raconte-t-il, « six infirmières et trente-quatre fossoyeurs. »

    C'est une expérience qui lui a fait prendre conscience combien il avait été (et est encore) privilégié. Il essaya de ne jamais prendre pour acquis le luxe dont il profitait et qui n'est rien de plus qu'un rêve pour ceux ayant moins de ressources dans les pays civilisés.

    Mais il a essayé d'utiliser la renommée internationale qu'il a acquise au nom de causes qu'il trouvait justes, même si ça paraît insignifiant comparé à ce qu'il se passe dans le monde. La célébrité a son influence, parfois simplement par l'usage de la publicité qui, bien utilisée, peut donner des résultats. Heston n'est pas un homme qui a peur de dire ce qu'il pense ou de faire ce qui lui semble juste. Il est bien loin, l'adolescent mort de peur à Chicago et le solitaire dont la vie dans de simples sous-bois lui offrait un sentiment de sécurité dans la solitude.

    Mais malgré tout ce qu'il avait maintenant, il n'avait pas encore fait ça. Il était cependant sur le point de le faire.

    Il Le Fait Enfin !

    C'est en février 1985 que Charlton Heston alla au Queen's Theatre en plein cœur de Londres pour rencontrer la presse et leur parler de sa nouvelle pièce, The Caine Mutiny Court Martial. Il dit :

    « Le West End de Londres a plus d'allure pour un acteur Américain que Broadway n'en a pour un acteur anglais. Je ne peux pas imaginer des acteurs anglais avoir le même sentiment de... revenir à la maison, retourner aux racines, quand ils viennent jouer à Broadway. C'est pourtant le sentiment qu'a ressenti l'équipe américaine que j'ai ramenée pour The Caine Mutiny et que nous avons marché sur la scène du Queen's Theatre

    Il faisait la mise en scène en plus de jouer le capitaine Queeg.

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    « J'ai dirigé à la fois pour la scène et pour le cinéma plusieurs fois, et Caine Mutiny semblait être un choix idéal pour être à la fois acteur et metteur en scène. Le rôle de Queeg est partagé entre deux très longues scènes d'environ vingt minutes chacune, mais il n'est pas sur scène le reste du temps, donc quand il est sur scène, il est celui qui parle le plus. Le reste du temps, je pouvais me concentrer sur la direction

     

    À cause de règles qui interdisent qu'une équipe d'acteurs ne soit constituée que d'acteurs américains pour une pièce ou un spectacle, il y a eu des problèmes par le passé où des personnages américains devaient être joués par des Anglais. La réciproque est également vraie aux Etats-Unis, mais un accord spécial avait été passé pour cette fois. Charlton explique : « Robert Fryer et Duncan Weldon négocièrent un accord d'échange entre la British Equity et l'American Equity pour autoriser Alan Bates à amener une compagnie entièrement britannique à Ahmanson l'année dernière, et nous amenons maintenant Caine Mutiny avec presque uniquement des acteurs américains à Londres. »

    Heston est lui-même critique envers les règles strictes de l'union. Il déclare que «les syndicats ont imposé des restrictions à l'importation d'artistes étrangers. Mais je n'ai jamais parlé à un acteur qui travaille dans l'un ou l'autre pays qui n'ait dit : "Oh, nous ne voulons pas garder cette règle ; travaillons dans l'un ou l'autre pays.»

    Curieusement, Heston ne choisit pas une pièce shekaspearienne pour faire ses débuts sur la scène britannique, mais il justifie son choix pour The Caine Mutiny Court-Martial :

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    « Je voulais faire une pièce américaine. Je voulais aussi, pour des raisons personnelles, jouer une pièce que je n'avais jamais faite, et The Caine Mutiny Court-Martial, comme la suite le montrera, est une pièce extraordinairement impérissable. L'indéniable charme d'une pièce mettant en scène un procès est difficile à expliquer parce que, par définition, les personnages parlent d'événements qui se sont déjà passés avant le début de la pièce, et qui se sont passés ailleurs, et qu'on ne verra jamais nous-même. Cependant, quand ces pièces fonctionnent, elles sont irrésistibles, et l'accueil du public à Caine Mutiny est très gratifiante

     

    Il restait cependant un peu de temps avant que le public londonien ne réagisse à The Caine Mutiny Court-Martial. L'ouverture n'était pas prévu avant avril au Queen's Theatre, et ils allaient jouer en province avant cela.

