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Michael Munn : A biography Charlton Heston

  • MICHAEL MUNN N'EST PLUS

     
    (photo WIKIPEDIA)
     
    Cet après-midi, notre ami Renaud Vallon m'a informée du décès de Michael MUNN auteur du livre "CHARLTON HESTON : une biographie" sorti en 1986 et que mon petit-fils Adrien avait traduit pour ce blog que je dédie à Chuck.
     
    Sur WIKIPEDIA : "Michael Munn (8 octobre 1952 - juillet 2022) était un auteur, historien du cinéma, et acteur britannique.
    Munn vivait à Sudbury, dans le Suffolk. Il est décédé d'une crise cardiaque en juillet 2022, à l'âge de 69 ans."
     
     
     
    Je ne vous décris pas notre surprise et notre émotion qui sont grandes.
     
    Je le savais malade et depuis 2021, il ne publiait plus rien sur son mur FB. ni sur INSTAGRAM.
     
    Renaud et moi avions eu différents échanges avec Michael.
     
    Lors du dixième anniversaire du décès de Charlton Heston, j'étais entrée en contact avec Michael pour avoir l'autorisation de traduire son livre. Il me l'avait donnée de bon coeur avec un peu d'humour "british" de surcroît.
     
    Je garderai le souvenir d'une personne simple, accessible qui n'hésitait pas à répondre aux questions que je lui posais sur Charlton Heston.
     
    Il m'avait offert un portrait de Ben Hur et Esther qu'il avait dessiné à la plume, ainsi qu'une lettre que lui avait envoyée Charlton Heston.
     
    R.I.P. Michael .
     

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  • BILLET DE MICHAEL MUNN

    Bonjour France,

    yes, that's perfectly okay. Here's an anecdote for you to publish.

     

    I was working at my local theatre where I was publicity and marketing manager, and developing events and plays. I took the opportunity to put on my own production of A&C. I needed to cut down the roles and shorten the play to about two hours. At the time, late in 1999, Charlton and Lydia Heston were in London performing Love Letters, so I thought I'd see what help I might get from Charlton Heston, and wrote to him. He called me by phone at the theatre where I worked and asked how he could help, so I told him what I was trying to achieve. He immediatrly came up with suggestions on combining characters and on bridging scenes, and when I told him which sections I was thinking of trimming he agreed on some and advised against others but gave me better solutions. He phoned again with his ideas on how some of the characters should be played, and he emphasised the many contradictory characteristics of Cleopatra which I needed to try and get my lead actress to play. He felt it was the most difficult women's role in any Shakespeare play. Of course, I soaked up everything he said. I don't think any other actor knew the play as well as he, and that includes Laurence Olivier. A few weeks later my partner Jane and I went to see Love Letters and afterwards we met with Chuck and Lydia in their dressing room where I updated him on my progress. He was enormously interested and said that if he was in England at the time he would come and see it. Sadly he was unable to be in England when we performed the play, but it was very rewarding to have been able to discuss my production with him and to have received his invaluable help and inspiration. Stay well France in these difficult times.

    Michael Munn

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    (Affiche que j'ai colorisée)

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    (affiche originale propriété de Michael Munn)

     

    Bonjour France, oui, c'est tout à fait normal. Voici une anecdote que vous pouvez publier.

    Je travaillais dans mon théâtre local où j'étais responsable de la publicité et du marketing, et je développais des événements et des pièces de théâtre. J'en ai profité pour monter ma propre production d'A & C. J'ai dû réduire les rôles et raccourcir la pièce à environ deux heures. À l'époque, fin 1999, Charlton et Lydia Heston étaient à Londres pour jouer Love Letters, alors j'ai pensé à quelle aide je pourrais obtenir de Charlton Heston, et je lui ai écrit.

    Il m'a appelé au téléphone au théâtre où je travaillais et m'a demandé comment il pouvait m'aider, alors je lui ai dit ce que j'essayais de faire. Il m'a immédiatement fait des suggestions sur la combinaison des personnages et sur les scènes de transition, et quand je lui ai dit quelles sections je pensais couper, il a accepté certaines d'entre elles et m'a déconseillé d'autres, mais m'a donné de meilleures solutions.


    Il m'a rappelé ses idées sur la façon dont certains personnages devraient être joués, et il a souligné les nombreuses caractéristiques contradictoires de Cléopâtre que je devais essayer de faire jouer à mon actrice principale. Il a estimé que c'était le rôle féminin le plus difficile de toutes les pièces de Shakespeare. Bien sûr, j'ai retenu tout ce qu'il a dit. Je pense qu'aucun autre acteur ne connaissait la pièce aussi bien que lui, et cela inclut Laurence Olivier.


    Quelques semaines plus tard, ma partenaire Jane et moi sommes allés voir Love Letters et ensuite nous avons rencontré Chuck et Lydia dans leur loge où je l'ai mis au courant de mes progrès. Il était très intéressé et m'a dit que s'il était en Angleterre à ce moment-là, il viendrait le voir. Malheureusement, il n'a pas pu être en Angleterre lorsque nous avons joué la pièce, mais c'était très gratifiant de pouvoir discuter de ma production avec lui et de recevoir son aide et son inspiration inestimables.

     Prenez soin de vous France, en ces temps difficiles.

    Michael Munn.

  • LA DERNIERE LETTRE DE CHARLTON HESTON A MICHAEL MUNN

    Michael Munn a présenté sur son journal FACEBOOK, cette dernière lettre qu'il a reçue de Charlton Heston en 2004. Il m'a donné l'autorisation de la publier ici. Je le remercie sincèrement . Je publie également le petit échange de messages que nous avons eus à ce sujet. 

