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  • 20 - « EL CID » ou l’acteur face à la légende (3ème partie)

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    «  28 JANVIER 1961 : Quelque soit le résultat final de ce travail , on peut dire que ce film aura eu de la chance. QUATRE heures seulement après qu’elle ait complété ses scènes dans le film, Sofia a fait une chute et s’est démis l’épaule ; je lui ai apporté des fleurs et tous mes sincères regrets avant qu’elle prenne l’avion pour ROME, mais je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée privée bien coupable, comme si je regrettais que cet accident ne soit pas arrivé un mois plus tôt » (JOURNALS)

    Ces propos de l’artiste au sujet de sa co-vedette, même s’il a pu les nuancer par la suite, illustrent bien à quel point ce tournage, du moins sa première partie, n’aura pas été un « tournage heureux », provoquant chez HESTON, outre ses réserves quant à l’attitude de sa partenaire, des doutes sérieux sur la valeur de MANN en tant que directeur du film ; il va même jusqu’à remettre en cause ses choix de mise en scène, fait nouveau chez lui, à plusieurs reprises, notamment son absence de fermeté devant le refus de Sofia d’accepter de vieillir à l’écran, alors que lui-même trouve normal et appréciable en tant que comédien, de devenir ce champion marqué physiquement par les batailles et les épreuves de la vie !

    En tous cas, toutes les scènes avec Sofia ayant été tournées, le Chuck, même insatisfait, va mettre toute son énergie dans les scènes d’action, persuadé que l’apport de Yak CANUTT comme directeur de la seconde équipe contribuera à relever le niveau du film ; amené par la nature de son personnage, à pratiquer beaucoup l’épée, il se retrouve tous les matins avec le maitre d’armes italien Enzo GRECO pour travailler au duel qui va l’opposer à Don GORMAS, ce qui fera l’admiration de MANN : « en dehors de ses attributs physiques, Chuck est un homme qui sait parfaitement manier l’épée, la lance, monter à cheval, il semble avoir été fait pour ça, et apprend à une très grande vitesse » ; ces qualités vont également lui servir lors du spectaculaire duel qui opposera le Cid au champion adverse Don MARTIN, puisque Joe CANUTT ne le doublera que pour sa chute de cheval, tout le reste du combat, dont le tournage prendra une semaine, étant assuré par l’acteur.

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    (Charlton Heston entraînement au duel avec Enzo Greco)

    Cet engagement physique du comédien pour vraiment exprimer toute la détermination et la passion qui habitent son personnage vont d’ailleurs tellement impressionner BRONSTON et YORDAN qu’avant même la fin du tournage, ils lui soumettront leur «  projet romain » qu’HESTON refusera d’ailleurs plus tard pour diverses raisons….

    Pendant que MANN tourne les rares scènes ou il est absent du champ avec Herbert LOM dans le rôle de Ben YOUSSOUF, à la place d’Orson WELLES qui s’est désisté, Chuck apprend à connaitre BABIECA, son cheval fétiche, refuse à regret la proposition d’OLIVIER de jouer BECKETT à BROADWAY, se passionne pour le travail de la seconde équipe qu’il trouve plus reposant que les scènes d’intérieur, bref, il s’occupe !

    Car le «  clou » du film se rapproche, c’est-à-dire la bataille de VALENCE, qui va opposer le CID à Ben YOUSSOUF et le faire rentrer dans la légende…

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    (Herbert Lom dans le rôle de Ben Youssouf)

    Pour cette séquence capitale, impliquant des milliers de figurants de l’armée espagnole ( au grand regret du libéral BARZMAN) le grand cascadeur Yakima CANUTT a été signé pour réaliser tous les grands mouvements et les combats eux-mêmes, ce qui fait du metteur de seconde équipe, un homme-clé d’une production d’une telle envergure !

    Or, assez curieusement, Anthony MANN semble alors prendre ombrage du prestige et de l’influence qu’exerce le fameux CANUTT sur la compagnie, d’autant que ce rude « westerner » n’a pas sa langue dans sa poche et insulte à tour de bras les cavaliers et fantassins espagnols qu’il accuse de manquer de conviction ; persuadé qu’il peut aussi bien faire, MANN va donc prendre en main la réalisation des combats sur la plage, ce qui peut en partie se comprendre, car il s’est plutôt bien tiré de la spectaculaire ruée de 500 chariots dans «  CIMARRON » ! malheureusement pour lui, le combat de VALENCE qui verra la victoire finale des Espagnols sur les Maures, c’est une toute autre histoire, et il va vite se rendre compte que sa technique consistant à filmer le maximum de plans d’ensemble, si elle marche pour les westerns, ne fonctionne pas pour un film comportant cent fois plus de figurants ; conscient qu’il n’obtient que des plans de foule à la limite du flou qui désespèrent même le très british chef-op Robert KRASKER, il va finir par jeter l’éponge, mais non sans avoir usé l’énergie de tous et l’argent de BRONSTON, et failli provoquer le départ de CANUTT, furieux, qui est quasiment rattrapé par la production alors qu’il s’apprête à reprendre l’avion pour LOS ANGELES !

