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  • "JULES CESAR " - point de vue de Maria sur le film

    Notre amie Maria à qui j'ai envoyé la version restaurée du film "JULES CESAR", l'a apprécié et m'a fait part de ses ressentis que j'ai souhaité partager avec vous toutes et tous. 
     
    Chère Maria, j'ai pensé que nos amis apprécieraient comme j'ai apprécié ce que tu écris sur ce film. Je t'en remercie. 
     

    il tuo splendido regalo è arrivato martedì e non posso che ringraziarti con tutto il cuore.

    Lo abbiamo visto ieri sera. Il film è bellissimo. Molto, molto meglio della vecchia copia che avevo. Finalmente la scena dei Lupercali, completa di quel piccolo scambia di battute in cui Cesare, massima autorità religiosa romana, chiede ad Antonio che partecipa alla corsa rituale di toccare sua moglie Calpurnia per darle il dono della fertilità, suggerendo Shakespeare il futuro di Antonio, possibile successore di Cesare. Splendida l’evocazione del sogno di Calpurnia. Eccezionale il succedersi dei due monologhi di Antonio, il primo breve sul corpo di Cesare e poi il secondo e più famoso “Friends, Romans, Countrymen” con tanti improvvisi e significativi cambi di tono e di espressione.

    Infine la scena delle terme della cui incompletezza mi ero tanto lamentata. Steso sul lettino e poi alzatosi a sovrastare Ottaviano, Antonio traccia il futuro impero di Roma e l’immediata punizione dei cospiratori.

    Bellissimo anche il commento di Sara Hatchuel. L’ho seguito parola per parola: capisco abbastanza bene il francese parlato e soprattutto su un argomento che mi è tanto familiare come la storia del teatro. Perfettamente d’accordo. Il primo protagonista del dramma era probabilmente Bruto.

    Ma Shakespeare era sensibile al successo economico dei suoi spettacoli e nel corso delle repliche deve essersi accorto quanto affascinava il pubblico l’orazione di Antonio, sino a cambiare completamente l’indole della folla.

    La Hatchuel sottolinea giustamente la teatralità dell’opera, il fatto che si fondi su 4 personaggi: Cesare, Bruto, Antonio e Cassio e come a partire dalla fine del XIX secolo il personaggio di Antonio si pone al centro. Incomincia in quella fine di secolo l’epoca del grande attore e della recitazione che avvince il pubblico.

    A considerare l’architettura del Globe questo deve essere già avvenuto vivente Shakespeare. La scena elisabettiana consta di tre parti di cui una , l’apron , è una pedana spinta nel cuore della platea e sovrastata a ferro di cavallo dai palchi per tre ordini verticali.

    L’attore che si trovasse a recitare il monologo di Antonio affascinava sia gli attori che impersonavano i cittadini di Roma, sia gli spettatori inglesi che sono costretti a limitare il rumore (erano in genere spettatori rumorosi) se vogliono capire come e perché la vicenda si sta evolvendo sotto i loro occhi.

    Vedere un’opera d’arte e seguire un commento intelligente e ben documentato è un grande piacere dell’anima.

    E ieri è stato un grande piacere per me e per mio marito, a cui ho tradotto la parte francese.

    La mente si è alleggerita dei pensieri e abbiamo goduto di 2 ore di autentico piacere.

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    Votre beau cadeau est arrivé mardi et je ne peux que vous remercier de tout mon coeur.
     
    Nous l'avons vu hier soir. Le film est magnifique. Beaucoup, beaucoup mieux que l'ancienne copie que j'avais. Enfin la scène des Lupercales¹, complétée par ce petit échange de blagues dans lequel César, la plus haute autorité religieuse romaine, demande à Antoine qui participe à la course rituelle de toucher sa femme Calpurnia pour lui donner le cadeau de la fertilité, suggérant à Shakespeare l'avenir d'Antoine, possible successeur de César. L'évocation du rêve de Calpurnia est splendide. Exceptionnelle, la succession des deux monologues d’Antoine, le premier exposé sur le corps de César, puis le deuxième et plus célèbre «Amis, Romains, Paysans» avec de nombreux changements de ton et d’expression soudains et significatifs.
     
     
    Enfin la scène des Thermes  dont j'avais tant regretté l'incomplétude. Allongé sur le canapé et se levant ensuite pour dominer Octave, Antoine retrace le futur empire de Rome et le châtiment immédiat des conspirateurs.

