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4 - " Charlton Heston une biographie " de Michael MUNN - (traduction par Adrien P. )

... SUITE

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Chicago

 

À St Helen, le vent continuait à faire bruire les feuilles, faisant courir un murmure sur Russell Lake. L'eau léchait encore doucement la rive, et le cri lointain de l'aigle résonnait au-dessus des sapins, mais Charlton n'entendait plus rien de tout cela. Il n'entendait plus que le trafic, le son des klaxons, un millier de pas frappant le pavé, la sirène des voitures de police, un million de sonneries de téléphones... une telle cacophonie le faisait mourir de peur !

Chicago n'était pas seulement une nouvelle maison, c'était un véritable choc culturel. Il était revenu à la grande ville avec un nouveau père et une crainte absolue de ce que l'avenir pouvait réserver. Sa mère s'était remariée à St-Helen et le nom de la famille était désormais Heston. Le beau-père de Charlton était en fait un homme qu'il connaissait déjà depuis un moment et qu'il avait toujours aimé. L'Amérique souffrant toujours de la Grande Dépression, le nouveau chef de famille avait dû trouver du travail dans une aciérie à Winnetka, une banlieue de Chicago.

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Charlton avait dix ans. Il décrit cet âge comme « une période triste, brisée... »

" J'étais très malheureux. On était si loin de tout dans le Michigan que quand je suis retourné dans une grande ville pour la première fois, je me souviens que j'étais réellement terrorisé par le trafic automobile et le bruit, et tout ce qui va de pair avec une grande ville.

Je craignais tout du changement. Je n'étais absolument pas prêt à devenir un gars de la ville. Je ne savais littéralement pas me servir d'un téléphone, ou qu'il valait mieux regarder des deux côtés de la route avant de traverser.

Dans la forêt, je me fichais de jouer tout seul : on me complimentait parce que je prouvais que j'étais indépendant. Plonger de nouveau dans une école dans une grande ville me fit comprendre le contre-coup d'être un solitaire. "

 

En plus d'être socialement inadapté, Charlton a souffert de sa taille et son poids. C'était un petit gringalet facile à embêter, et qui l'était effectivement souvent. Mais comme si être faible et rejeté ne suffisait pas, il a dû subir une terrible gêne dès son premier jour à l'école à Winnekta.

La professeure faisait l'appel, et quand elle arriva à son nom, elle lut « Charlotte Heston ». Le jeune Charlton resta silencieux en allant s'asseoir à sa chaise, gigotant pour cacher son embarras. « Où est la petite Heston ? » demanda l'institutrice. Heston s'en rappelle : « c'était l'un des pires événements de mon enfance. »

 

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La vie n'alla pas mieux. Charlton se sentait piégé, entraîné par l'environnement frénétique autour de lui. Son instinct de solitaire devint plutôt une malédiction. Il se cacha plus profondément dans sa coquille et si le monde semblait l'isoler, il s'isolait lui-même avec tout autant d'acharnement.

L'un des rares aspects positifs de la ville était le cinéma. Il découvrit les films et les acteurs. Ses héros de l'écran étaient Gary Cooper, Errol Flynn, Hoot Gibson et Ken Maynard. Il était intrigué par ces adultes payés à jouer les cow-boys, les pirates ou les soldats.

Mais mis à part les films et les livres qu'il continuait de lire, il devait toujours surmonter le monde réel, et c'était toujours avec soulagement et gratitude qu'il accueillait les visites de son père. Russ avait maintenu contact avec ses enfants et continuait de les voir, mais un jour, sans rien dire, il arrêta de venir du jour au lendemain. Charlton attendit des jours, des semaines et même des mois, mais pas un mot de papa, pas même une lettre. Il comprit que son père était parti pour de bon, et il voulait savoir pourquoi, mais ni sa mère ni son beau-père n'offrirent de réponse.

Il se souvient :

" C'était une expérience très traumatisante. Sans aucun avertissement, mon père était parti. J'avais dix ans quand il est sorti de ma vie sans prévenir. Je ne pouvais tout simplement pas comprendre : nous avions été si proches...

Je refuse de jouer les apprentis psychanalystes en disant que je me sentais rejeté. J'étais certain qu'il m'aimait malgré son silence, mais je ne pouvais pas comprendre et j'étais incapable de me remettre de sa disparition.

