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  • 31 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

     

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    ...SUITE

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    Charlton avait encore du travail à côté de celui d'acteur et se retrouva de nouveau impliqué dans la politique du cinéma quand il fut élu pour rejoindre de nouveau la SAG, cette fois avec Dennis Weaver comme président. Il avait même été tenté une fois de se présenter au Sénat américain quand un groupe de démocrates avait promis de le soutenir, mais comme il le disait souvent, « très franchement, je préférerais jouer un sénateur plutôt que d'en être un. Et puis, j'ai déjà été président des États-unis quand j'ai joué Andrew Jackson et Thomas Jefferson ! »

    Avec tant d'allers et retours, surtout à Washington, la vie sur sa crête était désagréablement agitée, mais au moins, les migraines de Lydia étaient maintenant moins sévères, et Holly était bien enracinée à Westlake High School et prenait des cours de ballet. Elle lui dit assez fermement que la danse était bien plus dure que le travail d'acteur. « Tu as juste à apprendre tes répliques et monter et descendre d'un cheval, » lui dit-elle.

    Aux environs de noël 1973, Charlton emmena Lydia à Paris pour la première mondiale de Les Trois Mousquetaires et découvrit sur place que Richard Lester avait divisé le film en deux ; le second étant Les Quatre Mousquetaires.

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    (Charlton et Lydia à Paris pour la Première de "LES 3 MOUSQUETAIRES") et Charlton Heston dans le rôle de Richelieu.

    Retournant à la maison pour noël, ils s'arrêtèrent quelques jours à Londres où ils allèrent voir un portrait de Richelieu accroché à la National Gallery. Lydia l'observa avec finesse. « Il souffrait de migraines, » dit-elle.

    Richelieu fut son seul rôle au cinéma cette année-là, son temps étant pris par tant d'autres choses, et ça le démangeait de retourner devant une caméra. C'était une période difficile pour l'industrie du cinéma. Peu de films étaient faits et la tendance allait contre les cinéphiles, mais Charlton était toujours demandé, et Universal lui mettait la pression pour qu'il soit la tête d'affiche d'un film qu'ils promettaient renversant… presque littéralement.

     

    Des désastres pleins de succès

     

    Il n'était pas dupe, et peu importe ce qu'Universal et le réalisateur Mark Robson avaient dit, il n'allait pas tourner une fin alternative pour Tremblement de terre. Il leur a dit qu'il voulait que son personnage meurt à la fin et comme cela avait été convenu au départ, c'est la fin qu'il allait tourner.

    C'était ce genre de film. L'un de ces films que Chuck avait fait en manquant clairement d'enthousiasme pour le rôle ou le sujet : Les Singes II, Les Hawaïens et maintenant Tremblement de terre. Il savait qu'il le faisait surtout pour l'argent grâce à Universal qui acceptait de le payer en pourcentage des gains, et Universal comptait clairement faire de ce film une mine d'or.

    Les films-catastrophes étaient en vogue. Irvin Allen avait ouvert le pas avec L'aventure du Poséidon même si on pouvait remonter un peu plus loin avec Airport1 ou même Alerte à la bombe. Le principe de base de tous ces films était plus ou moins le même, avec une grande variété de personnages de feuilleton joués par de grands noms du cinéma, tous pris dans une série d'événements horribles.

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    (Charlton Heston dans "ALERTE A LA BOMBE")

    Heston appelait ces films « des films multi-risques ».

    Tremblement de terre dit tout dans le titre, et celui-ci utilisait un nouveau procédé appelé Sensurround qui faisait que le public se sentait comme dans un véritable tremblement de terre. Le casting se vantait de comprendre Victoria Principal, Lorne Green, Geneviève Bujold, George Kennedy, Richard Roundtree et Ava Gardner, mais Heston était en haut de l'affiche.

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    (Charlton Heston et Ava Gardner dans "TREMBLEMENT DE TERRE")

    À chaque fois qu'il faisait un film, il essayait toujours de s'accrocher à quoi que ce soit qui pouvait donner de l'importance ou du sens au film. L'histoire lui semblait quand même improbable, ce qui expliquait pourquoi il préférait mourir à la fin pour donner un peu de crédibilité au film. La catastrophe en lui-même, le tremblement de terre, était cependant quelque chose de concevable en Californie.

    Selon Charlton, « J'ai le sentiment que les images que montre le film pourraient un jour toucher Los Angeles. Nous n'avons plus eu de graves tremblements de terre à Los Angeles ou même en Californie depuis celui de 1933 à Long Beach, ou celui de San Francisco en 1906. Il y a eu quelques petites secousses sérieuses, mais ce n'était rien comparé à ces deux-là. » A part ça, Charlton n'avait pas grand-chose à dire du film, sinon qu'il avait eu la fin qu'il voulait et que ce fut un succès planétaire.

