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1 - BIBLIOGRAPHIE - Page 13

  • 17 - KHARTOUM : HISTOIRE D'UN HOMME HORS DU COMMUN

    Publié le 31 janvier 2017

    MAJ le 13 septembre 2019

     

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    L’affiche française du film, telle que les spectateurs la découvrirent en 1966 !

    Dans le cœur de nombreux admirateurs de l’acteur-artiste qu’est Charlton HESTON, un film comme Khartoum semble occuper une place particulière car il est le premier rôle de britannique dans sa pourtant déjà longue carrière, et c’est également son premier film à disposer d’un casting totalement anglais : on y trouve en effet Laurence OLIVIER, Ralph RICHARDSONNigel GREEN, Richard JOHNSON (rien que ça !), pour encadrer CHUCK dans le rôle de Charles GORDON, dit " le chinois ", figure historique légendaire pour les Anglais, au même titre que Laurence d’Arabie plus tard. Ce Charles GORDON, qui avait servi en Crimée, bataillé pour l’empereur de Chine, réussi à supprimer l’esclavage au Soudan et, en général obéi pendant toute sa carrière à ses propres règles plutôt qu’à celles de l’establishment militaire britannique, ne pouvait qu’intéresser l’homme HESTON, lui-même admirateur de ces fortes individualités qu’il appelle « the extraordinary men ».

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    L’excellent Richard JOHNSON dans le rôle du colonel STEWART, adjoint de GORDON. Ce fut le début d’une grande amitié avec CHUCK, et ils tournèrent encore quatre fois ensemble.

    Quand il reçoit le script de Khartoum, il pense d’abord refuser ce nouveau projet épique car il sort d’une longue période en costumes et ne veut pas replonger dans un énième film spectaculaire. C’est le scénario extrêmement précis et documenté de Robert ARDREY qui va le décider à changer d’avis. Il découvre peu à peu derrière la façade de l’officier rigide et loyal, un personnage plein de profondeur et d’humanité, un chrétien mystique pour qui la solution militaire ne suffit pas, et que n’effraie aucunement la peur de la mort, mais celle de l’échec. Mieux informé sur l’homme GORDON et fasciné par le courage d’un homme capable de se sacrifier pour une cause qu’il trouve juste, CHUCK va, avec le professionnalisme qu’on lui connaît, totalement s’approprier l’allure, le visage et la voix d’un officier anglais de la fin du XIXème siècle, s’astreignant à un coaching vocal très pointu pour que son accent anglais, et non celui d’un américain, se rapproche de la perfection. Ce souci d’authenticité sera d’ailleurs très apprécié en Angleterre, où le film fera plus tard un très gros succès.

    Cependant, si GORDON est la figure principale de son scénario, Robert ARDREY a eu l’excellente idée de lui opposer un protagoniste à sa mesure, choix dicté par le simple respect de la vérité historique, puisque GORDON ne fut envoyé à Khartoum que pour contrer la révolte locale menée par un « fou de Dieu » très en avance sur ceux de notre époque, un homme du désert qui se faisait appeler le « Mahdi » (celui qu’on attendait), et qui projetait de porter la parole du prophète dans toutes les mosquées d’Orient. Pour jouer ce personnage tout aussi habité par sa foi que l’était GORDON, le plus grand acteur anglais de l’époque, Laurence OLIVIER, s’imposait comme un choix évident. Barbu, grimé, et s’étant pourvu d’une diction arabisante totalement différente de son phrasé habituel, OLIVIER sera un adversaire et un concurrent de premier choix pour CHUCK, qui dira avoir beaucoup appris de leur rencontre.

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    « Le jour où l’empereur de Chine cessera d’être un infidèle, j’accepterai ce cadeau somptueux. » Voilà ce que dit le « Mahdi » (Laurence OLIVIER) à GORDON (Charlton HESTON), lors de leur première entrevue. Dans la réalité, les deux hommes ne se rencontrèrent jamais.

    Un autre aspect important du scénario est le refus absolu de ARDREY de tomber dans le piège du film de prestige à la gloire de l’empire britannique. Il dénonce au contraire l’hypocrisie d’un système prêt à tout pour défendre ses intérêts dans le canal de Suez, mais surtout pas à secourir une population en danger, quitte à sacrifier GORDON sur l’Autel de leurs bonnes intentions. Vision clairvoyante et très avant-gardiste, surtout pour un film destiné à un grand public. Ralph RICHARDSON, parfait dans le rôle de GLADSTONE, incarne avec brio les contradictions de l’homme politique tiraillé entre ses sentiments personnels et la raison d’Etat.

