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ADRIEN - Traducteur de Michael Munn - Page 6

  • 11 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    ...SUITE

    Les films de jeunesse

     8 ans avant de décrocher son Oscar, Charlton Heston était pris entre deux mondes. D'un côté, il y avait la scène à New-York où il pensait que n'importe quel acteur devait être – la scène, comme il le disait souvent, est « le pays de l'acteur » après tout, et le théâtre semblait ancré à jamais à New-York. D'un autre côté, il y avait Hollywood, les films et beaucoup plus d'argent – et la chance de devenir un acteur de renommée internationale. Il était déterminé à ne pas trahir la scène pour le grand écran mais il aspirait aussi à ce que l'écran avait à offrir, à savoir du travail, probablement plus de sécurité, et - s'il était vraiment chanceux – la célébrité, ou au moins du respect et de l'estime1 .

    La seule solution semblait être de garder un pied-à-terre à New York et d'avoir un appartement à Los Angeles. Au moins, ils pouvaient s'offrir un logement meilleur que celui sans eau chaude dans la "Cuisine de l'Enfer"², et ils s'achetèrent donc un appartement "plus classe" à New York en 1952. Ils ne le virent cependant pas beaucoup cette année-là - Heston étant toujours occupé à Hollywood. 

    L'idée de déménager à Hollywood ne réjouissait pas beaucoup Lydia. Elle était inquiète à propos du changement de style de vie et ne voulait pas sacrifier leur propre monde privé pour une vie clinquante et sans vie privée à Hollywood3. Elle raconte : « au début, je détestais Hollywood mais maintenant, je réalise que la moitié de cette haine venait de mon propre sentiment d'insécurité. Face à l'insécurité, on a tendance à rejeter un lieu et à dire que c'est un lieu horrible. En gagnant plus de confiance en moi, je me suis rendu compte que je ne détestais pas cet endroit tant que ça. » La plus grande partie de ses inquiétudes se calma quand elle devint amie avec la femme de Walter Seltzer, Lickey. Les Heston et les Seltzer sont restés des amis proches depuis cette époque.

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    Paramount était zélé quand il s'agissait de promouvoir Charlton Heston en tant qu'acteur de rôle héroïque et prépara une série de westerns pour lui dont le premier serait Le Fils de Géronimo4. Il jouait un homme blanc élevé par les Sioux dont la loyauté est déchirée entre les peaux-rouges et les hommes blancs. Si ça ne lui offrait pas vraiment un rôle exigeant, ça lui apportait une expérience professionnelle bienvenue en tant qu'acteur de cinéma. Il était surveillé par le regard vigilant du réalisateur Georges Marshall qui, même s'il n'était pas de la même trempe que John Ford, était une valeur sûre pour faire un western bourré d'action, et il amena l'équipe de tournage et les acteurs dans les belles Black Hills du Dakota du Sud pour tourner Le Fils de Géronimo.

    Le printemps de cette année-là, en 1952, les Heston firent un tour en Europe, une initiative de Paramount qui voulait qu'ils fassent la promotion du film de De Mille. Ils allèrent à Londres et découvrirent le Dorchester Hotel sous le charme duquel ils tombèrent et où ils célébrèrent leur huitième anniversaire de mariage. Ils étaient à Rome quelques semaines plus tard, découvrant pour la première fois les merveilles de la Ville Éternelle, parmi lesquelles le restaurant d'Alfredo où ils célébrèrent l'anniversaire de Lydia.

    Ils n'auraient jamais cru à ce moment-là qu'ils reviendraient à Rome, chez Alfredo, seulement quelques années plus tard pour l'un des rôles les plus prestigieux de Charlton Heston.

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    De retour à Hollywood, Heston accepta une offre de King Vidor : être l'acteur principal au côté de Jennifer Jones dans La Furie du désir5 à la Twentieth Century-Fox. Vidor coproduisit et réalisa cette œuvre torride dans les marais du Sud. Vidor remplit le film de sexualité à travers la délicieuse Miss Jones, qui jouait une jeune fille qui décide de se venger quand Charlton Heston la plaque pour épouser une fille riche. Ceci dit, il n'est intéressé que par son argent, et espère pouvoir avoir droit aux terres de sa famille. Vidor avait auparavant dirigé le torride Duel au soleil6 et inclus dans son film beaucoup d'éléments mal vus qui firent de ce grand western un si gros succès. Quand Jones inonde les terres d'Heston, il se venge en la violant, réveillant étrangement leur relation amoureuse. Heston n'est pas tant héroïque que fier et sournois, bien assorti avec la super-sirène  Jones, créant une atmosphère électrique.

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    Lydia tournait également dans des films. En 1952, elle apparut avec Gene Barry dans Le Vol du secret de l'atome7, réalisé par Jerry Hopper. Pendant ce temps, Charlton Heston sentit qu'il était temps de « refaire son passeport pour le « pays des acteurs » et alla aux Bermudes pour jouer Macbeth. La pièce était dirigée par l'acteur Burgess Meredith qui venait de réaliser le film L'Homme de la tour Eiffel8 et un certain nombre d'autres pièces. Heston trouva sa direction « pleine d'imagination » et adora ce rôle qu'il décrivit comme « tueur d'homme. » En effet, à part Marc-Antoine peut-être, Macbeth est le rôle Shakespearien préféré de Charlton, voire même son rôle préféré tout court. En jouant Macbeth, il a cependant été témoin de la malédiction redoutée supposée frapper à chaque fois que cette pièce est jouée. Il y eut surtout cette fois où un motard le percuta, mais ses blessures n'étaient pas suffisantes pour l'empêcher de jouer. En fait, il n'a jamais été absent à une représentation ou une journée de travail de sa vie, que ce soit pour mauvaise santé ou pour une quelconque autre raison. Il n'aurait pas laissé quelque chose comme un coup de mou l'empêcher de travailler.

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    Heureusement, Charlton était rarement malade, et quand il l'était, c'était rarement plus grave qu'un rhume. Il restait en bonne santé grâce à un entraînement régulier, un match de tennis par jour, et si la grippe le frappait pendant qu'il travaillait, ça avait tendance à l'énerver et à le mettre de mauvaise humeur. Il ne supportait pas d'être interrompu dans son travail par quoi que ce soit, il vivait et travaillait avec beaucoup d'exigence pour tout, lui donnant la réputation d'être une des personnalités les plus professionnelles du milieu [du cinéma]. Cependant, tandis que certains louaient son attitude, d'autres prenaient la vie avec plus de légèreté et échouaient à correspondre à des exigences qu'il n'imposait pas seulement à lui-même, mais qu'il espérait voir respectées également chez les autres. Des problèmes similaires se reproduiront un peu plus tard dans sa carrière, mais à ses tout débuts, Charlton Heston était connu pour être à cheval sur le professionnalisme.

