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23 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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L'Extase et l'Agonie

Charlton regardait un western étonnamment bon dans la salle obscure, Coups de feu dans la Sierra - « étonnamment » car les distributeurs, MGM, ne surent pas vraiment quoi en faire et le jetèrent presque à la poubelle. Pour autant, il fut acclamé et gagna même un prix au Festival international du Film de Venise1.

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Heston fut surtout impressionné par la direction pleine d'assurance de Sam Peckinpah, le convainquant que c'était là l'homme qu'il lui fallait pour sortir un bon film de son projet encore sans script : Major Dundee2.

Ce qu'Heston ne pouvait bien sûr pas savoir, c'est que Coups de feu dans la Sierra, malgré un succès qui se fit attendre, resterait le film le plus accompli et le meilleur de Peckinpah. C'était également très différent de Dundee. Le producteur Jerry Bresler et Columbia allaient dépenser de grosses sommes pour Major Dundee tandis que le film précédemment cité avait eu un tout petit budget.

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Néanmoins, grâce à l'approbation d'Heston, Major Dundee allait être réalisé par Peckinpah. L'enthousiasme était grand parmi tout le monde au début, et Charlton était certain que ce film pourrait bien être le premier à traiter de certains aspects de la guerre de Sécession. Le seul problème était que son idée de base, construite sur un script encore inachevé, ne correspondait pas aux idées que chacun avait pour ce film. Columbia voulait vraiment en faire un  film coûteux de cowboys et d'indiens tandis que Peckinpah l'envisageait comme l'histoire d'un groupe d'hommes dont les circonstances dictent leurs actions violentes. Les graines de La Horde Sauvage germaient déjà dans l'esprit de Peckinpah.

Se passant durant la guerre de Sécession, Major Dundee s'ouvre sur Heston en Dundee, directeur d'un camp de prisonniers de guerre, qui arrive après une attaque d'Indiens qui ont enlevé des enfants. Il se lance à la poursuite des Indiens dans le but de prouver qu'il peut encore commander, prenant avec lui des prisonniers de la Confédération dont leur propre chef, le capitaine Tyreen, un vieil ennemi à lui. Dundee sait qu'une fois la mission terminée, Tyreen a pour ordre de le tuer.

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 L'histoire avait l'air bien venant de Jerry Bresler, mais quand le script arriva enfin à Coldwater Canyon, Charlton fut atterré par ce qu'il lut. Il explique :

 «L'une des erreurs que j'espère avoir apprise à ne plus faire durant la préparation de Major Dundee est de ne jamais, jamais commencer un tournage sans avoir un script achevé. C'était en partie de la faute d'un auteur très incompétent engagé pour la première fois et qui travailla pendant des mois sans être capable de produire quelque chose ne serait-ce qu'en partie exploitable.

Cela força le studio à reporter de cinq mois après lesquels ils demandèrent à Sam Peckinpah de l'écrire. Il en prit la charge et fit de son mieux, mais nous n'étions toujours pas prêts quand la deuxième date de début du tournage arriva.»

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 Le tournage de Major Dundee commença enfin en février 1964 à Durango au Mexique avec un script loin d'être satisfaisant. Ils avaient l'intention d'améliorer le script sur le plateau. C'était un procédé qui avait brillamment fonctionné pour Ben-Hur mais lamentablement échoué pour Les 55 Jours de Pékin. Charlton était déterminé à ne plus jamais se retrouver dans une telle situation.

Quand le tournage commença, il devint clair que ce ne serait pas une partie de plaisir. La pression était énorme pour tout le monde, grossissant au fil du tournage et les rapports sur le plateau devinrent tendus. Heston me dit : « Dundee fut très difficile à faire car Sam Peckinpah était un homme compliqué. C'est un homme extrêmement talentueux et l'on pourrait, selon la définition que l'on donne à ce mot, dire de lui que c'est un génie. Ce n'est cependant pas facile de travailler pour lui. »

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(Charlton Heston et Sam Peckinpah)

Heston avait un très grand respect pour Peckinpah et ils travaillèrent généralement plutôt bien ensemble, mais Peckinpah dépassait largement le budget et les gros bonnets de Columbia commencèrent à s'en irriter. Ils resserrèrent les boulons pour qu'il travaille plus vite, mais déterminé à tout faire comme il l'entendait, il continua de travailler à son propre rythme. Mais la pression eut des conséquences néfastes, et un jour, dans le feu de l'action, Heston manqua de très peu d'écraser Packinpah avec son cheval !