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    Arrivée de GORDON à Khartoum, accueilli comme un sauveur. Cette scène émut grandement CHUCK et lui rappela l’entrée dans Valence lors du tournage de « EL CID ».

    Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de KHARTOUM un grand film : le sujet, le scénario, les interprètes et, pourtant, une légère frustration demeure quant au résultat final. La cohérence et la rigueur ne font jamais défaut à ce film, la reconstitution est de qualité, la musique de Franck CORDELL est envoûtante… On peut juste regretter qu’avec un tel projet, un metteur en scène comme Anthony MANN ou David LEAN n’ait pas été aux commandes plutôt que le trop sage Basil DEARDEN. Ce cinéaste de la qualité anglaise (1911-1971), n’était peut-être pas l’homme qu’il fallait pour donner à Khartoum le souffle épique nécessaire. Très à l’aise dans les scènes d’intérieur et la direction d’acteurs, il l’est moins quand il s’agit d’animer l’écran par du mouvement et du rythme, même si la seconde équipe menée par Yakima CANUTT fait plus que le job. D’ailleurs, CHUCK dira lui-même de son travail : « je crois pouvoir dire que c’est le seul film que je considère comme très bon, dont je pense que la réalisation n’est pas la qualité principale ». On ne peut qu’approuver cette lucidité, surtout quand on connaît le degré d’exigence du personnage.

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    Dénouement tragique du film : fidèle à ses convictions, GORDON refuse de se défendre et fait face aux fanatiques, armé de sa badine et de son seul courage.

     

    Tourné de manière logistiquement complexe mais sans réelles difficultés, en partie en Egypte, puis en Angleterre, KHARTOUM sera un très grand succès en Grande-Bretagne (ce qui suffira d’ailleurs à couvrir les frais de production), mais fera un score moyen aux USA, où le public habituel de CHUCK sera désemparé par ce personnage. Déçu par le résultat commercial global, CHUCK n’en conservera pas moins une affection sincère à ce film tout sa vie. On peut le comprendre, car c’est un de ses plus beaux rôles, où il fait preuve d’une finesse de jeu exemplaire pour camper cet être complexe à la fois orgueilleux, généreux, et habité par une foi inébranlable.

    Auteur : Renaud
    Script-girl : Cécile

     

  • LA DERNIERE LETTRE DE CHARLTON HESTON A MICHAEL MUNN

    Michael Munn a présenté sur son journal FACEBOOK, cette dernière lettre qu'il a reçue de Charlton Heston en 2004. Il m'a donné l'autorisation de la publier ici. Je le remercie sincèrement . Je publie également le petit échange de messages que nous avons eus à ce sujet. 

    Il est à noter que Charlton Heston avait annoncé au monde sa maladie, deux années avant cette lettre et je pense que c'est très émouvant de la lire. Michael la conserve très précieusement. 

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    MICHAEL MUNN : "The last letter I had from Charlton Heston. Much treasured."

    La dernière lettre que j'ai  de Charlton Heston. Très précieux.

     

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    MA TRADUCTION

    "J’ai été ravi d’avoir de vos nouvelles après si longtemps. Je suis d’autant plus heureux de savoir que votre production d’ANTOINE ET CLEOPATRE a connu un tel succès. Merci de me l’avoir dit. Je m’intéresse à ce que vous avez fait pour la production. C’est ce qui se passe depuis que Shakespeare a écrit cette pièce il y a si longtemps.


    Je suis touché que vous me donniez crédit de votre incursion dans le monde de Shakespeare. Avec votre intérêt pour la littérature, je pense que vous l’auriez découvert vous-même.


    Je vous souhaite bonne chance dans tout ce que vous faites.


    Cordialement,

    CHARLTON HESTON  "

     
    France Darnell Hi Michael ! What a beautiful precious document. Thank you for sharing it. I ask permission to publish on the blog. In advance, I thank you for it. Have a nice weekend.
     

    Bonjour Michael ! Quel beau document précieux. Merci de l'avoir partagé. Je vous demande la permission de publier sur le blog. D'avance, je vous en remercie. Bon week-end.

    France Darnell Thank you Michael. It will be done. Astonishing document, especially since on the date of this letter from Chuck, we know he was sick. Charlton Heston was a gentleman.
     
    Merci Michael. Cela sera fait. Document étonnant, surtout qu'à la date de cette lettre de Chuck, nous savons qu'il était malade. Charlton Heston était un gentleman.
     
    • Michael Munn France, his secretary told me that he never sent emails. He carried on corresponding in the old fashioned way until he was unable to do it.
       
