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  • EXTRAIT DU LIVRE DE MARC ELIOT pages 426 à 429 (voyage de Charlton Heston en Chine)

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    En septembre, après avoir terminé le tournage de toutes ses scènes d'Un homme pour toutes les saisons aux studios Pinewood de Londres, Heston laisse la postproduction aux mains de Fraser et Snell et commence à se préparer pour le voyage à Pékin. Lydia va l'accompagner, ainsi que Herman Wouk, l'auteur de The Caine Mutiny, qui a également été invité par le gouvernement chinois après lui avoir accordé l'autorisation officielle de jouer la pièce. Avant leur départ pour Pékin, Heston et Wouk passent à nouveau de longs après-midi à discuter des subtilités de la pièce et de la manière de les transmettre aux acteurs, dont la plupart sont des professionnels, mais dont peu comprennent ne serait-ce qu'un mot d'anglais.

    Heston ne comprenait pas pourquoi le gouvernement chinois voulait monter une pièce sur une mutinerie, sans doute parce qu'il ne comprenait pas la culture de la République populaire de Chine. Pour les Chinois, le fait de voir un puissant capitaine de marine renversé par ses pairs était facilement compréhensible et étrangement satisfaisant. La cour martiale de The Caine Mutiny jugeait une autorité rebelle justement punie ; Queeg est un capitaine mais il est incapable de diriger son navire et doit être remplacé. Il devait être relevé de ses fonctions non seulement en raison de son état d'esprit, mais aussi pour préserver l'État. Aller à l'encontre du parti signifiait qu'il devait être fou.(page 426)

    Lydia est particulièrement enthousiaste à l'idée de se rendre en Chine. Grâce à ses photographies, elle s'était liée d'amitié avec l'aquarelliste d'origine chinoise Dong Kingman et le centenaire Jingshan Lang, largement considéré comme le père des photographes chinois, tous deux vivant aux États-Unis. Chacun de leur côté, ils l'ont encouragée à faire ce voyage pour découvrir l'extraordinaire beauté du pays et essayer de rencontrer et de photographier le plus grand nombre de Chinois possible. (page 426)

    Les Heston ont atterri à Pékin le 14 septembre 1988 à deux heures du matin et ont été conduits en limousine à l'hôtel Great Wall de Pékin. Ils s'étaient assurés d'avoir suffisamment de vêtements, de chaussures, de papier hygiénique et, ne sachant pas s'ils apprécieraient la nourriture chinoise, de nombreux pots de beurre de cacahuète. Ils sont ensuite descendus dans le hall et ont bu une bière Tsingtao avec le comité d'accueil qui les avait patiemment attendus malgré l'heure. Lorsqu'ils ont terminé, vers quatre heures du matin, les Heston sont retournés dans leur suite et se sont endormis.(page 427)

    Tôt le lendemain matin, après un petit-déjeuner composé d'œufs, de bacon et d'un bol chaud de riz conjee, Heston se rendit à la salle de répétition située dans l'immense et riche Théâtre d'Art Populaire, où le décor du tribunal militaire de Caine qu'il avait lui-même conçu, avait été construit,  était prêt à l'accueillir.(page 427

    (pages 428-429) :

    Dans son livre Beijing Diary, Heston écrit que tout au long de son séjour en Chine, il s'est senti un peu comme George Taylor, un étranger en terre inconnue. Cela lui a permis d'apprécier encore plus les libertés dont il jouissait en Amérique. Il était tellement enthousiasmé par ce qu'il pensait avoir accompli au cours de ce voyage dans ce qu'il percevait comme le cœur des ténèbres politiques chinoises qu'il voulait faire une autre version de la pièce, cette fois à Moscou, en russe, une version américaine moderne de Darkness at Noon (Ténèbres à midi).

    Cela ne s'est jamais produit, et il n'est jamais retourné en Chine. Au mois de juin suivant, le soulèvement des jeunes sur la place Tiananmen a éclaté et a amené Pékin et le parti communiste au bord de la révolution. Au fur et à mesure de l'arrivée des chars, les portes que Deng avait si prudemment ouvertes à l'Occident se sont refermées, et le gouvernement chinois a resserré son emprise sur le peuple afin de conserver le pouvoir. Il faudra plusieurs années pour que le traumatisme de Tiananmen commence à se dissiper et que le gouvernement chinois relâche son emprise sur les Chinois ordinaires.