    Il est à noter que Charlton Heston avait annoncé au monde sa maladie, deux années avant cette lettre et je pense que c'est très émouvant de la lire. Michael la conserve très précieusement. 

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    MICHAEL MUNN : "The last letter I had from Charlton Heston. Much treasured."

    La dernière lettre que j'ai  de Charlton Heston. Très précieux.

     

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    MA TRADUCTION

    "J’ai été ravi d’avoir de vos nouvelles après si longtemps. Je suis d’autant plus heureux de savoir que votre production d’ANTOINE ET CLEOPATRE a connu un tel succès. Merci de me l’avoir dit. Je m’intéresse à ce que vous avez fait pour la production. C’est ce qui se passe depuis que Shakespeare a écrit cette pièce il y a si longtemps.


    Je suis touché que vous me donniez crédit de votre incursion dans le monde de Shakespeare. Avec votre intérêt pour la littérature, je pense que vous l’auriez découvert vous-même.


    Je vous souhaite bonne chance dans tout ce que vous faites.


    Cordialement,

    CHARLTON HESTON  "

     
    France Darnell Hi Michael ! What a beautiful precious document. Thank you for sharing it. I ask permission to publish on the blog. In advance, I thank you for it. Have a nice weekend.
     

    Bonjour Michael ! Quel beau document précieux. Merci de l'avoir partagé. Je vous demande la permission de publier sur le blog. D'avance, je vous en remercie. Bon week-end.

    France Darnell Thank you Michael. It will be done. Astonishing document, especially since on the date of this letter from Chuck, we know he was sick. Charlton Heston was a gentleman.
     
    Merci Michael. Cela sera fait. Document étonnant, surtout qu'à la date de cette lettre de Chuck, nous savons qu'il était malade. Charlton Heston était un gentleman.
     
    • Michael Munn France, his secretary told me that he never sent emails. He carried on corresponding in the old fashioned way until he was unable to do it.
       
      France, sa secrétaire m'a dit qu'il n'avait jamais envoyé de courrier électronique. Il a continué à correspondre à l'ancienne jusqu'à ce qu'il soit incapable de le faire.
  • MICHAEL MUNN : UNE BELLE CONCLUSION.....

    Michael Munn m'a envoyé ce billet que je considère comme la conclusion au livre "Charlton Heston : A BIOGRAPHY" qu'il avait écrit il y a 33 ans et dont Adrien mon petit-fils en a fait une traduction en français que vous avez pu lire.
    Cher Michael, je vous remercie de cela.

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    I'm very glad you liked the book. I can't remember much of what I wrote as it was 33 years ago.
    It is now just about twenty years since Jane and I went backstage to see Chuck and Lydia in their dressing room after a performance of Love Letters in July 1999. It seems like just a few years ago. What was so special about that meeting was that it was to talk as one actor/director to another in regard to Antony and Cleopatra. Of course, he was the Master and I the Student.
    That was the last time I saw him and I'll never forget it. I kept in touch with him and also with his secretary Carol who kept me updated on his failing health up to the end. It was a privilege to know him just a bit, but of course he was such a private man that I didn't really know him well.
    I met him on seven occasions. The first time was in 1976 to interview him (I had spoken to him on the phone prior to that). I was a little overwhelmed and very nervous at first but by our third meeting, which was on the set of The Awakening, he knew who I was, and I was more relaxed and joked that in Antony and Cleopatra he was not only on deck as Antony but also below deck rowing the ship as Ben-Hur because he had used footage of the sea battle from Ben-Hur. He laughed and said that as he had played Michelangelo he sculptured the Moses that inspired DeMille to cast him in Ten Commandments, to which I added that in The Agony and the Ecstasy he painted the backdrop to the Ben-Hur credit titles. It was nice to have those moments which were less about the interview and more about a couple of private jokes.
    A few years later in London I gave him a signed copy of my first book The Great Screen Epics which he had helped me with by checking on some details. I told him it was only fair that I signed it to him since had signed a copy of his published journals to me, and he seemed very pleased, although Fraser got his hands on the book first and was quite enthralled with it, so I never knew what Chuck thought of it. Those are some of my memories of Charlton Heston. He was my first screen hero, and always my favourite actor, and Ben-Hur remains my favourite film, so I think I was very lucky.
    I'm glad you were able to read my book about him at last. I wasn't a great writer back then, but I did write the book with the enthusiasm of a fan, which is perhaps why it has been enjoyed so much by other Heston fans.
    Vu par Michael Munn à 15:13 Michael MUNN - 3 Août 2019.
     