      France, sa secrétaire m'a dit qu'il n'avait jamais envoyé de courrier électronique. Il a continué à correspondre à l'ancienne jusqu'à ce qu'il soit incapable de le faire.
  • 16 - LA PLANETE DES SINGES : HISTOIRE D’UN RETOUR AU SOMMET ( 3ème partie & fin )

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    « JE ne pense pas que le film aurait pu être aussi puissant et en même temps drôle, s’il n’était pas porté par les musculeuses épaules de Charlton HESTON , car il représente l’archétype de l’Amérique qui gagne et de sa puissance, mais il est aussi cet Adam américain parfait qui peut permettre d’exprimer une forme de culpabilité propre à notre peuple ».

    Cet article de Pauline KAEL, redoutable critique du NEW YORKER, paru en février 1968 au moment de la sortie du film, met bien en valeur, en quelques mots, à la fois l’image classique (mais partiellement fausse) que les Américains peuvent à l’époque avoir d’une de leurs « icones », mais aussi les questionnements que le film de SCHAFFNER fait plus que sous-entendre, et que la critique américaine « intellectuelle » va spectaculairement prendre à son compte, surtout quand PLANET OF THE APES va, à la surprise générale, faire un triomphe !

    Pourtant, quand le «  CHUCK » se rend à la première du film à New York, il est loin de se douter du triomphe qui attend l’ouvrage, et sa première préoccupation est de savoir si les spectateurs ne vont pas rire un bon coup devant les malheurs de son Taylor martyrisé par des singes ! Lui qui n’a pas eu de « hit » majeur depuis finalement EL CID et moindrement FIFTY FIVE DAYS IN PEKING, qui vient de passer sept ans à incarner des personnages tourmentés et difficiles ( ce qui contredit d’ailleurs le point de vue premier de Miss KAEL) sans que son Michel-Ange, son Gordon ou son Chrysagon aient beaucoup ému le public américain, en est à un point de sa carrière où, disons- le, l’erreur n’est plus tellement possible s’il souhaite conserver son statut de « mégastar » !

    Il sait déjà que son WILL PENNY tant chéri ne risque pas de faire un malheur au box-office, et NUMBER ONE, mis un peu de côté pour privilégier la sortie de APES, ne s’annonce pas non plus comme un film à grand public, tout repose donc sur ce curieux « space-opera » ou son image de héros en prend un sacré coup pendant une heure quarante, sans aucune «  happy-end » pour rétablir la balance, et c’est même le contraire, du fait d’une fin parfaitement négative qui ne caresse vraiment pas le public « pop’corn » dans le sens du poil…

    Mais le public «  pop », oui !

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                                      Car PLANET OF THE APES, par l’étrangeté de son propos, les allusions philosophiques, le point de vue progressiste sur les dangers que court la planète, et l ’utilisation de HESTON à contre-emploi,( « hero turned to zero » selon Renata ADLER du New-York Times) va justement déclencher une véritable passion collective, touchant certes les spectateurs déjà sensibles au travail de l’acteur, donc plutôt la «  middle class » américaine à tendance démocrate, mais aussi et surtout, la masse de jeunes, les collégiens et étudiants, et tous les opposants, hippies ou autres, à un système dont, pour eux, HESTON n’était pas tout à fait l’incarnation comme un John WAYNE abhorré par les pacifistes et libéraux, mais quand même partie prenante !

    Et ce sont ces mêmes jeunes, représentants d’une très grosse partie de la jeunesse américaine, ceux qui ne croient plus dans les valeurs de l’oncle Sam, ceux qui militent contre la guerre du Vietnam, ceux qui dans un an feront du festival de WOODSTOCK un évènement planétaire, ce sont les non-violents et les marginaux qui vont se retrouver dans ce film généreux et clairvoyant, mais pas marginal ou subversif pour autant, et faire de HESTON, à son corps défendant ( si j’ose dire) un symbole de leur «  contre-culture » !

    Richard ZANUCK avait cru bon de se voiler la face en niant tout contenu politique à ce qu’il considérait au départ comme un pur divertissement, mais ce sont bel et bien le côté insolite et la parabole philosophique du scénario de WILSON, appuyant l’idée que si l’homme se retrouve en bas de l’échelle, c’est parce qu’il l’a bien cherché, qui vont en quelques mois, faire de APES un triomphe local puis planétaire, et redorer le blason de sa vedette…

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    A l’âge de quarante-cinq ans, donc à un moment ou en général, la plupart des acteurs se disent qu’ils ont mangé leur pain blanc, voici donc HESTON redevenu un « hot box-office darling », le tout vêtu d’un simple pagne pendant la majeure partie de l’opus, flanqué d’une partenaire féminine qui ne dit pas ( et pour cause ) un seul mot, avec pour seule victoire au final, le fait d’avoir toujours eu raison quand à sa vision cynique de l’humanité !