    Malheureusement, ils arrivèrent pendant le pire hiver de ces dernières années, et l'équipe américaine en a ressenti les effets à glacer le sang. Même Charlton, qui avait bravé les contrées gelées de Norvège pour L'Appel de la forêt et tremblé dans la neige de St-Helen avait bien du mal à se tenir au chaud, surtout quand ils jouèrent à Brighton. Se glissant hors de l'hôtel glacé où ils séjournaient, Charlton trouva un pharmacien sur le bord de mer. Les femmes de l'autre côté du comptoir eurent du mal à en croire leurs yeux quand elles virent Charlton Heston sous un épais anorak entrer pour demander une bouteille d'eau chaude. La bouteille ne fut cependant pas très utile. Quand la troupe arriva à Birmingham pour battre tous les records d'audience de la pièce, Charlton souffrait d'un terrible rhume contre lequel il lutta à chaque représentation.

    Ils arrivèrent enfin à Londres, où le printemps est humide et frais. C'était un instant plein d'émotion pour Chuck Heston quand il posa le pied sur la scène du Queen's Thetre pour jouer. Il l'avait enfin fait.

    Les critiques se levèrent même pour l'occasion, offrant à la pièce et à Heston des critiques dithyrambiques. Le Daily express dit d'Heston : « … une performance centrale imposante d'une immense stature héroïque, » et le Sunday Mirror décrivit la pièce comme étant « puissamment divertissante et donnant à réfléchir. »

    Pendant trois mois Heston, Ben Cross et le reste de la troupe se rendirent sur cette scène et rencontrèrent un raz-de-marée nocturne d'adulation. C'était le point culminant de la carrière d'Heston qui durait alors depuis presque quarante ans.

    Enivré par le succès et l'accueil qu'il reçut de la part du public britannique, il accepta volontiers une invitation à poser ses mains sur le ciment du Leicester Square où un « pavé de star » était créé pour imiter les fameuses traces de pieds et de mains du Chinese Theater d'Hollywood où les pieds d'Heston avaient été imprimés il y a quelques années de cela. Ses mains à Londres furent rejointes par celles de Sir John Mills, Dame Anna Neagle, Omar Sharif et Alan Bates.

    Mai 1985 Leicester square Chuck imprime ses mains dans le ciment à Londres.JPGImage associée

    ( https://www.alamyimages.fr/photos-images/charlton-heston-actor.html )

    Juin arriva et passa bien trop vite. The Caine Mutiny Court-Martial profita d'une tournée pleine et longue, et maintenant c'était terminé. À la dernière nuit, Heston, comme toujours, se tenait dans les allées pour respirer dans les derniers moments d'une tournée pleine de succès, essayant de profiter de chaque précieux moment. C'était le pays de l'acteur, et comme à chaque dernier tombé de rideau d'une pièce gagnante, il sentit l'exaltation et une pointe de regret que ce soit fini. Il rentra chez lui.

    Il y avait encore beaucoup à faire. Il y avait un tournoi de tennis à jouer, un nouveau long-métrage à essayer de mettre en chantier, d'autres rôles à chercher, d'autres limites à repousser, essayer d'être l'acteur qu'il rêvait encore de devenir.

    Il s'était même enfin laissé séduire pour jouer dans une série télévisée. Aaron Spelling êtait prêt à payer Heston 80 000 dollars par épisode pour jouer dans la série dérivée de Dynastie : Les Colby. Le but de Spelling avec ce nouveau feuilleton était d'écraser tous les autres, et signer avec Heston était son premier tour de force. En soutien, il signa également avec Barbara Stanwyck pour la matriarche de la famille, Constance Colby, dont les machinations avec l'oncle Jason Colby, joué par Heston, mènent à la séparation des Carrington et des Colby. Par conséquent, Heston, Stanwyck et leur famille, comprenant Emma Samms en tant que nouvelle Fallon, se rendirent en Californie, pour annoncer la nouvelle série. Et contrairement aux Carrington qui semblent ne jamais aller nulle part, la vie de jet-set des Colby les mènent dans des lieux exotiques comme Monte Carlo et Rome, assurant que le budget pour Les Colby dépasse même celui de l'onéreuse Dynastie.

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    Accepter de jouer pour la télévision était sans précédent pour Heston, mais ça ne peut que renforcer son statut de superstar en l'exposant à une toute nouvelle génération de fans qui ne l'ont probablement jamais vu dans Ben-Hur ou Les Dix Commandements sur un vrai grand écran argenté. Ça ne peut également que le rendre plus riche que jamais, mais ce qui compte le plus à ses yeux en acceptant ce contrat est de jouer des rôles qui repoussent ses limites et qui le laissent fermement ancré dans les yeux du public. Après tant d'années, il a admis que la télévision était le médium qui pouvait le mieux remplir toutes ces fonctions, mais il n'est probablement toujours pas satisfait.