     

    Dans l'ensemble, en 1952, Charlton Heston n'était pas le genre d'acteur recherché avec enthousiasme par les grands studios comme garantie de faire un carton pour leurs plus prestigieuses et plus ambitieuses productions. De ce fait, il n'y avait pas grand-chose d'autre à choisir que des mélodrames ou des films d'action mais il ne pouvait pas se satisfaire d'être à peine plus qu'un homme de tête apportant une alchimie au film. Il était à la recherche de quelque chose de plus difficile pour lui en tant qu'acteur et trouva une mine d'or quand Fox le reprit dans ses studios pour incarner son premier rôle historique pour un film – Andrew Jackson dans Le Général Invincible, inspiré du beau roman d'Irving Stone.

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     A SUIVRE...

     

     

    (Lydia Clarke Heston avec Gene Barry dans "ATOMIC CITY" 1952)

      

    Le texte dit « respect and recognition », respect et reconnaissance [de la qualité de son travail]

    Hell's Kitchen, Clinton, ou encore Midtown West sont les différents noms qu'on donne à un quartier de l'arrondissement de Manhattan à New-York. Différentes étymologies ont été proposées, mais il suffit de retenir que le quartier avait la réputation d'être malfamé et dangereux.

    Le texte original dit « the open-book razzamatazz of tinsel town », difficile à traduire.

    « open-book » = qui ne laisse pas place à la vie privée

    « razzamatazz » = une mise en scène impressionnante

    « tinsel town » (orthographe moderne tinseltown) = (jargon) Hollywood

    The Savage 

    5 Ruby Gentry

    Duel in the Sun 

    The Atomic City

    The man on the Eiffel Tower

  • 10 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

    Publié le 20 juin 2018

    MAJ le 3 juillet 2018

    Deuxième Partie

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    Meilleur acteur

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    Depuis 1927, les stars du cinéma, les techniciens, les scénaristes, les réalisateurs, les compositeurs, les directeurs artistiques, les acteurs pour un second rôle, les producteurs et autres employés et artistes du monde du cinéma s'offraient l'expérience annuel d'entendre si leur nom allait être dit pendant la cérémonie des Oscars. Pour les nominés, cela peut être difficile, parfois humiliant, mais souvent bon pour l'ego. Par contre, pour tous ceux qui gagnent, à quelques rares exceptions, c'est un moment de gloire suprême que celui où ils reçoivent la statuette en or plaqué de 35 centimètres1. Cette dernière est la récompense ultime en cinéma, offerte aux artistes par leurs pairs et généralement convoitée par tous ceux qui n'ont jamais travaillé dans l'industrie du cinéma.

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    Le simple fait d'être nominé est une inestimable distinction, mais en recevoir un est un triomphe incomparable. Chaque nominé a rêvé de ce triomphe ; c'est pourquoi ils viennent toujours avec un discours... juste au cas où.

    C'est en se préparant de la sorte, avec de telles idées, de telles attentes et de telles espoirs que Charlton Heston s'est retrouvé, en 1960, assis au milieu de ce somptueux public, écoutant la liste interminable de nominés dans chaque catégorie, suivie par le paroxystique nom du gagnant. Il a essayé de ne pas s'emporter, mais cela avait été six semaines pleines de suspense depuis que son agent publicitaire Bill Blowitz l'avait appelé pour lui annoncer qu'il était nominé comme Meilleur Acteur pour Ben-Hur. C'était déjà une grande émotion de savoir qu'il était nominé et il savait qu'il avait donné le meilleur de lui-même dans ce long film de trois heures et demi. Il s'était cependant forcé à ne pas croire qu'il pourrait réellement gagner l'Oscar. Il essaya de ne pas le désirer ardemment2.

    Le voilà assis, sa main moite serrée dans celle de Lydia. La nuit avait été glorieuse pour Ben-Hur, nominé dans 12 catégories. Il se sentit quelque peu agité par la fierté à chaque fois que ceux impliqués dans le tournage de ce film se retrouvèrent à se frayer un chemin jusqu'à la scène pour recevoir le petit bonhomme doré. Ben-Hur domina la cérémonie des Oscars de 1960, et Chuck vit un sourire rayonnant de joie aux lèvres du réalisateur William Wyler en entendant le titre de sa super-production être le nom dans l'enveloppe du vainqueur presque à chaque fois.

    Oscar des meilleurs effets visuels : A. Arnold Gillespie et Robert McDonald ; effets sonores, Milo Lory – Ben-Hur.

    Oscar du meilleur mixage de son : Franklin E. Milton – Ben-Hur.

    Oscar du meilleur montage : Ralph E. Winters and John D. Dunning – Ben-Hur.

    Oscar de la meilleure création de costumes d'un film en couleur : Elizabeth Haffenden – Ben-Hur.

    Oscar de la meilleure photographie (couleur) : Robert L. Surtees – Ben-Hur.

    Oscar de la meilleure direction artistique : William A. Horning et Edward Carfagno ; Fabrication des décors par Hugh Hunt – Ben-Hur.

    Oscar de la meilleure musique de film dramatique ou comique : Miklós Rózsa3Ben-Hur.

    Oscar du meilleur acteur dans un second rôle : Hugh Griffith – Ben-Hur.

    Ce fut une déception que Ben-Hur n'ait pas reçu l'Oscar du meilleur scénario adapté pour lequel il avait été nominé4, et aucune actrice ne fut nominé pour Ben-Hur. L'Oscar de la meilleure actrice dans un rôle secondaire revint à Shelley Winters pour Le Journal d'Anne Frank5 et celui de la meilleure actrice à Simone Signoret pour Les Chemins de la haute ville6.

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    Susan Hayward, avec qui Heston avait travaillé quelques années plus tôt dans un film appelé Le Général invisible7 et qui était une de ses amies, monta sur scène, serrant l'enveloppe où se trouvait la carte avec le nom d'un acteur dessus. En ouvrant l'enveloppe, elle retira la carte, peut-être y eut-il quelque chose sur son visage qui trahit le secret avant qu'elle ne lise le nom, mais soudain, Heston eut le sentiment que le nom qu'elle allait lire serait le sien.

    Elle annonça le vainqueur.

    « Le meilleur acteur est Charlton Heston pour Ben-Hur. »

     

    A SUIVRE...

    1 13 pouces et demi dans le texte original

    2 Le texte dit « He tried not to hunger for it », signifiant littéralement « il essaya de ne pas en être affamé ».

    « Miklos Rozsa » dans le texte original.

    Le texte original dit simplement « Best Screenplay » (meilleur scénario), sans préciser si c'est le scénario original ou adapté. Nous rétablissons donc la distinction pour la traduction.

    5 The Diary of Anne Frank

    6 Room at the Top

    The President's Lady

  • 9 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    Hollywood

    Depuis que Charlton Heston avait aidé David Bradley pour les préparatifs de son adaptation en film muet 16mm de Macbeth, les deux diplômés de Northwestern avaient parlé de faire d'autres films shakespeariens. Heston ne voulait jouer dans aucun film en règle générale : Les acteurs de théâtre regardaient avec mépris les acteurs de cinéma, et les acteurs sérieux travaillaient à New-York, pas à Hollywood. C'était un concept étriqué qu'Heston adopta immédiatement pour prouver qu'il n'était rien sinon sérieux. Pourtant, quand vint la chance d'adapter Shakespeare au cinéma, il fut intéressé, même si ce devait être une des productions amateurs en 16mm1 de Bradley. Au moins, cette fois, il y aurait du son2.