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    Beau aussi le commentaire de Sarah Hatchuel. Je l'ai suivi mot à mot : je comprends assez bien le français et surtout sur un sujet qui m'est aussi familier que l'histoire du théâtre. Parfaitement d'accord. Le premier protagoniste du drame était probablement Brutus.
     
    Mais Shakespeare était sensible au succès économique de ses spectacles et au cours des répliques, il avait sûrement remarqué à quel point le public était fasciné par la prière d'Antoine jusqu'à ce qu'il change complètement la nature de la foule.
     
    Hatchuel souligne à juste titre la théâtralité de l'œuvre, le fait qu'elle se base sur 4 personnages : César, Brutus, Antoine et Cassius et qu'à partir de la fin du XIXe siècle, le personnage d'Antoine est au centre. L'ère du grand acteur et du jeu d'acteur qui captive le public commence à partir de ce siècle.
     
    Pour considérer l'architecture du Globe, cela s'est passé du vivant de Shakespeare. La scène élisabéthaine comprend trois parties, dont l'une, le tablier, est une plate-forme enfoncée au cœur des étals et dominée par les fers à cheval des caisses pour trois ordres verticaux.
     
    THEATRE ELISABETHAIN DU GLOBE A LONDRES
     
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    L'acteur qui récitait le monologue d'Antoine fascinait à la fois les acteurs qui interprètent les citoyens de Rome et les spectateurs anglais qui sont obligés de limiter le bruit (spectateurs généralement bruyants) s'ils veulent comprendre comment et pourquoi l'histoire évolue sous leurs yeux.
     
    Voir une œuvre d'art et suivre un commentaire intelligent et bien documenté est un grand plaisir pour l'âme.
     
    Et hier, cela a été un grand plaisir pour moi et mon mari, à qui j'ai traduit la partie française.
     
    L'esprit s'est libéré de ses pensées et nous avons apprécié 2 heures de réel plaisir.

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    ¹ - Les Lupercales sont, dans la Rome antique, des fêtes annuelles célébrées par les luperques du 13 au 15 février, près d'une grotte nommée le Lupercal (située au pied du mont Palatin et probablement découverte en novembre 2007) WIKIPEDIA
  • 29 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    Quatrième Partie

     La bienvenue du héros

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    La neige de Londres n'était pas celle craquante, frissonnante, accueillante qui tombait à St Helen. Elle tournoyait à la sortie du Queen's Theater au cœur de Londres, humide, pénétrante et misérable, mais n'aurait pas pu suffire à saper le bonheur de la presse impatiente de Fleet Street qui s'avançait pour accueillir l'homme sortant de la voiture comme une sorte de héros conquérant. Charlton Heston était venu en ville, créant ainsi un grand émoi. 

    Non pas qu'être à Londres, sa capitale européenne favorite, soit quelque chose de nouveau, mais cette fois – en février 1985 – il était venu réaliser un vieux rêve : se produire sur une scène londonienne. Il était acteur professionnel depuis quarante ans, avait remporté un Oscar du Meilleur Acteur, avait reçu un autre Oscar spécial1, gagné tellement d'argent qu'il n'aurait plus jamais besoin de travailler, mais n'avait encore jamais accompli ce qu'il considérait être le sommet de toute carrière d'acteur. Il expliqua : « je pense que pour tout acteur qui joue en anglais, tant qu'il n'a pas joué en Angleterre, il n'a en fait encore jamais joué. » Après quatre décennies, il était enfin sur le point de le faire, vraiment le faire. Il était venu avec une grande troupe d'acteurs tous américains et la brillante pièce d'Herman Wouk, The Caine Mutiny Court-Martial qu'il mettait en scène en plus d'y jouer le capitaine Queeg.

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    PHOTOS : https://www.collectors.com/entertainment-item/caine-mutiny-court-martial-playbill-charlton-heston-queens/2508786621438883408

    Lors de la conférence de presse du Queen's Theater, il se retrouva encerclé de tous côtés par des journalistes et des photographes. Ca n'avait bien sûr rien de nouveau. Il savait comment gérer ce genre de situation. Mais cette fois, son plaisir et son enthousiasme d'être en Angleterre rendirent plus agréable et plus simple son exposé des raisons pour lesquelles il voulait jouer en Angleterre, jouer cette pièce en particulier, la mettre en scène et pour son choix de  l'acteur anglais Ben Cross, la star de Les Chariots de feu.