Cela arriva quand Peckinpah dit à Heston de mener sa troupe de cavaliers vers la caméra au trot. Il en fit ainsi, mais Peckinpah cria « coupez ! C'est sacrément trop lent, Chuck, je t'ai dit de les mener au petit galop. » Le sang d'Heston bouillonna, et il éperonna le cheval pour le faire aller au triple galop vers Peckinpah, manquant de peu de l'écraser. « Je les mènerai à n'importe quelle saleté d'allure que tu veux, » cria-t-il, « mais zut, tu as parlé de trot, pas de galop. »

Heston a une théorie pour expliquer cet étrange comportement qu'avait parfois Peckinpah : « il avait l'étrange besoin de faire que les gens s'énervent contre lui. Il n'avait pas l'impression de vous avoir inclus dans le projet avant de vous avoir énervé, et là, il avait enfin réussi. Je n'ai pas considéré cela comme une victoire. C'était une défaite. »

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(Charlton Heston "croquant" Richard Harris ) 

Les difficultés allant croissantes sur Major Dundee, la présence d'Heston était de plus en plus menaçante. Il exerçait toute l'autorité qu'il avait et qu'il gagnait. D'après le réalisateur Andrew V. McLaglen, cela venait surtout du fait qu'il avait joué des personnages comme Moïse ou Ben-Hur, ce qui est discutable, mais paraissait alors évident, et Richard Harris était décidé à ne pas poser genou à terre. Il dit :

 « Heston est le seul qui pourrait être tombé d'une Lune carrée : il est tellement carré qu'on n'a jamais réussi à s'entendre. Le problème avec lui, c'est qu'il pense qu'il n'est pas simplement un acteur engagé comme les autres. Il pense qu'il représente toute la production. Il avait l'habitude de s'asseoir sur le plateau le matin et de nous faire pointer avec un chronomètre.

J'en ai eu marre, j'ai donc un jour pris un vieux réveil et le mit autour de mon cou en le réglant pour qu'il sonne pile au moment où il arrivait.

« Je ne trouve pas cela amusant », dit-il. « Eh bien, » répondis-je, « tu sais ce qu'il te reste à faire, n'est-ce pas ? » 

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(Charlton Heston et Sam Peckinpah)

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(James Coburn et Charlton Heston)

Selon Heston, Harris n'était pas le plus professionnel des acteurs, semblant prendre plaisir à être pris de l'une ou l'autre maladie de temps en temps. Bien sûr, Heston juge le reste du monde d'après ses propres critères de professionnalisme qui, d'après de nombreux réalisateurs assistants et producteurs, sont très élevés. Il ne s'en excuse pas.

Il me dit :

 «Les cris, les caprices, les crises de larmes, les portes claquées et les chaises lancées sont, du moins d'après moi, très contre-productifs, et je ne peux pas les tolérer ni ne pourrai jamais les tolérer. Si ça a l'air impitoyable, c'est parce que je veux que ça le soit.

Je suis heureux d'entendre que des réalisateurs assistants, des producteurs et les gens avec qui je travaille disent : « Chuck accorde beaucoup d'importance à la ponctualité au travail, » parce que c'est vrai que j'accorde beaucoup d'importance à la ponctualité et au fait de connaître ses répliques. Je suis dans le métier depuis longtemps, et je crois que Spencer Tracy a le mieux défini le travail d'acteur de cinéma que quiconque. Il dit : « arrive à l'heure, connais tes répliques, ne cogne pas dans les meubles et alors tu peux travailler. » 

Peu importe les problèmes entre Heston et Harris, Heston soutient que, quoique tendue, leur relation de travail n'était en rien conflictuelle. « Richard est un peu un Irlandais professionnel3, » dit-il. « Je l'ai trouvé d'une personnalité erratique et parfois casse-pied, mais on ne s'est absolument jamais querellé. »

En effet, il semblait préférer l'éviter sur le plateau pour éviter toute confrontation. Il me dit : « Si l'on s'impatiente ou s'énerve avec les gens avec qui on travaille, il n'y a que le travail qui en souffre. Certaines personnes semblent bien se porter avec une certaine dose de drames, de cris et de courses sur le plateau. Ce n'est pas mon cas. Le travail est suffisamment difficile en lui-même. Je ne veux pas voir les gens se disputer. »