    Les deux pièces les plus envisagées pour une tentative d'adaptation étaient soit Jules César, soit Hamlet. Laurence Olivier fit alors son Hamlet3 sur celluloïd4 ce qui régla la question : ce sera Julius Caesar. Charlton pourrait enfin jouer le rôle qu'il avait convoité depuis qu'il avait vu Sir Godfrey Tearle le jouer en compagnie de Cornell dans le rôle de Cléopâtre : Marc-Antoine.

    Avec un coût de 11.OOO$, Jules Cesar est, d'après les mots d'Heston, « un des plus remarquables films indépendants que je connaisse ». Bradley a produit, réalisé et joué le rôle-clé de Brutus. Bradley a intelligemment utilisé de vrais bâtiments comme décor, tel que le Chicago's Museum of Science and Industry5 qui lui servit de forum romain. Les autres acteurs venaient de troupes de théâtre locales et de stations de radio de Chicago auxquelles Heston rendit visite juste pour cette entreprise bénévole.

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    Chicago's Museum of Science and Industry

    La plupart des acteurs semblaient être un peu petits pour leurs costumes. Les casques romains et les plastrons semblaient trop larges pour eux, mais Heston, bien que toujours maigre, était magnifique dans son armure romaine. Avec son visage il avait l'air de sortir tout droit du passé. Charlton Heston commençait déjà à paraître plus à l'aise dans un costume que dans des habits du XXème siècle.

    Ce n'était pas vraiment un film à visée commerciale et il n'eut pas de sortie annoncée aux États-Unis ni à l'étranger, mais il fut diffusé en 1950 dans de nombreux festivals et universités et obtint rapidement le statut de classique parmi les films indépendants6. L'un de ceux qui l'avait vu était un producteur de chez Paramount qui avait été impressionné par Heston dans Jane Eyre : Hal B. Wallis7. Il fut si impressionné qu'il alla à New-York, rencontra Charlton Heston et lui proposa un contrat pour une film.

    1 Lancé sur le commerce en 1923 par Kodak, le film 16mm avait l'avantage d'être bien moins cher et plus facile à transporter que le 35mm utilisé par le cinéma. Il devient le format du reportage et finit par se standardiser. Il reste pourtant le format du film amateur, et le 35mm reste le format standard du film de cinéma.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Format_35_mm

    http://cinememoire.net/index.php/numerisation-de-films/petite-histoire-des-formats-de-films

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Format_16_mm

    2 Le 16 mm devient sonore en 1932.

    3 Sorti en 1948, c'est le deuxième volet de la trilogie shakespearienne de l'acteur-réalisateur avec Henry V et Richard III.

    https://www.imdb.com/list/ls031350542/

    4 Si ce terme désigne à l'origine une matière extrêmement inflammable utilisée dans la production des pellicules cinématographiques, il désigne également la pellicule de 35mm en anglais. Le lien ci-dessous met en évidence cet emploi.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nitrocellulose#Applications

    https://www.telegraph.co.uk/culture/film/film-news/8975284/Hollywood-says-goodbye-to-celluloid.html

    5 Le musée des sciences et de l'industrie de Chicago a d'abord été un musée des Beaux-Arts, érigé en 1893 à l'occasion de l'exposition universelle. Son style architecturale dit « Beaux-Arts » vient prendre ses inspirations d'anciens styles, notamment le style antique. Sa conversion en musée des sciences date de 1933.

    6 « an underground classic » dans le texte original. Underground signifie littéralement « souterrain ». Par extension, une œuvre dite « underground » est une œuvre qui ne fait partie d'aucun circuit officiel ni d'aucune institution.

    7 Hal B. Wallis (1898-9 – 1986) est un producteur américain. Ayant produit plus de 400 films en 40 ans, il a construit sa légende avec des films comme Le Petit César (1931) ou Les Aventures de Robin des Bois (1938).

     

    Charlton Heston n'avait pas été totalement ignoré par les studios de cinéma. Ces derniers mois, un certain nombre d'entre eux l'avaient approché avec des contrats-types de studio, espérant obtenir de lui une exclusivité pour eux. Il n'en avait cependant pas besoin : il voulait jouer dans des pièces et à la télévision. Cela dit, il reconnaissait également que le cinéma pouvait lui offrir un avenir plus sûr, car si un acteur parvenait à jouer dans un film, il pouvait rapidement devenir riche. Devenir riche n'était pas une idée qui dégoûtait Charlton.

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    À la demande pressante de Wallis, Charlton s'envola pour Los Angeles pour le rencontrer et discuter d'un potentiel contrat. Wallis convainquit deux sœurs, anciennes vedettes du cinéma muet, d'accueillir Charlton chez elles pour la durée de son séjour, et Charlton reçut les services d'un agent de premier ordre : Herman Citron. Citron réussit à négocier un contrat non-exclusif pour Heston avec Wallis, autorisant Charlton à faire des films avec d'autres studios et d'autres producteurs ainsi que de jouer comme il le voulait, dans les pièces au théâtre ou à la télé. Wallis était en fait un producteur progressiste qui reconnaissait que l'ancien système de contrat était mourant (il venait d'autoriser ses deux découvertes, Burt Lancaster et Kirk Douglas, à voler de leurs propres ailes). Il y avait maintenant une nouvelle génération d'acteurs qui refusaient d'être enfermés, pieds et poings liés, qui cherchaient plus qu'une carrière cinématographique, et Charlton Heston semblait être de cet acabit. Il devint donc l'un des tout premiers acteurs à ne pas être lié exclusivement à un seul studio.

    Quelques semaines après la signature, Charlton reprit l'avion de New-York à Los Angeles. Il voyagea seul, laissant Lydia à l'Est où elle jouait au théâtre. Charlton s'était considérablement empâté depuis qu'il avait tourné Julius Caesar. Il était même presque enrobé ; il dut faire attention à son poids pour les caméras de cinéma qui avaient tendance à donner l'air d'être obèse. Comme il avait grossi, il fit fondre la graisse superflue en s'entraînant tous les jours et était réellement inquiet si son poids dépassait les respectables 200 livres1.

    Il atterrit à Los Angeles et fut accueilli par le chef de publicité de Wallis, Walter Seltzer, qui se trouvait au quai de débarquement à comparer le visage de tous les passants avec une photo de Charlton Heston. Seltzer allait offrir à Charlton une grosse promotion avant même qu'il ait fait La Main qui venge2, son premier film professionnel, produit par Wallis en personne.