    Comme Charlton l'expliqua, « Avec cette pièce, on a deux auriges appelés Ben pour le prix d'un seul : Ben-Hur et Ben Cross ! »

    Même avant que The Caine Mutiny Court-Martial soit joué devant le public anglais, Charlton Heston apparaissait partout sur les médias, invité dans toutes les émissions de télé, donnant des interviews à la radio et quelques-unes à la presse, tant la demande de communiquer avec le public anglais à cette star presque légendaire du cinéma était grande. Ça faisait longtemps qu'Heston n'avait pas fait une telle sensation à Londres. L'âge n'avait pas affaibli sa stature ou son image : il avait soixante-deux ans, mais toujours, comme le décrivit un journal, « le plus charpenté des enfants d'Hollywood. »

    Le succès de la pièce dépendait cependant de plus de paramètres que sa seule image de marque, alors que lui dépendait du succès de la pièce. C'était de loin son projet le plus personnel et le plus important depuis le tournage d'Antoine et Cléopâtre quatorze ans plus tôt.

    Le temps avait soigné les blessures dont il avait souffert à cause de ce film, et s'il croyait vraiment en ce qu'avait dit Gordon de Khartoum (que sa seule peur était celle d'échouer), alors il était encore plus déterminé à ce que The Caine Mutiny Court-Martial ne connaisse pas le même sort que son cher Antoine et Cléopâtre avait subi plus d'une décennie plus tôt.

    Le traumatisme d'Antoine

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    Durant tout le temps du tournage d'Antoine et Cléopâtre, Lydia fut ravagée par les migraines de plus en plus fréquentes. Les expliquer n'était pas si simple, mais tous deux supposèrent que la pression en faisant ce film cet été-là devait les stresser tous les deux plus que d'ordinaire.

    Lydia dut certainement vivre des moments d'inquiétude durant ces huit semaines en Espagne. Elle dit : « Charlton était si occupé par Antoine et Cléopâtre entre son travail de réalisateur et celui d'acteur. Normalement, il est très prudent, et c'est un épéiste expérimenté, mais j'ai vu quand il est rentré à la maison après une des scènes de bataille que ses mains étaient pleines d'entailles. Bien sûr, je m'inquiéte quand il fait des choses dangereuses, et bien sûr que des accidents peuvent arriver, mais on n'y pense pas. »

    Espérant que les maux de tête diminueraient une fois de retour à Coldwater Canyon, Charlton avait hâte de rentrer pour travailler sur le montage dans sa propre salle de projection en compagnie d'Eric Boyd-Perkins. Les maux de tête ne cessèrent cependant pas, et la frustration d'Heston grandissait au fil des jours où il attendait qu'arrivent les bobines de film.

    Elles arrivèrent enfin et Heston et Boyd-Perkins s'enfermèrent pendant plus d'un mois pour monter les prises et en faire un film entier, et les migraines de Lydia continuaient toujours. C'était une course contre la montre pour Heston qui travaillait d'arrache-pied pour que le film soit doublé et mis en musique à temps,  avant le London Opening où Antoine et Cléopâtre aurait sa Première en mars 1972. Il dut cependant laisser la fin du montage à Peter Snell, ayant un engagement à tenir avec MGM pour jouer dans leur film Alerte à la bombe2. Il dut également mettre fin à son règne en tant que président de la SAG tant il était pressé par le temps. Aussitôt après sa démission, ceci dit, il se retrouva élu à la American Film Institute.

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    Pour jouer le pilote de Alerte à la bombe, il fit de son mieux pour avoir l'air convainquant en s'entraînant dans un simulateur d'avion. Le film n'en exigeait pas tant, simplement de paraître pouvoir piloter un avion. Ce n'était pas vraiment le rôle de plus exigeant de sa carrière. Il dit : « Je me glissais tous les jours dans la cabine du pilote et volais sans destination au trentième étage. Quand j'étais chanceux, le réalisateur John Guillermin me laissait dix minutes pour aller aux toilettes avant la pause déjeuner. Hormis ça j'étais sanglé dans le cockpit. Les seuls muscles que je pouvais utiliser ici étaient mes cordes vocales ! »