     

    On ne saura d’ailleurs jamais vraiment à quel point l’homme HESTON, même s’il est encore un démocrate convaincu à l’époque, aura pu apprécier le fait de se retrouver propulsé au rang d’icône de la contre-culture, et ce serait pousser le bouchon un peu loin que de penser qu’il a pu approuver les critiques délirantes du moment au sujet du film, notamment celle de ADLER dans le « New York Times » écrivant en substance que le film de SCHAFFNER  «  est un ouvrage anti-guerre » et un tract libéral de science-fiction, inspiré d’un roman du français BOULLE, pas un grand film du tout, mais une œuvre amusante et caustique, visiblement opposée à toute forme d’establishment » !

    Quoiqu’il en soit, dans un pays ou le commerce et l’image, même fausse, sont rois, CHUCK va profiter sans sourciller de ce regain de popularité, et franchement, après la longue traversée du désert de ce moderne MOISE, qui pourrait bien lui en vouloir ? après tout, il s’est battu deux ans pour ce projet, et même s’il n’y perçoit pas toutes les idées progressistes dont beaucoup se régalent, il sait que l’idée première d’un irrémédiable déclin de l’humanité si on n’y prend pas garde, lui reste chère et c’est tout ce qui importe !

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    Il va donc enchainer les émissions TV et radio, apparaitre sur de nombreuses couvertures de magazines, passer au fameux Johnny CARSON SHOW en mars, puis au non moins notoire Ed SULLIVAN SHOW, accepter une tournée de promotion en EUROPE alors que Lydia subit de récurrentes migraines, et constater avec bonheur que le film bat des records d’affluence partout sur le continent, notamment en FRANCE …

    Il y aura pourtant un revers à la médaille, c’est que devant le succès incroyable du film, Richard ZANUCK qui est avant tout un homme d’affaires, va bien sûr flairer la bonne occase et échafauder rapidement un nouveau projet, «  BENEATH THE PLANET OF THE APES » destiné , avec des moyens inférieurs, à profiter des retombées financières du premier volet ! Il se heurtera d’abord au refus de l’acteur de participer à une suite qui selon ses termes, « n’a aucune valeur créative »,alors que la présence du personnage TAYLOR est évidemment indispensable pour assurer le liant entre les deux épisodes…

    On connait la suite : reconnaissant que sans le concours de ZANUCK, il n’y aurait pas eu de film du tout, HESTON acceptera finalement de participer à cette réalisation de son ami Ted POST pour témoigner à Dick de sa gratitude, mais à la condition expresse que son personnage meure dès le début ; en fait, cajolé par le décideur, Chuck, garçon généreux et influençable, jouera au bout du compte trois scènes importantes, dont sa mort à la fin ,mais en y ajoutant une idée personnelle, celle de l’ultime explosion atomique, croyant du coup supprimer toute possibilité de séquelle…

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    Mais nous savons maintenant qu’il n’en sera rien, et que l’original donnera lieu à trois autres suites de qualité plus que discutable, les scénaristes hollywoodiens ne manquant jamais d’imagination quand il s’agit d’exploiter un filon !

    Le triomphe de APES, conjugué avec celui du très sérieux et surtout moins « lisible » 2001 de KUBRICK, va d’ailleurs provoquer un retour en grâce de la science-fiction au cinéma, mais cette fois sur l’échelle des « big budgets » et non celle de la série B dans laquelle le genre s’étiolait depuis des années ; c’est en effet, finalement, à ces deux films fort différents mais passionnants, que l’on doit, avec ses bons et moins bons côtés, le renouveau d’un genre méprisé par les décideurs, qui donnera lieu dans un proche avenir à la série des STARS WARS et aux divers ALIEN de Ridley SCOTT .

    A la différence que, contrairement à PLANET OF THE APES qui ne se contente pas d’être un divertissement, la plupart des nouveaux produits du genre seront avant tout des œuvres destinées à distraire et procurer de l’évasion à leur public, mais très peu d’entre eux dépasseront le stade du «  good time movie » pour proposer une vision du monde, ou à tout le moins une réflexion sur le devenir de notre planète…

    Et c’est là que l’on prend pleinement conscience de l’importance du film de Messieurs SCHAFFNER, HESTON et JACOBS, car on ne peut qu’associer, avec le recul, les trois personnages ; même si certains effets spéciaux ou décors peuvent paraitre aujourd’hui un peu «  démodés », la puissance, l’intelligence et la beauté plastique de ce film « différent » restent intactes et continuent à nous interpeller avec force, cinquante ans plus tard ; peu importe que les tendances de l’époque aient pu récupérer à bon compte le propos du film sans que ce soit vraiment justifié, l’essentiel n’est pas là !