    Il reste son critique le plus acerbe. Il m'a dit :

    «Je ne suis vraiment satisfait de mon travail dans aucun des films et aucune des pièces que j'ai faits. Je pense que c'est sain. J'ai certainement fait des films et des pièces que j'ai aimés et en règle général, je suis content de l'ensemble, mais je n'ai jamais vu une seule de mes performances dont je sois satisfait, et j'imagine que c'est sain.

    Je pense que si j'étais pleinement satisfait, il serait temps de raccrocher et m'entraîner à être un vieil homme méchant, assis près du feu et frapper avec un bâton des gens à genoux !»

     

    FIN

     

    1Le texte original dit simplement Cimarron, mais cela peut renvoyer à différentes séries et films aux titres semblables. Aux vues de la date, la plus probable est Cimarron City, sortie en 1958 avec George Montgomery.

    2Mother Lode

     

  • 14 - LA PLANETE DES SINGES , retour au sommet ( 1ère partie)

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    « Le projet intitulé «  LA PLANETE DES SINGES » est encore dans les limbes ; JACOBS essaie actuellement de réduire le budget à deux millions, ce qui parait risible, il veut aussi engager un réalisateur rompu à la télévision, ce qui me semble aussi être une erreur ; d’un certain côté, ce serait bon pour moi que ce projet se réalise, car c’est justement ce genre de «  script différent » qui m’intéresse … » ( JOURNALS, 3 novembre 65)


    Ces propos tirés des « journals » de l’artiste HESTON illustrent bien la difficulté éprouvée par les artistes pour monter un projet différent de la moyenne, surtout dans le contexte difficile de la crise sans précédent qui toucha HOLLYWOOD au milieu des années 60 ; en effet, l’heure n'est plus aux coûteux films épiques mais à un cinéma plus intimiste destiné à toucher les plus jeunes, et la notion même de «  superstar » commence à perdre beaucoup de son «  appeal » auprès des décideurs ; quant au plus grand studio de l'époque, la FOX, il n’est pas loin de la banqueroute au moment ou le fils de Darryl ZANUCK, Richard, reprend les commandes de la société pour «  faire des affaires » et non du grand art comme l’ambitionnait souvent son moraliste de père !


    Pour mener à bien un grand projet, il faut un inspirateur possédé par son idée fixe, et l’homme cité par HESTON dans ses “Journals”, Arthur P JACOBS est celui-ci ; homme de spectacle, agent artistique et producteur occasionnel, l’homme a pour lui une imagination débordante et une grande capacité de séduction, et surtout il entend réaliser tous ses rêves ; un de ceux-ci remonte à la petite enfance, quand il découvrit le « KING-KONG » de SCHOEDSACK et COOPER ! ébahi devant ce spectacle, il a vu grandir en lui cette obsession de faire un film où les singes seraient les protagonistes principaux, et c’est donc armé de cette conviction brûlante qu’il va littéralement harceler toutes les boîtes de production du moment, pour se voir essuyer un ‘NO’ global de la part de tous les décideurs, souvent assorti d’un commentaire goguenard… IL faut bien dire que l’époque ne se prête absolument pas à l’inventivité, et surtout s’il s’agit de science-fiction, genre considéré avec dédain par les producteurs, tout juste bon pour la série B, et donc pas du tout «  porteur » ce qui fait bien sûr beaucoup rire de nos jours, où la donne a été totalement inversée !

    richard D Zanuck.jpg        (Richard D. ZANNUCK)                 arthur P Jacobs.jpg       (Arthur P. JACOBS)                                  Rod_Serling scenariste de LA PLANETE DES SINGES 1968.jpg

                                                                                                                (Rod STERLING)

    JACOBS acquiert en effet , pour une somme moyenne, les droits d’un étrange roman français de Pierre BOULLE, qui vient de faire un triomphe avec LE PONT DE LA RIVIERE KWAI et s’étonne grandement qu’on puisse acheter les droits d’un roman qu’il juge «  inadaptable » mais JACOBS a eu le coup de foudre pour cette épopée où les singes sont les maîtres et les humains leurs esclaves ! armé de ce pitch qu’il juge prometteur, il s’expose donc aux quolibets les plus divers alors qu’il a fourni divers dessins et maquettes pour soutenir sa thèse, et fait appel au remarquable Rod STERLING pour mitonner une «  first draft » qui mette l’eau à la bouche des responsables de studio ; et comme rien n’y fait, il va donc proposer à une grande star de se joindre au projet, sans aucune garantie à proposer, si ce n’est son enthousiasme communicatif !