    Les censeurs australiens, sans qu'on sache vraiment pourquoi, eurent le sentiment que le film pourrait encourager le détournement d'avions et interdirent le film. Quand Chuck eut vent de la controverse, il dit : « je ne vois pas en quoi le film est polémique sauf pour ceux qui détournent des avions, qui sont une toute petite minorité dans notre société. Personne n'ira jamais soutenir que le détournement d'avion est une bonne chose. Notre terroriste rencontre une fin brutale et bien méritée. Ce film n'encouragera jamais personne à détourner des avions. »

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    Malgré son interdiction en Australie, le film eut un grand succès, et malgré le fait qu'Heston apparaisse en fait dans relativement peu de scènes, il en tira les bénéfices financiers plus que bienvenus, surtout après avoir mis tant d'argent dans Antoine.

    Avec Alerte à la bombe dans la boîte, Heston s'envola pour Londres pour la première mondiale d'Antoine et Cléopâtre à l'Astoria le 2 mars. Il commença la journée avec une course matinale de 5 kilomètres3 dans Hyde Park. Plus tard dans la matinée, il fit une apparition en public au Selfridges sur Oxford Street où il fut assailli par des milliers de fans.

    La première elle-même était menacée par une vague de coupures de courant qui touchait alors le pays. Un générateur de secours était à disposition, mais heureusement, il n'y eut pas de coupures cette nuit-là, et le premier film réalisé par Heston fut diffusé sur le Cinérama de l'Astoria. Les critiques ne furent cependant pas impressionnés. D'après le Daily Express, « la tragédie et la passion… disparaissent devant vos yeux… la faute pour cette interprétation malheureuse est à mettre sur les larges épaules de Charlton Heston. »

    Les autres journaux étaient plus ou moins d'accord, même si le Guardian concède : « Quant à Heston en tant qu'acteur, c'est une autre histoire. Voilà une interprétation solide et parfaitement adéquat d'Antoine. »

    Heston fut foudroyé en lisant les critiques, et on ne s'explique pas pourquoi les critiques furent si cinglants. La seule vraie faiblesse du film est Hildegard Neil, et cela donna raison à Orson Welles qui disait que la pièce ne pourrait jamais rencontrer du succès sans une grande Cléopâtre. À part ça, le film est magnifiquement cadré, bien rythmé et dans l'ensemble bien joué par presque tous les acteurs. Heston était également superbe en Antoine.

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    Après sa diffusion à West End, Antoine et Cléopâtre disparut et ne sortit pas. En Amérique, il ne fut montré qu'une seul fois dans un petit cinéma d'art et d'essai, et c'était une version abrégée. Rempli d'amertume, Heston alla en Norvège pour faire L'Appel de la forêt et vit que lui et le réalisateur britannique Ken Annakin étaient tombés sur une bande d'amateurs. La vraie vedette du film était un chien, mais les producteurs de différentes nationalités n'avaient même pas obtenu les services d'un chien entièrement entraîné, ce qui ralentit naturellement la production. Ils trouvèrent finalement un excellent chien, mais L'Appel de la forêt devint le cauchemar d'Heston. Parlez-lui de ce film, comme j'ai déjà entendu quelqu'un le faire, et il vous répondra très probablement comme il le fit alors :

    «J'aurais préféré que vous ne parliez pas de ce film. Ça a été sans conteste le pire film de ma carrière. Je n'ose même pas demander pardon pour le script, parce que si l'on n'est pas capable de faire un bon film à partir du meilleur roman de Jack London, c'est qu'on a vraiment tout foiré

    Quand je lui en ai parlé, j'ai dû admettre que je n'avais vraiment pas trouvé le film si mauvais que cela. Il me répondit :

    «Évidemment, il m'a déçu parce que le roman de Jack London était juste incroyable. Nous aurions dû tourner en Alaska, dans le Klondike, et puis j'ai le sentiment que nous aurions pu en faire beaucoup plus. Plus de temps aurait dû être consacré au travail avec les chiens. Le film fut fait alors que nous étions pressés par le temps. Croyez-le ou non, c'était une coproduction germano-italo-anglo-hispano-norvégienne, ce qui signifie bien sûr qu'il fallait des citoyens de chacun de ces pays pour jouer un rôle, signifiant que j'étais le seul acteur qui n'allait pas être doublé. Cela mena à quelques complications.