    Avant même d'avoir fini ce film, Universal l'embaucha pour tourner la suite de Airport : 747 en péril. Il accepta en se disant que c'était le genre de rôle qui lui permettait de gagner de l'argent pour jouer les rôles qu'il voulait vraiment faire. Donc, aussitôt après avoir terminé Tremblement de terre, il partit en avion pour Washington pour commencer la suite d'Airport où l'on trouvait tout et n'importe quoi, d'Helen Reddy en nonne chanteuse à Linda Blair en passagère ayant le mal des transports. Heston était le pilote, et comme pour Alerte à la bombe, il prit le temps d'utiliser un simulateur de vol, cette fois un simulateur de 747. « Je me suis écrasé plusieurs fois avec, » admit-il.

    Une grande partie du crédit du succès du film, comme il l'admettait bien volontiers, revient à Joe Canutt et son incroyable travail sur les cascades. On a utilisé un vrai Jumbo Jet pour toutes les séquences, et Canutt fit lui-même les séquences où le personnage d'Heston passe d'un hélicoptère en mouvement au Jumbo Jet endommagé mais encore en vol, bien que des maquettes aient été également utilisées dans cette scène.

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    (Charlton Heston et Karen Black dans "747 en péril)

    Les compétences d'Heston en tant qu'acteur n'étaient pas vraiment mises à l'épreuve dans des films comme Tremblement de terre ou 747 en péril. Il explique :

    «La plupart des rôles au cinéma sont plus ou moins des apports chimiques. Le public a besoin de quelqu'un à identifier et dont il peut se dire : « il va faire quelque chose pour régler tout ça. » Comme les gens me connaissent dans des rôles autoritaires, il n'y a pas de mal à me voir comme une personne qui prend en main un incendie.

    Cela vient en partie de la réputation que je traîne. Peu importe combien un acteur peut être versatile ou combien il essaye d'élargir son répertoire, il doit faire avec sa réputation. La mienne a été taillée par Moïse, Le Cid, Michel-Ange, sans parler d'un ou deux présidents. Si on a besoin d'une course de char, un plafond peint ou la mer Rouge coupée en deux, c'est à moi qu'on pense.

     Donc dans ces films il n’est pas nécessaire d’expliquer que mon personnage sera responsable. Il n’est pas nécessaire de prendre le temps d’expliquer cela à l’auditoire. C’est intégré.»

    Il fut visiblement bouleversé quand Fray lui a parlé au téléphone, et quand Charlton a relayé l'information à la mère de Fray, Lydia se sentit désespéremment impuissante, et espéra simplement qu'il réussirait à rentrer à la maison. Fray leur avait téléphoné pour leur raconter le drame de la veille. Plusieurs années plus tard, Fray me raconta ce qu'il s'était passé.

    « Je travaillais comme apprenti sur un radeau en tant que guide touristique fluvial. J'étais à l'arrière du radeau avec une dizaine de personnes à bord et le chef d'équipage était aux commandes. Nous avons frappé une vague extraordinaire et le radeau s'est renversé. Nous étions tous piégés en-dessous, j'ai réussi à m'en sortir et à nager jusqu'à la rive et trouver de l'aide, mais quelques personnes se sont noyées. Ce fut un accident épouvantable et tragique. Ça montre que les contrées sauvages peuvent être très dangereuses

    C'est à cette époque (bien que cet accident n'ait rien à voir avec cette résolution) qu'il décida de passer de l'étude de la biologie marine à San Diego, à la littérature à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Charlton le prévint que vivre de sa plume n'était pas plus simple que de vivre d'une carrière d'acteur, mais Fray était alors attiré par l'industrie du cinéma qu'il étudia également à l'UCLA, et grâce à son talent d'auteur tant pour la fiction que pour l'écriture non-fictive, ce n'était plus qu'un question de temps avant qu'il ne se mette à écrire un scénario.

    Avec deux films-catastrophes faits, Heston sentit qu'il était temps de retourner au vrai travail d'acteur et répondit à la demande de Robert Fryer pour faire Macbeth au Ahmanson durant les premiers mois de l'année 1975. Fryer proposa que Peter Wood du British National Theatre fasse la mise en scène, et Heston alla donc à Londres pour rencontrer Wood et sa lady Macbeth, Vanessa Redgrave. Wood et Heston travaillèrent ensemble sur le raccourcissement de la pièce, et Charlton était profondément inspiré par l'harmonie dans laquelle ils travaillèrent. Vanessa, cependant, pensait que les mots du Barde d'Avon1 ne devaient pas être modifiés du tout, et Wood, sentant que la principale crainte de l'actrice était que la star de cinéma ne modifiât son rôle à son avantage, la rassura en lui disant qu'il n'était pas du tout question de cela, ce à quoi elle répondit chaleureusement. Elle n'aimait cependant toujours pas l'idée de modifier quoi que ce soit dans le texte.

    L'estime que lui portait Heston en tant qu'actrice et que professionnelle était grande. Il me dit : « politiquement, Vanessa Redgrave ferait passer Jane Fonda pour Herbert Hoover, mais elle vient au travail à l'heure, et c'est une actrice foutrement brillante. J'ai le plus grand respect pour elle en tant qu'artiste et collègue même si, bien sûr, je ne suis pas d'accord avec sa politique. » Leur relation était si chaleureuse qu'elle et son amant, Franco Nero, ainsi que ses enfants, passèrent Noël avec les Heston dans leur refuge de Coldwater.