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    (Photo Google)

    CANUTT va donc sauver ce qui peut encore l’être, en organisant de petites formations de combattants autour d’actions précises qu’ils vont répéter » ad nauséam » jusqu’à ce que chacun de ces groupes fasse un travail cohérent et puisse s’intégrer à l’ensemble, donnant enfin du rythme et du mouvement à ce qui ressemblait à une pagaille organisée ; cette affaire aura pris quatre semaines à tourner, et mobilisé une logistique sans précédent dans l’histoire du cinéma, 2000 fantassins et 1000 cavaliers, et même si à l’écran, le résultat parait encore aujourd’hui époustouflant, HESTON regrettera toujours que MANN n’ait pas laissé dés le début, les clefs du camion au fameux «  white Indian » du cinéma, qui sera plus tard de l’équipe de KHARTOUM , avec un grand succès.

    Il faut cependant tempérer le jugement sévère porté par Chuck sur son metteur en scène, d’autant qu’il ne l’a pas spécialement révisé plus tard, car si MANN a certainement commis des erreurs, son implication et sa passion pour le projet ne peuvent être mises en doute ; c’est lui qui aura choisi l’essentiel des décors naturels qui donnent sa magie visuelle au film, c’est lui qui aura soutenu sans arrêt BARZMAN dans sa vision d’une oeuvre historique mais humaniste, c’est aussi lui qui, de par sa formation théâtrale et sa sensibilité, aura su donner une dimension shakespearienne aux scènes opposant les deux fils et la fille du roi FERDINAND, tous excellemment interprétés par Gary RAYMOND , John FRASER et notre distinguée française à la voix unique, Geneviève PAGE !

    « Tony était un homme très doué, qui a fait de bons films, mais avec le recul, je ne crois pas qu’il était le bon director pour un film aussi difficile, réclamant autant de contrôle et de précision de la part de son metteur en scène ; les personnages et l’intrigue sont plus complexes que dans BEN-HUR, ce qui me porte à penser que si WYLER et MANN avaient échangé les rôles, BEN n’aurait pas été inférieur à ce qu’il est, mais EL CID aurait été le plus grand film épique de l’histoire du cinéma » ( JOURNALS, révision de 1978)

    Quelque soient les doutes de l’acteur sur les capacités de son réalisateur, force est de constater que les dernières semaines de tournage seront les plus efficaces, avec notamment le fameux duel, longtemps préparé, avec Don MARTIN,sur lequel MANN saura s’effacer, se contentant de filmer le début et la fin de l’action ,et HESTON tournera son dernier plan le 15 avril, pour se voir imposer par BRONSTON une séance de public relations à ROME, afin de satisfaire DEAR FILMS, co-producteur italien de l’œuvre, corvée à l’issue de laquelle il pourra enfin respirer, et repartir pour les USA après un séjour d’une semaine en FRANCE !

    Convaincu du potentiel commercial de l’œuvre, Chuck reste cependant, éternel perfectionniste, encore dubitatif quand à sa valeur artistique, même s’il trouve que l’essentiel de la captivante légende a été globalement bien capté à l’écran, mais on peut mettre ses doutes sur le compte de l’épuisement après six mois de travail dans des conditions souvent frustrantes ; il va donc ne plus fréquenter une caméra pendant six mois, et ne reprendra un tournage qu’en octobre, en Italie pour l’amusant,( et beaucoup moins crispant à réaliser) «  PIDGEON THAT TOOK ROME »

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    «  EL CID », comme chacun sait, fera plus que réaliser un box-office honnête, il sortira fin 1961 dans le monde entier, pour rapporter plus de 35 millions de dollars lors de sa première année d’exploitation, approchant les 50 millions l’année suivante, il va donc être un véritable triomphe, cimentant au passage la place d’HESTON au sommet de la hiérarchie des acteurs- décideurs, une position qu’il aura toujours souhaité assumer ; star, sûrement pas, mais artiste responsable de projets, c’est un rôle qui l’attire énormément et qu’il a enfin, après le triomphe de BEN-HUR et de celui-ci, l’occasion de jouer, avec on le verra des résultats commerciaux assez variables…

    Que reste t’il d’ «  EL CID »,un peu moins de soixante ans après sa sortie ?