    Bien sûr que le plus gros du film a bien fonctionné, mais j'aurais espéré que ce soit mieux que ça ne l'a été.

     

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    Je me suis toujours bien entendu avec les chiens. J'ai presque toujours eu des bergers, et j'aimais beaucoup le chien. C'était un bon chien. Il resta avec moi une bonne partie du temps dans l'hôtel à Oslo, mais j'ai trouvé que la Norvège était un pays un peu morne

    Talonnant Antoine, tout cela aurait pu être un coup rude à son moral, mais il n'a jamais été le genre d'acteur à juste s'asseoir et à attendre que les scripts arrivent à lui. Il joue presque toujours un rôle crucial dans la mise en place de ses films, et il essayait depuis quelques temps d'en faire un, tiré d'un livre qu'il avait lu en 1968 titré Soleil vert4. MGM le prit finalement comme prétexte pour avoir un film avec Heston pour suivre le succès phénoménal de Alerte à la bombe. C'était une histoire futuriste sur comment l'augmentation de la population et les réserves limitées de nourriture mènent au chaos. On y produit une nourriture synthétique, et un policier, joué par Heston, découvre que cette substance est préparée à partir de cadavres humains. Elle s'appelle Soleil vert5, et en temps voulu, Soleil vert devint le titre du film. Cela avait clairement l'air du genre de film susceptible d'aider à effacer le traumatisme de l'échec d'Antoine et Cléopâtre.

     

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    1 Le prix humanitaire Jean Hersholt, en 1978

    2 Skyjacked

    3 3 miles

    4 Make room ! Make room ! La traduction française est arrivée en 1974, après la sortie du film avec Charlton Heston

    5 La traduction officielle en français de « soylent green », une compression de « soja » et « lentille » en anglais

  • 28 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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    Le Projet le plus important de l'artiste

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    Il venait de faire sa promenade quotidienne dans Hyde Park et était de retour dans sa suite au sixième étage du Dorchester Hotel. Il était à Londres pour préparer ses acteurs pour les semaines à venir en Espagne où ils joueraient l'histoire d'Antoine et Cléopâtre. Il répéta seul ce matin-là, tendu mais en pleine concentration détendue. Il s'interrompait de temps en temps, comme un réalisateur interrompt un acteur, et se précipitait pour vérifier quelque chose dans l'ouvrage de référence. Cet après-midi-là il s'est rendu à Nottingham en tant qu'intervenant invité à une conférence John Player dans la salle de cinéma. L'une des questions qu'on lui a le plus posée ce jour-là était : « pourquoi portez-vous une veste brodée de plumes d'émeus ? » Il répondit patiemment à chaque fois : « je l'ai obtenue en jouant au tennis en Nouvelle-Zélande. »

     

    Pour un homme assailli par les inquiétudes et les attentes pour le film qu'il était sur le point de faire, il était remarquablement calme. Sur le chemin vers Nottingham, l'un des pneus de la voiture éclata sur l'autoroute. Il conseilla avec sang-froid aux autres passagers dans la voiture de se préparer au cas où la voiture se retournerait. Tandis que le chauffeur arrêtait la voiture,  il montra calmement le magnifique paysage de chaque côté de l'autoroute.

    N'arrivant que quelques minutes en retard, Charlton Heston resta tout aussi calme en répondant aux questions. Il avait appris à gérer ce genre de forum ouvert grâce à un auditoire, et il savait que les questions qui ressortiraient seraient les mêmes que celles auxquelles il avait déjà répondu des millions de fois. Il connaissait déjà les réponses comme s'il avait déjà lu un script. Donc quand quelqu'un lui demanda comment il avait coupé la Mer Rouge en deux, il répondit : « j'avais un gros bâton ! »

     

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    Peut-être que le public, comme beaucoup d'autres lors de telles conférences ou dans des studios télé, croyait voir l'homme tel qu'il est vraiment, mais c'est une performance, son caractère naturellement timide masqué par la masse de réponses enregistrées dans sa tête. Il répond simplement à chaque question avec une réponse appropriée, et si une nouvelle question apparaît, il crée une toute nouvelle réponse rapidement et l'enregistre mentalement pour s'en resservir plus tard.

    La conférence John Player fut un divertissement plaisant pour le distraire de ce qui occupait son esprit, mais une fois terminée, il laissa ses pensées de nouveau être submergées par Antoine et Cléopâtre parce que c'était la véritable raison de sa présence en Angleterre.