    Je suis très content que vous ayez aimé le livre. Je ne me souviens pas beaucoup de ce que j'ai écrit tel qu'il était il y a 33 ans.
    Cela fait maintenant à peu près vingt ans que Jane et moi sommes allés dans les coulisses pour voir Chuck et Lydia dans leur loge après une représentation de "Love Letters" en juillet 1999. Cela semble s'être passé il y a quelques années à peine. Ce qui était si spécial dans cette réunion, c’était de parler d’un acteur / réalisateur à un autre en ce qui concerne "Antony et Cléopâtre". Bien sûr, il était le maître et moi l'étudiant.
    C'était la dernière fois que je le voyais et je ne l'oublierai jamais. Je suis resté en contact avec lui et avec sa secrétaire, Carol, qui m'a tenu au courant de son état de santé défaillant jusqu'à la fin. Ce fut un privilège de le connaître un peu, mais il était bien sûr un homme si privé que je ne le connaissais pas vraiment bien.
    Je l'ai rencontré à sept reprises. La première fois, c'était en 1976 pour l'interviewer (je lui avais parlé au téléphone auparavant). J'étais un peu débordé et très nerveux au début, mais lors de notre troisième réunion, qui avait lieu sur le plateau de "The Awakening", il savait qui j'étais et j'étais plus détendu. J'ai plaisanté en disant que dans " Antony et Cléopâtre", il n'était pas seulement Antony sur le pont mais aussi sous le pont ramant sur le navire sous le nom de Ben-Hur parce qu'il avait utilisé des images de la bataille navale de Ben-Hur. Il a ri et a dit que, jouant Michel-Ange, il avait sculpté Moïse qui avait inspiré ainsi DeMille pour le rôle dans Les Dix Commandements, auquel j’ai ajouté que dans "Agony and the Extasy", il avait peint les lettres du titre  Ben-Hur. C’était bien d’avoir eu ces moments qui étaient moins liés à l’interview et plus à quelques blagues privées.
    Quelques années plus tard, à Londres, je lui ai remis une copie signée de mon premier livre, "The Great Screen Epics", sur laquelle il m'a aidé en vérifiant certains détails. Je lui ai dit que ce n'était juste que je le lui avais signé, car il m'avait signé une copie de ses journaux publiés. Il a semblé très heureux, bien que Fraser ait mis la main sur le livre en premier et qu'il en ait été assez fasciné. je n'ai pas su ce que Chuck en pensait. Ce sont quelques-uns de mes souvenirs de Charlton Heston. Il a été mon premier héros de cinéma et toujours mon acteur préféré, et Ben-Hur reste mon film préféré, alors je pense avoir été très chanceux.
    Je suis heureux que vous ayez enfin pu lire mon livre sur lui. À l'époque, je n'étais pas un grand écrivain, mais j'ai écrit le livre avec l'enthousiasme d'un fan, ce qui explique peut-être pourquoi les autres fans de Heston l'ont tellement aimé.
     
  • 34 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    …SUITE & FIN

     

    Durant toute sa vie d'acteur, Charlton a résisté à la tentation des chaînes de télévision pour qu'il apparaisse dans des téléfilms ou des séries. C'était souvent à la limite de la séduction. Dès 1957, MCA lui agitait sous le nez une carotte d'un million de dollars pour que le jeune Heston joue dans la série western Cimarron City1, mais il résista. Il évita les téléfilms comme la peste, affichant une attitude quelque peu snob à leur égard, croyant qu'en raison de la vitesse avec laquelle  les séries et les téléfilms sont faits, il ne pourrait jamais produire  le genre de performance qui le satisferait, sans parler de n'importe quoi d'autre. Bien sûr, il était content de faire de la télévision quand la diffusion était en direct et offrait à peu près les mêmes défis que la scène, mais depuis Elizabeth and Essex, il n'a plus du tout fait de télévision, hormis en tant qu'invité dans des émissions d'interview ou même de divertissement. En gros, il se disait : " si vous pouvez faire un film pour le cinéma,  ne faites pas de télé ".

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    Charlton Heston et Judith Anderson dans ELISABETH ET ESSEX

     

    Sous Ronald Reagan, Charlton s'est d'abord engagé dans la politique de l'industrie du film quand il fut invité à rejoindre la SAG. Cela le mena de fil en aiguille à être élu six mandats de suite président de la SAG, marchant sur les traces de Reagan. Heston n'avait cependant pas du tout l'intention de suivre le chemin que Reagan a pris jusqu'à la Maison Blanche en 1981. A cause de son engagement dans la politique du cinéma, la question de savoir s'il tenterait de se présenter pour devenir sénateur ou même président des Etats-Unis lui a souvent été posée, et comme nous l'avons déjà vu, sa réponse préconçue était : « j'ai déjà été président des Etats-Unis deux fois. »

    Il n'y a même pas si longtemps, en 1984, des rumeurs circulaient selon lesquelles il envisageait de devenir sénateur du parti républicain en Californie, mais il démentit de nouveau ces informations avec son habituel « je préfère jouer un sénateur plutôt que d'en devenir un. »

    Il est tout à fait vrai qu'il a toujours un grand intérêt pour la politique, et il est ravi de voir son proche ami Ronald Reagan diriger l'Amérique. Peu de temps après sa prise de fonction, le président Reagan nomma Heston Président des Arts pour le Groupe de Travail Présidentiel des Arts et des Humanités.

    Son engagement auprès du président ne s'est pas arrêté à cela cette année-là. Presque immédiatement après l'assassinat du président Sadat, il reçut deux offres en une matinée pour jouer Sadat dans des films qui ne virent jamais le jour. L'autorité que porte l'image d'Heston est telle que lorsqu'un cinéaste veut trouver quelqu'un pour représenter un président, il se tourne invariablement vers lui.

    À la fin de 1981, il était de retour sur les plateaux de tournage, mais cette fois, il était de nouveau à la fois acteur et réalisateur. C'était La Fièvre de l'or2, et c'est grâce à Fraser que Charlton en arriva à faire son meilleur film depuis La Planète des singes.

    Fray m'a dit :

    "J'ai passé beaucoup de temps en Colombie britannique et le Yukon en Alaska, et je me suis rendu compte que les contes de Jack London étaient tout aussi modernes pour nous aujourd'hui qu'ils l'étaient à son époque. Je me suis dit, pourquoi ne pas faire une aventure moderne avec des avions à la place des chiens de traîneau, et faire une aventure pleine de suspense de nos jours à la recherche d'un gros filon d'or ?"

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    ( http://www.agamemnon.com/_pagesAbout/fraser.php)

    Les excursions de Fray dans les terres sauvages rocheuses dataient du tournage de La Fureur sauvage. Accompagné d'un ancien mineur, on lui ouvrit l'accès à des mines d'or et d'argent, et il découvrit les querelles, les suspicions et les excentricités des vieux chercheurs d'or endurcis. Il y avait des histoires de mineurs qui avaient caché leurs découvertes et avaient même tué leurs partenaires. Certains mineurs en devinrent fous.