Tandis que la pression montait encore et que le budget montait toujours en flèche, une chose étrange se produisit. Columbia était sur le point de couper les vivres à Peckinpah. Il ne fait aucun doute qu'à l'époque, le statut d'Heston dans l'industrie était bien plus haut que celui de Peckinpah, et rien de ce que pouvait dire Peckinpah aurait pu changer l'avis de Columbia. Charlton s'en mêla donc, et bien qu'il n'avait aucun droit légal sur ce film pour interférer avec la production, il convainquit Columbia de laisser un peu plus de temps à Peckinpah et à son équipe. Un peu plus tard, se sentant coupable d'avoir outrepassé son autorité, il téléphona à Mike Frankovich, le patron de Columbia, pour lui dire qu'il renonçait à ses cachets de 300 000 dollars pour avoir fait faire un compromis au studio que n'aurait jamais approuvé Heston dans des circonstances ordinaires. « C'est un beau geste, Chuck, » lui dit Frankovich, « mais nous ne voulons absolument pas te priver de ton salaire. »

Il se sentit franchement soulagé de toujours avoir son salaire car il n'y avait pas de partage des profits pour ce film. Herman Citron, cependant, lui apprit que le studio allait réfléchir et accepter son offre. Charlton lui assura que tout allait bien, mais il s'avéra que Citron avait raison. Heston se retrouva à faire l'un des films les plus durs de sa carrière gratuitement.

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(Sam Peckinpah et Charlton Heston)

A partir de là, les choses ne firent qu'empirer. Des représentants de Columbia venaient tous les jours sur le plateau de tournage. Il y avait des scènes qu'ils voulaient supprimer du tournage pour gagner du temps et de l'argent. Chaque repas était ponctué de discussions houleuses entre les gros bonnets de Columbia, Peckinpah et Heston, chaque parti défendant son cas. Grâce au soutien d'Heston, Peckinpah réussit à les convaincre de les laisser faire les scènes en question, mais il y eut encore des disputes entre eux tous les soirs à l'hôtel se terminant souvent à deux ou trois heures du matin en devant se lever le lendemain à cinq heures pour travailler.

Faire Major Dundee fut parfois douloureux et même dangereux. Plus tôt pendant la production, Heston était tombé de cheval et s'était blessé au coude. Le docteur lui dit de se reposer deux semaines. « plutôt mourir, » répondit Heston. « je retourne sur le plateau demain. » Il cacha son bras sous le sarape4 qu'il portait dans certaines scènes, certain que Peckinpah ne devinerait rien et commencerait à filmer.

C'était un péché d'orgueil de la part d'Heston. Comme il me le dit : « Je n'ai jamais raté un seul jour de travail ou même une journée de répétition et j'en suis très fier, à vrai dire. »

Vers la fin du tournage, à la manière d'un vrai héros, Chuck insista pour faire lui-même ce que les cascadeurs appellent le « cossack drag »5 : un classique des films de cowboy où le cascadeur est traîné sur le sol avec un pied coincé dans l'étrier. Pour cette scène, cependant, il fallait que ce soit dans une rivière. Heston mena sa monture dans l'eau, laissant son pied rester coincé dans l'étrier. C'était un numéro pouvant potentiellement devenir dangereux à tout moment qui ne fut pas vraiment couronné de succès. Comme il me le dit : « Il y avait des gens autour de moi et l'un d'eux tira le cheval hors de l'eau. Si le cheval s'était enfui, j'imagine que j'aurai été dans de sales draps. »

Il fut soulagé quand s'acheva toute cette entreprise. Tout cela avait été horrible. Aujourd'hui, c'est non sans un humour sardonique qu'il le voit comme une prouesse d'endurance et du survie.

 «Si vous demandez à quelqu'un qui traverse des endroits difficiles, je suis sûr qu'il vous dira qu'il s'en dégage un certain plaisir d'y avoir survécu. On tend à dire : « souviens-toi comment c'était pour Dundee là-bas au Mexique et cette satanée rivière quand nous ne pouvions pas manger et qu'il y avait de la peau de chèvre sur la viande ! » mais on l'exprime avec un sentiment de plaisir, et on se dit : « ils ne m'ont pas encore eu cette fois ! 

C'est un peu un jeu horrible. Le meilleur moyen de survivre est de se dire : « ok, enfoiré, tu veux que je revienne à sept heures du matin ? je viendrai à sept heures. Tu crois que je ne peux pas refaire une prise ? Je ferai une autre prise. Tu veux que je me change et que j'enlève mon maquillage ? Très bien, j'y vais et j'enlève le maquillage et la barbe. » Il y a aussi ce sentiment de défi.»