    L'équipe d'acteurs qu'il avait choisie était surtout composée d'Anglais comme Eric Porter, John Castle et Julian Glover. Il y avait aussi un certain nombre d'acteurs et de techniciens espagnols : un compromis qu'il avait fait pour être soutenu financièrement par une compagnie espagnole de films. Le reste de l'argent venait de banques et il s'est lui-même porté garant pour le remboursement. Il y avait réfléchi encore et encore ; réfléchi à s'il avait le droit de dépenser l'argent qu'il avait gagné pour la sécurité de sa famille, pour quelque chose qu'il n'avait à faire que pour satisfaire personne d'autre que lui-même. Il en discuta avec Lydia et elle le soutint de tout son cœur.

     

    vlcsnap-00084.png  (Julian Glover)          vlcsnap-00147.png     (John Castle)                                                                                                                                                            

                                             

    vlcsnap-00373.png    (Eric Porter)                    PDVD_307.png (Diana Rigg )

                                                   

     

    Il se souvint du conseil qu'Olivier et Welles lui avaient tous les deux donné : « tu dois répéter toute la pièce pendant autant de semaines que possible avant de commencer le tournage, et tu as besoin d'un bon acteur pour jouer Antoine pendant que tu diriges les répétitions et que tu prépares le tournage. »

    Heston et sa troupe jouèrent toute la pièce pendant trois semaines une douzaine de fois ou plus pour la structurer et la restructurer. Hildegard Neil, qui faisait partie du casting, raconte :

    «Chuck voulait voir dans quelle genre de direction il devait aller. Il ne voulait pas forcément que tout soit bon dans les répétitions, mais au bout de deux semaines, on avait une idée assez claire de ce qu'il allait vouloir. On était capable d'aller au travail avec ses idées en tête. C'était nécessaire pour lui de faire ça, parce qu'une fois le tournage commencé, il faut s'occuper de la position de la caméra, le parcours à tracer etc.»

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    Les répétitions, qui avaient lieu dans une salle miteuse près de Covent Garden, montrèrent qu'il avait reçu d'excellents conseils. Le conseil d'avoir un autre acteur pour jouer son rôle pendant qu'il dirigeait était tout aussi précieux. Il choisit Julian Glover qui allait jouer Proculeius que, ironiquement, Charlton avait joué à Broadway.

    Hildegard dit de Glover : « il a appris toutes les répliques d'Antoine et il a joué les scènes avec moi, ce qui était inestimable. Il venait toujours avec des idées qui ne pouvaient pas lui servir à lui, mais à moi et à Chuck. »

    L'éloge d'Heston à Glover est éclatante :

    «La performance de Julian Glover en Proculeius est remarquable, mais son tout aussi bon travail en Antoine durant des répétitions interminables pendant que je donnais forme au rôle et au film n'est pas seulement une preuve de son talent, mais aussi de son sens de la discipline au travail.

    Pour un acteur, préparer tout un rôle et se le voir refuser à la fin, c'est comme emmener une dame à un bal, lui offrir du vin et le repas, puis la laisser dans les bras d'un autre homme. Qu'il ait supporté cette frustration avec une constante bonne humeur est un acte de bonté dont je ne lui serai jamais assez reconnaissant

    Heston était en Espagne dans l'été 1971 avec sa petite armée d'acteurs et de techniciens, transformant le terrain en Rome et en Égypte et retournant deux mille ans en arrière. Il n'avait que huit semaines pour que tout soit prêt. On força le rythme, on fit plus de compromis qu'il ne l'aurait voulu, des scènes furent sacrifiées pour gagner du temps, mais chaque acteur mit tout son cœur à produire le film que voulait Heston. D'après les propos de Hildegard :

    «Il y a mis ses tripes. On devient si loyal envers Heston parce qu'il est enthousiaste, parce que ça représente tant pour lui. On ressent aussi de l'émerveillement pour cette superstar de cinéma qui fait tant pour notre profession, un homme qui continue de prendre le temps de monter sur scène parce qu'il aime jouer au théâtre, un homme si impliqué dans tout ce qu'il fait.

    Tout le monde a uni ses efforts et cela donna une merveilleuse atmosphère.»