       L’essentiel, c’est l’image d’un homme à demi-nu, interprété par un des plus grands comédiens de ce siècle, pleurant de rage devant une statue enlisée dans le sable, comme un rêve américain échoué sur le rivage ,par la faute de la folie meurtrière des hommes, sans espoir de rédemption pour toutes les erreurs commises.

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    Comment, en ce début ô combien difficile du 21ème siècle, ne pas s’identifier à la colère désespérée de George TAYLOR ?

     

     

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    A CECILE, plus que jamais.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • UNE BONNE NOUVELLE

    Il y a quelques semaines, j'ai reçu un courriel qui m'a agréablement surprise, venant  de Monsieur Christophe C. (traducteur). Nous avons commencé à échanger quelques courriels et je lui ai demandé l'autorisation de publier ses écrits. Il m'a autorisée à le faire. 

    Voici donc un condensé des quatre courriels de Christophe, qui ne pourront que réjouir les hestoniennes et les hestoniens que nous sommes.

    Je tiens à le remercier sincèrement pour les bonnes nouvelles qu'il nous donne. C'est bon de savoir que je ne travaille pas pour rien, à la mémoire de ce grand acteur qu'était Charlton Heston. 

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    Un petit mot pour vous dire que j'aime beaucoup votre site ! Je le lis avec beaucoup de joie. J'ai été chargé d'un texte sur "Khartoum", en accompagnement du blu-ray devant sortir à la rentrée. Pris par le temps, je n'ai malheureusement pas pu faire un portrait complet du magnifique Charlton, ayant dû me concentrer sur le film. Mais j'ai mis votre site en "bibliographie".

     Je n'avais même pas idée qu'un site français aussi complet pouvait exister sur Heston. Je ne crois pas qu'un site aussi complet existe sur un acteur de cette époque ! C'est assez extraordinaire, quel travail. Je suis aussi un fan de Heston, je peux tous les ans voir "Ben-Hur" avec la même fascination que j'avais quand j'étais gamin. Un de mes plus grand souvenirs de ciné reste la projection au cinéma de "Ben-Hur" sur un écran géant, avec l'entracte apéritif, présenté avant et après par un prof de cinéma. Il y avait d'ailleurs, chez moi, à Strasbourg, il y a deux semaines, une projection en plein air de "Soleil vert", qui est dans mon top 3 de ses films ( j'ai eu la joie d'écrire dessus dans un autre petit bouquin), mais je n'ai pu y aller car je bossais sur "Khartoum".
     
    Je n'ai malheureusement pas pu faire un texte à part sur Heston, j'ai été trop débordé et ai voulu insister sur le film et le scénariste. J'aurais voulu écrire sur ses apparents paradoxes et le pourquoi de son image. J'aurais alors écrit sur votre site et vous aurais contacté pour ça. J'avoue qu'au fond l'image m'indiffère, seuls restent ses films ! mais ça aurait été bien de faire quelques mises au points. Un autre contributeur va écrire sur le réalisateur et peut-être se faire interviewer pour parler de Heston et de l'auteur du film. Les textes sont actuellement en lecture  par l'éditeur du tout.
     
    Pour "Khartoum", Heston est fabuleux. J'ai lu des biographies et textes sur le vrai Charles Gordon, sur la façon dont il a été considéré selon les époques. Le bonhomme était apparemment pleins de paradoxes et bien barré, pour l'écrire ainsi. Eh bien, j'ai été bluffé de voir que Heston avait intégré tout ça dans son jeu, de manière muette et implicite, car le film ne voulait et ne pouvait pas insister sur ça. Incroyable !
     
    Je lis peu à peu le bio traduite de Munn, bravo. Et j'ai celle de Marc Eliot.
     
    Quant à mettre votre site en bibliographie de ce texte, c'est normal selon mon point de vue de chercheur, car ça m'a "nourri" et car ça me faisait plaisir. Mais qui lit les bibliographies ? 
     
     
    J'ai un ami traducteur qui me dit que pour être un bon traducteur, il faut surtout être bon en français, savoir parfaitement manier la langue de Molière, car on ne traduit jamais littéralement, car il faut toujours retomber sur ses pattes.
     
    Formidable d'avoir réussi à traduire toute une biographie ! Je n'ai jamais vu ça pour un site.
     