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    ( Charton HESTON )

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                                                  (Arthur P. JACOBS - Esward G. ROBINSON - Charlton HESTON (test)

    La grande star en question, HESTON himself, se demande justement à ce moment précis s’il en est encore une, car THE WAR LORD a été saboté par UNIVERSAL et son KHARTOUM chéri n’est pas promis à un grand avenir aux USA, il est donc dans une période de doute, sans pour autant être «  out of work » puisqu’il va bientôt tourner COUNTERPOINT, histoire d’un chef d’orchestre un peu fêlé, et qu’il va aussi refuser un western à gros budget qui se révélera un coûteux navet «  THE WAY WEST » .

    Seulement, voilà, tout ça est bel et bon mais ne l'émeut pas trop, alors que le pitch de JACOBS l’amuse et l’excite tout de suite, le voici donc, comme au temps de DUNDEE, prêt à faire le forcing pour imposer ce projet novateur aux obtus qui sont en place, enfin pas tout à fait, car il est toujours celui que WELLES appelait avec malice «  ce bon vieux Chuck fédérateur » c’est-à-dire un garçon courtois et diplomate, qui sait par exemple que son amitié avec ZANUCK junior pourrait bien aider leur petite entreprise…


    «  je suis allé cette après-midi aux studios de la FOX pour répéter une «  test- sequence » pour APES ,je suis pas sûr qu’il faille la faire vu que le film n’est pas encore approuvé par la compagnie, mais bon, j’ai accepté, alors autant la fermer et faire le job ! » ( JOURNALS, 7 mars 66)


    Ces quelques lignes illustrent bien la motivation de HESTON pour le projet, car ce «  test » va s’avérer décisif pour convaincre ZANUCK que, même s’ils sont imparfaits encore, les maquillages de singes proposés vont être convaincants, et non, «  les spectateurs ne rigoleront pas » ce qui est le souci de Dick ; celui-ci sera d’ailleurs un élément moteur du film, puisqu’il va consentir à lui donner le budget d’une grosse production, mais avec toujours une certaine naiveté de sa part ; en effet, APES ne sera toujours pour lui qu’une œuvre de divertissement, un «  big money maker » et les aspects politiques et philosophiques de l’ouvrage vont complétement lui échapper !

    Et comme le dit si bien HESTON à propos des déceptions que peut encaisser un artiste de cinéma devant la dure réalité du business, «  the one who pays the piper calls the tune » ; littéralement : «  c’est celui qui paye les musiciens qui leur dit quels airs ils doivent jouer »


    Donc, c’est bien ZANUCK junior, enfin rassuré quant aux possibilités de APES en tant que divertissement, tout en étant totalement inconscient des sous-entendus philosophiques et politiques dont Michael WILSON a parsemé sa nouvelle mouture du scénario, qui va payer l’orchestre, et faire démarrer le travail de tout ce beau monde à l’été 1967, ce fameux «  summer of love » qui marquera, pour d’autres raisons, la deuxième moitié du 20ème siècle !


    Aspects qui sont d’une importance capitale, pas tellement pour Rod STERLING qui va surtout s’employer à créer le décor et l’atmosphère de cette planète pas comme les autres, mais surtout pour Michael WILSON, écrivain remarquable et plus que soupçonné d’obédience communiste pendant la chasse aux sorcières de 47, auquel JACOBS va laisser les coudées franches pour apporter son grain de sel et donner une portée philosophique au sujet, notamment en écrivant une scène de procès d’anthologie, à laquelle HESTON, toujours fort libéral à l’époque, va parfaitement adhérer !

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    (Mike Wilson)


    « je viens de lire 70 pages du nouveau script de Mike WILSON pour APES, c’est sensationnel, et me parait une nette amélioration par rapport au premier scénario de STERLING ,il faut maintenant que j’aille de l’avant en ce qui concerne les nouveaux personnages qu’il a conçus » ( JOURNALS, 25 janvier 67)


    C’est aussi à ce moment, peu avant le tournage de ce WILL PENNY qui compte tout autant pour lui, que HESTON va jouer à son avantage de son statut de superstar pour imposer à la mise en scène son copain de longue date, Franklin SCHAFFNER, avec lequel il a partagé l’expérience créative mais douloureuse de THE WAR LORD, convaincu qu’il est de l’inventivité et de l’énergie de cet excellent capitaine ; l’avenir lui donnera raison, car SCHAFFNER va se passionner pour le projet, et contribuer à faire de ce «  space opera » qui pourrait rester banal, une véritable réflexion sur l’avenir de l’humanité …


    « Frank et moi avons travaillé ensemble de nombreuses fois et on s’entend bien,ZANUCK lui a donné sa confiance dés le début du tournage, et ne l’a jamais regretté, vu ses énormes capacités créatives et son sens visuel hors du commun » ( cité par Michael MUNN dans sa biographie,1986)


