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21 - "Charlton Heston une biographie " de Michael Munn - (traduction par Adrien P.)

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Une Grave Erreur de jugement

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LUI ET D'AUTRES FAISAIENT LE PIQUET, PORTANT UN PANNEAU pour faire savoir aux habitants de Oklahoma City qu'il déplorait pour sa part, la ségrégation entre les noirs et les blancs dans les restaurants de la ville. Cela avait été une décision soudaine suite à la suggestion de son ami Jolly West de se joindre aux manifestations devant les restaurants de la ville. Après tout, c'était censé être des vacances en compagnie d'une douzaine d'amis et de membres de sa famille. Ils étaient partis une semaine plus tôt, se rejoignant à St-Helen pour aller à Two Rivers avant de continuer vers l'Ouest dans un convoi de voitures et de camions.

La simple idée que l'homme qui avait joué Moïse s'affichait avec une pancarte en faveur des noirs suffisait à ameuter un troupeau de journalistes sur les lieux. C'était un événement très pacifique. Peut-être les racistes furent-ils troublés d'avoir Moïse face à eux en train de leur dire de se repentir. Le peuple noir formulait avec ferveur leurs remerciements, et Charlton Heston, simplement en portant une pancarte, était devenu une sorte de héros du quotidien.

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L'histoire circula sur tous les médias du pays et le nom d'Heston se fit remarquer. Cela commençait à trop ressembler à un coup de publicité, au grand désarroi d'Heston et il se retrouva à donner des interviews à ce sujet en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tant la presse voulait s'approprier cet incident. Ce fut un soulagement de pouvoir reprendre la route, et quand ils passèrent la frontière avec la Californie, ils se mirent tous à chanter : « Californie, me voilà !1 »

Il était de retour à la maison pour la première fois depuis qu'il était parti tourner Le Cid. Il n'y resta cependant pas longtemps. Il partait deux semaines plus tard pour Berlin à la demande du Département d'État2 pour qu'il se rende au festival de Berlin en tant que délégué officiel. Il commençait à avoir l'impression que la maison dont il avait si longtemps rêvé devenait plutôt un lieu de vacances entre ses balades transatlantiques qui devenaient de plus en plus fréquentes.

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Charlton au festival du film à Berlin en 1961 pour Ben Hur

C'était un moment capital pour être à Berlin. C'était également déprimant. La tension entre l'Ouest et l'Est était exacerbée dans la capitale allemande. En visitant le secteur Est, il ne fut pas impressionné par ce qu'il voyait de la vie communiste. Il ne subissait aucune restriction de circulation grâce à son passeport diplomatique mais il fut soulagé de retourner dans le secteur Ouest. Quelques jours plus tard, le mur de Berlin était dressé et le gouffre entre l'Ouest et l'Est élargi.

Laissant enfin Berlin derrière eux, Charlton et Lydia s'envolèrent directement pour Chicago dans la maison où sa mère, Lilla, vivait encore et où le jeune marginal de St-Helen fit ses premiers pas en tant qu'acteur.

Il étaient maintenant quatre : Charlton, Lydia, Fray et maintenant la petite Holly. Depuis la naissance de Fray six ans auparavant, Lydia n'avait pas réussi à concevoir et ils décidèrent d'adopter3. Avant Le Cid, Charlton et Lydia avaient subi plusieurs entretiens avec le bureau des adoptions. Il furent enfin autorisés à amener leur nouvelle fille chez eux à l'été 1961. Elle était née le 1er août. Elle avait tout juste seize jours.

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Avec la famille au complet, Charlton prit conscience plus que jamais auparavant,  de l'instinct familial qu'il avait en lui. Une bonne partie venait des souvenirs amères de la période traumatisante où Russ et Lilla divorçaient et où le petit Charlton fut jeté dans la ville où il devait faire face à la fois à la peur de son nouvel environnement et le futur sans son papa. Cependant, peut-être cela venait-il plus que tout, du sentiment de sécurité qu'il ressentait dans les murs de sa propre maison et la sécurité financière qu'il avait là.