    De Heston, en plus de "Khartoum", vont sortir "Le Triomphe de Buffalo Bill" et "Les Boucaniers" d'ici la fin de l'année, si j'ai bien vu.
     
    Bravo pour votre collection de Heston, spécialement pour ses premières apparitions télé dans les dramatiques diffusées en direct, ce sont des pièces de collection ("Peer Gynt"!!). Je ne savais pas du tout pour son Mengele, ça a l'air d'être une sacrée histoire, écrivez dessus, ça pourrait être intéressant pour votre site : son image devait-elle être protégée à son insu ? On a souvent écrit qu'il ne jouait que des personnages impeccables, eh bien, pas du tout, il s'est échiné à jouer des personnages souvent débordés par leurs sentiments et leurs milieux, comme le général Gordon et tant d'autres (j'ai un faible pour "Will Penny").
     
    Le petit livre - Khartoum, le dernier rempart - est parti en impression. Il y aura un bonus vidéo inédit, un dialogue à deux, tourné à la Cinémathèque française, avec Jean-François Rauger et Jean-François Baillon qui tournera notamment autour de Heston et Olivier.
     
    Vous pouvez publier ce que vous voulez.
     
     

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    Voici les dates de sorties des films cités dans cet article. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir enfin en réédition certains films de Charlton Heston. 
     
    LE TRIOMPHE DE BUFFALO BILL : le 9 septembre 2019 
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  • 15 - LA PLANETE DES SINGES Histoire d’un retour au sommet ( 2ème partie)

    «  Je viens d’apprendre que la FOX a décidé de donner le job de chef opérateur à Leon SHAMROY pour “APES” , pendant que de son côté UNIVERSAL a retiré à Ralph NELSON le montage de «COUNTERPOINT », les deux choix me semblent être de grossières erreurs, j’ai appelé Herman ( CITRON) à ce sujet et il m’a entendu ! »

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    En date du 6 mars 1967 dans ses «  Journals » cette petite «  entry » de l’artiste, qui arrive toujours à policer par écrit ses moments de colère noire, indique clairement à quel point il est à l’époque engagé dans tous les aspects du «  processus créatif » autour d’un film, et même dans le cas présent, de plusieurs à la fois ! Comme nous l’avons déjà souligné, l’acteur est dans une période difficile ou peu de ses projets, en gros depuis 63 , ont rencontré la faveur du public, et c’est pourquoi il attache de l’importance à tous les aspects de la production ! la mise à l’écart de son ami NELSON le scandalise d’autant plus qu’il n’est pas vraiment persuadé de la valeur du film, et l’arrivée de SHAMROY aux commandes de la photo de APES l’inquiète au plus haut point parce que cet ancien d’HOLLYWOOD a selon lui en partie ruiné le travail sur «  THE AGONY AND THE ECSTASY » en prenant un temps considérable à éclairer le plateau, enlevant du coup aux comédiens beaucoup de temps de travail …

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    On en est en effet arrivé au moment tant attendu par JACOBS et HESTON de la concrétisation d’un rêve, et la distribution des rôles à tous les niveaux de la production est donc capitale ! sur ce point, à part le triste abandon du « space ship » par Eddie ROBINSON pour raisons de santé, tous les signaux sont au vert ; HESTON , toujours ravi d’être entouré de comédiens de talent, se réjouit de la présence de Roddy Mac DOWALL, ex-enfant prodige d’HOLLYWOOD, au palmarès impressionnant vu qu’il a commencé sous la férule de John FORD, de celle de Kim HUNTER, grande spécialiste de Tennessee WILLIAMS, et aussi de celle de Maurice EVANS, qui l’avait impressionné en prêtre déluré dans «  THE WAR LORD » … Le point commun entre ces acteurs brillants étant qu’ils jouent tous des singes, et seront donc grimés au moyen de maquillages époustouflants de John CHAMBERS, à tel point qu’un cadre de la FOX déclarera non sans ironie : «  à quoi bon payer une fortune pour des acteurs dont on ne va jamais voir le visage ! »

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    (Photo extraite du livre : " La Planète des singes " toute l'histoire d'une saga culte de Joe Fordham et Jeff Bond)

    https://www.ebay.fr/sch/i.html?_from=R40&_trksid=m570.l1313&_nkw=toute+l%27histoire+d%27une+saga+culte+la+plan%C3%A8te+des+singes+de+Joe+Fordham+et+Jeff+bond&_sacat=267