    N’en déplaise au comédien, dont le jugement sur ses films n’est par ailleurs pas toujours partagé par ses fans, il s’agit bien d’un des plus grands films «  historico-mythologiques » de tous les temps, et on ne saurait rester indifférent devant le souffle épique qui anime ses plus belles séquences, le gout avec lequel MANN et son équipe ont su faire renaitre à l’écran l’Espagne médiévale, les passions humaines qu’il décrit et l’excellence d’un dialogue qui arrive à éviter les clichés et le pompiérisme propres à ce type d’ouvrage, sans oublier l’interprétation parfaite du rôle de RODRIGO par un HESTON véritablement possédé par son personnage…

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    Quand à l’image du CID mort, attaché à son cheval, semant la panique dans les rangs adverses et galopant à l’infini sur la plage pour entrer dans la légende, elle continue à resplendir dans la mémoire des cinéphiles, comme une inoubliable prolongation d’un Mythe éternel.

     

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    FIN .

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    A CECILE, qui aimait « EL CID »

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  • 19 - « EL CID » ou l'acteur face à sa légende … (2ème partie)

     

     

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    Il est étonnant de constater, près de soixante ans plus tard, qu’un projet aussi important que «  EL CID » sur le plan artistique et logistique, doté de surcroît d’un budget pharaonique pouvant faire craindre le pire en cas de dérapage technique ou humain, ait pu voir le jour avec autant d’approximations et de prises de risque ! Nous avons déjà évoqué dans la première partie, les soucis provoqués par l’absence d’un scénario digne de ce nom pendant la genèse du projet, mais voici qu’un deuxième obstacle de taille se présente à l’horizon, au moment où HESTON himself a enfin donné son accord et pris le bateau avec femme et enfant :

    BRONSTON n’a toujours pas sa CHIMENE !

    Or, pour des raisons à la fois commerciales et artistiques, le producteur a absolument besoin pour son « épic » d’une partenaire de poids ( si j’ose dire) pour son héros médiéval ; tout d’abord parce que le cinéma des sixties ne conçoit pas un film de cette ampleur sans que son acteur principal n’ait un « love interest », auquel cas le public féminin pourrait manquer à l’appel, ensuite parce que la légende du CID ne peut se matérialiser à l’écran sans le personnage de Dame CHIMENE, pièce essentielle de la tragédie.

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    Ben BARZMAN ayant charpenté le scénario en partie autour de la pièce de CORNEILLE, donne effectivement une grande importance dramatique au personnage de CHIMENE, car son amour-haine pour RODRIGUE permet selon lui de donner une vraie humanité à ses deux héros ; il est pour lui impossible de sortir du carcan du film épique, pseudo-historique, sans ajouter une dimension quasi-shakespearienne à l’intrigue.

    C’est d’ailleurs lui, et son influente épouse, qui vont insister auprès de BRONSTON pour qu’il persuade Sofia LOREN¹ d’accepter le rôle, en l’absence de toute candidate espagnole d’envergure suffisante ; et BRONSTON ne s’envole pour ROME qu’au moment ou HESTON arrive à MADRID, curieux timing quand on connait l’urgence du comédien à travailler le plus vite et le mieux possible, et ce premier retard n’arrangera pas les choses par la suite !

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    (Sophia Loren Carlo Ponti)

    Sofia est à l’époque en pleine gloire, ce dont va profiter son mari et producteur Carlo PONTI pour faire monter les enchères, et il sera un négociateur redoutable avec BRONSTON, qui a de toute façon besoin d’elle ! Compte tenu du récent succès de « LA CIOCIARA » de DE SICA, qui lui vaudra un Oscar de la meilleure actrice, LOREN ne peut que réclamer des conditions de contrat avantageuses, que l’on peut résumer ainsi  :

    1) Cachet mirobolant,( on parlera d’1 million de dollars, chiffre sans doute exagéré) supérieur en tous cas à celui d’HESTON, qui en prendra d’ailleurs ombrage…

    2) Temps de travail limité à 10 semaines

    3) Présence obligatoire de sa propre équipe (maquilleuses, coiffeur, traducteur)

    4) Droit de regard sur le script et toute modification jugée inopportune…

    Ces conditions peuvent sembler délirantes, compte tenu du fait que le rôle de CHIMENE est quand même moins important que celui de RODRIGUE, présent lui dans la majorité des scènes, mais il faut savoir que les expériences hollywoodiennes de LOREN avaient été désastreuses auparavant, notamment un tournage orageux avec Cary GRANT, et elle ne souhaitait pas retrouver le même problème avec HESTON, bref, sa crainte de se retrouver courtisée et harcelée par une autre «  major star » d’HOLLYWOOD était bien réelle !