Il n'avait quand même pas beaucoup le temps d'en profiter. Peu de temps après, il était de retour en Europe pour jouer Le Pigeon qui sauva Rome4. C'était une comédie militaire réalisée, produite et écrite par Melville Shavelson pour Paramount. Ils prévoyaient au départ de faire tout le film en Italie, mais quand ils apprirent la répugnance d'Heston de passer plus de temps loin de chez lui que nécessaire, ils s'organisèrent autrement, tournant d'abord ce dont ils avaient besoin en Italie avant de retourner à Hollywood pour tourner les scènes en intérieur.

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Désormais Charlton semblait naturellement méfiant à l'égard de ses partenaires féminines et quand il rencontra Elsa Martinelli, une beauté italienne qui était à l'affiche avec lui pour le film, il se rendit compte tout de suite que son anglais allait poser problème, mais ce qui lui hérissa vraiment le poil, c'est quand elle commença à arriver en retard. Finalement, frustré par la difficulté qu'il sentait qu'elle avait avec ses répliques, il prit les choses en main pour l'aider dans son interprétation. C'était la première fois qu'il intervenait dans le travail d'un autre acteur.

Il finit le film à temps pour fêter leur premier noël tous ensemble à Coldwater, et l'on perpétua une tradition vieille de quelques années en prenant un sapin abattu sur les terres de Charlton dans le Michigan, chez eux.

Il avait plusieurs projets sur le feu pour la nouvelle année. Il signa pour Les 55 Jours de Pékin5 pour Samuel Bronston, et Le seigneur d'Hawaï6, un film contemporain. Il acheta également les droits pour une pièce qu'on lui avait déjà proposée mais qu'il n'avait pas pu faire : The Lovers. C'était l'histoire d'un chevalier normand prenant pour maîtresse la fiancée d'un autre homme. Heston sentit que cela pouvait faire un bon film, donc il acheta les droits d'adaptation cinématographique, annonçant que ce serait un film intimiste avec un petit budget. Avec le soutien de Walter Seltzer qui produisait désormais des films au lieu d'en faire la promotion, il partit à la recherche de quelqu'un capable de réécrire la pièce de Leslie Stevens pour en faire un excellent script. L'homme qu'ils trouvèrent fut John Collier, un excellent auteur, quoiqu'au tempérament bien trempé qui offrit plusieurs mois plus tard le genre de script de haute-qualité qu'ils avaient envisagé.

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Pendant ce temps, Charlton se rendit à Hawaï pour Le Seigneur d'Hawaï que le réalisateur Guy Green prévoyait de filmer sur l'île de Kauai où, d'après ce qu'on disait, le temps est toujours radieux. Au lieu de cela, il plut presque en permanence.

À cause de ses expériences antérieures, il commença à travailler avec Yvette Mimieux avec réticence, se méfiant du moindre changement d'humeur pouvant advenir. Rien de ce genre ne se produisit : Mimieux s'avéra très professionnelle. La météo fit des ravages sur le programme prévu. La monotonie était cependant brisée par quelques visites de la famille.

Le film fut achevé à Los Angeles, mais Charlton fut de nouveau sur la route en direction de Madrid pour Les 55 Jours de Pekin sous la direction de Nicholas Ray. Comment il s'est permis de s'impliquer dans cette entreprise désastreuse reste  un mystère qui doit encore lui échapper.

Tout avait commencé avec Samuel Bronston et Anthony Mann le suppliant pratiquement de jouer le rôle fictif d'un général romain dans l'épopée historique qu'ils avaient prévue, La Chute de l'Empire Romain7. Les concepteurs de décors de Bronston étaient déjà occupés à préparer une incroyable réplique grandeur-nature en trois dimensions du Forum Romain dans les plaines de Las Matas. Herman Citron avait hâte qu'il fasse ce film, mais Charlton n'était tout simplement pas satisfait par le script à moitié fini qu'ils lui présentèrent. Il survola cependant les documents de recherches qui allaient avec.