    Il n'y a probablement jamais eu de réalisateur qui inspirait plus de loyauté à ses acteurs qu'Heston, mais ce qui était vraiment remarquable, c'est qu'en plus de s'avérer être un réalisateur compétent, il réussit quand même à faire d'Antoine l'un de ses meilleurs rôles. Le voir briller en Antoine ne devrait cependant pas être si surprenant que cela. Comme il me le dit :

    «Antoine dans Jules César, que j'ai joué à l'université, dans le film de Bradley et dans celui de Burge, est sans doute le grand rôle classique le plus susceptible de fonctionner même si l'acteur est mauvais1. S'il ne devait y avoir qu'un seul rôle facile dans la pièce, ce serait celui d'Antoine. Non seulement c'est le rôle le plus court parmi les principaux, mais aussi de loin le meilleur. Je veux dire, regardez le pauvre Brutus, là, qui trime pour surmonter les difficultés, et ici Antoine qui se balade de temps en temps et qui n'a que des choses épatantes à faire.

     

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    (Charlton Heston dans le rôle d'Antoine en 1950 - JULES CESAR de David BRADLEY)

    Antoine dans Antoine et Cléopâtre est un rôle bien plus difficile que dans César, mais c'est intéressant d'avoir la chance, en un sens, de jouer le développement de cet homme, passant de l'homme sanguin de César dans lequel Antoine est une figure triomphante, à la tragédie grandissante de l'autre pièce dans laquelle le rôle d'Antoine est exquisément écrit.

    La pièce en elle-même n'a jamais été un grand succès sur scène, et d'après moi, c'est parce que toutes les autres grandes pièces se passent surtout dans la tête des personnages : ce qui se passe dans le cœur d'Hamlet est bien plus important que l'endroit où ça se passe. Le fait que Macbeth tue Duncan en Écosse n'a pas vraiment d'importance. Le fait qu'Othello vive à Venise n'a pas vraiment d'importance, mais Antoine et Cléopâtre joue beaucoup sur la différence entre Rome et l’Égypte. La pièce se passe très exactement à Alexandrie, en Grèce, en Sicile et à Rome. C'est également la seule parmi les pièces majeures où se passe une bataille où le résultat a beaucoup d'importance pour les rôles principaux, et représenter la bataille d'Actium sur scène est presque impossible2. C'est juste infaisable, et il y a deux batailles principales dedans.

    C'est la pièce qui exige à tout prix une caméra. William Shakespeare était un auteur de cinéma né.»

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    Tandis que le tournage avançait, rien n'aurait pu détourner Heston de son objectif. Même quand on le tint un jour pour malade, il est venu en titubant jusqu'au plateau et maintint le rythme malgré un hébétement maladif. Son propre professionnalisme strict mena inévitablement à des angoisses. Rafael Pacheco, le directeur de la photographie, semblait prendre tout son temps pour éclairer le plateau, faisant perdre un temps précieux et forçant Charlton à éliminer des scènes qu'il avait prévu de faire. D'autres contretemps lui firent considérer son contrat de coproduction comme une erreur, et il avait encore d'autres problèmes à gérer.

    Les migraines continuelles de Lydia étaient plus insoutenables que jamais, et il se demandait à quel point il en était la cause. Il avait également conscience en regardant les prises de vue, qu'Hildegard Neil, aussi bonne actrice soit-elle, n'était pas la grande Cléopâtre qu'il avait espérée et qu'Orson Welles lui avait dit d'avoir. Toutefois, il se dit que la pièce était ce qui comptait et qu'il pouvait quand même approchait de son rêve. Il savait qu'en tant que cinéaste, il ne pourrait jamais complètement réaliser son rêve dans un projet, mais il voulait juste en approcher, et il essaya de toutes ses forces.

    Alors, quand les huit semaines de tournage s'achevèrent, il se mit au milieu du décor vide, le regardant être démonté. Il était fatigué. Il avait relevé le défi et survécu, mais aussi loin que sa mémoire puisse remonter, il n'avait jamais été aussi fatigué, et il avait hâte de rentrer à la maison.