    Celui dont par contre on va voir constamment l’auguste faciès sait parfaitement, et ce depuis qu’il a pris la mesures du scénario cette fois bien défini avant tournage de STERLING et WILSON, à quel point ce « APES » peut être un véritable «  turning point » pour son image et sa carrière ; il a accepté le projet parce que ce n’est pas un simple « space opera » de plus, mais bel et bien un conte philosophique sur le devenir de l’humanité, une « satire à commentaire social » selon ses propres termes, qu’il comparera pertinemment aux « VOYAGES DE GULLIVER » de Jonathan SWIFT, et il entend bien que cet aspect de l’histoire reste présent dans le résultat final ! de même qu’il se retrouve à endosser le costume d’un personnage totalement différent de ceux qu’il a pu interpréter auparavant, et c’est ce qui le captive au plus haut point ; ce Georges TAYLOR, astronaute et scientifique américain qui se retrouve sur une planète inconnue après avoir quitté la Terre en 1972, a certes quelques points communs avec d’autres « characters » joués par lui avant, et il a effectivement souvent joué des individus complexes, cyniques, parfois antipathiques ( DIAMOND HEAD, DUNDEE, COUNTERPOINT récemment) mais aucun d’entre eux ne se rapproche de ce savant désabusé et disons-le, totalement misanthrope qu’il va incarner…

     

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    La première scène, un monologue de TAYLOR sur le point de quitter la Terre, va donner le ton du film et situer le personnage, puisqu’il évoque avec noirceur l’état de la planète qu’il laisse sans regret, une planète ou l’homme laisse mourir de faim les enfants de son prochain tout en continuant à faire la guerre, propos que l’acteur nuance avec maestria, se demandant pour finir s’il n’y a pas, quelque part dans l’univers, une forme de vie meilleure… mais cette introduction, qui aurait pu se limiter à n’être qu’un «  pitch » racoleur, va être développée avec rigueur tout au long du film, sans perdre de vue que TAYLOR reste un « outcast » un paria qui a renoncé à l’humanité parce qu’il ne croit plus en elle…Le héros de BEN-HUR, de EL CID ou le prophète éclairé de TEN COMMANDMENTS, porteur de valeurs humaines ou religieuses rassurantes, est devenu ce philosopheur barbu, moqueur et sans pitié pour l’establishment qui l’a pourtant façonné : il est celui qui se gausse de son collègue LANDON et de la statue qu’on a bien pu construire pour lui « back home » en son honneur, celui qui rit à gorge déployée devant le spectacle dérisoire d’un petit drapeau américain en papier planté par ce même astronaute, il est celui qui ne supporte pas ses « frères » humains, et donc pour HESTON un vrai challenge, incarner ce qu’il n’est pas !

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    Il va donc s’y employer le mieux possible, effectuant des variations sur son timbre de voix basse habituel pour exprimer au mieux l’ironie et la méchanceté du personnage lors de la ( capitale) première demi-heure du film, ce passage clé de l’ouvrage, essentiel pour SCHAFFNER ! Contrarié par l’attitude de ZANUCK qui à ce moment précis envisage de réduire le budget, le «  metteur » défend bec et ongles son point de vue, selon lequel il faut absolument soigner ce long préambule.

    «  si ça ne fonctionne pas, le film est mort » dira t’il pour justifier le temps consacré à ces séquences merveilleuses de découverte d’une planète «  inconnue » par les trois astronautes, que l’on revoit toujours avec la même fascination cinquante ans plus tard, à coup sûr le travail d’un « grand » que HESTON avait bien fait d’imposer …

    Cela étant, il s’agira bien du seul véritable «  accrochage » pendant ce tournage de deux mois ( mai-août 1967) où HESTON se verra par ailleurs soumis à un déluge de « violences » physiques tout à fait supérieur à tout ce qu’il aura pu expérimenter jusqu’ici ; fait prisonnier par les singes, maitres de la planète, le voilà considéré comme un animal au même titre que les « humains » qui sont devenus les esclaves et les souffre-douleurs d’une nouvelle race dominante, et là c’est l’image classique du HESTON héros américain idéal, qui va en prendre un coup ; battu, lapidé, mis en laisse, dénudé devant la cour de justice et d’une façon générale, toujours mis en infériorité, il redevient peu à peu, le seul garant du savoir et de la culture humaine qu’il avait pourtant reniés au départ, subtile nuance qui aura, également, plus qu’échappé aux décideurs …

                                                                                           