Il réfléchit à l'idée pendant plusieurs semaines, mais son mécontentement vis-à-vis de Le Cid finit par le convaincre de rester à l'écart. Presque exactement au moment où il leur donna un non définitif, Nick entra en scène sur ordre de Bronston avec une présentation de 55 Jours de Pékin, l'histoire de la révolte des Boxers en Chine. C'était là une période de l'histoire que Charlton n'avait pas encore explorée et il fut aussitôt intrigué par l'idée,  même s'il n'y avait pas encore de script terminé. Il avait également envie de travailler avec Ray, un réalisateur honnête et sensible. Il venait de faire Le Roi des Rois8, l'histoire du Christ, pour Bronston. Visiblement, Heston n'avait pas vu Le Roi des Rois, un film biblique respectable mais bien inférieur à Le Cid. Si Charlton l'avait vu, il aurait reconnu que le flair de Mann pour les drames historiques et le spectacle était supérieur à celui de Ray. C'était une terrible erreur de jugement que d'accepter de faire le film de Boxers, ne basant sa décision que sur les antécédents de réalisateur de Ray.

Dès qu'Heston dit oui à Pékin, Bronston ordonna à ses scénographes de transformer le forum romain à moitié fini en un Pékin de la fin du XIXème Siècle. Charlton aurait vraiment dû choisir le film sur l'empire romain. Il ne s'avéra pas seulement qu'il fut meilleur que Pékin, mais il aurait été bien moins compliqué à faire. Il n'avait cependant aucun moyen à l'époque de prévoir la catastrophe qui arriverait à tous ceux impliqués dans les 55 Jours de Pékin.

 

A SUIVRE...

 

1« California, here I come… ! » dans le texte original. « California, here I come » est une chanson composée en 1921 pour le musical Bombo.

2L'équivalent de notre ministère des Affaires étrangères

3Le texte original fait porter la responsabilité à la mère. Nous choisissons de le rendre dans la traduction sans pour autant cautionner.

4The Pigeon that took Rome

555 Days at Peking

6Diamond Head

7The Fall of the Roman Empire

8King of Kings

Commentaires

  • comme à chaque fois je lis avec avidité....
    c'est vraiment passionnant...
    on apprend pleins d d'anecdotes inconnues concernant notre grand homme.
    merci FRANCE...

  • Et bientôt nous allons arriver encore à plus de choses....que nous ne savions pas forcément...Quel suspens ! mais quel suspens ma chère Sylvia....
    Un vrai feuilleton à suivre avidement .

  • Merci Adrien ! Cette fois-ci le suspens est total; on nous parle d'une catastrophe à venir et on l'attend avec impatience. J'avais bien aimé ce film à l'époque et là j'apprends que c'était " une entreprise désastreuse "?

  • Oui Astride, nous entrons peu à peu dans le vif du sujet si j'ose dire. Moi-même, lorsque je fais la relecture des pages, je me demande ce que je vais découvrir... Le suspens est à son comble .
    Merci pour Adrien.

  • Très interessant sujet que celui de la grande periode"démocrate", de l'artiste, ou ses idees s'omme et citoyen et son travail d'artiste sont on ne peut plus en adéquation... On remarque deux aspects essentiels du personnage: son engagement pratique de citoyen pour la defense des droits civiques et son refus du communisme, de moins en moins nuancé au fil du temps.
    On ne peut que souhaiter que l'auteur de ce très bon livre, Michael Munn, soit honoré de se voir traduit, bien en plus , pour la première fois en français....!

  • Eh bien Cher Renaud, à croire que Michael vous a entendu ! Ce matin figurez-vous, quand j'ai ouvert ma page FB, j'ai eu la grande surprise de découvrir que Michael avait partagé sur son journal FB et sur le mien, le lien vers le blog et la rubrique consacrée à son livre. Il est visiblement heureux de ce travail et le fait savoir.... VOICI DONC SON PROPOS :

    This is a tremendous compliment. My biography of Charlton Heston, published in the UK and the US in 1986, was never published in France, so with my blessing it has been translated into French by the grandson of my friend France Darnell and serialised online. I feel very honoured.
    Michael Munn

  • Excellent comme toujours!
    Michael ne peut, j'espere, qu'apprécier cet hommage indirect!

  • Merci cher Renaud pour Adrien. Précisément, Michael a partagé sur la page de son journal ce qu'il pense et apprécie de la traduction en français de son livre. Cela me touche beaucoup.