    Même l'épuisement sans limite n'était cependant pas suffisant pour siphonner toute la joie d'avoir fait Antoine et Cléopâtre, même la perspective de tout le montage et le doublage qu'il restait à faire. Il me dit : « j'ai aimé faire ce film. Ce fut le projet le plus important… le plus important sur le plan créatif de toute ma vie. »

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    1Heston, en anglais, dit que le rôle d'Antoine est « actor-proof » (litt. « qui résiste à l'acteur »)

    2Parce que c'est une bataille navale

  • JULES CESAR (1970) VERSION RESTAUREE, SORTIE EN FRANCE LE 19 MARS 2019

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    Good news. Ce matin j'ai reçu mon DVD "Jules César", version restaurée. Les images sont belles, agréables à regarder. Pourtant, un grand regret : Le doublage de Charlton en français. Déplorable ! Je me demande où ils sont allés chercher le doubleur....Une voix horrible, aiguë, criarde, rien à voir avec la belle voix chaude de Chuck. Les sous-titres en français me paraissent bien conçus. Alors pour mes amis francophones, qui tiennent à entendre la voix de Chuck, je vous recommande de regarder le film en V.O. sous-titrée.

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    Demain, je pense recevoir également le Blu-Ray...Eh oui ! j'ai l'habitude d'acheter les DVD pour extraire les photos, et les Blu-Ray pour regarder le film plus confortablement sur mon téléviseur. Je regrette que les éditeurs n'aient pas eu l'idée de composer un combo, comme pour certains films de Chuck, ressortis récemment. 

    A propos de la sortie de la version restaurée de "JULES CESAR", je veux signaler à nos amis francophones, que ce film est accompagné d'un excellent documentaire d'une demi-heure, qui nous fait découvrir le film sous un jour nouveau, documenté et, Charlton Heston y est bien traité.

    Ce documentaire est consacré aux films réalisés à partir des oeuvres de William Shakespeare, dans une interview de Sarah HATCHUEL, professeure en études cinématographiques et audiovisuelles, Université Paul-Valéry MONTPELLIER 3.

    J'avoue que je ne regrette pas mon achat et si nous avons attendu si longtemps pour une sortie de ce film en France, nous pouvons nous en réjouir puisque nous le voyons en version scope 16/9 compatible 4/3, et non en 4/3 à l'origine, cela donne une vision plein écran du film, que j'apprécie. 

    Il nous reste à souhaiter que Agamemnon et Fraser Heston, cèdent les droits de "ANTONY AND CLEOPATRA", pour que le film soit restauré et distribué en France, c'est le voeu pieux que je formule.

    POUR LE COMMANDER  : SUR AMAZON

     

    https://www.amazon.fr/s?k=jules+cesar+charlton+heston&i=dvd&__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&ref=nb_sb_noss

     

    FNAC

    https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=jules+cesar+charlton+heston&sft=1&sa=0

     

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  • LA NRA ET CHARLTON HESTON par Christiane

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    La NRA et Charlton Heston !!!!

    Un long malentendu pour beaucoup qui ont cru y voir la justification d'un Chuck violent républicain pro armes.... Malgré des explications, des mises au point, il reste encore des injustices flagrantes concernant Charlton et qui vont jusqu'à l'acharnement... que personnellement, je ne comprends pas.

    Porter une arme ou la détenir chez soi ne fait pas automatiquement de soi un criminel. Le respect de l'amendement no2 de la Constitution américaine est réel chez lui et c'est fort honorable.

    L'histoire profonde des USA est différente de la nôtre mais aussi valable. Les gènes des uns et des autres sont précis et se respectent. Chaque nation a une naissance différente et propre à elle-même.

    Je comprends Chuck et je partage son point de vue, en regrettant amèrement le prix de l'injustice dont il a souffert.

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    Chère Christiane, je partage entièrement votre point de vue.

    Je me permets juste d'ajouter ces quelques lignes pour exprimer mon ressentiment quant à la diffusion constante sur le Net d'une photo représentant Charlton Heston à la fin de son mandat à la NRA, debout à la tribune,  brandissant un fusil au-dessus de sa tête, prononçant une phrase que je me refuse à reproduire ici et qui malheureusement, est devenue sa "marque de fabrique" malgré que sa vie ait été autre chose que ce sceau infâme que nous devons oublier.  

    Charlton était malade et probablement pas toujours en possession de tous ses moyens intellectuels, lui, l'homme cultivé, intelligent, ayant fait preuve au cours de sa longue carrière d'un véritable humanisme, non pas pour se faire de la publicité, mais par convictions personnelles. 

    Je me joins à vous Christiane, pour rendre justice à ce grand acteur que nous chérissons. 

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