    On voit donc que, malgré les difficultés rencontrées, l’énergie et la complicité combinées de JACOBS et HESTON ont eu raison des réticences plus ou moins légitimes selon lesquelles un tel projet ne tenait pas, et il est également évident que l’un n’aurait rien pu faire sans l’autre ! tout comme il est intéressant, avant de refermer ce premier volet consacré à APES , de citer cette réflexion de l’artiste en marge de ses débats souvent animés avec Herman CITRON, qu’on ne saurait limiter non plus à un rôle d’homme d’affaires uniquement intéressé par le devenir financier de son poulain :


    « Herman pense qu’il n’est pas bon pour moi de «  mendier » pour un projet, et je vois bien son point de vue, il pense que ça ternit mon image de «  vedette très demandée »,mais je me dois d’ avancer avec circonspection sur ce film ;après qu’un acteur ait atteint un certain degré de réussite, il est supposé attendre dans un glorieux isolement que d’humbles scribouillards déposent leurs offres sur le pas de sa porte, et les choses sont différentes quand c’est l’acteur lui-même qui doit déposer humblement ses offres sur le pas de la porte des autres »( JOURNALS, 20 avril 67)

    A Cécile forever

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    A SUIVRE …

     

     

    QUELQUES PHOTOS DES ESSAIS ET MAQUETTES POUR " PLANET OF THE APES "

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    (photos extraites du livre : " LA PLANETE DES SINGES " de Joe FORDHAM et Jeff BOND " 

  • 33 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    ... SUITE

    Résultat de recherche d'images pour "charlton et fraser heston la fureur sauvage"

    «Ça se passe dans les Tetons, montagnes de Wind River et concerne le commerce de la fourrure qui y fleurit pendant une très courte période, à peine une génération. Ces trappeurs (les trappeurs libres, comme on les appelait) étaient sans doute les hommes les plus libres de tous les temps, mais cette liberté leur coûtait cher. Leur vie était rude et dangereuse, en permanence menacée par les éléments, les bêtes sauvages et les Indiens hostiles.

    C'est l'histoire de deux de ces hommes, interprétés par Brian Keith et moi-même, et ça traite d'une partie de leur vie durant une année où le commerce de la fourrure commençait à péricliter. C'est vraiment une histoire de liberté.

    C'est de loin le meilleur rôle que j'ai eu depuis Khartoum. »

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    La Fureur sauvage fut tourné dans le Wyoming et dirigé par un réalisateur dont c'était le premier film, Richard Lang, fils de Fritz Lang. Charlton avait cinquante-six ans, mais été toujours fort et en bonne santé, ce qu'il fallait qu'il soit pour jouer ce film physiquement très exigeant. Il dit :

     

    « J'avais une scène avec Steven Macht, qui joue mon ennemi, Aigle Lourd, à l'apogée du film. C'était un combat féroce, sauvage et nous étions tous les deux couverts de sang et juste épuisés. Nous avions tournés depuis sept heures du matin et c'était maintenant le soir et nous étions déterminés à finir cette séquence.

    Il était sept heures passé, le soleil était bas, et j'étais allongé sur le dos dans la poussière. Steven était sur moi, du sang coulant de son torse et tombant goutte à goutte sur moi. Soudain, je l'ai regardé et lui ai dit : « tu sais, Steve, si nous étions des enfants en train de jouer aux cow-boys et aux Indiens, nos mères nous auraient déjà appelés pour le souper ! »

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    Il ajoute avec ironie, « je veux dire, c'est un moyen ridicule de gagner sa vie ! » Fray était en permanence sur le plateau à travailler en étroite collaboration avec Richard Lang. Charlton semblait savoir que son fils regardait toutes les étapes avec un œil de réalisateur :

     

    « C'est une chose curieuse, mais il a vraiment ce genre d'attitude. Il est très malin mais néanmoins sans expérience. Il a une relation remarquablement pleine de succès avec Richard Lang qui semble aimer avoir Fraser sur le plateau.

    Il reste qu'il me semble toujours très jeune, même si j'imagine que les fils semblent toujours plus jeunes qu'ils ne le sont dans les yeux de leur père, mais à vingt-quatre ans il est jeune. Il est cependant très calme, simple, et a de bonnes compétences de capitanat en lui. Ce serait un bon gars à avoir près de soi quand la maison brûle ou que la voiture tombe en panne au milieu de nulle part. C'est pareil sur un plateau de tournage, et ça le servira bien un jour quand il décidera d'être réalisateur.