    Heston a suivi tous les événements de Tiananmen grâce à une série de correspondances avec Barbara Zigil de l'Institut américain de Taïwan. C'est ainsi qu'il a découvert que les acteurs du film The Caine Mutiny, pendant une pause à Shanghaï, étaient retournés à Pékin et s'étaient rendus sur la place un après-midi pour soutenir le soulèvement, portant les vestes de production en satin noir que Heston leur avait données en cadeau. Lorsqu'ils sont retournés à Shanghaï pour terminer les représentations prévues, ils ont découvert que l'électricité avait été coupée dans le théâtre et qu'ils ne pouvaient pas continuer.

    Plus tard, lorsque les choses se sont calmées, Heston a essayé de contacter certains des acteurs de sa production et le département d'État lui a conseillé de ne pas essayer de joindre les Chinois avec lesquels il avait travaillé, car cela ne ferait qu'aggraver leur situation. Cela lui a donné froid dans le dos.

    "Je suis quand même content d'avoir fait la pièce (avec eux)", écrit-il dans son journal. "Je parie qu'ils le sont aussi".

    (traduction et publication avec l'aimable autorisation de Marc Eliot)

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    Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

     

     

     

  • 31 - HESTON et De Mille, du chapiteau à la flibuste, histoire d’un conte d’HOLLYWOOD

     

    PREMIERE PARTIE

    Cecil B. DeMille Filmographie, - Réalisateur - Producteur - Monteur


    « J’aime bien la manière dont il m’a salué »…


    Apparemment, c’est ainsi que le grand Cecil B .De Mille répondit à sa secrétaire quand elle lui souligna qu’il n’avait pas aimé le film «  DARK CITY » dans lequel jouait pour la première fois à l’écran, un jeune inconnu du nom de Charlton HESTON,  dont il venait d’ apprécier le sourire et l’allure.


    Effectivement, «  DARK CITY » ne l’avait pas particulièrement ému, et il l’avait considéré comme un passable film noir comme HOLLYWOOD en produisait régulièrement à l’époque, mais le célèbre metteur en scène avait suffisamment d’expérience pour ne pas juger trop durement un comédien, surtout débutant, n’ayant pour lui que l’expérience du théâtre et de la télévision sur la côte Est, loin des  splendeurs de «  Tinseltown » …


    ET comme il faut bien qu’un conte de fées commence par un heureux hasard, c’est ce salut de la main du jeune acteur à son intention, passant en voiture devant les studios de la Paramount, qui va rester dans la mémoire du réalisateur et l’amener à réfléchir à l’éventualité de l’engager pour son futur grand projet «  THE GREATEST SHOW ON EARTH »

    SOUS LE PLUS GRAND CHAPITEAU DU MONDE - cineparade thierry 13
    Sans pour autant que le jeune comédien soit particulièrement en attente d’être choisi par le Maître, car n’ayant pas non plus été spécialement convaincu par ce film, il ne se sent pas encore à l’aise dans le circuit hollywoodien, et se verrait bien continuer sa carrière au théâtre, sa passion première, tout en décrochant des emplois à la télévision , laquelle lui a permis de jouer de nombreux rôles, de SHAKESPEARE à MAUGHAN ou STEVENSON ; il ne s’agit pas là d’un manque d’ambition,  mais comme son plus grand désir est de jouer tout en gagnant sa vie, l’attrait financier que représente un film  n’a pas forcément pour le moment, un poids déterminant dans ses décisions.


    Voici donc le jeune homme de retour sur la côte Est, pendant que le grand Cecil est très occupé sur la côte Ouest à préparer « le film le plus spectaculaire jamais fait sur le monde du cirque » ! et quand il s’agit de mettre en route un de ses »épics », rien n’arrête cet homme, aucune difficulté dans le montage financier ou le choix des comédiens ne vient tempérer son enthousiasme et son ardeur à toucher le public le plus vaste ; il faut dire  que le patriarche de la PARAMOUNT, qui a commencé sa carrière sous le règne d’Adolphe ZUKOR dès 1914 , en connait un rayon sur les goûts des spectateurs américains, puisqu’il n’a quasiment jamais connu l’échec, depuis sa première version des «  TEN COMMANDMENTS » jusqu’à son dernier succès «  SAMSON AND DELILAH » ; son obsession essentielle étant de «  faire du spectacle » mais avec des connotations religieuses et spirituelles très marquées, car ce fils de pasteur se veut également moraliste et éducateur. Il n’est donc pas surprenant qu’il puisse attacher beaucoup plus d’importance au «  box-office » de ses films qu’au jugement souvent très sévère des critiques ! 