    Mother Lode

    Le scénario de Fray parlait de deux jeunes aventuriers qui partent en quête d'un filon principal, mais qui ne trouvent qu'un vieux chercheur d'or écossais et son frère jumeau fou à lier. On y trouvait de véritables éléments d'horreur et de suspense, et il décida de le produire lui-même. Il montra bien sûr son script à son père qui adora l'idée de jouer des frères jumeaux, et ils engagèrent Peter Snell pour être producteur exécutif et soutenir Fray pour la mise en place de la production. Leur prochaine tâche était de trouver un réalisateur. Fray dit :

    "J'ai proposé à mon père de diriger parce que j'avais l'impression qu'il pourrait mieux le faire que n'importe qui d'autre, et j'avais raison. Il connaissait le script presque aussi bien que moi, il connaît les lieux et ce genre d'homme.

    Il n'a pas pris cette tâche à la légère ou à mauvais escient. Il y a réfléchi pendant longtemps. Je n'ai rien fait pour le persuader. Je lui ai expliqué pourquoi il était le meilleur pour ce travail."

    Heston senior m'a dit :

    «Quand j'ai dirigé Antoine et Cléopâtre, ça a retiré tout le plaisir créatif du jeu et de la réalisation. J'ai trouvé que la pression pour diriger l'une des plus grandes tragédies de Shakespeare tout en jouant l'un de ses meilleurs rôles était accablant. J'ai alors décidé que je ne dirigerais plus jamais un film où je joue un rôle majeur avec autant de responsabilité qu'en avait Antoine.

    J'ai reçu depuis, une ou deux propositions de réalisation et j'ai répondu plus ou moins en ces termes. Par exemple, si il n'y a aucun rôle pour moi dedans, je ne suis pas intéressé, et si c'est un rôle important, ce serait trop de travail trop dur pour moi, bien que d'autres acteurs comme Clint Eastwood le fassent.

    Après avoir accepté les rôles pour La Fièvre de l'or, c'est Fraser qui a d'abord proposé à ses associés puis à moi de diriger le film.

    Il dit : « tu sais, c'est vraiment ce dont tu as toujours parlé. Tu n'en es qu'à la moitié du script. »

    Je n'avais pas vraiment compté les pages, et alors j'ai pensé, « c'est vrai. »

    De plus, puisque je jouais deux frères écossais, (et je ne peux pas faire les accents sur demande comme Peter Ustinov), j'ai dû travailler pas mal de temps sur l'accent, et cela m'a coûté plusieurs mois de préparation des rôles en tant qu'acteur. Un grosse partie de ma préparation habituelle était derrière moi, et je me suis dit, « si je ne dois en faire qu'un, ce sera celui-là. »

     

    Réunissant des acteurs comme Nick Mancuso, John Marley, Dale Wilson et Kim Basinger avant qu'elle ne devienne une grande vedette, Heston amena son équipe au Canada pour tourner dans les forêts humides de Vancouver. Une lourde pluie incessante n'empêcha pas le tournage fait presque en même temps par deux équipes, la première sous la direction de Charlton Heston et la deuxième sous celle de Joe Canutt. Heston savait depuis Le Cid, La Fureur sauvage et d'autres films l'importance de donner le plein contrôle de l'équipe secondaire au second réalisateur. Il me dit :

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    Joe Canutt (Photo Google)

    « Joe Canutt est une arme secrète. Le meilleur du travail sur La Fièvre de l'or vient sans conteste de ce qu'a tourné Joe Canutt. C'est le meilleur réalisateur de scènes d'action au monde. C'est dommage pour Steven Spielberg qu'il ne s'en rende pas compte. Spielberg est un réalisateur extraordinaire, mais diriger les scènes d'action n'est pas son point fort. Les réalisateurs spécialisés le font mieux

    Pour tout vous dire, je ne devrais pas vous révèler cela parce que c'est un secret que j'aimerais garder, mais John Ford, Willy Wyler, Georges Stevens et Cecil B. De Mille utilisaient toujours des réalisateurs secondaires.

    J'aimerais cependant que cela se sache plus parce que je voudrais voir Joe prospérer, mais il y a quand même une partie de moi qui veut que cela reste un secret que je serais le seul à connaître. Et ce secret est que pour qu'un réalisateur ait de bonnes scènes d'action comme dans La Fièvre de l'or, il a besoin d'avoir quelqu'un qui sache comment les faire. Je suis donc ravi que vous m'ayez posé la question, parce que je ne comprends pas comment la nouvelle génération de réalisateurs talentueux peuvent ne pas l'apprendre de la génération précédente.»

    À propos de la réalisation, il dit :

    « Diriger un film, c'est, comme l'a dit Orson Welles, le meilleur chemin de fer électrique avec lequel un petit garçon puisse jouer, mais c'est un travail très difficile. Un moyen facile de le faire est de ne jamais s'asseoir sur le plateau. Même si on peut s'asseoir, on ne devrait pas parce que ça fait retomber la tension.

    L'analogie que je donne souvent qui est parfaitement exacte, surtout quand on tourne en extérieur, c'est comme une opération militaire. La dépendance totale à la météo, les moyens de communication, de transport, la nourriture, le moral, les solutions alternatives… Le commandement est identique dans les deux situations.