    Maintenant qu'il était arrivé en ville, il était bon pour lui d'être vu, donc Seltzer l'emmena directement chez Romanoff où Charlton fut non pas surpris d'être remarqué mais de voir Spencer Tracy3 en train de manger des fraises.

    La vie d'acteur de cinéma ne s'est cependant pas toujours avérée être glamour. Charlton se retrouva à louer un appartement derrière le Grauman's Chinese Theater4 devant lequel se trouvent les célèbres pavés marqués des traces de main ou de pied de nombreuses stars. Le pâté de maisons où se trouvait l'appartement fourni à Charlton ressemblait quant à lui à un bordel. Il devint de plus en plus conscient du nombre de voisines locataires qui semblaient divertir un nombre effroyablement grand d'hommes dans leurs chambres. C'était une triste réalité de voir qu'Hollywood avait toujours été envahi par des prostituées, dont un grand nombre avaient rêvé de devenir actrices qui n'ont jamais été repérées, mais se sont tournées vers le plus vieux métier du monde pour vivre.

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    La Main qui venge était tourné à Paramount Studios et était un cas typique de film noir, un habile drame criminel dans lequel Wallis semblait se spécialiser. Heston jouait un escroc qui devient la proie d'un homme dont le frère s'est suicidé après s'être fait avoir par une arnaque d'Heston. Le rôle était délicat pour Heston car il devait réussir, on ne sait comment, à rendre ce personnage immoral et cynique suffisamment sympathique pour obtenir la faveur du public. Heston se souvient de son rôle :

    "Ce n'est vraiment pas un personnage intéressant, et il ne montre pas grand-chose pour nous convaincre du contraire. Il est juste légèrement entraîné dans un miteux trafic de jeux d'argent dans lequel il s'est lancé, et devient finalement une victime, un fugitif essayant de ne pas se faire tuer. C'est une juste fin pour lui.

    C'est tout ce qu'il y a à dire de ce rôle. Son seul point de vue est d'un cynisme injustifié. Il est toujours sceptique du fait de ses souvenirs de guerre, même si ce n'est pas une piste vraiment explorée [dans le film]. Je me souviens m'en être servi pour jouer ce rôle."

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    La partenaire à l'écran de Charlton était Lizabeth Scott5, une autre découverte d'Hal Wallis, et présentée par Paramount comme ressemblant à Lauren Bacall et Veronica Lake. Jack Webb jouait un camarade escroc d'Heston. Webb était alors une vedette de radio grâce à sa série Dragnet qu'il adapta plus tard à l'écran ce qui lui permit de devenir riche.

    Le réalisateur de La Main qui venge était William Dieterle, un nom légendaire d'Hollywood connu pour des classiques tels que Quasimodo6 avec Charles Laughton et Tous les biens de la terre7. Ses meilleures réalisations étaient cependant du passé et ses films dans les années 50 furent généralement ordinaires et oubliables. La Main qui venge était de ceux-là. Comme Heston le dit lui-même, « C'est le genre de film qu'ils font aujourd'hui à la télévision et qu'on appelle le film de la semaine.»

    Une fois le film fini, Walter Seltzer mit Heston dans un train pour qu'il traverse le pays afin de faire sa promotion et celle du film. Ils allèrent dans pas moins de 20 villes en moins de 4 semaines. L'exténuant programme de promotion échoua à convaincre le public d'aller voir La Main qui venge, mais elle raffermit l'amitié durable d'Heston et Seltzer.

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    À la fin de l'été, Charlton décida qu'il était temps de retourner à la maison à New-York, et il serait peut-être resté à l'Est s'il n'avait pas eu la chance de croiser fugacement Cecil B. De Mille, et si ce grand réalisateur n'avait pas été impressionné par la manière dont le jeune Heston l'avait salué.

    À peine quelques mois plus tard, Charlton apparaissait dans le somptueux film sur le cirque de De Mille, Sous Le Plus Grand Chapiteau du monde, et il sut qu'il ne pourrait pas vivre que sur la côte Est. Il dit :

    «Mon premier film était oubliable, bien que produit efficacement et professionnellement. Mon second film, sur le cirque, remporta l'Oscar et fut visionné par un nombre immense de personnes. En effet, il reçut plus de critiques positives qu'aucun autre film de De Mille. Je ne saurai pas dire ce qu'il se serait passé si le deuxième film n'était pas arrivé au bon moment, mais il m'assura une place d'acteur important suffisamment longtemps pour avoir d'autres opportunités, et c'est ce qui compte. Il faut rester parmi les têtes d'affiches et le haut du panier, et ce film sur le cirque me l'a permis8

    1 91 kilos

    2 Dark City

    3 (1900 – 1967) Un acteur américain alors très connu. Il a remporté deux oscars du meilleur acteur deux années consécutives : en 1937 pour Capitaines courageux et en 1938 pour Des Hommes sont nés. Il est connu pour son jeu réaliste et sa capacité à interpréter n'importe quel rôle. Un prix à son nom est créé en 1988 par l'université de Californie et sa fille, Susie Tracy : l'UCLA Spencer Tracy Award. L'institut du Film Américain (American Film Institute, ou AFI) l'a classé 9ème dans le classement des plus grandes légendes du cinéma américain.

    http://www.afi.com/Docs/100years/stars50.pdf

    https://www.imdb.com/name/nm0000075/awards

    https://www.imdb.com/name/nm2803604/bio?ref_=nm_ov_bio_sm

    https://www.youtube.com/watch?v=372trryQ7LY (voir la description de la vidéo)

    4 Cinéma inauguré le 18 mai 1927, il est classé monument historique-culturel de Los Angeles depuis le 5 juin 1968. Il est au 6928 Hollywood Boulevard, le long du Walk of Fame. C'est une des salles de cinéma les plus célèbres au monde.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Grauman%27s_Chinese_Theatre

    5 Né en 1922 et morte en 2015, cette actrice américaine est surtout connue pour ses rôles de femme fatale.

    6 The Hunchback of Notre Dame, 1939

    7 All That Money Can Buy, 1941

    8 Heston donne ici une métaphore sur le base-ball difficile à rendre. Une traduction plus littérale serait :

    « mais il m'assura une place d'acteur important, suffisamment longtemps pour avoir quelques tours au bâton, et c'est ce qui compte. Il faut rester parmi les joueurs sélectionnés, et en première division, et ce film me l'a permis. »

    A SUIVRE...

  • 8 - " Charlton Heston une biographie " de Michael MUNN - (traduction par Adrien P. )

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    New York

     

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    L'unique robinet ne faisait couler que de l'eau froide. Il n'y avait que très peu de place. Le loyer coûtait quarante dollars par mois, mais les cafards étaient fournis avec l'appartement. Ça n'avait pas meilleure allure vu de l'extérieur, situé au-dessus d'un magasin à la peinture bleue-sale et écaillée.

    Au moins, ici, dans la quarante-cinquième rue de ce qu'on appelle judicieusement la cuisine de l'Enfer à New-York1, Charlton et Lydia pouvaient vivre près du quartier des théâtres, et c'était tout ce qui comptait : être près de là où il y avait du travail. Seul problème : ils ne trouvaient pas de travail... mais ils ne se sont pas laissés abattre.