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    (Cecil B de Mille consultant la Bible)


    Interrogé d’ailleurs un jour sur sa méfiance légendaire pour cette profession, il dira non sans humour : «  la plupart des critiques descendent mes films sans avoir eu à payer leur place, la plupart des spectateurs les aiment et  par contre , payent leur place, vous comprendrez donc à qui j’accorde plus volontiers ma sympathie »


    Ayant réussi à engager pour la durée du tournage le fameux «  RINGLING BROTHERS CIRCUS » pour la coquette somme de 250 000 dollars, De MILLE peut très vite, rassuré quant à la logistique considérable imposée par le projet, se consacrer à un aspect essentiel, le casting ; on a souvent médit, parfois avec raisons, sur les capacités de De MILLE à diriger ses comédiens, mais on ne peut nier qu’il ait mis dans ses choix de distribution autant d’énergie et de réflexion que pour diriger ses foules de figurants ou les placer dans un décor ; c’est plutôt dans sa conception même de « l’acting » qu’il faut parfois voir une forme de naïveté, car De MILLE venait du muet et était encore marqué par une certaine emphase dans l’expression propre à cette époque ; peut-être préférait-il accentuer le charisme visuel d’un comédien ou d’une comédienne plutôt que de se consacrer à leur faire travailler leur diction et garder une forme de «  naturel » ; quoiqu’il en soit, et jusqu’à la fin de sa carrière, ses films porteront sa marque, et la manière de jouer de certains de ses acteurs, souvent datée quand on voit ses films maintenant, provient davantage de son parti-pris esthétique que des qualités intrinsèques des  comédiens impliqués.

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    Menant très habilement sa barque, le rusé De MILLE va passer une bonne partie de l’année 1951 à faire «  mousser » son projet, annoncé à grand renforts de publicité, d’abord pour faire connaitre ses intentions, mais surtout pour inciter quasiment tous les acteurs et toutes les actrices en vogue à s’intéresser au film, car de toute évidence, un rôle dans une production aussi prestigieuse ne se refuse pas ; même Paulette GODDARD, qui déteste cordialement De MILLE pour son acharnement d’ordre politique contre Charlie CHAPLIN, va faire des pieds et des mains pour obtenir le rôle de la montreuse d’éléphants, lequel ira à Gloria GRAHAME, que l’auteur-producteur trouve plus sympa et surtout moins chère ! En effet, sans que l’heure soit encore aux restrictions de budget, De MILLE préfère largement choisir une distribution sans grandes stars coûteuses, à part bien sûr James STEWART, et il va donc s’orienter vers des visages connus mais sans plus, ou des visages totalement inconnus ou presque, et c’est là que le jeune HESTON va entrer en scène….


    Auparavant, De MILLE  va opter pour Cornel WILDE, qui sera ravi de pouvoir relancer sa carrière,  pour le rôle du « grand Sebastian » , acrobate malheureux dans le scénario , après avoir longtemps hésité à engager Burt LANCASTER, trapéziste de renom et comédien bien supérieur à WILDE, mais qu’il va finalement refuser en raison de son mauvais caractère et de ses opinions politiques à l’opposé des siennes ! James STEWART, seule grande star au générique, apportera sa touche d’humanité pour incarner un docteur accusé de meurtre et qui s’est réfugié dans le cirque sous les traits de l’Auguste de service. Quant à Betty HUTTON , qui disparaitra des écrans dés le début des années 60, elle  sera quant à elle le «  love interest » de Brad ,  le têtu et passionné  directeur du cirque…

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    Justement, quid du directeur du cirque ?


    Rôle effectivement capital, puisque ce personnage autour duquel se cristallisent toutes les passions et les jalousies, doit être selon De MILLE un dur, un autoritaire, et en même temps un type de bon sens auquel le public peut s’identifier, bref une sorte d’archétype de l’Américain parfait tel qu’il l’a rêvé et façonné depuis ses débuts dans la mise en scène ..


    Et un archétype pas trop cher si possible, ce qui réduit considérablement le champ d’action du metteur en scène, qui va pouvoir oublier les PECK, DOUGLAS et MITCHUM qui sont hors de prix, et réfléchir une deuxième fois à ce jeune qui l’avait si plaisamment salué un an plus tôt.


    Et ça tombe plutôt bien, car le jeune en question, contacté par son agent Herman CITRON, est justement disponible car encore sous contrat avec Hal WALLIS et PARAMOUNT, et sent quand même, qu’une proposition d’un homme de la stature artistique de De MILLE, c’est bien simple, ça ne se refuse pas !