    Nous avons eu des problèmes avec la météo. La Colombie britannique est connue pour sa météo peu fiable. Nous travaillions dans des montagnes et des forêts humides. Quand nous tournions dans un lac de montagne (que nous avions atteint après avoir parcouru 37 kilomètres sur des routes sinueuses nettoyées tous les jours par la pluie) et que nous avions cinq jours de tournage là-bas, tous les jours, quand je faisais la route en voiture, je me sentais exactement comme un commandant de peloton d'infanterie. Je me disais souvent, « qu'est-ce qui se passerait si j'étais séparé et que le bataillon suivait la route descendante ? »

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    Jamais Charlton et son Fils n'avaient travaillé en si étroite collaboration. En tant que réalisateur, Chuck consultait constamment Fray en tant qu'auteur et producteur. Il y avait eu des querelles entre les réalisateurs et les producteurs ou les studios dans des films antécédents comme La Soif du mal et Major Dundee. Avec Heston senior à la fois tête d'affiche et réalisateur, et Heston junior comme auteur et producteur, il semblait qu'un conflit pouvait éclater n'importe quand, que ce soit entre le producteur et le réalisateur, ou le réalisateur et l'auteur, mais comme Fray aime à le signaler, ce ne fut pas le cas.

    « D'après mon expérience, le conflit était entre le producteur et l'auteur, ce qui était intéressant pour moi parce que je devais régler tout cela par moi-même. C'est presque plus difficile que d'en résoudre un entre le producteur et le réalisateur, et dans mon cas, c'était mon père avec qui il est facile de s'entendre. J'ai beaucoup appris de lui en faisant ce film, et je pense que nous en avons appris beaucoup l'un sur l'autre. Nous avions rarement des disputes de nature violente. Bien sûr, nous avons eu des désaccords. À cet égard, on s'est plus amusé parce que nous devions les résoudre pour le bien du film et non de notre propre ego. Il faut prendre son ego et le jeter à la poubelle, et par chance, je crois pouvoir prendre exemple sur mon père qui est très bon pour mettre ses propres intérêts de côté et se concentrer sur ce qui est important dans une scène ou même dans une simple séquence. Il sait pourquoi chaque séquence est là. Si ça n'a aucune raison d'apparaître dans le film, il ne le montrera pas.»

    Ils finirent le tournage au printemps 1982, quand toute la famille Heston alla à Londres où La Fièvre de l'or allait être monté. Une conférence de presse avait été programmée à leur arrivée où je pus tous les rencontrer et me rendre compte combien Heston agit différemment devant un seul journaliste que devant une foule d'entre eux. Il semblait vraiment bien s'amuser, allant d'un groupe d'intervieweurs à un autre. Tandis que le temps s'écoulait lentement, Fray alla vers lui tandis qu'il énonçait les qualités et les défauts de Vanessa Redgrave.

    « Allez papa, il faut qu'on parte, » lui dit Fray.

    « Pas maintenant, » lança Heston, « je suis en train de raconter une de mes meilleures anecdotes sur Vanessa Redgrave. »

    Mais Fray voyait bien que son père était fatigué, tout comme je l'avais moi aussi remarqué. Il avait l'air vraiment plus vieux que cinquante-huit ans et semblait avoir perdu sa démarche princière. Je pense cependant qu'il était plus fatigué que vieux.

    « Ok papa, mais pas trop longtemps, » dit Fray.

    Heston continua donc son petit spectacle, la voix plus haute, plus enjouée et bien plus désinvolte que dans les interviews privées que j'avais faites avec lui. Le groupe de journalistes, y compris moi, répondit chaleureusement à son histoire, ce qui l'encouragea à continuer. Il joua magnifiquement rien que pour nous.

    La réalité est que sa famille, exceptée Holly, était là plus pour le travail que pour prendre des vacances en famille. Hormis le fait que le père et le fils faisaient leur film ensemble, Lydia venait en tant que photographe et la femme de Fray, Marilyn, qu'il avait épousée il y avait deux ans de cela, était assistante de producteur ainsi que chargée de communication.

    Elle avait ce commentaire à propos de son beau-père : « en tant que réalisateur, il est créatif, d'humeur tempérée, prévenant, quelque peu impatient face aux retards inutiles et connaît parfaitement chaque mot du script. Il a rarement levé la voix. » C'est plus ou moins ce qu'elle pense également de lui en dehors du plateau de tournage.

    Quand on lui demande de parler de sa famille, Charlton dit :

    «Vous savez, les gens me demandent souvent si je m'inquiète de ne pas suffisamment voir mes enfants, mais je réponds : « bien au contraire, je les vois plutôt plus que la plupart des pères. » C'est sûrement vrai maintenant que je peux contrôler ce que je fais et quand est-ce que je le fais. Nous étions tous ensemble dans les montagnes rocheuses canadiennes pour La Fièvre de l'or. Donc non, je ne m'inquiète jamais de ne pas suffisamment voir mes enfants.»

    Problèmes politiques

    Si il a quelque chose à dire, Heston le dit, généralement avec beaucoup d'éloquence et de tact, mais il se montre très clair. Il ne s'attend pas à ce que tout le monde soit d'accord avec lui, surtout quand on parle de politique. Il est pourtant difficile d'envisager qu'il puisse se faire des ennemis par ce biais. C'est vrai que ses propres exigences sur un plateau de tournage n'avaient pas toujours l'approbation de tout le monde ; ceux qui ne sont pas d'accord sont souvent ceux qui mettent la barre bien moins haut. Richard Harris, par exemple, a fait le serment de ne plus jamais travailler avec Heston.

    Quand il est sur un plateau de tournage, il est indubitable qu'il montre clairement qu'il s'attend à ce que tout le monde soit à l'heure et connaisse ses répliques. Il exerce l'autorité qu'il a gagné sur les plateaux de tournage, et la plupart des gens la respectent, mais la simple idée qu'Heston puisse se faire des ennemis en dehors du plateau semble en contradiction avec son image d'homme gentil. Ces dernières années, cependant, du fait de ses convictions politiques, il s'est attiré l'inimitié d'un ou deux noms célèbres.