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    Comme le dit Lydia, « c'était, disons, pittoresque ! On ne remarque pas si la vie est dure ou non. Quand on est jeune, on aime la vie et on suit le rythme. »

    Regardant vers le sud sur Ninth Avenue depuis la 49th Street

    Hell's Kitchen (quartier Manhattan)

    Ils avaient tous les deux 22 ans et ils étaient heureux d'être à New-York, d'être à portée de marche des bureaux de casting, d'être vu par des agents et des directeurs de casting, mais seulement pour s'entendre dire « Ne nous appelle pas, petit... » et d'être presque ruinés sans encore mourir de faim. Ils mangeaient car Lydia réussissait à décrocher des emplois de mannequin. Charlton continuait ses tournées, s'habituant à ce qu'on lui ferme la porte au nez. Il n'a cependant jamais abandonné. Il savait qu'il y avait un rôle qui l'attendait au théâtre, quelque part, et donc quand David Bradley vint le trouver avec l'idée de filmer MacBeth et qu'il offrit à Heston le rôle principal, Charlton refusa. Il aida quand même Bradley à planifier le tournage ainsi qu'à concevoir les accessoires et à esquisser les costumes.

    Il s'avéra que ce fut la carrière d'actrice de Lydia qui commença à décoller. Charlton devint donc modèle. Il fut recruté par la Arts Students League2 pour poser nu dans les cours de modèle vivant en échange d'un dollar et demi par heure, plus du thé et des cookies gratuits.

    Charlton s'en souvient avec humour :

    « À l'époque, les mannequins masculins pour les étudiants en art devaient porter des petits slips de sport. Ma femme s'en sortait très bien en tant qu'actrice alors que ma carrière n'avait pas encore commencé, et elle me fit un petit slip gris en velours.»

     

    Tandis que Lydia continuait à travailler, Charlton continuait à être sans emploi. Il aurait dû être complètement démoralisé, mais il était encore très optimiste. Il continua de chercher, continua à voir se fermer des portes au nez. Il continua de s'occuper. Il avait dessiné pendant une grande partie de sa vie, et donc pendant que Lydia rencontrait le succès dans Detective Story, il restait à la maison à dessiner. Il montait parfois au Payne Whitney Hospital où un ami, Jolly West, travaillait en section psychiatrique, et quand il était de garde de nuit, ils jouaient ensemble aux échecs.

    Jolly West, qui finira par être un scientifique reconnu, était un des amis de Charlton durant ces années difficiles. Ce sont ces amis-là qui restèrent ses amis envers et contre tout. La plupart étaient dans la même galère : sans emploi, vivant dans de petits appartements, à élever des cafards. Pour eux, il était Chuck Heston, Chuck étant une altération américaine de Charlie, et c'était ce qui ressemblait le plus à un diminutif de Charlton. Au moins, personne ne pouvait confondre Chuck et Charlotte !

    Le premier noël de Charlton et de Lydia dans cet appartement à l'eau froide ne fut pas vraiment extraordinaire. Ils n'avaient tout simplement pas assez d'argent pour s'offrir de superbes cadeaux. Chuck a cependant réussi à amasser suffisamment d'argent pour acheter à Lydia un chapeau vert en laine. Ce n'était pas grand-chose, mais elle l'adorait parce qu'il l'avait acheté pour elle.

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    Le nouvel an leur offrit enfin du réconfort. Ce n'était pas Broadway, mais c'était un travail d'acteur. Ils se retrouvèrent à Asheville, en Caroline du Nord³, dans une pièce donnée au Thomas Wolfe Memorial Theater. Ils avaient prévu de ne jouer qu'une seule pièce, gagner un peu d'argent puis repartir à la conquête de Broadway, mais ils découvrirent à Asheville une toute autre attitude vis-à-vis des nouveaux arrivants. On écoutait et on respectait leurs avis, et ils y devinrent co-directeurs du Thomas Wolfe Memorial Theater en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ils restèrent donc quelques temps à jouer, diriger et même donner des cours. Ils firent six pièces au total, parmi lesquelles Kiss and Tell, State of the Union et leur dernière pièce là-bas, The Glass Menagerie.

    Ils retournèrent à New-York pendant l'automne de 1947, pleins de confiance et d'optimisme indéfectibles. Peu de temps après, Charlton parvint à être auditionné pour la prestigieuse Katharine Cornell Company qui montait à ce moment-là Antoine et Cléopâtre au Martha Beck Theater à Broadway. Il fut remarqué par Guthrie McClintic, l'époux de Cornell, qui dirigeait la pièce. Charlton lut les répliques de Proculeius4 dans le bureau de McClintic dans le RCA Building5. Il obtint le rôle, mais il n'eut pas l'impression que ce fut grâce à la moindre démonstration de talent pour le jeu d'acteur.

     

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    Première apparition sur scène de Charlton Heston dans "Antoine et Cléopâtre" en 1947 dans le rôle de Proculeius (je l'ai désigné sur la photo (personnage 1er à gauche sur les marches)

    « Je suis sûr que j'ai décroché le rôle parce que je mesure plus d'un mètre quatre-vingt-dix et que miss Cornell, comme la plupart des femmes de grande taille, aime être entourée d'acteurs de haute stature, » dit-il. Il eut le rôle néanmoins, et il avait hâte de sortir du hall de marbre pour appeler Lydia et lui apprendre la bonne nouvelle. La pièce rencontra un succès spectaculaire et fut jouée pendant sept mois, un record pour Antoine et Cléopâtre (Cette pièce est généralement considérée comme parmi les plus difficiles de Shakespeare à adapter à la scène).6

    Charlton ne l'apprit pas tout de suite, mais il faisait mal tous les soirs à Katharine Cornell qui interprétait Cléopâtre. Dans la scène où il l'enlève de son mausolée7, il devait la serrer contre sa hanche, et à chaque fois qu'il le faisait, son épée la frappait violemment à la cuisse. Il n'y avait pas pris garde jusqu'à ce qu'un soir juste avant la levée du rideau, le metteur en scène lui ordonna de rejoindre miss Cornell dans son dressing. Il se figea un instant, s'imaginant qu'il allait être renvoyé pour une raison ou pour une autre. Il se raisonna ensuite et se dit qu'elle ne renverrait pas elle-même qui que ce soit. Il s'imagina qu'elle allait peut-être tenter de le séduire. Il commença à transpirer.

    Il arriva dans sa loge et la trouva, sublime dans une robe de soie rouge. « Chuck, je veux te montrer quelque chose », dit-elle. Il déglutit tandis qu'elle ouvrait sa robe et dévoilait une énorme ecchymose sur sa cuisse. « Tous les soirs, quand tu m'enlèves dans la scène du mausolée, ton épée me tape. Penses-tu que tu pourrais la retirer pour cette scène ? » Heston eut un soupir de soulagement, assura qu'il pouvait puis se retira. Quand la pièce cessa d'être jouée, Chuck fut de nouveau un acteur sans emploi, et ça n'a pas fait de mal que la télévision vienne à lui.