 

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Une fois le film terminé, Columbia  le prit à Peckinpah et beaucoup des scènes pour lesquelles Peckinpah et Charlton s'étaient battus,  furent enlevées. Quand Charlton vit enfin le film achevé, il fut consterné. Peckinpah était persuadé que si on lui avait laissé les mains libres jusqu'au bout, il aurait pu faire le film qu'ils avaient tous espéré. Heston n'était pas d'accord.

«Je ne suis pas certain que même si Sam avait été autorisé à monter le film comme il l'entendait, Dundee aurait été le film qu'il avait en tête. Cela aurait été sûrement meilleur que le film auquel nous avons eu droit, mais il était constamment sujet à controverse – la manière de tourner autant que ce que nous devions tourner. Je dois concéder au studio que le film présentait des défauts. Le problème, c'est qu'ils ont essayé de le monter de sorte à le rendre plus simple et classique et je pense qu'ils n'ont pas non plus réussi à en faire le film qu'ils voulaient.

Et nous avions tous un film différent en tête. J'étais surtout intéressé par le fait de faire un film sur la guerre de Sécession. Il aurait montré la force et la flexibilité qui a permis aux États-Unis de survivre au traumatisme sanglant. Ce n'est pas un bon film sur aucun plan.»  

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Il arpenta les pistes où il mena son char vers la victoire dans le grand cirque de Rome six ans plus tôt. Même comparé à Major Dundee, Ben-Hur restait le film le plus éprouvant de sa carrière. Le voilà à Rome, à peine un mois après avoir fini son film pour Peckinpah, prêt à jouer Michel-Ange dans L'Extase et l'Agonie.

Il put à peine passer quatre semaines à Coldwater pour se remettre des mois passés au Mexique et se préparer pour les mois à venir à Rome. Il tenait tant à passer plus de temps à Coldwater, alors que faisait-il là ?

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(Charlton - Michelangelo dans "L'Extase et l'Agonie")

Dès le moment où il lut le scénario de L'Extase et l'Agonie adapté par Philip Dunne du roman d'Irving Stone, il sut que c'était sûrement le meilleur script qu'il ait jamais lu. L'offre de jouer dedans venait de Twentieth Century-Fox qui semblait prêt à dépenser des millions dans le projet malgré le désastre qui venait de les frapper avec Cléopâtre.

Cette photo dégageait une grande classe. Il espérait qu'ils pourraient avoir Fred Zinnemann à la réalisation et peut-être Laurence Olivier pour jouer le Pape. Il se plongea tout de suite dans des recherches sur l'homme qui avait peint la chapelle Sixtine.

Il lui devint cependant rapidement évident que ce ne serait pas vraiment dans les documents écrits qu'il trouverait le Michel-Ange qu'il voulait dépeindre. Il le trouverait dans ses statues comme celles de Moïse ou de David.

Quand Heston arriva à Rome pour le tournage, le réalisateur n'était pas Zinnemann mais Carol Reed, et au lieu d'Olivier dans le rôle du pape, ils avaient Rex Harrison.

Interpréter Michel-Ange devint très vite l'un des travaux d'acteur les plus extraordinaires et les plus gratifiants de la carrière d'Heston. Le maquillage de Charlton n'était là que pour que son nez ait l'air encore plus cassé qu'il ne l'était déjà. Pour cela, il mettait un petit peu de caoutchouc dans ses narines et ajoutait un peu de peinture. Avec une barbe taillée de près et une coupe de cheveux typiquement florentine, il ressemblait beaucoup aux portrait qu'on a encore de Michel-Ange.

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(Michelangelo)

Il continua à lire des lettres et des biographies en essayant de ne pas se laisser aller à la paresse dans la luxueuse villa qu'on lui offrit le temps du tournage, mais ce qui eut vraiment un effet sur lui fut de grimper sur l’échafaudage que le Vatican accepta gracieusement de laisser bâtir dans la chapelle Sixtine, et imaginer là les tourments et les craintes dont souffrit Michel-Ange à chacun de ses coups de pinceau pour finir la peinture la plus grandiose du monde en quatre atroces années de travail.

Durant son temps libre, il marchait dans les rues sans âge que Michel-Ange avait un jour arpentées, et retournait voir les statues encore et encore. Avant même que les caméras ne tournent, Charlton Heston s'était autant approprié le personnage de Michel-Ange que de n'importe quel personnage qu'il avait auparavant interprété.