    En fait, comme nous le savons tous, ces craintes vont s’avérer totalement injustifiées, et si des soucis vont très vite se présenter, ce ne sera pas sous la forme d’un conflit amoureux… car pendant que le « deal » se concrétise, HESTON bataille avec YORDAN pour améliorer le script, selon la formule «  mieux ne signifie pas bon ! » ce qui irrite profondément le pseudo «  screen-writer », persuadé de son côté que BARZMAN prend un peu ses aises avec l’aspect «  blockbuster » du projet, lui reprochant de trop développer le personnage de Dona URRACA ( Geneviève PAGE) au détriment de CHIMENE !

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    (Geneviève Page)

    On nage donc à ce moment en plein Odéon, car LOREN, depuis sa maison de ROME qu’elle ne quittera que pour le tournage, reçoit également le nouveau script et rentre dans une colère noire, car les changements apportés, selon elle, valorisent HESTON et diminuent considérablement sa présence à l’écran !

    On notera avec amusement que ces conflits d’égos surdimensionnés se produisent donc AVANT que le moindre plan ait été tourné, ça promet !

    Quant à celui qui doit tourner les plans en question, Tony MANN, il ne s’inquiète pas plus que ça, car il en a vu d’autres sur CIMARRON, qu’il vient de réaliser, où il a passé l’essentiel de son temps à empêcher Ann BAXTER et Maria SCHELL d’en venir aux mains ; MANN se concentre donc sur le choix des différents châteaux en Espagne ( c’est le cas de le dire) qui embelliront ce projet dans lequel il a toute confiance .

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    LOREN va finalement mettre un bémol sur ses prétentions artistiques quand elle a vent d’un possible revirement de BRONSTON, qui la joue à l’intox en annonçant que Jeanne MOREAU est pressentie pour le rôle, ce qui va l’amener, sur les conseils de PONTI, à parapher illico le contrat et s’envoler dans toute sa gloire pour MADRID, où l’attendent une foule de paparazzi déchainés et un Chuck très calme, qui se demande, comme d’ailleurs vis-à-vis de toutes ses partenaires féminines, comment tout ça va pouvoir se passer !

    A ce sujet, il est bon, quand même, d’éclaircir un peu les choses : si HESTON s’est souvent, du moins dans la première partie de sa carrière, montré difficile avec ses partenaires du beau sexe, ce n’est pas, contrairement à ce qui a souvent été écrit, par machisme ou par « autosuffisance virile », mais parce qu’il ne les trouvait pas suffisamment professionnelles et «  hard-working » ce qui n’est pas la même chose ; ainsi, il jugera dans ses «  JOURNALS » que LOREN est une  femme très estimable, d’une beauté tellement exceptionnelle qu’elle a peur que le moindre coup de vent puisse l’endommager ; peut-être est-elle davantage « star qu’actrice » ; il reconnaitra d’ailleurs s’être souvent trompé et avoir eu parfois un comportement désagréable,( notamment plus tard au sujet de Sofia), ce qui est tout à son honneur...

    En attendant, le tournage peut enfin commencer le 14 novembre 1960, après des mois de conflits de basse-cour, avec pour le freiner, déjà quelques impératifs de taille dus, il faut le dire, à l’entourage de LOREN : Sofia en effet, refuse les horaires standards proposés par BRONSTON, à savoir 8h-17h, car elle ne peut se présenter avec tous ses atouts qu’à partir de 12h, et encore, AVANT maquillage, autant dire que le travail ne peut commencer qu’à partir de 14h ! à la grande colère d’HESTON, le producteur va donc se plier à ces exigences, et ce sera le début d’un conflit interne durable.

    En effet, ce qui peut se comprendre, le Chuck est un «  early riser » un acteur qui aime travailler tôt, car c’est là qu’il pense être le plus vif, énergique et productif, et comme LOREN n’est pas prête avant le début de l’après-midi dans la majorité des cas, il doit supporter de longues heures d’attente, qui selon son biographe, l’excellent Michael MUNN, « sont parmi les rares choses qui le mettaient dans une vraie fureur, car il prenait les retards chroniques de sa co-star pour une marque de mépris envers l’équipe du film et lui-même » ;»

    En fait, et on le sait bien maintenant, Sofia était une bonne personne fort appréciée de tous, mais le respect de son image était pour elle capital, d’où les nombreuses heures consacrées à sa toilette et sa coiffure, ce qui a peut-être été au détriment de son jeu ; elle va se montrer un peu raide et sans profondeur dans la première partie du film, pour lui donner davantage de substance et de la force dans la deuxième, un défaut que les détracteurs de l’œuvre ont souvent pris plaisir à souligner…