    Fraser and Charlton discussing a scene from Mountain Men.

    http://www.agamemnon.com/_pagesAbout/fraser.php

    Je dois dire que je trouve en lui en tant qu'écrivain, des qualités que je trouve également en lui en tant que fils. Il est honnête, appliqué, plein de bonnes intentions et d'empathie. Je le respecte pour cela en tant qu'auteur et je l'aime en tant que fils.»

     

    Faire le film n'a pas toujours été une partie de plaisir, ceci dit. Charlton m'a dit :

    « L'un des problèmes de La Fureur sauvage est que Martin Ransohoff, qui m'avait promis qu'il laisserait Joe Canutt s'occuper des scènes d'action, n'a pas tenu parole et a laissé un réalisateur sans expérience issu de la télé s'en charger. Lang ne savait pas comment s'y prendre. La seule scène qu'ait dirigé Joe Canutt est celle des rapides qui était terrifiante. Ce serait indécent que je me vante de cette scène vu que je ne l'ai pas jouée moi-même. Joe Canutt l'a faite, mais il aurait dû gérer toutes les scènes d'action pour que Lang puisse se concentrer sur les acteurs. Malheureusement, ça ne s'est pas passé comme ça.

    J'ai l'impression qu'il y a eu trop de dépenses dans ce film. C'était un très bon script, mais certains des meilleurs éléments ont été supprimés. »

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    La Fureur sauvage n'a pas réussi à  être à la hauteur des attentes qu'avaient Heston junior et senior. « Tout cinéaste a un bébé qu'il voit détruit, » dit Charlton. « La Fureur sauvage a été le mien. »

    Charlton marchait à grands pas autour du tombeau égyptien, ses fameux genoux épuisés par le voyage, sous un pantalon kaki . Derrière lui suivait Susannah York, les yeux exorbités en admirant d'anciennes reliques jusqu'à maintenant oubliées. La voix d'Heston était pleine d'émerveillement en parlant de sa grande découverte, le tombeau d'une princesse égyptienne.

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    Sauf que ce n'était pas l’Égypte, c'était le studio Lee International de Londres, et Heston et Susannah York tournaient une scène de La Malédiction de la vallée des rois1. Je regardais, en retrait. Quelqu'un m'apprit que le conseiller technique sur le film, un petit homme qui n'arrêtait pas de s'agiter, pouvait vraiment lire les hiéroglyphes couvrant les murs du faux-tombeau à l'intérieur du studio.

    Charlton finit sa scène et s'avança vers moi. C'était la troisième fois que je le rencontrais. Je l'avais vu auparavant pour la promotion de The Actor's Life, et avant cela pendant la tournée pour La Bataille de Midway. Il était bien plus à l'aise avec moi qu'auparavant et me conduisit à sa loge. Avant, j'avais été un journaliste parmi une succession d'intervieweurs, un journaliste qui n'avait plus que trente minutes d'interview. À ces différentes occasions, sa lassitude de devoir répondre à des centaines de questions (dont la plupart avaient déjà été posées) toute la journée était perceptible.

    Or, cette fois, il était plein d'engouement pour son travail actuel, et enclin à en parler :

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    « Je joue un archéologue anglais et on me demande de vieillir de 43 à 61 ans pour les besoins du rôle. Je suppose que je me suis taillé une petite réputation d'être le seul Américain qu'ils laissent jouer un Anglais ! Je dois dire que j'en suis bien content puisque cela me donne des opportunités pour des rôles que l'on ne m'offrirait pas, sinon. C'est également un rôle intéressant parce qu'il y a une période de dix-huit ans qui s'écoule, ce qui est très difficile à atteindre pour un acteur. Pour trente ou quarante ans, il suffit d'enfiler une perruque et une barbe blanche et on est bon, mais rajeunir de dix-huit ans est quelque peu délicat.

    Ce matin, je joue la partie jeune. Il s'agit surtout de mettre un très joli maquillage autour des yeux et de foncer les cheveux grisonnants au niveau des tempes. Pour les parties où je dois être plus vieux, on a creusé les rides déjà présentes mais qui doivent être plus profondes. On a aussi assombri les orbites et mis beaucoup plus de gris dans les cheveux, et ça a l'air satisfaisant.

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    Ça a été compliqué de venir juste après avoir terminé La Fureur sauvage (nous en avons un peu parlé ensemble la dernière fois qu'on s'est vu) et à peine six jours après avoir été plongé jusqu'au cou dans des rivières à castors, une barbe, de longs cheveux roux et des vêtements en cuir sale pour jouer un Américain des montagnes dans les années 1830, je me retrouvais en robe à l'université de Londres à donner un cours d'archéologie. C'était un long chemin à parcourir, bien plus long que celui entre les montagnes du Wyoming et Londres. Le voyage intérieur était le plus long, mais maintenant, j'y suis habitué.