    Le premier est Paul Newman. Tout commença quand ils apparurent tous les deux dans une émission de télé américaine pour débattre sur les armes nucléaires. Heston dit clairement qu'il avait le sentiment qu'il ne fallait pas de gel du développement des armes. Newman n'était pas d'accord, inflexible sur le fait qu'il en fallait un. Durant le débat, Heston donna des arguments plus solides et mieux articulés et s'en sortit mieux dans les échanges houleux. En ce qui le concernait, c'était fini et il en avait marre, mais Newman était virulent, et leur dispute publique fut embarrassante, mais pour le moment, l'affaire est abandonnée et plus ou moins oubliée de tout le monde.

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    Pendant ce temps, Charlton était mis sous pression pour accepter de jouer le rôle principal d'une mini-série télévisée, Once upon a murder. Il n'était pas sûr de pouvoir le faire, ni même de le vouloir. « j'avais visité le tournage d'une mini-série il y a quelques années, » dit-il, « et j'ai découvert qu'ils voulaient tourner quinze pages de script par jour. À ce rythme, qui peut donner le meilleur de lui-même ? Du cameraman au maquilleur, c'est un contre-la-montre pour tout le monde et ça donne rarement un travail parfait. »

    C'est alors qu'il entendit de Gregory Peck et Richard Chamberlain que l'on se dépêchait moins de nos jours pour produire ces séries télévisées à succès. Heston vérifia, et quand on lui dit qu'ils ne tourneraient que cinq pages par jour, il accepta. Cela se situait dans le Sud profond, il jouait un banquier et Père fondateur d'une ville américaine fictive. L'histoire se déroulait entre les années 1920 et 1960, ce qui était tentant pour le caractère d'Heston .

    « J'adorais l'étape de la création du maquillage, » dit-il. « Je vieillis de quarante ans et finis avec une perruque blanche sur un visage plein de rides. »

    Durant cette même année, en 1983, il abandonna généreusement tous ses souvenirs de tournage pour les donner à la Theater Arts library de l'UCLA. La vaste collection comprenait des scripts, des scrapbooks, des lettres et des discours. Il y en avait tellement qu'il fallut les mettre dans une pièce séparée qui fut appelée la salle Charlton Heston.

    Il fut également choisi comme président honoraire des premiers jeux des Highlands de New-York. Comme les parents de sa mère étaient membres du clan Fraser, il était fier et honoré d'être invité, et porta même le kilt des Fraser. Il participa également volontairement à une démonstration de force de lancer de tronc d'arbre, mais le projectile lui retomba presque sur le pied. « Comparé à ça, séparer la mer Rouge en deux était incroyablement simple !  » s'exclama-t-il.

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    Mais la vie n'était pas faite que d'amusement et de jeux. Les vieilles blessures infligées à Paul Newman n'avaient pas guéri, et il n'a jamais pardonné à Heston. Toute cette malheureuse affaire ressortit quand Charlton fut invité à participer à un événement de charité pour réunir des fonds pour aider les toxicomanes. C'était la fondation Scott Newman, nommée de la sorte en l'honneur du fils de Paul toxicomane, mort tragiquement. Bien sûr, cela ne faisait aucune différence pour Heston, qui était heureux de pouvoir aider à soutenir une cause honorable. Or, quand Newman apprit qu'Heston était invité, il protesta fortement et demanda l'annulation de l'invitation. Ce fut dûment fait et Donald Sutherland fut invité à la dernière minute à la place d'Heston. Charlton était furieux, et le fossé entre les deux acteurs se creusa encore.

    L'année suivante, les convictions politiques d'Heston, qu'il avait formulées clairement, lui attirèrent encore plus d'inimitié, cette fois d'Ed Asner, mieux connu comme la vedette télévisée de la série Lou Grant, et cette fois la situation devint potentiellement dangereuse. Asner était président de la SAG et essayait de la fusionner avec la Screen Extra Guild, une décision à laquelle Charlton s'opposa activement, à tel point qu'il cofonda l'AWAG : l'Actors Working for Actors Guild.

    Durant un meeting présidé par Asner, celui-ci accusa Heston et ses sympathisants d'encourager « une mentalité de race supérieure parmi les acteurs. » Heston était fou de rage, ripostant que le terme de « race supérieure » les marquait lui et le reste de l'AWAG comme des nazis. Asner refusa de s'excuser. Peu de temps après, Heston commença à recevoir des menaces de mort anonymes le poussant à écrire publiquement : « l'allégeance radicale de M. Asner et les enthousiasmes des rebelles Salvadoriens provoquent des poussées d'adrénaline chez ses sympathisants. » La police de Los Angeles, prenant au sérieux les menaces de mort, montèrent une garde plus scrupuleuse que d'habitude autour de la maison d'Heston à Coldwater.

    Ne se laissant pas décourager par ces problèmes politiques, Charlton et Fray préparèrent une nouvelle épopée spectaculaire, The Overlord, se passant pendant la guerre de Troie. Fray en avait écrit le script et voulait le diriger. L'écriture fait encore partie des étapes de préparation, et il faut espérer qu'il ne connaîtra pas le même sort qu'une autre épopée historique que voulait faire Charlton il y avait de cela quelques années, 1066. C'était un sujet qu'il voulait depuis longtemps aborder mais pour lequel il n'avait jamais trouvé de script satisfaisant pour parler de l'époque capitale où l'Angleterre était conquise par les Normands.