    Description de cette image, également commentée ci-après

    (Raf Vallone)

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    La tension et disons-le, l’incompréhension entre les deux stars vont contribuer à un climat pesant et désagréable sur le plateau, car autant HESTON prend plaisir à travailler avec des acteurs qui connaissent leur texte et arrivent à l’heure, et dans ce domaine il n’aura pas à se plaindre avec les excellents Raf VALLONE, Gary RAYMOND et John FRASER, autant il n’arrive pas à « jouer la comédie » au sens strict avec Sofia, ce qui va rendre inefficaces la plupart de leurs scènes d’amour, élément pourtant crucial de l’ouvrage ! HESTON va d’ailleurs changer d’avis peu à peu au sujet de MANN, auquel il reproche très vite de ne pas diriger la compagnie d’une main assez ferme, et surtout de laisser Sofia faire à peu près ce qu’elle veut, quand elle veut ! le point culminant de cette incompréhension mutuelle va être atteint lors de la scène, pourtant fort belle à l’écran, de la mort du CID, rendue efficace uniquement grâce au savoir-faire de MANN, qui va alterner les gros plans de chacun des artistes et engager des doublures pour les champ-contrechamp, car à ce moment précis, même si les choses vont s’arranger en fin de tournage, les deux acteurs ne se parlent plus !

    Avec le recul, on pourrait en déduire que la cause de cette «  zero chemistry » entre les comédiens ,préjudiciable à l’œuvre, leur est totalement imputable, mais on peut nuancer cette impression maintenant ; il semble surtout que MANN, dans son désir avoué de «  faire le plus grand film historique de tous les temps » ait consacré davantage d’énergie à l’action et au Mythe qu’à la passion amoureuse, ne prenant pas le temps de mettre en valeur leurs scènes, habitué qu’il était à traiter davantage les rapports entre hommes dans ses westerns ; c’est d’ailleurs un reproche que lui fera HESTON plus tard, frustré d’être passé à côté d’un chef-d’œuvre, parce que, selon lui, «  ce film était la meilleure histoire, potentiellement, qu’un film épique puisse proposer, mais Tony, qui était un homme décent et un bon metteur en scène, a commis de terribles erreurs et est passé à côté d’une occasion incroyable de faire le meilleur film historique de tous le temps ; l’oeuvre a trop de personnages, et trop de «  sous-intrigues » qui nuisent à la force originelle du sujet, et si MANN avait concentré ses efforts sur les personnages principaux plutôt que sur les scènes d’action, il aurait fait mieux que ce qui est un très beau film, mais pas un grand film »

    Même si on peut approuver en partie ce jugement plutôt dur, qui peut se justifier en raison des évènements à venir que nous dévoilerons dans une troisième ( et dernière !) partie, on doit aussi dans ce cas, rendre en partie responsables des difficultés qui ont miné le tournage, à la fois Sofia et le Chuck lui-même , car s’il va tenir dans ce film un de ses plus beaux rôles et réellement donner à son RODRIGO une dimension mythique, il aura aussi par son attitude intolérante, compromis les chances de donner aussi une «  dimension humaine » supplémentaire à son personnage, de par le manque de chaleur et de sincérité donné à la relation RODRIGUE-CHIMENE …

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    Et il sera conscient de ses erreurs passées quand il déclarera à Michael MUNN :

    «  Comme disait Spencer TRACY, j’arrive au travail à l’heure, je connais mon texte et j’essaie de ne pas me prendre les pieds dans le décor ; c’est une sorte de névrose chez moi, je ne supporte pas les gens qui arrivent en retard, et ma réaction à ce sujet est parfois excessive, ce qui n’empêche pas ma névrose d’être meilleur marché que la leur ! mais je suis devenu plus tolérant depuis que j’ai travaillé avec Sofia, car beaucoup d’actrices sont en retard sur le plateau parce que les pressions sur leur physique sont supérieures à celles des hommes, ainsi que leurs angoisses, et cela se manifeste par une préoccupation excessive pour leur image, ce qui peut se comprendre, j’étais simplement beaucoup moins tolérant à l’époque, que maintenant »

    On peut imaginer Sofia lisant ces lignes et disant «  Ok, Chuck, je pardonne »

    ET c’est ce qu’elle a fait .

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    A SUIVRE …

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    ¹ - Sofia : son prénom à l'état-civil, ou Sophia : son prénom au cinéma.