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    «  Il me semble qu’il y a rarement eu une scène dans ce foutu film où je ne me suis pas retrouvé traîné par les pieds, lapidé, étouffé, fouetté, piétiné, pourchassé, matraqué, arrosé, mis dans un filet, bref généralement maltraité ! comme me le soulignait Joe CANUTT tout en réglant une scène de combat : » tu sais Chuck , je me souviens qu’à une époque, ou avait l’habitude d’en sortir vainqueurs ! »( JOURNALS, 19 juillet 67)

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    Un autre aspect intéressant du tournage sera l’importance donnée, contre l’avis de SCHAFFNER, au personnage de NOVA, la jeune « subhumaine » rencontrée par TAYLOR et qui le suivra pendant toute l’aventure, sans prononcer une seule parole, ce qui n’est pas plus mal car la jeune Linda HARRISON, à la plastique irréprochable, est davantage mannequin que comédienne et doit sa participation au film à deux facteurs de taille : elle est la petite amie de Dick ZANUCK ( ça peut aider) et Raquel WELCH et Ursula ANDRESS ont refusé le rôle, ce qui est aussi bien, vu le froncement de sourcils qu’une telle perspective aurait pu provoquer chez Lydia HESTON …

    « J’aime toutes les idées de Frank , on peut dire que tout cela est «  vraiment intéressant » ;Je pense que Roddy, Kim et Maurice sont formidables ;James WHITMORE en particulier est un orang-outan remarquable ( je ne sais pas à quel point il apprécierait ce compliment) ; Linda H a ses problèmes, mais Frank s’arrange pour qu’elle reste presque immobile dans ses scènes, ce qui semble fonctionner »  (JOURNALS, 16 et 20 juin 67)

    Et on va donc en arriver tranquillement au «  climax » du film, qui a toujours été la motivation première de JACOBS et d’HESTON, à savoir la découverte par TAYLOR de ce qui a été sous-entendu tout au long du film, et ne saurait être un « spoiler »pour celles et ceux qui vont nous lire et connaissent bien le sujet ; en effet, cette planète ou le singe semble descendre de l’homme et non l’inverse, c’est bien sûr notre bonne vieille Terre finalement ravagée par un conflit atomique de trop, et qui aura permis par sa destruction d’en arriver à ce cauchemar anthropologique …deux mille ans plus tard, le misanthrope TAYLOR , aux pieds de la statue de la Liberté à demi-enfouie sur une plage ne peut que clamer son dégoût et sa colère devant ce que l’homme a bien pu faire pour en arriver là, ce qui nous renvoie en toute logique à son monologue du début évoquant la bassesse et la profonde bêtise de ses contemporains…

    «  Mort ABRAHAMS ( producteur exécutif pour JACOBS) m’a entrainé dans une discussion peu constructive sur ce que je devrais dire ou pas dans mon dernier discours devant la statue de la Liberté.Je préfère dire le discours que j’ai écrit moi-même, et c’est ma seule chance de mettre du poids derrière ce choix,en plus, c’est la meilleure version possible sur les trois proposées ; je ne peux pas croire que le Code interdise de nos jours d’utiliser la phrase «  Dieu vous maudisse », alors qu’elle est plus qu’acceptable dans le contexte du discours, vu que TAYLOR en appelle littéralement à Dieu pour punir ceux qui ont détruit la civilisation ! » ( JOURLNALS, 3 aout 67)

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    Et oui, vous l’avez bien lu, c’est donc HESTON himself qui a construit ce fameux texte final, qui ne serait certes pas aussi déterminant si la mise en scène de SCHAFFNER sur la plage de ZUMA n’atteignait pas là son sommet d’inventivité, mais il n’en résume pas moins l’état d’esprit du comédien au moment de conclure ce passage important dans sa carrière ; toujours conscient du fait que l’Homme est finalement son unique ennemi sur cette terre, mais toujours animé d’une authentique foi religieuse, le citoyen HESTON pose là un point de vue fort et sans concessions, et ce à une époque de doutes et de violence qui menacent gravement l’équilibre fragile de la planète…

    On comprend d’autant mieux la passion qu’il a mis dans ce projet, où tout ce qui a été mis en œuvre allait dans le sens de ce « finale » époustouflant, et qui depuis est entré fort justement au Panthéon des mythes du 7ème art !

    Reste à découvrir , après deux ans de travail autour de cet OVNI filmique, comment justement il va être accueilli, et quelle sera son influence dans l’évolution du cinéma américain et dans la carrière de Chuck HESTON …

    «  je pense que c’est du bon travail, que ce film sera forcément, différent, et si le commentaire social a autant d’impact que le côté «  aventure exotique », il se peut que nous arrivions à retenir l’attention d’un vaste public » ( JOURNALS, 10 aout 1967)

    A Cécile ...

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    A SUIVRE...