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Évidemment, il était complètement impossible de filmer dans l'authentique chapelle Sixtine, ce qui fait qu'on construisit une réplique complète dans les studios de Rome. Bien sûr, Heston n'a pas peint lui-même le plafond. Ce fut fait en photographiant méticuleusement tout le plafond par morceaux et en les imprimant grandeur nature sur leur plateau de tournage. Ils furent capables de couvrir de grandes sections de la peinture avec des panneaux jusqu'à ce que tout le plafond soit en place dans toute sa glorieuse, douloureuse, extatique splendeur.

Après l'agonie de faire Major Dundee et Les 55 Jours de Pékin, ce travail était une pure extase, mais Heston eut l'impression que Reed était trop souvent trop gentil, ne le poussant pas vers les limites qu'il aurait dû essayer d'atteindre. Il n'était pas non plus facile de travailler avec Rex Harrison dont le tempérament pouvait donner la migraine, mais rien n'aurait pu empêcher d'adorer cette expérience de cinéma unique.

Les critiques ne partagèrent pas son enthousiasme. Ils descendirent le film, et ce fut également un échec commercial, ce qui le stupéfia. Il avait l'impression de ne jamais avoir aussi bien joué dans aucun autre film et avait l'impression d'être vraiment entré dans la peau de Michel-Ange, mais sa partenaire à l'affiche, Diane Cilento, est critique vis-à-vis de son interprétation.

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« Il refusa de croire en l'un des cas les mieux documentés d'homosexualité de l'histoire, » me dit-elle. « C'était juste une vaste plaisanterie car il n'allait pas le jouer de la sorte. »

elle trouvait également hilarant de jouer avec lui. « C'était vraiment drôle car il était tellement gigantesque que quand nous étions tous les deux à l'image, je lui arrivais au nombril… j'ai donc dû porter ces énormes bottes pour compenser ! »

Au sujet de l'échec du film, elle dit : « c'était juste un film bizarre : un de ces longs trucs épiques, et tout le monde savait que ce serait vraiment Charlton Heston, Rex Harrison, moi et quelques autres personnes à Rome en train de peindre la chapelle Sixtine. Et ce n'était pas vraiment le plus grand scénario du monde ! »

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1La Mostra de Venise

2Major Dundee

3« Professionnal Irishman » dans le texte d'origine. « an Irishman », en anglais, en plus de désigner quelqu'un ayant des origines irlandaises, est emprunt de nombreux clichés. Une définition proposée par le Urban Dictionary :

« un homme capable d'encore boire quand ses autres camarades de beuverie se sont déjà évanouis à cause de l'alcool. Il reste également toujours loyal jusqu'à la fin et est toujours là pour ses camarades. Si vous en rencontrez un dans un bar, assurez-vous de lui offrir une pinte car il aura quelques histoires à vous glacer le sang ! »

https://www.urbandictionary.com/define.php?term=Irishman

4Pièce de tissu ornementale colorée que l'on trouve en Amérique Centrale.

5Litt. « le traîné cosaque »

Commentaires

  • comme toujours..
    c'est tellement intéressant....
    personnellement je préfère le choix de rex plus
    " bonhomme "que Olivier.. ....même si apparemment l'ambiance était pas au rendez vous...
    merci du magnifique travail de traduction...

  • Un bon chapitre du livre de Michael, avec des difficultés dans la traduction dont Adrien se tire bien dans l'ensemble, car c'est du boulot! On constate à quel point Chuck Heston était tiraillé entre ses besoins d'artiste et la realité financière des productions...Il juge très mal à tort à mon avis"Dundee", alors que son impression sur un film aussi lourdingue que"greatest story ever told" est très enthousiaste, dur à suivre l'artiste! Concernant le livre de Michael, en lisant le chapitre je constate à quel point, contrairement à ce qu'il a pu dire, Mark Elliot est son débiteur, car j'ai myself traduit exactement les mêmes passages tirés de son livre à propos de"Agony" pour le blog de France, et dans beaucoup de cas, il a quasiment recopié Munn...!

  • Très bon chapitre du livre de Michael Munn, qui nous révele les tourments de l'acteur Heston pris entre ses desirs d'artiste et la dure realité du business; le passage sur"Agony" pas facile à traduire, en dit long sur la difficulté qu'eprouva le comédien à rentrer totalement dans un personnage difficile... Il est amusant de constater, ayant traduit pour le blog un passage similaire du livre de Marc Elliott, à quel point celui-ci a pu s'inspirer du livre de Michael, qu'il considère quand on l'écoute comme un ouvrage très secondaire....!

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