    C'était alors l'âge d'or de la télévision en direct8, quand les pièces étaient jouées pour un large public, mettant la même pression aux acteurs et donnant le même sentiment d'accomplissement que le théâtre. Mais la télévision ne dupait pas les stars du théâtre parce que ça ne payait pas assez, et les stars de cinéma n'avaient pas le droit de passer à la télévision9. La télévision en direct se reposait alors surtout sur les jeunes talents, tant pour les acteurs que pour les metteurs en scène. Il y eut tout une génération de futures stars du cinéma et de réalisateurs qui se firent les dents sur la télévision en direct, et Charlton Heston en fit partie.

    Il décrocha un petit rôle dans Julius Caesar, une production dans laquelle les producteurs étaient déterminés à ne prendre que des acteurs ayant déjà joué Shakespeare à Broadway. Cela limita en fait leur choix puisqu’aucun grand nom du théâtre ne se serait abaissé à jouer à la télévision, ce qui fit que tous les acteurs étaient des inconnus comme Charlton Heston : ils avaient réussi des choses mais leurs noms n'étaient pas encore trop imposants.

    LES DEBUTS D'UN JEUNE ACTEUR PROMETTEUR

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    Photos extraites de ANTONY AND CLEOPATRA (1947) et JULIUS CAESAR (1950)

    Pendant une répétition, l'acteur qui jouait Brutus dut retourner chez lui à cause d'un mal de gorge. Le réalisateur demanda un volontaire pour lire les répliques de Brutus pour la journée pour permettre de répéter la scène de l'oraison funèbre. Charlton n'était pas du genre à décliner une offre — n'importe quelle offre — et il se proposa pour jouer Brutus pour la journée.

    Il enchaîna avec une saison estivale au Straw hat Theater de Mt Gretna, Pennsylvania, puis il alla à Boston à noël pour être la doublure du rôle principal de Leaf and Bough. Lydia était retournée travailler à New York. Elle lui envoya une ceinture et ils fêtèrent noël chacun de son côté cette année-là. La pièce était censée aller à Broadway, mais il y avait quelques soucis avec l'acteur principal. L'auteur invita Charlton pour boire un verre et, à son grand étonnement et son grand plaisir, lui dit « Peux-tu reprendre ce rôle dès demain ? » Il devint l'acteur principal le lendemain et le resta jusqu'à Broadway. Ce fut un moment important pour Heston, quand il grimpa sur la scène du Broadway's Cort Theater pour jouer le rôle principal.

    Les sommets vertigineux qu'atteignent les vedettes de Broadway ne font cependant pas long-feu : la pièce fut un échec et fut interrompu après trois séances.

    Cinq heures trente, heure de New-York. La lumière des caméras s'allume10. Charlton Heston se lance dans le rôle de Rochester dans Jane Eyre, diffusé en direct de la côte Est au centre Ouest. S'il foire une réplique, si le directeur Franklin Schaffner, assis à la cabine de contrôle, passe sur la mauvaise caméra, quarante millions de personnes le verront à la télévision. La côte Ouest reçoit deux heures plus tard ce que la tendance appelait la « hot line ». Quelque part dans sa maison à Hollywood, Hal B. Wallis regarda cette production de CBS Studio One, et il fut particulièrement impressionné par le grand garçon maigre qui jouait Rochester.

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    Pour Charlton Heston, Frank Schaffner, le reste des acteurs et de l'équipe de retour à New-York, le moment où la lumière rouge des caméras s'éteint et que la pièce est terminée est un instant exaltant et gratifiant. Ça en a valu la peine et on reçoit des félicitations de partout. Chuck est particulièrement ravi : c'est la première grosse production télévisée dans laquelle il jouait le rôle principal. CBS était anxieux à l'idée de lui donner plus, et il dut ensuite se préparer à jouer Heathcliff dans Wuthering Heights11. Il continua à jouer dans différentes productions de Studio One pendant un an et demi, parmi lesquelles The Taming of the Shrew12 où il incarnait Petrucio, et Macbeth dans le rôle-titre en compagnie de Judith Anderson, mis en scène encore une fois par Schaffner. 

    C'est une période enivrante pour Charlton. La couverture médiatique était quelque chose dont il avait à peine osé rêver. Jane Eyre donna naissance au début d'une longue collaboration et une amitié avec Frank Schaffner qui donna quelques-uns des meilleurs films d'Heston.

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    Il dit :

    " Je pense que nous étions tous les deux les chanceux diplômés de l'Âge d'Or de la télévision américaine, quand les émissions live comme Studio One et Playhouse 90 tournaient et que la plupart des gens percevaient comme le pinacle créatif de la télévision dans notre pays. Frank mit en scène beaucoup de ces productions, et en l'espace de 16 mois passés à New-York, j'avais joué Macbeth, Les Hauts de Hurlevent, Of Human bondage13 et Jane Eyre. C'était un apprentissage remarquable pour un jeune acteur".

    Malgré tout son enthousiasme et son optimisme en tant qu'apprenti, il devait relâcher toute la frustration qui vient avec le travail, et Lydia était celle qui la recevait. Rétrospectivement, Il ne s'excuse de rien. En effet, c'est toujours Lydia qui doit composer avec ses névroses14 quand il essaye de régler ses problèmes. Il reconnaît cependant que sans elle, il n'aurait jamais pu surmonter les problèmes que rencontrent un jeune acteur en difficulté.

    "Je pense que ça fait partie du travail de n'importe quelle épouse ou mari. Si les choses vont mal, que l'on assemble des voitures, que l'on dessine des plans de pont, que l'on dirige des symphonies ou que l'on joue avant-centre dans une équipe de football américain, notre compagnon devrait toujours être là pour aider.

    Une des principales responsabilités de Lydia dans ma vie a certainement été de m'aider dans mon travail. Elle a sans doute été le pilier central de ma vie. Elle a été là, à mes côtés pour me donner son soutien moral. Je ne sais pas ce qu'aurait donné ma vie ou ma carrière si j'étais resté célibataire, mais elle aurait été probablement solitaire, décevante et pleine d'anxiété."

     

    A SUIVRE ...

     

    1 Hell's Kitchen, Clinton, ou encore Midtown West sont les différents noms qu'on donne à un quartier de l'arrondissement de Manhattan à New-York. Différentes étymologies ont été proposées, mais il suffit de retenir que le quartier avait la réputation d'être malfamé et dangereux.

    2 Une école des Beaux-Arts de New-York

    ³ Ou plutôt Asheville. Un voyage de 1 109 kilomètres.