Ça a gâché toute mon adolescence. "

Charlton n'était pas en manque d'amour : son beau-père était un homme bon, un mari aimant et un père attentionné pour les enfants de Lilla. Charlton l'admirait et le respectait, il a grandi en l'aimant. En effet, ils avaient développé1 une relation père-fils idéale entre un beau-père et un beau-fils, et c'était surtout du fait de son nouveau père. Dès qu'il pouvait quitter le travail, il emmenait Charlton à la pêche ou à la chasse, passant du temps avec lui et se consacrant beaucoup à lui. Il écoutait attentivement et avec sympathie les problèmes du garçon.

C'était un homme plus calme et plus timide que Russ, mais il était stable et équilibré : il tenta de donner envie à Charlton de suivre son exemple, mais c'était une besogne pour Charlton qui semblait confus et maladroit. Il avait accepté que son beau-père prenne la place de son père, mai il lui était difficile d'accepter que ses parents soient divorcés, et il voulait désespérément le nier. Il fit de ce divorce un sombre secret et ressentait un profond sentiment de culpabilité. Comme il le constata dans sa période adolescente, il était émotionnellement instable, perturbé et désespérément seul.

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Il commença à aller au New Trier High School à Winnekta2. Elle était considérée comme la meilleure école dirigée par le gouvernement du pays, à l'époque. Elle semblait gouvernée par un tout nouvel ensemble de règles sociales qui contrastaient violemment avec la philosophie simple des sous-bois qu'il avait connu à St Helen.

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A SUIVRE...

1 Le texte dit ici « In fact, there developped an ideal father-son relationship between stepfather and stepson. », phrase grammaticalement incorrect puisqu'il y manque un sujet. Je traduis donc comme si ce « there » était en fait un « they ».

2 « New Trier dépense plus de 15 000$ par an par élèves, somme bien supérieure à la moyenne dans l'Illinois (8 786$). Pour l'Association Nationale des principaux d'école secondaire, du New York Times, du Washington Post et de Parade (des journaux réputés aux états-Unis, NDT), elle fait partie du « top 100 » des écoles du pays, et de celles « avec le plus de réussite » . Elle a été décrite comme « assez probablement la meilleure école publique du pays » par Town and Country dans un article de six pages sur New Trier, citant un programme « riche » et « exigeant », de nombreuses activités (également artistiques), une forte participation aux activités athlétiques, et les compétences de l'équipe enseignante digne d'une bonne université. Life a également reconnu New Trier comme l'un des meilleurs lycées du pays dans des articles en première page en 1950 et en 1998. »

traduction d'un extrait de l'article « profile and recognition » de la page Wikipédia de New Trier High School.

https://en.wikipedia.org/wiki/New_Trier_High_School#cite_ref-18

Commentaires

  • Encore du beau travail sur le sujet douloureux d'une enfance traumatisee par le changement de cadre de vie et surtout le divorce parental..il est amusant de constater que Chuck, pourtant un homme intelligent, avait beaucoup de réserves sur la psychanalyse; il ecrivit même un jour" je ne crois pas que les rêves nous enseignent réelement quelque chose"...un propos que j'impute à son education et ses racines traditionnelles, on ne peut pas vraiment lui en vouloir..
    Très beau travail en tous cas, well done Adrien!

  • Merci pour ce commentaire aimable et enrichissant. Je vais tacher de maintenir autant que possible ce niveau de qualité, même si en relisant, je me rends compte qu'il y aurait des points à améliorer.
    J'en profite donc pour faire un erratum sur la note 1 : il n'y a en fait pas de faute (ça m'étonnait un peu à dire vrai), c'est une tournure que je ne connaissais pas.
    Ainsi, il faudrait construire une phrase impersonnelle pour la traduction : "en effet, il se développa ainsi une relation père-fils idéale entre un beau-père et son beau-fils."

  • Merci à tous les deux, Renaud pour les compliments d'appréciation que vous adressez à Adrien.
    Adrien, tu as raison, mais finalement, ton explication est logique et telle que tu présentes la phrase dans le texte, c'est parfait et compréhensible. Je te fais confiance pour la suite...

  • Encore une fois merci Adrien ! Quel mystère que ce Chuck ! Malheureux, seul , inadapté social. Pourtant il a eu de l'amour, de l'attention, il aurait pu être heureux dans sa nouvelle vie. Mais son père et ses forets lui manquaient, la vie trépidante de la ville le heurtait ou plutôt heurtait sa timidité naturelle (sans vouloir moi jouer à l'apprentie psychanalyste) Comme quoi, l'amour ne résout pas toujours tout, le déracinement était certainement trop important !

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