    Ils ont engagé un très bon réalisateur-acteur (qui est en vérité Gallois) appelé Hugh Thomas pour m'aider à travailler mon accent britannique.

    Même pendant le tournage dans le Wyoming, ma femme Lydia m'a dit : « ne devrais-tu pas travailler ton accent britannique ? » Si j'avais dû commencer à travailler mon accent avec un magnétophone aussitôt rentré à la maison encore habillé de peau de daim, je me serais effondré. J'avais un accent différent pour La Fureur sauvage et en essayer un nouveau pendant le tournage aurait gâché les deux films. »

     

    Quand Heston est détendu comme ça, il n'est pas difficile d'obtenir de longues réponses intéressantes (voire même des affirmations) de lui. Il me raconta combien il était impressionné par Mike Newell, le réalisateur du film, surtout étant donné que c'était son premier film. Sachant toute l'autorité qu'il a sur et en dehors du plateau de tournage, je lui ai demandé s'il cherchait à être dirigé, surtout par un petit nouveau comme Mike Newell. Il dit :

     

    « Oh, il faut vouloir être dirigé, même sur la scène qui est la patrie de l'acteur. Je n'ai jamais entendu un acteur dire qu'il n'aimait pas être dirigé. S'il y en a un qui le dit, il est complètement cinglé. On ne peut pas se diriger soi-même.

    Être acteur n'est que de la poudre aux yeux, de toute façon, bien sûr. C'est le moins significatif de tous les arts parce qu'il n'a aucune existence matérielle. On ne peut pas prendre une simple bande de film à part et dire qu'elle est merveilleuse. Il faut la faire tourner parce qu'elle n'existe que dans le temps. On ne peut pas la modifier du tout. Avec un livre, une pièce ou une statue, il y a un objet concret. On peut le modifier. On ne peut pas en dire autant d'une performance d'acteur. On ne peut pas avoir la moindre certitude et on ne peut donc qu'essayer… tout à tâtons. C'est comme essayer d'assembler un objet les yeux fermés. Ce n'est qu'un enchaînement de tentatives et d'échecs, et on ne peut pas l'examiner de trop près au risque que rien ne fonctionne. Pour toutes ces raisons, on a désespérément besoin de quelqu'un pour dire que c'était bien, que ça ne l'était pas, ou qu'on pourrait faire autrement. On a besoin d'avoir le sentiment qu'on peut essayer tout ce que l'on veut, et laisser quelqu'un donner forme et presser la performance, recommencer et ainsi de suite.

    À chaque fois que je joue quelqu'un, qu'importe qu'il ait existé ou non, j'aime d'abord trouver à quoi il ressemblait, les vêtements qu'il porte, sa voix, sa façon de marcher. Je ne peux pas trouver l'intérieur d'un personnage si je n'en connais pas l'extérieur. D'autres acteurs m'ont dit « je dois d'abord trouver l'intérieur » ce qui m'a l'air plausible. Ça m'aide cependant à trouver sa personnalité si j'ai des éléments auxquels me rattacher, comme le genre d'uniforme militaire qu'il porte, le genre de bottes. Ces bottes sont en vérité très vieilles. Ce sont mes bottes de tir. Elles ont au moins dix-huit ans, et je les porte parce qu'elles sont très confortables et quand on se rend en Égypte, il y a des rochers à escalader, et je les ai aussi choisies parce qu'elles passent bien avec le rôle. J'ai regardé beaucoup de photos d'archéologues et étudié les vêtements qu'ils portaient. Quand mon choix s'est porté sur ces bottes, ça m'a donné quelque chose sur quoi me baser, et je porterai les mêmes bottes quand il retournera dans le désert en homme  plus âgé, mais je ne porterai plus de short parce qu'il est censé avoir soixante-et-un ans. »

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    Le film en lui-même suivait le scénario traditionnel de ces vieux films de momie. La princesse qu'ils avaient découverte se réincarne en fille d'Heston, jouée par Stephanie Zimbalist, la fille d'Efrem Zimbalist Junior et vedette de la télévision dans Les Enquêtes de Remington Steele2.

    Toute l'équipe et tous les techniciens tenaient évidemment Heston en grande estime, et la jeune Stephanie était vraiment en adoration devant lui.

     

    « J'adore travailler avec Heston. Il va être impeccable dans ce film. Je me souviens quand j'avais douze ans, j'ai vu Ben-Hur, c'est l'un des deux meilleurs films que j'ai jamais vu, et j'ai eu le gros béguin pour Charlton Heston.