    4 Un personnage secondaire de la pièce, ami d'Octave Auguste.

    5  L'ancien nom du Comcast building. Nommé RCA Building de 1933 à 1988, puis le GE Building jusqu'en 2015, c'est l'un des gratte-ciels les plus hauts et les plus célèbres de la ville. On y trouve le siège et la plupart des studios de la NBC (un des plus gros groupes audiovisuels du pays), ainsi qu'un restaurant et une salle de congrès à son sommet. C'est encore aujourd'hui le huitième bâtiment le plus haut de la ville.

    6 En plus d'être longue (même pour Shakespeare), la pièce met en scène 34 personnages (sans compter les figurants). Certaines actions se passent à Rome, d'autres à Alexandrie, d'autres encore à Messine ou en Syrie. Scène en intérieur ou en extérieur, changement de décor entre les scènes dans un même acte... Ce ne sont là que quelques unes des difficultés que posent cette pièce pour l'adaptation sur scène.

    7 Acte V, Scène 2.

    8 Au début de la télévision, la diffusion en direct était en fait le mode de tournage le plus courant tant les moyens d'enregistrement étaient alors médiocres.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Diffusion_en_direct

    9 Les années 50 sont une période de crise pour Hollywood et le cinéma. Deux raisons à cela : le Maccarthysme et sa chasse aux communistes créent un climat de suspicion et met à la porte certaines stars de l'industrie (comme Charlie Chaplin). La deuxième raison est l'arrivée de la télévision qui, bien qu'à ses balbutiements à l'époque, menace de pouvoir remplacer le cinéma au fil des années. Il s'installe donc une réelle rivalité entre l'industrie du cinéma et celle de la télévision.

    http://www.lecinema.free.fr/htm/par_annee/annees50.htmhttps://

    www.cineclubdecaen.com/analyse/cinemaamericaindesannees5060.htm

     

    10 Ce qui signifie qu'elles enregistrent.

    11 Les Hauts de Hurlevent, roman d'Emily Brontë.

    12 La Mégère apprivoisée, pièce de Shakespeare.

    13 Servitude humaine, roman du britannique William Somerset Maugham.

    14 Des névroses qui n'ont probablement encore rien à voir avec Alzheimer. Il ne sera diagnostiquer que quelques années plus tard.

  • 7 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    AMOUR ET GUERRE 

    ... SUITE

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    « Les enfants sont les personnes les plus conventionnelles au monde », dit Heston. « Pour eux, il est plus important que tout de se conformer, et j'étais toujours une sorte d'excentrique. J'ai donc été amené à être indépendant. »

    Il était également très réaliste en reconnaissant les embûches qu'on rencontre en voulant devenir acteur. Mais c'est ce qu'il voulait, et il était prêt à tout pour y parvenir. Il dit :

    Comment pouvais-je imaginer à dix-huit ans que je pourrais gagner ma vie en tant qu'acteur ? J'étais suffisamment intelligent pour savoir qu'on ne pouvait pas espérer mieux que de se frayer un chemin en creusant avec les ongles5. Mais je devais penser que j'allais réussir, sinon je n'aurais pas réussi.

    Un acteur a besoin de confiance en soi parce que, comme le dit merveilleusement Arthur Miller en parlant d'un vendeur, « il va dans la vie en dépendant d'un sourire et du cirage de ses chaussures ». Si tu étudies pour un rôle et qu'on te demande « penses-tu que tu peux le faire ? », mieux vaut que tu crois que tu le peux, parce que si toi tu ne le crois pas, personne ne le croira."

     

     

    Il s'assit seul dans le train, son ventre se tordait à l'idée de faire face aux parents de Lydia. Il détestait toujours rencontrer des gens, et il savait que cette rencontre était importante. Maintenant que leur romance était plus qu'un amour d'université, Lydia se dit qu'il était temps qu'il rencontre ses parents, et elle s'arrangea comme il se doit pour qu'il vienne leur rendre visite pendant les vacances d'hiver.

    Il remonta de Chicago au Wisconsin et arriva à Two Rivers pour trouver le village sous une couche de neige. Il trouva la petite maison étroite, peinte en vert, où vivaient les Clarke. Dehors, Lydia, coiffée d'un chapeau en laine rouge, déblayait la neige de l'allée. Elle l'amena à l'intérieur pour rencontrer ses parents, et toute son inquiétude s'évapora bien vite. Le froid était dehors et il fut réchauffé par leur accueil et se sentit comme chez lui .Il se sentit encore plus chez lui dans la campagne aux alentours de Two Rivers, et il découvrit un lac bordé de falaises rocheuses qui ne demandaient qu'à être explorées. Il avait un peu l'impression d'être de retour à la maison, à St Helen, et il était content d'avoir Lydia à ses côtés. Ils prévoyèrent de revenir un jour ici pour pique-niquer, quand la neige aurait fondu.

    Mais ils ne trouvèrent jamais le temps de faire un pique-nique. Les événements mondiaux autour d'eux envahissaient la vie des Américains partout. Cet hiver, le 7 décembre, les Japonais attaquèrent Pearl Harbor, entraînant les États-Unis dans la guerre mondiale.

    Charlton voulait toujours être acteur plus que tout. Il aimait cependant trop son pays et n'était pas assez lâche pour donner la priorité à ses ambitions personnelles. Il continua ses études, fut diplômé de la Northwestern's Fine Drama Department's School Of Speech6, et puis, à 19 ans, il s'engagea dans l'armée de l'air.

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    Maintenant, au lieu d'apprendre à être un acteur, il apprenait un tout autre métier : comment faire fonctionner une radio dans un B-257. Il était affecté à Greensboro, en Caroline du Nord, à plusieurs états de distance de Lydia8. Ils ne se voyaient que quand il obtenait de temps en temps une permission le week-end.

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    Il voulait vraiment épouser Lydia, mais elle avait décidé avant même de le connaître de ne jamais se marier. Il la demanda en mariage toutes les semaines, mais la réponse était toujours « non », à son grand désarroi. Il était cependant vaillant. Le devoir l'appela finalement pour aller sur les îles Aléoutiennes9. Désespérant de peut-être partir pour ne plus jamais la revoir, il lui fit parvenir par télégramme une dernière requête passionnée pour l'épouser. Il avait tout sauf perdu espoir en lisant le télégramme de réponse disant « ai décidé d'accepter ta demande. »

    La date fut fixée au 17 mars 1944, mais il fallut un timing minutieux et des préparations de dernière minute pour se lancer dans la vie conjugale. Lydia prit le bus depuis l'Illinois jusqu'à Greensboro tandis qu'il soutira un week-end de permission. Il n'y avait pas le temps pour les formalités habituelles et les invitations. Ils coururent à travers le village, et trouvèrent une jolie petite église méthodiste10 où le pasteur accepta de les marier en étant prévenu deux heures avant. Deux femmes arrangeaient les fleurs dans l'église. Charlton les convainquit d'être leurs témoins. Lydia choisit les violettes pour se marier et tandis qu'il pleuvait des trombes, ils coururent à l'église où les attendaient le pasteur et les décoratrices. Ils étaient officiellement mariés, et Lydia devait prendre son bus.