    En 1980, Peter Snell me révéla qu'il avait trouvé un script et qu'Heston voulait y jouer Guillaume le Conquérant.. Snell avait alors aussi parlé à George C. Scott pour jouer le roi Harold. « Le seul problème, » m'a dit Snell, « est de trouver l'argent. L'industrie du cinéma n'aime pas les costumes dans les épopées. Le public les aime, mais pas l'industrie. » Heston me confirma son intérêt pour ce film, mais dit : « J'adorerais le faire, si seulement il trouvait les fonds nécessaires. » Snell ne trouva jamais les financements pour produire 1066. Heston espère que The Overlord ne sera pas un autre beau projet qui tombe à l'eau, et il avait déjà pris Joe Canutt pour s'occuper de l'équipe secondaire.

    Pourtant, ce genre de problèmes est devenu complètement insignifiant vers la fin de 1984, lorsque l’attention du monde entier a été attirée par l’horrible sort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui mouraient littéralement de faim en Éthiopie. Heston, dans un effort désespéré pour encourager les gens à les aider, se rendit en personne dans ce pays dévasté par la sécheresse avec la Croix Rouge américaine pour voir de ses propres yeux l'atroce souffrance de tout un peuple. Il visita l'un des camps où les gens mouraient par centaine, et il remarqua combien les ressources médicales étaient pitoyablement inadaptées.

    « Il y avait deux médecins, » raconte-t-il, « six infirmières et trente-quatre fossoyeurs. »

    C'est une expérience qui lui a fait prendre conscience combien il avait été (et est encore) privilégié. Il essaya de ne jamais prendre pour acquis le luxe dont il profitait et qui n'est rien de plus qu'un rêve pour ceux ayant moins de ressources dans les pays civilisés.

    Mais il a essayé d'utiliser la renommée internationale qu'il a acquise au nom de causes qu'il trouvait justes, même si ça paraît insignifiant comparé à ce qu'il se passe dans le monde. La célébrité a son influence, parfois simplement par l'usage de la publicité qui, bien utilisée, peut donner des résultats. Heston n'est pas un homme qui a peur de dire ce qu'il pense ou de faire ce qui lui semble juste. Il est bien loin, l'adolescent mort de peur à Chicago et le solitaire dont la vie dans de simples sous-bois lui offrait un sentiment de sécurité dans la solitude.

    Mais malgré tout ce qu'il avait maintenant, il n'avait pas encore fait ça. Il était cependant sur le point de le faire.

    Il Le Fait Enfin !

    C'est en février 1985 que Charlton Heston alla au Queen's Theatre en plein cœur de Londres pour rencontrer la presse et leur parler de sa nouvelle pièce, The Caine Mutiny Court Martial. Il dit :

    « Le West End de Londres a plus d'allure pour un acteur Américain que Broadway n'en a pour un acteur anglais. Je ne peux pas imaginer des acteurs anglais avoir le même sentiment de... revenir à la maison, retourner aux racines, quand ils viennent jouer à Broadway. C'est pourtant le sentiment qu'a ressenti l'équipe américaine que j'ai ramenée pour The Caine Mutiny et que nous avons marché sur la scène du Queen's Theatre

    Il faisait la mise en scène en plus de jouer le capitaine Queeg.

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    « J'ai dirigé à la fois pour la scène et pour le cinéma plusieurs fois, et Caine Mutiny semblait être un choix idéal pour être à la fois acteur et metteur en scène. Le rôle de Queeg est partagé entre deux très longues scènes d'environ vingt minutes chacune, mais il n'est pas sur scène le reste du temps, donc quand il est sur scène, il est celui qui parle le plus. Le reste du temps, je pouvais me concentrer sur la direction

     

    À cause de règles qui interdisent qu'une équipe d'acteurs ne soit constituée que d'acteurs américains pour une pièce ou un spectacle, il y a eu des problèmes par le passé où des personnages américains devaient être joués par des Anglais. La réciproque est également vraie aux Etats-Unis, mais un accord spécial avait été passé pour cette fois. Charlton explique : « Robert Fryer et Duncan Weldon négocièrent un accord d'échange entre la British Equity et l'American Equity pour autoriser Alan Bates à amener une compagnie entièrement britannique à Ahmanson l'année dernière, et nous amenons maintenant Caine Mutiny avec presque uniquement des acteurs américains à Londres. »

    Heston est lui-même critique envers les règles strictes de l'union. Il déclare que «les syndicats ont imposé des restrictions à l'importation d'artistes étrangers. Mais je n'ai jamais parlé à un acteur qui travaille dans l'un ou l'autre pays qui n'ait dit : "Oh, nous ne voulons pas garder cette règle ; travaillons dans l'un ou l'autre pays.»

    Curieusement, Heston ne choisit pas une pièce shekaspearienne pour faire ses débuts sur la scène britannique, mais il justifie son choix pour The Caine Mutiny Court-Martial :

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    « Je voulais faire une pièce américaine. Je voulais aussi, pour des raisons personnelles, jouer une pièce que je n'avais jamais faite, et The Caine Mutiny Court-Martial, comme la suite le montrera, est une pièce extraordinairement impérissable. L'indéniable charme d'une pièce mettant en scène un procès est difficile à expliquer parce que, par définition, les personnages parlent d'événements qui se sont déjà passés avant le début de la pièce, et qui se sont passés ailleurs, et qu'on ne verra jamais nous-même. Cependant, quand ces pièces fonctionnent, elles sont irrésistibles, et l'accueil du public à Caine Mutiny est très gratifiante

     

    Il restait cependant un peu de temps avant que le public londonien ne réagisse à The Caine Mutiny Court-Martial. L'ouverture n'était pas prévu avant avril au Queen's Theatre, et ils allaient jouer en province avant cela.