    Il joue un personnage dans celui-là, pas comme un rôle masculin principal dont il a l'habitude. Il est très audacieux, il n'a pas peur d'être trop gros, et je l'admire pour cela. C'est aussi un homme gentil. Tous les bons acteurs ne sont pas nécessairement gentils.

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    J'en apprends beaucoup rien qu'en l'observant, tout comme en écoutant les questions qu'il pose qui ne me seraient jamais venues à l'esprit, comme où est le bas du cadre parce qu'il a une lampe-torche et que c'est sous le cadre, personne ne la verra. De petites choses aussi simples ne me seraient jamais venues à l'esprit. Bien sûr, il est dans le métier depuis bien plus longtemps que moi. »

     

    J'ai fait une autre visite au studio une semaine plus tard  et j'ai trouvé Heston jouant le personnage plus âgé. Tout le maquillage dont il avait parlé était là et il était en quelque sorte voûté par l'âge, lui donnant un air un peu fatigué très efficace. Il m'a dit qu'il avait gagné tellement d'argent avec ses films précédents qu'il pourrait prendre sa retraite dès maintenant s'il le voulait.

    « Alors pourquoi ne pas le faire ? » lui demandé-je.

    « parce qu'être acteur, c'est ma vie, » me répondit-il.

    Il m'a également dit combien il avait hâte de retourner en Égypte. « Je n'y suis plus allé depuis le tournage de Khartoum, » dit-il, « et j'ai hâte d'y retourner. C'est un pays remarquable, et avec ce scénario, on ne pouvait pas jouer les scènes sans y être. »

    Pendant environ un mois, l'équipe de La Malédiction de la vallée des rois travailla là-bas, en partie dans le mondialement célèbre musée du Caire, mais surtout dans la chaleur caniculaire de la vallée des Rois. Pour me faire une idée de combien il faisait chaud, il me dit bien plus tard : « la température montait jusqu'à 55 degrés, et quand, pour prendre dans ses mains une fourchette, il faut d'abord la refroidir dans l'eau pour pouvoir tourner, alors on peut dire qu'il fait chaud ! »

    Le Meilleur Parcours de Train Électrique

    Il avait cinquante-six ans, pourtant il continuait de courir une heure tous les matins, jouait toujours au tennis et courait toujours après les meilleurs rôles que pouvait lui offrir le théâtre. En 1979, il était de retour dans la robe de Thomas More pour un nouveau succès retentissant de A Man for all Seasons de Robert Bolt. Pour lui, revenir à des pièces comme celle-ci ou Macbeth était une progression. Il devait améliorer sa performance à chaque fois qu'il la donnait, il pouvait mesurer ses progrès en tant qu'acteur en rejouant ces personnages. Il cherchait encore à devenir l'acteur qu'il pensait ne pas être encore devenu. D'après lui, il doit repousser ses limites, même s'il ne savait pas encore ce qu'étaient ces limites tout simplement parce qu'il ne les avait pas atteintes. Il imagine que si ou quand il y arrivera, il sera temps d'arrêter, mais étant le perfectionniste qu'il a toujours été, il ne sera jamais satisfait, et il le sait.

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    En 1980, il continuait d'élargir encore son horizon, cette fois en incarnant un personnage qui avait déjà été fait des millions de fois : Sherlock Holmes. La pièce à Ahmanson était Crucifer of Blood. Son succès mena à une offre qu'Heston estime plutôt radicale. Il dit :

    " Ils voulaient que je fasse Crucifer of Blood à la télévision. J'aimais le rôle, mais ne c'était pas le genre de truc qui marcherait en tant que film (du moins, je ne le croyais pas). Donc quand l'offre de télévision arriva, j'ai demandé : « combien de jours ? » Ils ont répondu : « 21. » « Seulement 21 ? » ai-je demandé. Le film que j'ai fait, le plus court de ma carrière,  était La Soif du mal avec Orson Welles qui est un type plutôt malin, et il nous a fallu 39 jours. Je leur ai dit que je ne pouvais pas tirer le meilleur de moi-même en 21 jours ; pas autant que si je le pouvais, disons, en 46 jours.

     

    Par ailleurs, aux états-Unis, moins en Angleterre, il y a ce sentiment que le public ne va pas regarder des acteurs dans une pièce de théâtre à la télévision, quand ils peuvent les voir sur leurs écrans, dans une série. En un sens, ça a l'air ridicule. Un de mes films doit être à la télévision quelque part, tous les soirs de la semaine.

    Je continue de gagner ma vie en faisant des films, et je fais partie du groupe des chanceux qui maîtrise avec qui on travaille, comment, etc. Je ne vais pas vraiment prendre le risque de perdre tout cela, même si c'est pour jouer Sherlock Holmes."

     

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    A SUIVRE...

    1The Awakening

    2Remington Steele