  • Mes chers Amis, j'ai eu l'agréable surprise de trouver sur mon journal Facebook, un partage qu'a fait Michael Munn d'un commentaire qu'il a écrit pour ses amis sur son journal à partir de la publication annonçant l'épisode 21 de son livre traduit en français par Adrien. Je veux porter à votre connaissance ce qu'il a écrit car cela m'a beaucoup émue.
    ***************************************************************************************

    Michael Munn a partagé une publication.
    12 h ·
    This is a tremendous compliment. My biography of Charlton Heston, published in the UK and the US in 1986, was never published in France, so with my blessing it has been translated into French by the grandson of my friend France Darnell and serialised online. I feel very honoured.

    MA PETITE TRADUCTION :
    C’est un énorme compliment. Ma biographie de Charlton Heston, publiée au Royaume-Uni et aux États-Unis en 1986, n’a jamais été publiée en France, alors avec ma bénédiction, elle a été traduite en français par le petit-fils de mon amie France Darnell et sérialisée en ligne. Je me sens très honoré.

  • Super comme d'habitude , quel suspence , la vie de Charlton commence à prendre la tournure d'un film d'Hitchcock . Même si on sait déjà ce qui va arriver sir le tournage des 55 DAYS OF PEKING, je pense aux retards et comportement d'ava Garner. aux problèmes de santé du réalisateur Nicolas Ray , le budget , le script qui dû être réécrit sans arrêt et puis finalement l'échec du film aux States (même si le film faisait partit des 10 plus gros succès de l'année mais son énorme budget de 17 millions ne fut pas remboursé par des recettes uniquement de 10 millions . Mais le film a eu su succès comme même en Europe . Et dire que Chuck voulait Jeanne Moreau pour le rôle de la comptesse russe (elle paraissait plus plausible qu'Ava mais Bronson le supplié à genou de prendre Garner , et il finit par craquer . Dans son journal , Chuck évoquait l'idée de tuer Ava (her character of course) . J'espère J'a part cela c'est tout ce que je sais , il y aura d'autres annecdoctes je dit accès surpris en lisant ce passage de la traduction que Chuck avait des réticences envers Elsa Martinelli, c'est vrai il en avait mais il avait dit dans son journal qu'il fut surpris tout de même qu'Elsa lors de sa première scène connaissait ses répliques après il n'avait pas plus insisté , il avait juste dit qu'elle avait un accent italien assez imposant . Par contre la j'ai appris dans la traduction que Chuck lui avait aidé pour son interprétation. D'autres annecdoctes qui complètent ceux de Chuck. Que demandez de mieux , merci à Micheal Munn pour sa biographie et à Adrien pour la traduction .

  • Super comme d'habitude , même si on peut savoir ce que les catastrophes peuvent êtres, Chuck évoquait dans son journal, ainsi dans IN THE ARENA et un peu plis brièvement dans CHARLTON HESTON , 50 YEARS IN AMERICAN FILM les tournage très difficile des 55 DAYS AT PEKING : commencer un film avec un script inachevée , l'affaiblissement et la pression de Ray , le "over" budget et surtout le comportement non professionnelle d'ava Garner durant tous le tournage , ses retards qui deviennent des absences ce qui met tous le monde a commencer par Heston sur les nerfs . Puis finalememt le film fut certes le 20ème plus grand succès de l'année 1963 au moment de sortie avec 10 millions de recettes mais le film est considéré comme un échec dés qu'il ne fait pas de profit , en l'occurrence le budget était de 17 millions (trop èlevé cela dit) mais en Europe le film fut mieux accueillit par les critiques. Et dire que Charlton Heston pensait à Jeanne Moreau pour interpréter le rôle de la comptesse russe ce qui était plus plausible selon lui mais Bronston voulait Ava Garner , Chuck n'était pas d'accord mais Bronston le supplia à genou pour convaincre Chuck que Ava devait décrocher le rôle. Chuck a cédé et Ava fut la comptesse . D'ailleurs dans IN THE ARENA à la page 287 , il dit "Unfortunately, after four in the afternoon, you really can't count on Ava to do lines , we decided the only solution was to kill (no , no !.... I mean her character)

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