    Malheureusement, ils arrivèrent pendant le pire hiver de ces dernières années, et l'équipe américaine en a ressenti les effets à glacer le sang. Même Charlton, qui avait bravé les contrées gelées de Norvège pour L'Appel de la forêt et tremblé dans la neige de St-Helen avait bien du mal à se tenir au chaud, surtout quand ils jouèrent à Brighton. Se glissant hors de l'hôtel glacé où ils séjournaient, Charlton trouva un pharmacien sur le bord de mer. Les femmes de l'autre côté du comptoir eurent du mal à en croire leurs yeux quand elles virent Charlton Heston sous un épais anorak entrer pour demander une bouteille d'eau chaude. La bouteille ne fut cependant pas très utile. Quand la troupe arriva à Birmingham pour battre tous les records d'audience de la pièce, Charlton souffrait d'un terrible rhume contre lequel il lutta à chaque représentation.

    Ils arrivèrent enfin à Londres, où le printemps est humide et frais. C'était un instant plein d'émotion pour Chuck Heston quand il posa le pied sur la scène du Queen's Thetre pour jouer. Il l'avait enfin fait.

    Les critiques se levèrent même pour l'occasion, offrant à la pièce et à Heston des critiques dithyrambiques. Le Daily express dit d'Heston : « … une performance centrale imposante d'une immense stature héroïque, » et le Sunday Mirror décrivit la pièce comme étant « puissamment divertissante et donnant à réfléchir. »

    Pendant trois mois Heston, Ben Cross et le reste de la troupe se rendirent sur cette scène et rencontrèrent un raz-de-marée nocturne d'adulation. C'était le point culminant de la carrière d'Heston qui durait alors depuis presque quarante ans.

    Enivré par le succès et l'accueil qu'il reçut de la part du public britannique, il accepta volontiers une invitation à poser ses mains sur le ciment du Leicester Square où un « pavé de star » était créé pour imiter les fameuses traces de pieds et de mains du Chinese Theater d'Hollywood où les pieds d'Heston avaient été imprimés il y a quelques années de cela. Ses mains à Londres furent rejointes par celles de Sir John Mills, Dame Anna Neagle, Omar Sharif et Alan Bates.

    Mai 1985 Leicester square Chuck imprime ses mains dans le ciment à Londres.JPGImage associée

    ( https://www.alamyimages.fr/photos-images/charlton-heston-actor.html )

    Juin arriva et passa bien trop vite. The Caine Mutiny Court-Martial profita d'une tournée pleine et longue, et maintenant c'était terminé. À la dernière nuit, Heston, comme toujours, se tenait dans les allées pour respirer dans les derniers moments d'une tournée pleine de succès, essayant de profiter de chaque précieux moment. C'était le pays de l'acteur, et comme à chaque dernier tombé de rideau d'une pièce gagnante, il sentit l'exaltation et une pointe de regret que ce soit fini. Il rentra chez lui.

    Il y avait encore beaucoup à faire. Il y avait un tournoi de tennis à jouer, un nouveau long-métrage à essayer de mettre en chantier, d'autres rôles à chercher, d'autres limites à repousser, essayer d'être l'acteur qu'il rêvait encore de devenir.

    Il s'était même enfin laissé séduire pour jouer dans une série télévisée. Aaron Spelling êtait prêt à payer Heston 80 000 dollars par épisode pour jouer dans la série dérivée de Dynastie : Les Colby. Le but de Spelling avec ce nouveau feuilleton était d'écraser tous les autres, et signer avec Heston était son premier tour de force. En soutien, il signa également avec Barbara Stanwyck pour la matriarche de la famille, Constance Colby, dont les machinations avec l'oncle Jason Colby, joué par Heston, mènent à la séparation des Carrington et des Colby. Par conséquent, Heston, Stanwyck et leur famille, comprenant Emma Samms en tant que nouvelle Fallon, se rendirent en Californie, pour annoncer la nouvelle série. Et contrairement aux Carrington qui semblent ne jamais aller nulle part, la vie de jet-set des Colby les mènent dans des lieux exotiques comme Monte Carlo et Rome, assurant que le budget pour Les Colby dépasse même celui de l'onéreuse Dynastie.

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    Accepter de jouer pour la télévision était sans précédent pour Heston, mais ça ne peut que renforcer son statut de superstar en l'exposant à une toute nouvelle génération de fans qui ne l'ont probablement jamais vu dans Ben-Hur ou Les Dix Commandements sur un vrai grand écran argenté. Ça ne peut également que le rendre plus riche que jamais, mais ce qui compte le plus à ses yeux en acceptant ce contrat est de jouer des rôles qui repoussent ses limites et qui le laissent fermement ancré dans les yeux du public. Après tant d'années, il a admis que la télévision était le médium qui pouvait le mieux remplir toutes ces fonctions, mais il n'est probablement toujours pas satisfait.

    Il reste son critique le plus acerbe. Il m'a dit :

    «Je ne suis vraiment satisfait de mon travail dans aucun des films et aucune des pièces que j'ai faits. Je pense que c'est sain. J'ai certainement fait des films et des pièces que j'ai aimés et en règle général, je suis content de l'ensemble, mais je n'ai jamais vu une seule de mes performances dont je sois satisfait, et j'imagine que c'est sain.

    Je pense que si j'étais pleinement satisfait, il serait temps de raccrocher et m'entraîner à être un vieil homme méchant, assis près du feu et frapper avec un bâton des gens à genoux !»

     

    FIN

     

    1Le texte original dit simplement Cimarron, mais cela peut renvoyer à différentes séries et films aux titres semblables. Aux vues de la date, la plus probable est Cimarron City, sortie en 1958 avec George Montgomery.

    2Mother Lode