    Charlton Heston and Vanessa Redgrave in 'Macbeth.'

    (Charlton Heston et Vanessa Redgrave dans  " Macbeth ")

    Malgré toutes les attentes, quand la pièce s'ouvrit, les critiques furent aussi cruels avec cette pièce qu'ils l'avaient été avec l'Antoine et Cléopâtre d'Heston. Cela n'affecta cependant pas le public qui vint avec enthousiasme, et on commençait à songer à amener la pièce à Londres pour l'été de 1976. Cela ne se fit cependant pas, ce qui déçut Charlton qui tenait passionnément à se produire sur la scène londonienne.

    Il ne pouvait pas savoir à l'époque, mais ce n'était qu'une question de temps.

    Charlton Heston playing tennis, Mercer Street, Wellington

    (Mercer Street, Wellington - 30 juin 1966, Charlton dans son sport préféré : le tennis)

    Le tennis a toujours été une sorte d'obsession pour Charlton. Au début, il jouait surtout pour s'amuser, mais tandis que son statut de célébrité grandissait, il s'impliqua de plus en plus dans des tournois spéciaux. Au printemps de 1975, il alla en Afrique du Sud pour participer au tournoi de Johannesbourg pour la Black Tennis Foundation. Il participa à de nombreux matchs de célébrités, entre autre pour le King of the Hill et un autre afin de réunir des fonds pour la recherche contre les dystrophies musculaires. Il jouait généralement ce genre de matchs avec l'ami de Fray, Martin Shafer qui, d'ici quelques années, allait beaucoup aider à porter à l'écran le premier scénario de Fray.

    Ce qu'aimait vraiment faire Charlton était d'inviter des tennismans professionnels à jouer sur son cour privé. Il se targuait en disant : « J'ai probablement joué contre plus de grands tennismans professionnels que n'importe quel autre joueur nul sur cette planète. » Une blague circulait dans la famille : « Quand il mourra et frappera aux portes du Paradis, si le diable lui frappe à l'épaule et lui dit : « que diriez-vous d'une partie de tennis ? » il irait ! »

     

    Le tennis était ce qu'aimait faire Charlton pour s'amuser. Il n'a jamais considéré son travail d'acteur comme amusant. C'est un dur labeur, dit-il. Mais il était heureux de montrer ses talents au tennis pour de justes causes, et celle de Johannesbourg lui semblait en valoir la peine car c'était le premier tournoi de tennis majeur dans l'histoire de cette ville sans ségrégation raciale. 

    D'un autre côté, Il avait l'impression que la SAG ne méritait plus qu'il y consacre encore du temps. Le problème venait sans doute plus de lui que de l'union des acteurs. Il n'était pas d'accord avec leur politique, et pour lui, tout cela devenait une perte de temps. Il les abandonna donc pour de bon et  redevint de nouveau un composant chimique, cette fois pour La Bataille de Midway². C'était l'un de ces longs films de guerre incluant toutes les célébrités, du même genre que Le Jour le plus long et Tora ! Tora ! Tora ! Mais même si c'était un film de guerre, c'était encore un de ces films multi-risques pour Universal. Ils semblaient croire que  Charlton Heston était un porte-bonheur pour ces films à gros budgets.

    Une grande partie du film a été tourné sur le Lexington, le seul porte-avion américain restant de la Seconde Guerre Mondiale, et le studio utilisa de nouveau leur gadget Sensurround pour simuler le grondement de la coque qui explose. Le film a rapporté beaucoup d'argent, et Universal empressa aussitôt Heston à jouer dans Un Tueur dans la foule³. Ils étaient déterminés à tirer tout l'argent qu'ils pouvaient tirer d'Heston et des films de ce genre.

    (Porte-avions SS LEXINGTON)

    Cette fois, c'était l'histoire d'un sniper tirant à l'aveuglette sur une foule dans un stade de foot et Heston était le policier essayant de raisonner le sniper avant que les balles ne commencent vraiment à filer. Quand ça se produit, la foule panique dans une séquence effrayante qui semble maintenant d'autant plus horriblement vraie depuis que la télévision nous a montré le véritable drame de mai 1985 quand la panique envahit une foule de fans de football dans le Heysel Stadium de Bruxelles où 38 personnes moururent.

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    (Charlton Heston et John Cassavetes dans " UN TUEUR DANS LA FOULE ")

    Bien qu'Heston n'eut pas grand-chose à faire dans le film – il passa en effet des semaines entières à attendre d'être appelé sur le plateau durant la production – c'était un très bon film, dirigé d'une main de maître par Larry Peerce, mais ce ne fut pas un succès commercial, ce qui a dû stupéfier autant Universal qu'Heston. Le succès des films catastrophes arrivait à sa fin.

     

    A SUIVRE...

     

     

    1Un surnom donné à Shakespeare

     1 Airport 

    2Midway 

    ³Two Minute Warning