    Le voilà donc embarqué dans le plus grand spectacle du monde, à jouer un de ces «  characters » qui vont un peu lui coller à la peau pendant les premières années de sa carrière : un type dur qui ne fait pas de concessions, pas toujours adroit avec les femmes ou parfois carrément macho, droit dans ses bottes mais un chouia rigide quand même, bref « a tough nut » que De MILLE va trouver parfaitement facile à diriger, puisqu’il s’adapte facilement à ses désirs ! en même temps, ce n’est pas très difficile, car HESTON va constater très vite que le «  metteur » donne très peu d’indications, ne cherche pas à améliorer le script ultra- écrit par 4( !) scénaristes, et se contente de rechercher une « chimie » visuelle pour donner de l’intensité et du relief à des répliques qui n’en ont pas toujours ; d’abord un peu désemparé par cette méthode ou absence de, le «  Chuck » va donc très vite s’adapter et tenir le moins compte possible d’une intrigue relativement mince, ou les antagonismes entre les personnages sont des plus téléphonés, parce qu’il a bien compris que le vrai sujet, ce ne sont pas les marionnettes qui s’agitent sur l’écran, mais bien sûr le Cirque lui-même !


    Il va d’ailleurs découvrir en De MILLE un personnage des plus complexes : très aimable et prévenant avec lui, il pourra se montrer très dur et cassant avec l’équipe technique, virant carrément quelques «  incapables » sur le plateau, ne tolérant aucune erreur dans le placement des figurants, mais s’arrangeant aussi pour faire travailler les «  extras » deux fois plus sur les grosses scènes de mouvement et de préférence avant NOEL, pour leur permettre de toucher un cachet supplémentaire ! «  He was the good cop and bad cop altogether » dira t’il plus tard pour «  résumer » la personnalité difficile de son mentor.

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    Ce tournage sera très physique pour Cornel WILDE et surtout Betty HUTTON en trapéziste, moins pour HESTON qui sera surtout concerné  par la scène très spectaculaire du déraillement du train, laquelle sera filmée sur le « soundstage » de PARAMOUNT, à tel point qu’avec le recul, Chuck jugera l’expérience amusante et excitante, sans qu’il ait vraiment eu conscience des difficultés liées au tournage ; «  c’était comme un jeu pour moi, j’avais l’impression  de travailler pour le plaisir, sans connaitre la pression » !


    La pression, ce sera plutôt pour l’auteur-producteur, car il a dû utiliser un budget considérable pour réaliser un film sur un sujet certes populaire, mais pas aussi familier pour le public que ses précédents péplums ou westerns dont il était quasiment certain qu’ils connaitraient toujours le succès ; « j’avais foi dans un projet qui célébrait une vision optimiste d’une forme de rêve américain, mais  j’ignorais si les Américains partageaient encore les mêmes rêves que moi »  dira t’il à un journaliste du New York Times après la sortie du film…


    Une sortie triomphale, qui mettra rapidement fin aux doutes du producer : très gros succès à sa sortie, le film se place comme la 2ème meilleure recette de l’année 1952 au box-office américain ; sabré comme il se doit par la plupart des critiques, il va néanmoins, ultime camouflet pour la presse bien-pensante, obtenir l’Oscar du meilleur film de l’année !  Comme souvent, Cecil B . De MILLE aura vu juste, en suivant jusqu’au bout sa ligne de conduite, sachant user de ses points forts et de son sens dramatique inné tout en ayant l’habileté de ne pas donner à l’intrigue trop d’importance du fait de sa relative faiblesse ; c’est d’ailleurs ce que, au moment de la ressortie de l’œuvre en Blu-ray près de 70 ans après sa sortie, on sera tenté de retenir au moment de «  juger » ce monumental exemple de la démesure et de la passion de l’ « âge d’or » hollywoodien..


    On peut donc considérer que, pour ses grands débuts dans l’univers de De MILLE, le jeune HESTON aura réussi au- delà de ses espérances :ayant choisi de jouer dans ce film sans stress particulier vu qu’en cas d’échec, il pouvait toujours retrouver le théâtre, il aura abordé cette énorme production sans complexe, et avec même finalement une( relative) insouciance, qu’il ne retrouvera pas dans certains de ses films ultérieurs, sans doute parce qu’il y aura pris davantage conscience de ses responsabilités ; et sans être exceptionnelle, sa prestation est globalement celle d’un «  naturel », à tel point  qu’une dame écrira peu après la sortie du film à De MILLE pour le féliciter d’avoir si bien compris le milieu et la culture du monde du cirque,  en ajoutant pour finir cette phrase que chacun pourra interpréter à sa façon :


    « J’ai  été épatée de voir à quel point le manager du cirque collait vraiment bien avec les vrais acteurs » ..

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    Mais s’il peut s’estimer comblé par cette rencontre importante avec l’un des géants d’HOLLYWOOD, le jeune Charlton qui n’est pas encore une star mais vient de faire montre de son potentiel, est loin d’imaginer ce que sa prochaine rencontre avec Cecil B . De MILLE va lui apporter…

     

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    A SUIVRE⇒