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    Charlton fut ensuite envoyé à Selfridge Field à Detroit pour son entraînement final avant d'être envoyé sur le terrain. Lydia continua d'étudier à Northwestern, mais quand on découvrit que c'était une femme mariée, elle fut renvoyée sans cérémonie de son dortoir. Au moins, ils étaient un peu plus proches l'un de l'autre, et elle passait la plupart de ses week-end à Detroit à ses côtés. Il ne restait que quelques semaines avant son départ pour la guerre, et ils firent tout pour que chaque minute ensemble compte. Elles passaient toujours trop vite jusqu'à ce qu'arrive finalement leur dernière semaine.

    Espérant avoir un week-end dont ils puissent se souvenir pendant le reste de la guerre, ils firent une folie et réservèrent une suite au Book-Cadillac Hotel11. Le jour suivant était leur dernier ensemble. Ils voulaient faire quelque chose de spécial. Ils décidèrent d'aller voir Paul Robeson12 dans Othello. Ils avaient besoin de vérifier l'heure de levée du rideau, donc Charlton prit le téléphone pour joindre le théâtre. Passant son doigt sur les pages de l'annuaire à la recherche du numéro du théâtre, il vit soudain un nom familier : Russell W. Carter. Son cœur faillit s'arrêter. Il osa à peine s'autoriser13 à le croire, mais il ne put pas s'empêcher de se demander : « je pense que ça pourrait être mon père. » Il avait toujours présumé que Russ était resté à St Helen mais ce nom se trouvait à Detroit. Presque automatiquement, il commença à composer le numéro, juste au cas où. Une voix d'homme répondit.

    « Est-ce que c'est Russell Carter ? » demanda Charlton avec hésitation.

    « Oui. »

    « De St Helen ? »

    la réponse était plutôt décontracté : « oui. »

    Tout ce que Charlton pouvait songer à dire, c'était « c'est ton fils ».

    Il y eut un long silence. C'est la voix qui le brisa.

    « Charlton ? »

    « oui. »

    « Où es-tu ? » s'exclama Russ, la voix tremblante. Charlton lui répondit. « Attends-moi ici », dit Russ. « Je viens immédiatement te chercher. » 

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    C'était un moment d'intense émotion quand Charlton ouvrit la porte et vit son père là, l'air plus vieux mais dégageant toujours le même charisme chaleureux dont se souvenait Charlton. Russ fut impressionné en voyant son petit garçon tout maigre se dresser du haut de son mètre quatre-vingts♦♦

    Il embarqua Charlton et Lydia dans sa voiture et les amena chez lui. Il expliqua à Charlton pourquoi il avait cessé de venir les voir lui et sa sœur. Il avait l'impression que s'il continuait à venir leur rendre visite, il ferait souffrir ses enfants. Le gouffre entre leur mère et lui semblait créer une horrible tension, d'abord d'un côté, puis de l'autre, et il ne savait pas si Charlton et Lilla allaient le supporter. Il décida, pour le meilleur ou pour le pire, que le seul moyen de gérer la situation et être équitable avec tout le monde était de sortir complètement de leurs vies.

    Russ s'était remarié en 1935. Sa femme s'appelait Velda et ils avaient une fille, Katy. C'est ainsi que Charlton découvrit qu'il avait une autre sœur. Velda et Katy saluèrent toutes les deux chaleureusement Charlton et Lydia, et dès ce moment, un lien unique se créa entre Russ et Charlton. Ils étaient devenus plus qu'un père et son fils. Ils étaient les meilleurs amis, et Charlton en arriva à l'appeler Russ plutôt que papa.

    Heston : 

    " Je suppose que la raison pour laquelle mon père et moi avons une relation si proche est que nous n'avons pas traversé la phase de rébellion adolescente. Je lui manquais, mais il n'a jamais deviné combien il me manquait. Nous nous rendions compte tous les deux que même s'il avait de bonnes intentions en quittant sa famille, c'était une erreur.

    Si les parents réalisaient combien un divorce brise le cœur des enfants, il n'y aurait probablement pas un taux aussi terrifiant de divorce dans ce pays. Parfois, j'imagine, le divorce semble être la seule solution saine pour un couple malheureux. Je pense quand même qu'il est impératif que, d'une manière ou d'une autre, le lien naturel des enfants avec leurs deux parents ne devrait pas être coupé."

    Charlton avait appris une leçon enrichissante pour son propre mariage. Pour eux, cependant, son mariage n'avait pas vraiment eu un début conventionnel. Ils virent Othello la nuit suivante et se dirent au revoir. Charlton passa l'année et demie qui suivit à servir à bord de bombardiers B-25 dans les îles Aléoutiennes, une série d'îles s'étendant sur 1 200 miles14 à l'Ouest et au Sud-Ouest de l'Alaska en face de la Sibérie. Charlton et ses camarades de l'armée de l'air ainsi que les soldats y vivaient dans des conditions horribles, s'abritant en général sous de simples tentes ou des cabanes. C'est une région constamment à basse pression avec un air froid descendant des régions polaires, rencontrant des courants d'air plus chaud, créant des conditions cycloniques de l'Ouest à l'Est.

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    Tandis que ces conditions météorologiques prédominaient, l'armée américaine et l'armée de l'air combattirent les Japonais jusqu'à ce que la bombe atomique apporte finalement un arrêt brutal  à la guerre pendant l'été 1945.

    Charlton dit au revoir au onzième régiment de l'Air Force et se dirigea vers l'Est, en compagnie de Lydia, s'attendant à cartonner à Broadway15.

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    A SUIVRE...

     ♦♦ Une fois de plus, rappelons que Charlton Heston mesurait 1m93 en réalité (Remarque France Darnell)

    5 Le texte original dit « I certainly had brains enough to know that you couldn't hope for more than to scratch along »

    6 Le département d'art dramatique de l'école d'élocution de l'université du Nord-Ouest.

    7 Le B-25 Mitchell est un avion bombardier américain. De taille moyenne, il est connu pour avoir été employé dans le cadre du raid de Doolittle contre Tokyo (18 avril 1942) en représailles à l'attaque sur le Pearl Harbor.

    8 À à peu près 1 200 kilomètres de là

    9 Au Sud-Ouest de l'Alaska

    10 Un courant de la religion protestante. Ils prônent entre autre la « perfection chrétienne » et rejettent l'idée de « prédestination »

    11 Le Westin Book Cadillac Hotel est un hôtel de luxe de Detroit

    12 Acteur afro-américain, fils d'esclave, également connu en tant qu'athlète et chanteur. Sa sympathie pour les pays communistes et son engagement pour la population noir-américaine en ont fait une figure controversée dans les années 50.

    13 Le texte dit « He hardly dare allow himself to think ». je rétablis un prétérit par souci de concordance des temps.

    14 1931 kilomètres

    15 Le texte « to take Broadway by storm », « storm » signifiant « la tempête », mais le jeu de mot n'est pas facile à traduire en français.